« Les américains et norvégiens ont réussi leurs missions: Prêcher l’évangile! »
Vous êtes fils de l’EELC, une église protestante fruit de la coopération entre les peuples norvégiens, américains et camerounais. Témoin et acteur de cette cohabitation quelle est votre lecture de cette collaboration qui va déjà à plus de 80 ans?
C’est une collaboration qui nous a beaucoup apporté. Nous avons en effet bénéficié d’appuis tant sur le plan social, académique, financier que matériel. L’Eglise a eu des pasteurs formés dans de grandes écoles en Europe (France, Norvège, Finlande.) et aux Etats-Unis. Des missionnaires qui ont accepté abandonner leur pays, là où la vie était meilleure, pour venir vivre au Cameroun. Ils ont apporté la Bonne nouvelle dans les conditions difficiles et très pénibles.
Dans leur suite, il y a eu des personnels soignants de qualité, des ingénieurs agronomes ainsi que les enseignants. Des ouvriers de qualité formés dans le tas pour dépanner des machines et tracteurs ont été facilement recrutés. L’Eglise, héritage de la présence de ces blancs, regorge une main d’ uvre abondante faisant d’elle le second employeur après l’Etat dans l’Adamaoua. L’EELC a hérité de cette collaboration, (Ndlr : avec les missions : Norway Mission Society, South Dakota Mission et Evangelical Lutheran Church of America) des biens meubles et immeubles. Comme exemple récent, le temple du millénaire de plus de 1500 places à Ngaoundéré. A Garoua-boula, Poli et Tcholliré les entreprises de télécommunication (MTN et Orange) louent les locaux construits par les missionnaires de l’EELC.
Quels sont les moments forts et les grandes réalisations de cette collaboration?
1965, c’est l’année de naissance de l’EELC avec pour président le pasteur Medoukan Joseph. Comme grandes réalisations, on peut citer les infrastructures acquises. Dans le domaine de la santé, nous avons les hôpitaux de Ngaoubela, Ngaoundéré, Meinganga, Garoua-boulai et Mbankim. Coté éducation, nous avons la création des écoles primaires dans la région Adamaoua, le collège protestant de Ngaoundéré en 1958. D’ailleurs, ce dernier fut classé meilleur collège du Cameroun dans les années 1985. On n’oublie pas les centres de formation agricole de Meing, (Tibati), Yoko, Songkolong au pays Mambila, Mbé, Gadjiwan chez les Péré, à Fopkayono dans la région Est. Les pommes de terre cultivées dans ces centres ont donné de la semence à la région de l’Ouest. Les investissements avoisinent les deux milliards de franc Cfa. Les partenaires de ce domaine ont responsabilisé les camerounais en leur confiant la gestion de ces centres. Malheureusement, aujourd’hui il n’existe plus que celui de Gadjiwan.
Pourquoi ces étrangers ont préféré installer leur base à Ngaoundéré, dans la région de l’Adamaoua, où on retrouve la majorité des investissements?
Ils avaient choisi le centre de l’Afrique pour commencer l’évangélisation, et ce centre est le Cameroun, dans l’Adamaoua y compris Yoko dans le Mbam.
Parlant de l’éducation, (les écoles primaire, secondaire voire supérieure), quel impact a-t-il eu chez les populations locales?
L’éducation a été très bénéfique pour les populations locales. Particulièrement, pour les chrétiens qui avaient des difficultés d’entrer dans les établissements publics. Ces écoles acceptaient aussi bien les musulmans que les chrétiens.
Qu’ont-ils (Norvégiens et Américains) gagné dans cette relation?
Semer la « bonne semence», prêcher la bonne nouvelle. Voici ce qu’ils ont gagné. Puisqu’ils ont réussi à leur mission : celle de prêcher l’évangile.
Dossier préparé par Integration/www.integration-centralafrica.info