Alors que Yaoundé a abrité récemment la revue du portefeuille de coopération entre le Cameroun et les « pays émergents », Journalducameroun se penche sur les enjeux de cette relation
Lorsqu’on observe la somme de projets en cours au Cameroun, considérés comme « structurants » pour son économie, on se rend compte à l’évidence que les partenaires sont presque toujours les mêmes. Le Port en eau profonde de Kribi, l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala, la Centrale hydroélectrique de Mekin, les stades de Bafoussam et Limbe, la mise en place du réseau backbone de transmission par fibre optique, sont des projets financés par la Chine ; la construction du Centre national des urgences est financée par la Corée du Sud ; le projet de développement « Riz, maïs, manioc » est financé par l’Inde. Ce sont les projets phares de la coopération avec ce que le Cameroun appelle les pays émergents. Pays pour lesquels il a été créé en 2009 au sein du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), une Division de la coopération avec les pays émergents. Cette création intervient, comme on peut le lire sur le site de cette structure, « dans un contexte marqué par l’ascension des pays dits émergents qui offrent des nouvelles alternatives de coopération intéressantes pour le Cameroun, outre les partenaires traditionnels. »
Lors de la revue 2012 du portefeuille de coopération avec les pays émergents, les autorités camerounaises se félicitaient de ce que les promesses d’engagements financiers pour cette année-là (713,3 milliards) étaient déjà plus importantes que celles des partenaires traditionnels (306,2 milliards de Fcfa). Ils ont effectivement été de 1200 milliards de F CFA comme le Minepat l’a souligné dans sa revue annuelle 2013. Ce partenariat qui est souvent qualifié de « Sud-Sud » semble celui privilégié par le Cameroun pour réaliser ses objectifs de croissance. Dans sa Vision 2035, cette « Afrique en miniature » manifeste « La volonté de devenir un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité ». Le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce), considéré comme la boussole du gouvernement pour la décennie 2010-2020, consacre un paragraphe aux relations que le Cameroun doit entretenir avec les pays dits émergents. « Les marchés sud-américain et asiatique devront être explorés et négociés dans le contexte des pays émergents en quête de positionnement stratégique et de rayonnement politique et diplomatique. L’option de coopération gagnant-gagnant prônée par les pays faisant partie de ce groupe (Chine, Brésil, Inde, Corée, etc.) et la forte densité de la population que concentre ces pays en font des partenaires de choix pour le développement des échanges commerciaux », peut-on lire dans le Dsce.
La Chine rafle dans ce groupe l’essentiel des projets lancés par le Cameroun. Ceux en cours et les projets à venir, comme l’autoroute devant relier les deux capitales Yaoundé et Douala, ou encore l’amélioration de la desserte en eau potable de dix villes du Cameroun dont les négociations sont en cours. Au Minepat, des sources autorisées indiquent qu’il est opportun d’élargir le portefeuille de coopération avec les pays émergents. Pour l’instant, il est essentiellement limité à la Chine, la Corée du Sud, l’Inde ; il pourrait être enrichi d’apports de pays comme la Turquie, le Venezuela, le Cuba. Comme l’explique le directeur général de la Copération et de l’Intégration régionale au Minepat, Charles Assamba Ongodo, « que ce soit chez le partenaire d’un pays émergent d’une part, ou les autres partenaires d’autre part, tout cela contribue, au niveau des financements extérieurs, à permettre au Cameroun qui ne peut pas se suffire des financements internes, de se développer, de réaliser ses projets. » le Cameroun n’est pas le seul à chercher ces financements extérieurs, notamment ceux qui viennent d’Asie. Depuis 2009, la Chine est le plus grand partenaire commercial de l’Afrique.
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