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Can 2016: attention à la manipulation politique d’un évènement sportif!

Par Jean De Dieu Tagne Je voudrai du fond du c ur féliciter toutes ces jeunes femmes et hommes qui…

Par Jean De Dieu Tagne

Je voudrai du fond du c ur féliciter toutes ces jeunes femmes et hommes qui ont servi au monde entier, le 19 novembre 2016, une chorégraphie riche en couleur, symbole de la grande diversité de notre pays. Merci pour tout ce que vous êtes pour le Cameroun et l’Afrique !

J’aurai bien voulu me limiter là. Mais hélas, pour l’amour de notre pays, je ne me tairai pas !

En marge de la cérémonie d’ouverture de l’Afcon 2016, les spectateurs et téléspectateurs nationaux et internationaux ont assisté surpris à un spectacle digne d’un autre siècle:
– Imposer à tout le monde un hymne à M. Biya à cette rencontre sportive était un excès de zèle qui cachait mal un manque de décence ; les Egyptiennes devaient certainement se rappeler les sombres jours du long règne du Général Hosni Mubarak dont les louanges étaient chantées ; des amis de Kinshasa, étonnés, m’ont demandé « on fait encore ça chez vous ? », ils se sont rappelés, en me narguant, ces jours d’autrefois où « tous les Zaïrois chantaient et dansaient pour Mobutu » et comment ils se sont achevés. Et je me suis dit, si ceux qui organisent ce genre de mise en scène avaient une lucidité historique, ils devraient savoir qu’ils ne font pas du bien à M. Biya, vraiment pas du tout !

– L’autre spectacle curieux était l’excessive présence militaire. Un match de football est, normalement, conçu comme un moment de détente, de vivre ensemble dans l’ambiance. Or, en dehors des téléspectateurs, personne n’est normalement détendu avec une mitraillette pointée entre ses deux yeux. A mon avis, une présence militaire si imposante était impropre pour le caractère festif et détendu de l’évènement. C’était, j’ose croire, digne d’une escorte du chef suprême des forces armées, pour aller dans les villages de l’Extrême Nord de notre pays, encourager nos vaillants soldats qui luttent au front au prix de leurs vies et nécessitent une présence encourageante de la plus haute autorité du pays. Imposer une telle présence militaire dans un stade de football n’embellit pas l’image du Cameroun ; du moins ceux des étrangers avec qui j’ai parlé n’ont pas apprécié cette démonstration . et moi non plus.

– Le risque de récupération politique des événements sportifs au Cameroun est grand. Il y a quelques semaines, il y avait dans nos villes de grandes affiches prévues pour cette CAN féminine, mais seulement, elles portaient au premier plan une grande image de M. Biya et derrière, en toile de fond, les images des joueuses. Nous devons être tous vigilants pour ne pas nous laisser trainer dans la boue du culte d’un individu. Dans un pays où les manifestations pacifiques des partis politiques, des membres de la société civile, des avocats et autres sont durement réprimées, il semble provocateur et imprudent d’imposer à tous ceux qui sont intéressés par un événement sportif les motions de soutien et autres slogans propres à une propagande politique. On le fait continuellement à la CRTV, mais ce n’est pas du fair-play, ce n’est pas élégant, c’est un abus de l’espace et du bien publics.

Je souligne ces éléments par amour pour notre pays, et pour inviter ceux qui ont les choses en main aujourd’hui à se poser deux questions : 1) Quelle image projetons-nous de notre pays et de ses institutions ? 2) Aimerions-nous être traités demain de la manière dont nous traitons les autres aujourd’hui ?


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