Un arrêté ministériel contraint les fabricants, importateurs et distributeurs de proposer une politique de gestion de leurs déchets. Ses différentes dispositions ont du mal à être respectées.
Le 24 octobre 2014, le ministère du Commerce et celui de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable ont signé plusieurs arrêtés conjoints. L’un d’eux portait réglementation de la fabrication, de l’importation, et de la commercialisation des emballages plastiques. Ledit texte prévoit en son article 3 que « tout fabricant, importateur ou distributeur d’emballages non biodégradables autorisés est responsable de la gestion de ses déchets ». Ceci implique que, les producteurs, importateurs et distributeurs de liquides conditionnés dans les bouteilles plastiques retrouvés dans les caniveaux et autres étendues d’eau sont censés prévoir « des mesures visant à limiter la production et à promouvoir le recyclage, la réutilisation et d’autres formes de valorisation des déchets issus de ces emballages », précise l’article sus-cité.
L’arrêté dispose également en son article 5 que « tout fabricant, importateur ou distributeur des emballages non biodégradables élabore et met en œuvre un plan de gestion de ses déchets, ainsi qu’un mécanisme de suivi y relatif ». A l’époque, les acteurs visés par ces différentes dispositions avaient 18 mois pour se conformer. « Passé le délai mentionné à l’alinéa 1 [de l’article 12, ndlr] ci-dessus, les administrations compétentes procéderont au contrôle, à la saisie et à la destruction des emballages non-biodégradables aux frais du promoteur », prévenait le texte.
Ce délai est largement dépassé. Depuis, on a bien vu les brigades du ministère de l’Environnement sévir, tant bien que mal, dans les petits commerces, marchés et supermarchés pour combattre la circulation des emballages plastiques. Mais quid de l’importante quantité de bouteilles de la même matière en souffrance dans la nature, qui enlaidit le décor et pollue l’environnement ?
Journalducameroun s’est rapproché du ministère de l’Environnement pour en savoir plus sur ce qui est fait pour débarrasser les villes comme Yaoundé de l’invasion des bouteilles en plastique. William Lemnyuy est sous-directeur de la Gestion des déchets et produits chimiques toxiques et dangereux au ministère de l’Environnement. Il note que l’institution est consciente du problème mais que les populations doivent faire preuve d’un peu plus de patience. « C’est un travail de longue haleine que nous menons et qui va nous déboucher sur un point où nous pourrons exclure les producteurs qui ne se seront pas conformés aux normes imposées dans notre pays. Il est vrai que ça fait un bout de temps que le processus a été mis en marche, mais ça ne fait pas longtemps que les acteurs du secteur se mettent sur les rails », déclare William Lemnyuy.
Après la publication de l’arrêté conjoint Mincommerce-Minepded du 24 octobre 2012, certains producteurs ont mis sur pied des campagnes de récupération de bouteilles. Une entreprise brassicole avait, par exemple, disposé des bacs dans certaines villes du Cameroun et invitait ses consommateurs à jeter les bouteilles en plastique après absorption des produits ainsi conditionnés. Cette opération visait à faciliter la collecte des contenants en plastique produits par l’entreprise brassicole. Depuis plusieurs mois, on n’en entend plus parler. A ce propos, William Lemnyuy rassure : « En ce moment, cette initiative a été arrêtée et est en pleine étude parce qu’on souhaite la redynamiser. Telle qu’elle était menée, cette opération ne pouvait pas atteindre la vitesse de croisière qu’on souhaitait. Il fallait repenser la méthode. C’est un chantier qui va être déroulé très bientôt».
Autre chantier sur lequel travaille le ministère de l’Environnement, annonce William Lemyuy, c’est la mise sur pied, avant la fin de cette année, d’une bourse nationale des déchets. Celle-ci va permettre aux consommateurs de renvoyer leurs bouteilles usagées en l’échange d’un pécule.