Un communiqué de l’archevêque de Yaoundé dément l’implication entière de l’église catholique
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Mgr Victor Tonye Bakot, président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun |
Alors que tous les médias parlant des protestations contre la ratification du protocole de Maputo parlait de l’Eglise toute entière, Mgr Victor Tonye Bakot, président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, a démenti formellement une telle action. Pour Mgr Tonye Bakot, les chrétiens seront informés dès que les évêques réagiront par rapport au contenu du protocole de Maputo. Mais on sait que les positions de l’Eglise catholique par rapport à l’avortement sont connues de tous et restent inchangées. Cette prudence de la conférence épiscopale du Cameroun est compréhensible. Inféodé à un pouvoir avec lequel elle préfère collaborer plutôt que de gérer les conflits, elle s’est refusée à donner un blanc seing à l’activisme religieux de la région épiscopale du littoral. Il faut dire que cette division n’est pas le propre du Cameroun. Un fait est constant toute l’église condamne l’avortement et même la loi camerounaise réprime cette pratique en sa législation criminelle. Aujourd’hui la grande église catholique est fractionnée entre les tenants de la ligne dure le pape en tête, et les sponsors d’une attitude un peu plus nuancée et soutenue par de nombreux évêques à travers le monde.
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Le Pape Benoît XVI, dans un discours au Corps diplomatique accrédité auprès du Saint Siège le 8 janvier 2007 |
Dans un argumentaire un peu moins religieux, certaines personnes s’alignent sur cette position de l’église en lui donnant une connotation socio politique. Selon cette thèse, le Protocole de Maputo veut établir une légalisation totale de l’avortement. L’Article 14, Droit à la santé et au contrôle des fonctions de reproduction réclame la légalisation de ce qui serait en fait l’avortement libre en Afrique. Selon les interprétations typiques des juristes internationaux et les tribunaux occidentaux, le langage du Protocole de Maputo servirait à légaliser n’importe quel avortement pour toutes les femmes enceintes même pendant le neuvième mois de grossesse. C’est un argumentaire analogue qui a été utilisé dans le cadre de la pétition de Douala.
L’histoire de Carmen la jeune brésilienne enceinte des suites d’un viol incestueux et donc l’avortement entraina l’excommunion des médecins pratiquant a posé, une nouvelle fois, un problème moral des plus délicats; traiter de manière expéditive les questions d’avortement ne rendrait justice ni à la victime, ni au bébé qui pourrait naitre d’une telle histoire. Le problème de l’avortement devrait être envisagé au cas par cas et analyse dans toute sa spécificité, sans généralisations. Cette approche semble être celle qu’a choisi de suivre la conférence épiscopale du Cameroun. Dans la société civile, le débat est plus moral que religieux. De l’avis de certains experts l’attitude de l’église catholique de Douala fait de la mauvaise publicité à un document qui vise à promouvoir les droits fondamentaux des femmes en Afrique et veiller à la protection de ces droits. Parmi ses dispositions figurent le droit à la vie, le droit à l’intégrité physique et à la sécurité des personnes, le droit de participer à la vie politique et aux processus de décision, le droit à l’héritage, le droit à la sécurité alimentaire et à un logement décent, la protection des femmes contre les pratiques traditionnelles dangereuses et la protection lors des situations de conflit armé. Sont également prévues des dispositions concernant l’accès à la justice et une protection égale devant la loi pour les femmes.
Dans un continent ou la violence faite aux femmes est parfois une arme politique ou une arme de guerre, il sont nombreux à penser qu’il serait normal de laisser les femmes disposer en tout moralité convenu du seul bien qui leur appartient vraiment, à savoir leur corps.