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Le Cameroun avance à reculons

Par Vitalis Essala Depuis trois ans, le Cameroun titube sur le plan économique. Le pays a réussi une man uvre…

Par Vitalis Essala

Depuis trois ans, le Cameroun titube sur le plan économique. Le pays a réussi une man uvre pénible en 2014, en répétant son propre record sur l’Epargne Nationale Brute. Mais en 2015, une perte de deux points s’enregistre.

Si l’on s’en tient au rapport économique rendu par le Cameroun pour le compte de l’année 2015, le pays a ralenti ses efforts sur le Produit Intérieur Brut (BIP) par rapport à 2014. En effet, en 2014, le Cameroun avait enregistré un taux de croissance réel de 5,7 pourcent soit un point en plus sur la performance de 2013. En 2015 par contre, le pays a réalisé un taux de croissance réel de 5,3 pourcent seulement. Présenté de cette manière, ces points peuvent paraître minuscules. Mais en transposant leur impact sur les mouvements budgétaires, ces nombres sont magnifiés et colossaux.

En 2015 le pays a tourné à la perte. Les revenus du budget s’élèvent à 2.421 milliards de francs CFA. Par contre les dépenses sont évaluées à 3.242 milliards des mêmes francs. La perte s’évalue donc à 821 milliards. Cela est logique puisque le 22 décembre 2015, Paul Biya autorisait le gouvernement d’emprunter 800 milliards au budget de 2016 pour combler le vide de 2015. Ce n’est pas étonnant donc que la ménagère n’ait pas ressenti un changement positif dans son panier, bien que le BIP par habitant soit passé d’un million 800 mille francs CFA en 2014 à un million 900 mille francs CFA en 2015. En fait la ménagère a dû expérimenter un peu plus de rigidité à se fournir tous ses articles puisque le taux d’inflation est passé de 1.8 pourcent en 2014 à 2 pourcent en 2015.

Au total, beaucoup d’argent est passé entre les mains des camerounais mais cet argent est ressorti aussitôt. Et l’observateur est curieux de comprendre la logique managériale du gouvernement camerounais. Le pays est considéré comme un pays lourdement endetté. Voilà pourquoi les pouvoirs étrangers et ceux qui sont communément appelés bailleurs de fonds allègent la tâche au gouvernement de Biya en annulant certaines des dettes du pays. Annuler ne signifie cependant pas fermer les yeux. Au contraire.

Quand les bailleurs de fonds annulent la dette d’un pays, ce pays doit toujours produire le même argent qu’il devait utiliser pour payer sa dette. Mais au lieu de payer cette dette, le pays en question est supposé investir cet argent dans les projets de développement du pays. Tous les projets doivent être vérifiables et traçables dans le meilleur des mondes. Il faut le dire, le regard des bailleurs de fonds est très scrupuleux dans ce cas-là pour veiller à ce que la gestion de leurs fonds soit responsable. C’est ce qu’Angela Merkel faisait entendre quand elle s’exprimait au sujet de la crise de la Grèce. Il fallait bien sortir la Grèce de l’impasse, mais, disait-elle, il fallait que les dirigeants grecs apprennent à gérer. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, en a payé les frais quand il démissionnait en août 2015. Mais démissionner n’existe pas encore dans le vocabulaire camerounais.

Qu’est-ce qui s’est donc passé au Cameroun ? Ou du moins que ce passe-t-il au Cameroun ? Pourquoi emprunte-t-on l’argent que les bailleurs de fonds avaient cru réservé pour l’exercice de 2016 pour voler au secours de l’exercice de 2015 en souffrance ? Toutes ces questions peuvent se résumer en une seule réponse : gestion irresponsable. Espérons tout au moins que les quatre milliards et plus de l’exercice de 2016 seront gérés avec parcimonie.


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