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Mo Ibrahim: Le milliardaire anglo-soudanais qui veut changer l’Afrique

De son vrai nom Mohamed Ibrahim, Mo Ibrahim est l'auteur d'une fondation éponyme qui a pour but d'investir exclusivement en…

De son vrai nom Mohamed Ibrahim, Mo Ibrahim est l’auteur d’une fondation éponyme qui a pour but d’investir exclusivement en Afrique

Né au Soudan en 1946, Mohamed Ibrahim entreprend des études supérieures en Egypte, qui le conduisent au diplôme d’ingénieur de l’Université d’Alexandrie. Puis il rentre au pays travailler pour l’opérateur public, Sudan Telecom. À 26 ans, il part au Royaume-Uni dans l’objectif d’obtenir un diplôme de troisième cycle, le fameux PhD des cursus anglo-saxons. c’était alors en 1974, sur les communications mobiles, à l’époque où ce domaine était encore peu exploré. « Mes études portaient sur la mise en équation des interférences créés par les immeubles en vue d’établir les lois physiques auxquelles elles répondent. J’étais chercheur à l’Université de Birmingham. Un scientifique, une personne qui travaille pour la gloire, qui est capable de passer des heures à faire des expériences et des calculs ! ». Il entre dans le monde des entreprises en 1983, date à laquelle British Telecom créé une société nommée Cellnet pour mettre en place un téléphone de voiture qui devait entrer en service en 1985. Mohamed Ibrahim est alors embauché comme directeur technique. En 1984, Mo Ibrahim manipule l’un des premiers téléphones mobiles. Il convainc ses patrons de le commercialiser. C’est ainsi qu’est entré en service, à Londres en 1985, le premier réseau de téléphonie mobile au monde.

Success story africaine
Après la mise en place de la norme GSM, l’Europe prend à la fin des années 1980 une seconde décision qui se révèle favorable à Mohamed Ibrahim : l’ouverture à la concurrence du secteur des télécommunications. Notre entrepreneur vient d’avoir 40 ans. Avec une poignée d’amis, il crée son entreprise qui, progressivement, se met à récompenser ses salariés en parts du capital. Seul actionnaire au départ, il a pris l’habitude de donner des actions à chacun des employés, quand il les embauchait, ou après, sous forme de prime. Ce qui fait qu’au bout du compte, en 2000, le personnel détenait environ 30 % du capital. « Cela ne signifie pas que j’étais seul propriétaire des 70 % restants. Au fil du temps, j’ai fait entrer des investisseurs au capital de MSI. En 1996, notamment, nous avons fusionné avec une entreprise spécialisée dans le logiciel et il y a eu un échange d’actions. Les logiciels permettant de simuler les installations de réseau et leurs conditions de fonctionnement étaient devenu une activité plus importante que le simple conseil en architecture de réseau », ajoute Mo Ibrahim. Sur les raisons de son départ de British Telecom, il déclare qu’il en avait assez de travailler dans une grande organisation. « Trop complexe et trop frustrant à mon goût. Je voulais être mon propre patron, décider moi-même de mon sort. De nouveaux acteurs faisaient leur apparition sur le marché. Ils n’étaient pas issus des télécoms et ne pouvaient guère compter sur l’aide des opérateurs historiques avec qui ils entraient en concurrence. J’ai commencé à vendre mes services pour les conseiller dans l’installation de leur réseau, avec un premier contrat en Suède. J’ai créé ma société, nommée Mobile Systems International (MSI). Un an plus tard, j’avais embauché dix ingénieurs. En 1992, ils étaient 25 et, en 2000, quand je l’ai vendue à Marconi, il y avait 800 personnes ».

Mo Ibrahim
Jeune Afrique)/n

Fondation Mo Ibrahim
En 1998, la société de conseil se tourne vers le métier d’opérateur de téléphonie mobile. C’est le début de l’aventure de Celtel en Afrique. Sept ans plus tard, fin 2005, Celtel compte dix millions de clients dans quatorze pays, tous situés en Afrique subsaharienne. Là où bien peu de groupes occidentaux avaient osé mettre les pieds, en dehors des secteurs des hydrocarbures et de la finance. Les premiers réseaux ont été ouverts en Ouganda et en Zambie. En 2005, la fortune sourit aux audacieux quand MTC achète 85 % de Celtel pour 3,4 milliards de dollars. Après la vente de Celtel, Mo Ibrahim a mis en place un fonds de 100 millions de dollars, qui sera entièrement investi en Afrique, par exemple pour entrer au capital d’entreprises africaines innovantes. Dans un souci d’améliorer la gouvernance en Afrique Mo Ibrahim a mis en place la Fondation qui porte son nom, et c’est l’ancien président du Mozambique, Joachim Chissano qui s’est vu décerner le premier prix en 2007 doté de 5 millions de dollars. Ce prix Mo Ibrahim vise à récompenser un ancien chef d’état Africain qui a quitté le pouvoir depuis moins de trois ans, pour sa « bonne gouvernance ». Pour lui, la bonne gouvernance est cruciale, parce que sans transparence, pas d’investissements, qui constituent le seul moyen de créer des emplois et la prospérité. Il a lancé à travers sa fondation, l’indice Mo Ibrahim pour évaluer chaque année les prestations de biens et services publics délivrés aux citoyens par les pouvoirs publics et les acteurs non-étatiques à travers 88 indicateurs regroupés en quatre catégories.


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