Par Marcel Makomé, ancien Ambassadeur du Congo au Cameroun, Nigeria et Guinée Equatoriale
L’horreur au quotidien. Des centaines de migrants qui périssent en mer, un camion rempli de 71 cadavres, 59 hommes, 8 femmes et 4 enfants. Tous des migrants, à la quête d’un rêve.
L’Europe entière s’émeut de ce drame. Jusqu’au prochain. Car tous les jours, des centaines de milliers de migrants risquent leurs vies dans l’espoir d’une vie meilleure. Tous les jours, depuis des mois maintenant, ils s’embarquent sur des rafiots improbables, pour échapper à leur quotidien.
Depuis janvier 2015, 300.000 migrants ont déjà traversé la Méditerranée, bien plus que pour l’ensemble de l’année dernière.
S’attaquer à la racine du mal et Quelles réponses apporter à ce flux migratoire? Y-en-a-t-il seulement une?
Car, aborder le problème des migrants sous le seul angle de l’urgence, de la solidarité n’est qu’une façon de réduire le questionnement.
La relocalisation ou la délocalisation ne sont que des remèdes passagers, guère efficaces face à l’ampleur de ce nouveau fléau catastrophique de la pauvreté. L’Europe débordée cherche des solutions ou selon, construit des murs pour détourner le regard.
Mais ces actes en faveur ou contre les migrants ne s’attaquent pas à la racine du mal. Si ces femmes, ces hommes et ces enfants prennent la mer au risque de leur propre vie, c’est parce qu’ils sont les oubliés des revenus nationaux de leur pays d’origine.
Tous savent que là où ils sont nés, ils n’ont aucune chance d’avoir une vie digne, car la richesse est réservée au dirigeant et à ses courtisans, tout aussi corrompus que lui.
Pour nous Africains, il est temps que les choses changent. Il ne suffit plus de dénoncer les clans dont le seul intérêt est de rester au pouvoir pour continuer à piller sans vergogne les richesses du pays.
Il va falloir, mettre les dirigeants africains et des autres pays du monde, devant leurs responsabilités.
L’Afrique est un continent riche. Une richesse monopolisée depuis des décennies.
Le Congo Brazzaville du Président Sassou Nguesso, en est un parfait exemple; pétrole, minerais notamment, ce pays engrange depuis des années des bénéfices non négligeables, une manne réservée à la famille et au clan des N’guesso qui s’est bâti un empire financier sur le dos de sa population. Et il n’y a aucune raison pour que cela s’arrête.
Sauf si les nations civilisées d’Europe et les USA, dont les intérêts en Afrique ne sont plus à démontrer, deviennent fermes, intransigeants sur des questions majeures, comme l’alternance politique, l’état de droit, ou le respect de l’ordre constitutionnel.
A partir de l’automne et ce jusqu’à la fin 2016, 12 pays africains vont se lancer dans des élections présidentielles. C’est maintenant qu’il faut imposer aux dirigeants corrompus, d’accepter le débat démocratique et de laisser parler les urnes.
Nos dirigeants, sûrs de leurs impunités n’y arriveront pas tous seuls.
Les nations européennes doivent les y encourager.
C’est uniquement en développant économiquement et politiquement les pays d’Afrique, que l’Europe et les USA pourront enrayer ce flux migratoire.
C’est la seule voie, pour éviter que ces crimes ne continuent.