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L’AFP appelle à plus de consultation pour le projet de loi portant Code pénal

Alice Sadio, présidente de l'Alliance des Forces Progressistes (AFP) Déclaration Relative à l'unilatéralisme de l'exécutif dans la conception du projet…

Alice Sadio, présidente de l’Alliance des Forces Progressistes (AFP)

Déclaration Relative à l’unilatéralisme de l’exécutif dans la conception du projet de loi N0 989/PJL/AN portant Code Pénal

Dans une société organisée, les lois constituent et rendent compte du cadre normatif et positif à travers lequel les individus, faibles ou forts, pauvres ou riches, les intérêts divergents peuvent coexister et évoluer en toute harmonie. Parce qu’elles ont vocation à assurer le mieux être du citoyen, les lois ne sont donc pas conçues ex-nihilo. Elles s’inspirent de la civilisation, de la morale, de la modernité et donc du vouloir vivre ensemble de chaque communauté de laquelle elles tirent justement leur légitimité fondamentale. Ceci est d’autant plus vrai en contexte de démocratie dont la définition basique est «le gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple».

Comment donc comprendre qu’en contexte de «gouvernement du peuple pour le peuple et par le peuple», une partie du peuple, la classe gouvernante notamment, se soit érigée au Cameroun en master dixit en matière de régulation de la vie commune?

Tandis que dans toutes les démocraties, même en Afrique, la consultation et la concertation, l’auto-critique et la démarche méliorative soient résolument encrées dans les m urs étatiques, comment comprendre que dans un pays comme le Cameroun, qui regorge d’intelligences à profusion, notamment dans le domaine pointu du droit, l’exécutif persévère dans sa logique de gouvernance ésotérique au mépris de toutes les valeurs intellectuelles qui ne demandent qu’à apporter leurs contributions à l’édification d’une société meilleure ? L’exécutive version Renouveau a-t-il donc la science infuse?

Comment comprendre que dans un contexte sociétal de crise aiguë en matière d’espace carcéral disponible, l’on juge opportun de pénaliser les délits relevant du civil sans mesures infrastructurelles d’accompagnement?

Comment comprendre que dans un contexte de paupérisation criarde, où les riches s’enrichissent au même rythme que les pauvres s’appauvrissent, avec une érection progressive d’une société de classes palpable dans nos quartiers, des délits tels que la «filouterie» du locataire relèvent désormais du pénal et que par ailleurs l’on oublie de prévoir des sanctions pour les employeurs véreux qui ne payent pas du tout, ou paient leurs employés en monnaie de singe?

Par ailleurs, que penser à la lecture de l’article 123 qui semble davantage criminaliser l’activité politique et les revendications électorales, en réprimant l’attroupement, l’outrage envers le bureau local de vote et l’interdiction de manifestation à caractère politique au sein d’un établissement public et en milieu éducatif?

Comment comprendre que dans un pays prédisposé de par son bilinguisme à produire les meilleurs traducteurs et interprètes du monde dans ses langues de prédilection, une loi d’une aussi haute importance que la loi portant code pénal soit soumise aux élus du peuple avec des disparités manifestes?

Au regard de tout ce qui précède et de bien d’autres travers, l’Alliance des Forces Progressistes (AFP) déclare : que s’il est louable de noter que l’exécutif s’est voulu respectueux des m urs et de l’éthique africaines en maintenant la pénalisation de l’homosexualité, il reste regrettable que sur divers aspects le projet de loi N0 989/PJL/AN portant Code Pénal soit entré en contradiction avec le principe démocratique de concertation d’avec les différentes parties prenantes.

L’Alliance des Forces Progressistes (AFP) suggère aux parlementaires censés représenter et défendre l’intérêt général et les droits du citoyen de faire preuve de patriotisme en renvoyant à l’exécutif sa copie pour relecture et consultations, aux fins de doter le peuple camerounais d’un Code Pénal cohérent et pertinent, qui prenne en compte les intérêts de TOUS et de CHACUN.
Fait à Yaoundé, le 21 juin 2016
La Présidente Nationale


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