Ce qui doit être un lieu de rencontre et d’échange par excellence brille plutôt par sa vétusté et son manque de logistique appropriée
Le toit coule et il n’y a pas assez d’espace pour que tout le groupe s’entraîne normalement . C’est du moins ce que confie une jeune artiste du ballet national à propos du centre culturel camerounais (Ccc) ou le ballet et les autres groupes de l’ensemble national s’exercent à leurs arts.
Une conversion difficile
A l’origine, le centre culturel camerounais situé à quelques pas de la maison du combattant de Yaoundé, n’est pas destiné à un usage culturel (Si oui, à celui de la répression). De fait, il s’agit d’une ancienne maison de détention dans laquelle « rebelles » et autres « subversifs » étaient incarcérés. Question de « s’assagir » en méditant sur leur sort dans le sous-sol « paisible » du bâtiment. La roue de l’histoire tourne et nombre de ces « bandits » d’alors deviennent des « héros nationalistes ». A son tour, la vielle baraque qui les confinait connait une conversion. L’ancienne prison devient un centre culturel.
On n’aurait pu en faire un musée ou autre chose question de montrer aux camerounais comment fonctionnait leur pays. C’est parce qu’on ne prend pas la culture au sérieux dans ce pays (Cameroun) s’indigne un étudiant, adepte des arts. En réalité, le centre culturel camerounais ne paye pas de mine. L’on observe quelques personnes assises sur des bancs ou qui déambulent. Pourtant, de l’extérieur, la petite clôture autour de la bâtisse et la façade avant aux allures de modeste palais peut laisser croire à un intérieur aux décorations culturelles attrayantes et à une ambiance conviviale. C’est tout le contraire. L’espoir se dissout brutalement lorsqu’on plonge dans les ténèbres de la grande salle de spectacle. Un podium en planches poussiéreux, qui ne rassure pas quant à sa stabilité. Des sièges donc le cuir noir accompagne plutôt bien l’enthousiasme depuis longtemps émoussé des artistes du théâtre national. Ces derniers, comme les autres artistes de l’ensemble national du Cameroun, se retrouvent pourtant chaque jour dans ce lieu. Une arrière-cour abrite, dans une pièce, l’orchestre national. Sur le sol de la salle d’orchestre, un tapis que nul ne s’embarrasse plus de piétiner avec des chaussures boueuses ou poussiéreuses. Le split au mur rappelle qu’à une époque ce studio était climatisé comme le sont tous les studios de musique digne de ce nom. « Si on ferme la porte, il fera trop chaud. Mais, on ne peut pas aussi vraiment être concentré avec les bruits venant de l’extérieur » confie un saxophoniste et chanteur de l’orchestre.
Tentative de restauration
Pourtant, dans les années 1990, le Centre culturel camerounais a connu des réfections. Rien n’y a fait. Le lieu reste lugubre avec des pièces, à usages de bureaux ou autres présentant l’aspect d’un site abandonné et non nettoyé depuis très longtemps. Le Ccc ne dispose pas d’une logistique viable permettant aux divers courants artistiques de s’exprimer. C’est à l’image de la culture de notre pays (Cameroun) déduit un critique d’art excédé. Il se laisse dire que : la culture ne dit rien aux autorités. Elles font semblant de l’aimer juste pour en tirer profit, et s’enrichir au détriment des artistes et de la culture elle-même.
Le Cameroun ne dispose pas d’une maison de la culture véritablement conçue à cette fin et capable d’accueillir des événements majeurs. Quelques centres culturels étrangers et autres lieux de fortune relayent, tant bien que mal, cette carence.