Les femmes journalistes de la ville de Douala, victimes parfois du chantage de leur patron, dénoncent
Une femme peut faire des enfants et accéder aux postes de responsabilités, c’est une question d’organisation, déclaration de Esther Ngalle Mbonjo, présidente de l’association camerounaise des femmes juristes (ACAFEJ). C’était au cours d’une conférence sur Les femmes journalistes et la maternité, qui s’est tenue il y a quelques jours à Douala. Organisée par l’association JAFEC (Journalistes d’action femmes de c ur), cette rencontre a d’emblée pris la forme d’un véritable plaidoyer sur le respect des droits des femmes en activité, notamment la femme journaliste.
En effet, celle -ci est parfois victime des chantages de la part de son employeur. D’après une journaliste qui a requis l’anonymat, lors de mon entretien d’embauche, mon employeur a précisé officieusement que je ne devais pas être enceinte pendant au moins 5 ans. Vous cherchez absolument un travail, à ce moment là, vous faites comment ?. Nombreuses sont les femmes journalistes qui se sont posées cette question, et qui continuent d’ailleurs, puisque entre temps, les mentalités des patrons, n’ont pas beaucoup changées. Rares sont ceux qui vous recrutent sans poser ce veto, et qui comprennent le moment venu, vous avez droit à vos congés de maternité comme toute femme en activité, poursuit notre source.
Le législateur a prévu des dispositions relatives à la maternité des femmes en entreprise. Me Esther Ngalle Mbonjo explique : « Il y a deux textes, tout d’abord, la constitution qui parle d’égalité entre les citoyens indépendamment de leur sexe, et puis le code du travail qui est le texte de base qui réglemente le travail au Cameroun. A ce titre, la femme enceinte n’est pas un employé à part entière, ou entièrement à part. Elle est certes enceinte, mais la grossesse n’est pas une maladie, elle a un salaire comme tout employé normal. Et le congé de maternité, est un droit que le législateur donne à la femme enceinte, car dès qu’elle accouche, elle est fatiguée, elle doit récupérer, elle doit se reposer. Alors, le législateur lui donne 14 semaines, pour se reposer, et s’il y a complication, elle peut encore avoir d’autres jours en plus pour se reposer. N’oublions pas en plus que lorsqu’elle reprend le travail, elle a droit à une heure de tétée, c’est-à-dire, si le travail commence à 8h, elle peut venir à 9h par ce qu’elle doit allaiter le bébé ».
Des dispositions assez logiques, mais, la réalité est généralement toute autre. Certains patrons estiment qu’au sein d’une entreprise, chaque maillon est important pour faire fonctionner la chaîne, donc, si une employée est enceinte, cela suppose, le ralentissement du travail, la baisse de la production quelqu’en soit le secteur d’activité, a-t-on parfois entendu. A cette remarque, la présidente de l’association camerounaise des femmes juristes, marque son incompréhension. C’est la société qui veut les enfants, et c’est la société qui veut aussi les femmes compétentes. Je pense qu’il faut essayer de concilier les deux. La société doit prendre en compte le fait que c’est la femme qui donne la vie, et en tenir compte.
La convention collective des journalistes protège la femme
D’après René Manfo, « il est précisément dit que le nombre de jours de congé augmente en fonction du nombre d’enfants de moins de 6 ans que la femme journaliste a. Contrairement à ce qui est dit, à savoir que la femme journaliste procrée régulièrement, cela devait lui permettre d’avoir davantage de temps de congé. C’est ça, les droits sociaux qui sont relevés au niveau de cette convention collective, et aussi dans le code du travail de 1992, qui ont été repris par la convention collective des journalistes et des femmes de médias ». Autant des mesures qui visent à préserver la femme enceinte qui a un emploi, notamment dans le secteur de la communication où la femme journaliste est amené à présenter le journal, être en reportage.
parfois au delà des heures requises. Il est donc important pour les patrons d’octroyer les congés de maternité sans rictus, voire sans contrainte. D’après la vice coordonnatrice de la JAFEC, Evelyne Ngo Lam Bidjek, journaliste à CRTV Littoral, « les femmes dans le milieu de la presse comme partout ailleurs, sont victimes de ce type de violences. Vous avez des patrons qui prennent le prétexte de la grossesse, pour licencier une employée, même s’il ne vous dit pas tout de go que c’est parce que vous êtes enceintes que je vous mets dehors. On cherche toujours la petite bête, du fait du nouveau congé, de vos malaises.pour dire voilà c’est à cause de vous que le travail n’avance pas.
La femme journaliste est exposée à cela, nous avons des cas où certaines journalistes sont interdites de faire leur premier bébé après au moins 5ans. Si par exemple à 35 ans, on doit attendre 5ans, on sera à 40 ans et faire un bébé avec toutes les difficultés que cela comporte, ce n’est vraiment pas la meilleure des solutions ». D’où l’intérêt de cette conférence tenue à Douala, où les femmes journalistes ont beaucoup appris concernant les voies de recours particulièrement celles exposées par l’ACAFEJ, qui donne gratuitement des conseils.