La famille Tchamba refuse de porter le deuil. Un quotidien pénible et traumatisant
Les activités sont au ralenti chez les Ngassam. François le père de famille a complètement perdu le sommeil depuis l’annonce de ce qu’il traite de fameuse mort de son fils. Il est persuadé que c’est une fausse alerte. Je vis vraiment le calvaire depuis que mon fils n’est plus là. Toute la famille est sur le choc. Le journal de la disparition de Melvin Tchamba sur la table du salon raconte en détail le film du district de la Zanaga. Une demi-carte photo du disparu traine également dans la salle à manger. Rien ne nous dit que Tchamba est mort.et même si c’était le cas, on allait retrouver son corps, relance François Ngassam.
Madame Tchamba, l’épouse du kidnappé trouve que l’annonce du décès de son mari reste fausse et imprécise. Jusqu’ici, il n’y a pas eu d’avancée réelle, constate-t-elle depuis la ville de Yaoundé. Elle croit aussi, comme tout le reste de la famille, que son mari n’est pas mort. J’ai pu me reprendre en me disant que si mon époux était décédé, j’aurais eu un signe ou que ceux qui s’empressent à faire une telle déclaration sans aucune preuve auraient même pu nous en donner la certification, pense dame Tchamba. Sa vie est devenue instable depuis l’absence du chef de famille. Les enfants sont pour tout dire déboussolés. Papa qui appelait à chaque moment n’a plus jamais fait signe de vie et en même temps, ils ressentent que quelque chose ne tient pas (Maman en larme, toujours en train de se déplacer, l’atmosphère est triste…) raconte-t-elle.
Il y a toujours l’espoir
Les compagnons de mission de Melvin aurait donc menti. Un membre de la famille du trentenaire disparu au Congo Brazzaville n’en revient toujours pas. Monsieur François Ngassam, qui nous accueille en ce mois de février 2012 dans son domicile à Douala, présente un document qui porte des notes saisies et imprimées. Il s’agit de la conversation que la s ur du disparu -Marlyse- a eu via Internet, avec un homme qui se faisait passer pour le surveillant du camp où était gardé Melvin Tchamba. Ces nouvelles preuves viennent ainsi démentir tous ce qui a été dit par les collègues de Melvin Tchamba, lors de leur audition l’année dernière (2011) dans le district de la Zanaga, où ils étaient en mission pour le compte de la société GTGC (Geospacial Technology Group Congo). La conversation entre les deux internautes date de juin 2011. Le correspondant masqué avait pour intention de sauver le camerounais. Il a donc demandé les frais de transport (600.000 Francs CFA) à la famille Tchamba. L’homme de bonne foi envisageait un moyen de transport par voix terrestre, pour atteindre le Cameroun, en passant par le nord du pays. Je suis congolais.Je ne suis qu’un simple gardien, indique-t-il dans la correspondance. Le gardien de prison recommandera à la famille une ferme discrétion, de peur de foirer le plan de sauvetage. Il ne manque pas de préciser que les ravisseurs de Melvin Tchamba sont des gens du cercle. Il se montre rassurant et rappelle à la famille éprouvée que l’opération n’est pas une arnaque. Je vous aurais demandé minimum cinq millions, dit-il.
Une fois la mission réussite, la famille de Melvin devait à son tour récompenser le gardien, selon le deal. Je risque ma vie et celle de ma famille pour vous aider.et vous ne payez pas un sou. Pour te rassurer, ton grand frère va bien, sauf ses yeux qui lui font un peu mal, mais ce n’est pas grave, rapporte le document. Il nous a demandé d’envoyer cet argent qui devait leur servir de frais de transport jusqu’à la frontière Cameroun où il s’y rendait avec Melvin, rappelle monsieur Ngassam François.
Vrai fausse piste
La famille du jeune camerounais disparu au Congo Brazzaville apprend aussi qu’aucun des objets (alliance, lunettes, passeport, Cni.) n’ont été retrouvés dans les lieux du drame, mais plutôt en rang dispersé. Melvin a demandé si vous avez retrouvez son alliance parmi ses affaires?, demande le gardien de Melvin Tchamba. Si tout se passe bien jusqu’à jeudi, nous serons au Cameroun rassurait-il sur Internet, le 12 juin 2011 à 17h47 minutes et 50 secondes (heure du Cameroun). Et de souligner: Je suis trop discret dans ce que je fais, je ne voudrai pas risquer ma vie, rappelle-t-il dans la correspondance dont nous avons eu copie. Vous ne devez mettre personne au courant de notre transaction, on ne sait pas qui est qui. Plein de gens sont mêlés à l’enlèvement de Melvin.c’est une fois au Cameroun, que je vais vous dire bien et plus sur ce cercle promettait-il. L’argent transféré en juin 2011 reste sans suite.