Après l’euphorie de l’obtention du premier diplôme de l’enseignement supérieur, les jeunes camerounais sont souvent désorientés en ce qui concerne le choix de leur filière.
Les épreuves du Baccalauréat de l’enseignement général au Cameroun débutent le 30 mai. Les candidats à ce diplôme succèderont à leurs camarades de l’enseignement technique, qui composent depuis le lundi 22 mai.
Focalisés durant ces neuf derniers mois sur la réussite de leur examen, la plupart de ces jeunes élèves n’ont pas pris le temps de réfléchir sur la trajectoire qu’ils prendront une fois qu’ils auront obtenu le précieux sésame. Pour Alfred Mpongue, candidat à la session 2017 du Bacc, « il sera toujours temps de s’en soucier après la proclamation des résultats ». Seulement, une fois le Bacc en poche, le choix de la filière est déterminant pour des études supérieures et, plus tard, une carrière professionnelle réussie.
Sans véritable plan pour leur avenir, beaucoup de futurs bacheliers se retrouvent en ballotage, pour finir par s’inscrire dans des filières pour des études sans passion. C’est fut le cas de Lucie, il y a quelques années. La jeune fille a toujours voulu être journaliste. Mais, n’étant pas au courant de l’existence d’une école de journalisme au Cameroun, elle s’est inscrite en faculté de droit, sans conviction. Lucie détestait le droit. Mais, plus fort qu’elle était le désir de ne pas quitter ses camarades du lycée, inscrits dans cette filière.
Des cas comme celui de Lucie il en existe un grand nombre. Faute d’informations, des jeunes étudiants se retrouvent dans des amphithéâtres à prendre des cours qui n’ont absolument rien à voir avec le métier qu’ils prévoyaient de faire dans l’avenir. Ceci s’applique à ceux qui avaient une idée précise ou vague de ce qu’ils feraient après le lycée.
Ce changement d’ « objectif » peut aussi être la conséquence d’un manque de moyens financiers. Joseph aurait voulu faire des études supérieures en chaudronnerie, une filière porteuse selon lui. Actuellement, les chaudronniers sont recherchés sur le marché du travail. Leur travail consiste à réaliser des pièces destinées principalement aux industries automobile, aéronautique ou aérospatiale. Ils travaillent des plaques ou des tubes de métal, qu’il s’agisse de tôle, d’acier, de cuivre ou encore d’aluminium.
Les parents de Joseph n’ont pas réussi à réunir la somme nécessaire pour l’inscrire dans l’un des instituts privés qui proposent cette formation. C’est donc « dégouté » qu’il se rend toutes les semaines à l’université de Yaoundé 1 pour assister à ses cours de biologie animale. « J’en veux au gouvernement qui ne fait pas les efforts de créer de nouvelles filières. Ce sont les mêmes qui sont proposées depuis des années. Si on retrouvait cette formation dans une université d’Etat, le coût de la formation serait accessible au grand nombre ».
Les parents de Jordan Nseke, bien qu’étant prêts à débourser une certaine somme d’argent pour accompagner leur enfant dans ses études, n’ont pas pu lui payer la formation qu’il voulait au départ. Jordan aurait voulu faire économétrie ou encore monétique. Mais aucune des formations universitaires de la place aussi bien privées que publiques ne proposait cette filière. La seule possibilité qui s’offrait à lui était celle de trouver une école à l’étranger.
Une option quasi-impossible pour cette famille qui, non seulement n’était pas préparée à cette éventualité, mais aussi qui ne disposait plus de temps pour lancer les procédures nécessaires. Jordan a donc finalement opté pour une formation en informatique qui, selon lui, se rapproche le plus de ce qu’il ambitionnait de faire. Sa mère, Chantal, pense que « les établissements secondaires devraient plus travailler à informer les élèves sur les filières qu’ils pourront faire après leur examen. Si cela avait été fait, mon fils aurait su qu’il ne pourrait pas retrouver les formations qu’il voulait ici au Pays et n’aurait pas été autant déçu ». Cet avis est partagé par plusieurs parents.