Ndelbé, quartier dédié aux étrangers reste le plus populaire et l’oeuvre des Norvégiens et américains y est indélébile
Ndelbé est son nom originel. Ce quartier de Ngaoundéré est beaucoup plus connu sous le nom « Norvégien » où « America ». Dans cette ville, impossible de ne pas le connaître. L’ uvre des Norvégiens et américains est indélébile, à travers un quartier accueillant une bonne partie des réalisations de ces partenaires historiques de l’Eglise évangélique luthérienne au Cameroun (EELC). Il y a d’abord le Collège protestant, avec sa célèbre chorale baptisée « les Gospels singer » ; il y a ensuite l’ uvre de santé matérialisée par ce que le commun des habitants appelle aujourd’hui « hôpital norvégien ». Il voit le jour en 1934, grâce à Endresen Brigit, femme de missionnaire et infirmière. L’autre élément de grosse publicité de ce quartier est le Temple du millénaire, à l’architecture toute particulière, inaugurée l’année dernière. Selon Luc Adamou, enseignant en retraite, premier parmi les premiers à s’inscrire à l’école des blancs dans la région, « les missionnaires blancs (Ndlr : les premiers missionnaires américains de la Sudan mission) débarquent sur la pointe des pieds au mont Ngaoundéré, en 1933. Ils sont suivis deux années plus tard, par des norvégiens qui ciblent principalement la région de l’Adamaoua. Avec pour mission première de former des catéchistes. Les objectifs ce ces missionnaires vont graduellement augmenter pour embrasser les secteurs de l’éducation, la santé, et la communication », raconte le patriarche.
La chasse aux hyènes
« Lorsque Mr Andresen demande au lamido de lui trouver où il peut s’installer, on lui montre la brousse infestée d’hyènes appelées « Ngaounkoko » ou la cité des hyènes, jadis uniques maîtres des lieux. C’était la forêt, il n’y avait personne», déclare le septuagénaire Luc Adamou. L’intention voilée à travers cette « offre insolite », était, semble t-il, de décourager le nouvel arrivant, en le poussant à partir. Car « ne pouvant supporter ces compagnons d’un autre genre ». Les missionnaires vont s’investir pour en tirer un meilleur parti. La stratégie adoptée, Luc Adamou la rappelle aisément : « parmi les missionnaires américains ou norvégiens qui venaient, il y avait des enseignants, des docteurs etc. Chacun d’entre eux créait des structures dans son domaine ». Une jungle qui sera progressivement viabilisée par les missionnaires. Ils s’y installent dans un premier temps avec leurs domestiques. Mais après la création de l’hôpital protestant et le tracé de la route qui y mène, la population commence à s’installer de part et d’autres de cette route. Ainsi, vont sortir de terre, tour à tour, un dispensaire, la première église en matériau définitif, un collège pour l’éducation. La forte présence des Américains et Norvégiens doublée au souci d’avoir un identifiant contribuent au nom de baptême actuel de ce quartier. Il compte de nos jours des milliers d’habitants. Quatre- vingt- quatre ans après, le quartier norvégien à Ngaoundéré est tout sauf cette bande de terre à risque entre deux ruisseaux (Ndelbé en langue Mboum) cédé aux occidentaux.
Dossier préparé par Integration/www.integration-centralafrica.info