Le centre d’art contemporain se veut une originalité et une innovation majeure dans le paysage culturel camerounais.
Africréa est la résultante d’une frustration; celle de son concepteur Malet ma Njami mal Njam. Ce dernier s’est trouvé « interloqué » par le contraste existant entre le potentiel culturel du Cameroun et la quasi absence de cadre adapté à l’accompagnement des créateurs d’ uvres de l’esprit. J’étais confus, horrifié et surpris du manque d’infrastructures artistiques dignes de ce nom malgré les richesses existantes s’indigne Malet ma Njami mal Njam qui ajoute : j’étais d’autant plus estomaqué que cette situation ne gênait personne. Ne se satisfaisant pas du questionnement et voulant se g+détacher de « la propension des camerounais à discourir », le fils de Njami entreprend de construire un centre entièrement dédié à l’art. Le projet est multidimensionnel et porte notamment sur l’ingénierie culturelle (définition de politiques culturelles, solutions techniques aux problèmes culturels, etc.), le soutien à la production (création et matérialisation des idées.), la diffusion sur le plan interne et externe. Le centre Africréa s’exerce également dans l’éveil sensoriel des jeunes. Il entend aussi se doter d’un centre de ressources documentaires physique et virtuel ou demandeurs et offreurs d’informations artistiques pourront se rencontrer. Mais, ce dernier aspect reste le ventre mou de l’ uvre de Malet ma Njami Mal Njam.
Cependant, tout ne coule pas de source dans la concrétisation du rêve de création de Africréa. Son concepteur, davantage enraciné en France qu’au Cameroun, manque de repères et s’intègre difficilement dans un environnement ou « l’échelle des valeurs est inversée » et où très peu de personnes perçoivent réellement le concept de création de richesses immatérielles (idées, connaissances, projets. Les richesses matérielles renvoyant aux biens physiques). A ces difficultés, s’ajoutent « la crainte de la nouveauté et de l’innovation par la plupart des acteurs sociaux (gouvernement, medias, public.) » sans oublier l’absence de cadre légal, réglementaire et financier approprié. Par exemple, rares sont ceux qui conçoivent la création artistique comme une activité et qui plus est, bancable. En somme, le véritable problème auquel fait face Malet ma Njami mal Njam pour donner corps à son projet est celui de faire partager son rêve, de le faire adopter par d’autres.
Qu’à cela ne tienne, le bâtiment abritant Africréa, bien que inachevé, est opérationnel et s’étend sur environ 2000m2 au quartier Bastos de Yaoundé (Cameroun). La gigantesque bâtisse comprend plusieurs étages et pièces accueillant des bureaux pour l’administration et le secrétariat des artistes, la galerie d’art (salle d’exposition et de conservation), des boutiques d’art et d’artisanat, la salle de spectacle, une salle de machines et une quinzaine de studios aménagés aux fins de résidences des artistes. Africréa reçoit en moyenne 2500 visiteurs (camerounais et expatriés) par mois, demandeurs qu’ils sont de l’un des multiples services offerts par le centre (enseignements, spectacles, café-restaurant, etc.). Malet ma Njami mal Njam tient à préciser que contrairement aux autres sites d’émulation artistiques existant au Cameroun, Africréa est le seul qui soit entièrement dédié à son objet. Les autres offrant des services supplémentaires ou ayant été tout simplement reconverti (Le centre culturel camerounais, pour ne citer que lui, est une ancienne prison). Le centre d’art contemporain Africréa qui reçoit peu à peu la reconnaissance du ministère de la culture joue un rôle avant-gardiste dans l’univers artistique du Cameroun.