A la deuxième audience du procès la semaine dernière, les parties se sont séparées sur la mise en délibéré du jugement
De façon récurrente les personnes accusées dans un procès cherchent soit à atténuer la peine soit à lui échapper. Dans l’affaire dite Mbamkoui, l’accusé a déstabilisé tout le monde lorsqu’il a plaidé coupable Mercredi 11 mars 2009, suite au prononcé de la lecture de l’acte d’accusation. Il poussera même plus tard loin en se repentant, effaçant ainsi l’image du dangereux tueur d’homme, et laissant place à un être trompé par son émotion.
Selon ses propos rapportés par le journal Le Messager, il aurait déclaré dans la nuit du 13 au 14 novembre 2008, nous avons vécu un drame que nous déplorons tous, même si j’en suis le responsable sur le plan pénal. Je demande des excuses à la famille de feu Mapouro. Dans cette affaire, nos deux familles sont aujourd’hui en peine. Il précisera par la suite avec beaucoup de logique d’ailleurs que l’arme utilisée ne saurait permettre de tirer les 17 balles tel que rapporté par certains médias. A ce propos il aurait rajouté je n’avais pas l’intention de donner la mort à ce monsieur. Je connais les points vitaux où je l’aurai atteint par balles ou par des frappes d’arts martiaux. Je n’ai pas tiré dès je l’ai trouvé dans cette situation.
Les tirs effectués étaient des tirs de neutralisation. C’est moi qui ai permis que mon épouse le conduise avec notre véhicule. Et mon épouse est venue prendre mon argent pour lui administrer les premiers soins. Je n’ai pas espionné mon épouse, même si j’avais la capacité de piéger son téléphone pour être au courant de toutes ses conversations. Ce qui est arrivé est un incident hasardeux. J’ai entendu ça et là que la victime a reçu 9, 17 balles, pourtant je n’ai tiré que quatre balles. Ces déclarations au regard du droit criminel ne sont pas des détails. Lorsqu’il y a mort d’homme, le droit criminel camerounais retient trois types de qualification qui impliquent trois issues différentes du procès. On a ainsi l’homicide involontaire qui est le meurtre sans intention, l’homicide volontaire et l’assassinat qui lui, est le meurtre avec préméditation.
En acceptant d’être jugé coupable du meurtre de l’inspecteur Mapouro, le commandant Emile MBAMKOUI fait un véritable croche pied à l’accusation. Et la partie civile l’a relevé dans les débats d’avant dire droit. Ils ont d’emblée dans leurs différentes interventions plaidé pour la requalification des faits, car en plaidant coupable, la défense évite et ce certainement au profit du commandant MBAMKOUI un très long procès qui permettrait de mettre au jour une histoire plus complexe qu’un simple meurtre passionnel. Me Bernard Tcheugueu, un des avocats de la partie civile; sur la base des éléments du dossier auxquels ils ont finalement eu accès, construit un nouveau scénario de ce qui s’est passé cette fatidique nuit. Des déclarations contradictoires des personnes interrogées sur cette affaire. Avec les autres avocats, ils soutiennent que Njifon Mapouro Hervé Michel aurait fait l’objet d’un appât dans lequel un gendarme dénommé Ngou Mathurin aurait été au début et à la fin du plan machiavélique. Puisqu’en se séparant dans la matinée, il aurait invité son cousin Mapouro avec qui il vivait chez leur tante à Maképé Bonamoussadi un quartier de Douala, à venir à la Légion de gendarmerie de Bonanjo récupérer une somme d’un million de francs Cfa en mi-journée pour des opérations sur lesquelles ils étaient en affaire. Cette invitation qu’il a honorée et l’opération en question auraient été les éléments constitutifs de cet appât», d’après Me Jeanne Mare, avocate de la partie civile. Par ailleurs, ces avocats de la partie civile trouvent dans l’acharnement de Mbamkoui à cribler de balles sa victime, des éléments supplémentaires pour conclure à la préméditation de son acte. Ce que ne partagent pas les avocats de Mbamkoui qui ont en plus opté pour des modes de défense divergents. Me Memog a soutenu qu’ayant plaidé coupable, la requalification n’était plus possible. Me Etemé n’était pas de cet avis, puisqu’il a décidé de suivre la demande de requalification, mais en homicide volontaire. Me Mangwa a démontré que Bamkoui n’avait aucune intention de donner la mort à sa victime. Et Me Jackson Ngnie Kamga dira que son client n’a plaidé coupable que dans le cadre du formalisme procédural. Car, il faut encore savoir de quoi il est coupable? Avant de conclure qu’il faut rejeter la demande de qualification telle que formulée par ses confrères d’en face, et de retenir soit la qualification du meurtre, soit de requalifier en coups et blessures. L’Affaire dite Mbamkoui risque d’être fort complexe, car il sera difficile pour la partie civile qui certainement voudrait gonfler l’enveloppe des responsables afin d’élargir le nombre de personne tenu de réparer les préjudices subis par les ayant droits de feu Mapouro, de convaincre le juge d’un assassinat, alors que le commandant Mbamkoui qui en soldat pouvait foudroyer sa victime du premier coup ne l’a que fatalement blessé et a même ensuite autorisé sa conduite à ses frais dans un hôpital. D’un autre coté l’accusé ne pourra vraiment convaincre que ses gestes d’après coup ne constituent pas le repentir actif d’un acte savamment préparé.
Quoiqu’il en soit dans cette affaire une victime aura du mal à être consolé, c’est la fille Mapouro née au cour de la procédure. En effet la fiancée du défunt inspecteur de police Njifon Mapouro Hervé Michel a accouché dimanche 8 mars 2009 d’une fille dans un hôpital de Douala. La grande désolation d’après le journal Le Messager qui le rapporte, c’est qu’elle n’aura pas à connaître le bonheur d’un père et d’une éducation certainement convenable. C’est pourquoi anticipant dans les plaidoiries, la défense de la partie civile a évoqué la possibilité de demander au chef d’escadron Joël Emile Mbamkoui de s’occuper de son éducation. Lors de sa déclaration, ce dernier a dit sa bonne foi de bien vouloir accéder à cette demande. Mais pour l’instant, on apprendra que l’enfant n’a toujours pas encore de nom. Et pour cause, le père s’en est allé avec le nom qu’il voulait donner à sa fille. Car il ressort de la déposition de l’infirmier qui l’a reçu aux urgences de l’hôpital Laquintinie cette fatidique nuit, qu’il a demandé en vain qu’on fasse venir son épouse pour qu’il donne le nom qu’il souhaiterait voir porter sa fille. Ce qui justifie tout l’embarras de ses frères et s urs pour lui choisir un nom. On apprend que les ayant droits feront une descente à Douala cette semaine pour finaliser avec les formalités de l’Etat civil de cet enfant.