Il en a formulé le schéma à l’occasion de son premier discours officiel de campagne électorale prononcé dans la région de l’extrême nord
Renforcer le secteur agricole.
Le président Paul Biya semble vouloir replacer l’agriculture au centre de sa stratégie économique dite des « grandes réalisations », et qui devra conduire le Cameroun vers le développement. Il a présenté les contours de cette nouvelle orientation lors de son premier discours officiel de campagne prononcé à Maroua le 04 octobre dernier. La réussite de cette politique des Grandes Réalisations, permettra à l’agriculture, à l’élevage et à la pêche de devenir le moteur principal de notre économie. Nos populations rurales, et en particulier celles du septentrion, en seront les premières bénéficiaires, en termes de sécurité alimentaire, d’emplois et de niveau de vie a-t-il notamment déclaré. Son programme agricole, le candidat du RDPC l’a décliné sur cinq axes. Accélérer la modernisation de l’agriculture, notamment par une politique d’exploitation collective des équipements agricoles, fondée sur le micro-leasing. Il s’agit de mettre à la disposition des planteurs dans chaque localité, des équipements adaptés à leurs besoins techniques, et aux conditions environnementales. Il a aussi parlé de créer des incitations spéciales adaptées à l’agriculture moderne. Il s’agit selon Paul Biya de la révision du Code des investissements pour accroître les incitations au développement de l’agriculture, la réduction d’impôts à l’exportation des produits agricoles, la simplification des formalités d’exportation, la réduction des taxes de douane sur les intrants et le matériel agricoles, et enfin l’attribution du prix de la meilleure entreprise du secteur primaire.
. Pour atteindre la moyenne mondiale dans 5 ans
Le candidat du RDPC envisage aussi de faire fonctionner la banque d’appui au secteur agricole. La banque est déjà créée, reste pour elle d’être opérationnelle. Le président de la république a fait savoir qu’elle aura en son sein un département de fonds de garantie permettant à l’ensemble du système bancaire d’intervenir avec efficacité et moins de risques dans le secteur agricole. Ladite banque devrait aussi avoir un fonds d’investissement consacré à la promotion des PME engagées dans le secteur agricole. Le quatrième axe de développement agricole devrait, selon Paul Biya, consister à redéployer l’industrie chimique en faveur de notre agro-industrie. Une stratégie qui passe par la création d’une unité industrielle de production d’engrais, la promotion de la création d’unité de production de produits phytosanitaires pour répondre à la demande et l’amélioration de la conservation des récoltes. Le cinquième axe cité est la mise en place d’un cadre de formation qui puisse procurer aux jeunes un enseignement agricole adapté aux réalités. Nous allons repenser la transmission des connaissances destinées à améliorer l’exploitation du sol, afin de permettre à une grande majorité de maîtriser les techniques culturales, d’innover et surtout d’améliorer le rendement dans le but d’atteindre dans 5 ans la moyenne mondiale a fait savoir Paul Biya
Voir pour croire.
Il est très tôt pour poser un jugement sur ces différentes déclarations du candidat président. Aujourd’hui presqu’assuré de sa réélection. L’opinion publique attend surtout de voir comment est ce que ces discours pourront se traduire sur le terrain. Une des premières déclinaisons devrait s’apercevoir sur le budget 2011-2012. La part destinée à l’agriculture devrait déjà se trouver augmentée de ses maigres 6% de moyenne d’engagement sur le budget. Mais sur la base de nombreuses expertises et commentaires des acteurs, on peut difficilement atteindre les objectifs indiqués sur les cinq prochaines années. Il faudrait selon des estimations théoriques, consacrer jusqu’à 25% du budget rien que pour l’agriculture, une hypothèse qui n’est pas possible à implémenter. D’un autre côté, on attend de voir aussi comment sera orientée la loi fiscale et douanière, en rapport aux souhaits du chef de l’Etat. Supprimer les taxes à l’exportation pourrait ne pas forcément enrichir les producteurs camerounais, mais des négociants très souvent étrangers. Du coup la contre balance d’une perte de recettes pour l’Etat au profit de l’accroissement des revenus des producteurs, pourrait ne pas devenir effective. En outre réduire les taxes à l’exportation c’est encourager la sortie d’une production camerounaise qui ne satisfait même pas encore le marché local. Le président a enfin abordé la question de la formation des jeunes aux enseignements agricoles. Une mesure d’emblée inopérante. Quelques centres de formation aux techniques agricoles existent déjà et la société a du mal à les utiliser. D’un autre côté, dans le recrutement des 25 000 personnels de la fonction publique lancé début 2011, la part réservée aux techniciens agricoles ne correspond pas à la mesure de ce programme d’émergence par l’agriculture.