Cameroun-inondations de Yagoua : les Etats-Unis offrent plus de 240 millions de F

L’aide américaine aux victimes camerounaises des dernières inondations, dans la région de Yagoua, a été apportée par l’ambassadeur américain au Cameroun Christopher J. Lamora.

Le 17 février dernier, l’ambassadeur américain, Christopher J. Lamora, est allé à la rencontre des communautés sinistrées pour témoigner la « solidarité » du peuple américain. « Les Etats-Unis sont profondément attristés par la perte incommensurable des vies humaines et des moyens de subsistance. Ils demeurent aux côtés du peuple camerounais en ces moments difficiles. Parce que ces femmes, ces jeunes filles et ces communautés marginalisées sont affectées de manière disproportionnée et mises en danger par des catastrophes naturelles, à l’instar des récentes inondations, USAID fournit également un soutien supplémentaire qui permet de prévenir la violence sexiste ainsi qu’un soutien aux survivants de la tragédie des inondations », a déclaré le diplomate américain.

Les 400 000 $ d’aide humanitaire ont été donnés par l’intermédiaire de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) pour soutenir les familles avec une aide alimentaire d’urgence, une protection, un abri et des kits d’hygiène, rapporte l’agence de presse APO.

Selon les estimations, les inondations ont touché plus de 150 000 personnes et détruit plus de 67 000 acres de terres agricoles dans la région de l’Extrême-Nord. A Yagoua, environ 43 000 personnes ont été touchées par les inondations.

Ces inondations ont entraîné la mort par noyade d’au moins 10 personnes, d’après le préfet du Mayo-Danay, Jean Lazare Ndongo Ndongo. Depuis mi-août 2022, l’Extrême-Nord fait face à des inondations dans plusieurs localités des départements du Mayo-Danay, du Logone et Chari et du Mayo-Tsanaga.

 

Cameroun-Variole du singe-choléra : l’UE octroie 100 millions de F  

L’Union européenne a octroyé cette enveloppe pour en aide humanitaire supplémentaire pour faire face à ces épidémies.

150 000 euros soit près de 100 millions de F pour continuer la lutte contre le choléra et la variole du singe. « Ces fonds permettront de mener une campagne de santé publique et de distribution d’eau et articles d’hygiène aux familles les plus vulnérables », indique la délégation de l’UE au Cameroun.

En termes de bilan, la variole du singe qui se manifeste depuis le début de l’année 2022, il ressort qu’à la date du 28 décembre, 113 cas suspects ont été signalés, dont 18 confirmés et 3 décès.

Pour ce qui est du choléra, 15 085 cas de choléra ont été notifiés dans le pays depuis la résurgence de l’épidémie en octobre 2021, dont 299 décès à la date du 27 décembre 2022. Trois régions sont actuellement actives : le Centre, le Littoral et l’Extrême-Nord.

« Nous avons une baisse de données en termes de contaminations en ce qui concerne le choléra, mais nous avons une flambée de choléra chez une population de sableurs à Ntui. Même jusque-là, cette situation, également, est sous contrôle. Il n’y a aucune inquiétude à se faire », a déclaré Manaouda Malachi, ministre de la Santé publique.

 

 

 

Cameroun : une assistance de 25 millions de F destinée aux Camerounais réfugiés au Nigéria

Elle sera distribuée aux ressortissants camerounais ayant fui la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du 21 au 25 novembre 2022.

 

Le consulat du Cameroun à Calabar au Nigeria procèdera dans les prochains jours à la remise d’une « assistance humanitaire d’urgence du chef de l’Etat Paul Biya ». Elle est destinée aux réfugiés camerounais qui résident dans cette partie du pays voisin. Ils y sont allés après  avoir fui la crise qui sévit dans les régions camerounaises voisines du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Selon nos confrères de la Crtv, ce sont au moins 850 Camerounais en détresse et âgés d’au moins 21 ans qui vont bénéficier du contenu de cette aide. Evalué à 25 millions de francs CFA, le don sera distribué sous forme de kits alimentaires et des enveloppes pour le transport.

Ce sera la quatrième opération d’une série qui a commencé il y a trois ans. En effet, la première distribution de cette aide a eu lieu en avril 2019. En novembre de la même année, la deuxième édition a suivi. La troisième du genre a été faite en décembre 2020. Au cours de la quatrième qui s’annonce, les autorités ont prévu au départ servir 1011 bénéficiaires. En attendant, les enregistrements se poursuivent jusqu’au mardi 15 novembre 2022.

Cameroun : les sinistrés des inondations reçoivent de l’aide humanitaire à Yagoua

Le ministre de l’Administration territoriale (Minat) s’est rendu dans le Mayo Danay le 11 octobre 2022.  Paul Atanga Nji a remis de l’aide humanitaire de Paul et Chantal Biya aux victimes des inondations.

Les personnes sinistrées des inondations dans le département du Mayo Danay région de l’Extrême-Nord ont reçu la visite de l’envoyé du chef de l’Etat. Paul Atanga est allé porter le message de réconfort et remettre de l’aide humanitaire aux victimes des inondations à Yagoua. Son passage dans la localité a permis de recaser des personnes sinistrées sur des sites provisoires. Le ministre de l’Administration territoriale a remis des kits hygiéniques, du matériel de couchage, des produits pharmaceutiques et alimentaires offerts par le couple présidentiel.

En remettant cette aide, le Minat a délivré le message du chef de l’Etat à l’endroit des sinistrés. Il a déclaré à cet effet que le chef de l’Etat a été informé des inondations et a donné des instructions pour l’amélioration du bien-être des populations de Yagoua. Le membre du gouvernement a précisé qu’il est venu, au nom du couple présidentiel, faire une évaluation de la situation et apporté le soulagement aux personnes touchées.

Au cours de la cérémonie de circonstance, le maire  de la commune de Yagoua Pierre Lirawa et le porte-parole des sinistrés Yerima Bello Walidjo ont remercié le couple présentiel pour le geste à l’endroit des populations sinistrées. Dans son mot de bienvenue, l’autorité municipale Pierre Lirawa a présenté les doléances de sa localité au membre du gouvernement. Il s’agit entre autres de trouver des voies et moyens pour résoudre de manière définitive le problème des inondations dans sa commune et ses environs.

Depuis quelques mois, le retour des grandes pluies entraîne des inondations dans plusieurs localités du pays. Les régions septentrionales sont les plus touchées. Pour cette saison, le ministre de l’Administration territoriale a effectué au moins deux visites dans la région de l’Extrême-Nord pour remettre de l’aide humanitaire aux sinistrés des inondations. C’était le cas le 18 septembre dans le Logone et Chari et le 11 octobre dans le Mayo Danay. Paul Atanga Nji a effectué d’autres visites du genre dans le Centre et dans le Sud.

Cameroun : 3,9 milliards de F de l’ONU pour l’aide humanitaire

L’annonce a été faite par le Britannique Martin Griffiths, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires de l’ONU.

L’organisme international tend encore une fois la main au Cameroun. L’Organisation des Nations unies (ONU) a décidé d’octroyer 100 millions de dollars, soit environ 65,5 milliards de FCFA, du Fonds central d’intervention d’urgence (CERF) pour soutenir des opérations humanitaires sous-financées dans 11 pays d’Afrique, des Amériques, d’Asie et du Moyen-Orient.

Alors que la vie et les moyens de subsistance des gens sont menacés par les conflits, les urgences climatiques, la faim et les déplacements forcés, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA)estime que 204 millions de personnes, parmi les plus vulnérables dans le monde, auront besoin d’une aide humanitaire cette année.

Dans cette enveloppe, 6 millions de dollars, soit un peu plus de 3,9 milliards de FCFA, sont destinés au Cameroun. « Des millions de personnes souffrent de difficultés sans précédent lors de conflits, de sécheresses, d’inondations et d’autres urgences humanitaires où l’ampleur des besoins dépasse largement les ressources dont nous disposons », a déclaré dans un communiqué Martin Griffiths, ajoutant que « cette allocation du Cerf permettra de s’attaquer à ce problème de front ».

Sept pays africains parmi les onze crises sous-financées

Selon l’ONU, le financement du CERF permet de combler les lacunes et de remédier aux déséquilibres de financement. L’allocation d’aujourd’hui permettra d’intensifier les opérations humanitaires au Yémen (20 millions de dollars), au Soudan du Sud (14 millions de dollars), au Myanmar (10 millions de dollars) et au Nigéria (10 millions de dollars).

Des fonds seront également alloués au Bangladesh (9 millions de dollars), à l’Ouganda (8 millions de dollars), au Venezuela (8 millions de dollars), au Mali (7 millions de dollars), au Cameroun (6 millions de dollars), au Mozambique (5 millions de dollars) et à l’Algérie (3 millions de dollars).

Grâce à ce financement supplémentaire, le CERF a alloué un montant record de 250 millions de dollars jusqu’à présent cette année par le biais de son guichet des urgences sous-financées.

« Je remercie les donateurs qui ont déjà généreusement promis 502 millions de dollars pour le CERF cette année, et je demande instamment à tous les donateurs de continuer à se concentrer sur ces crises sous-financées », a ajouté le Chef d’OCHA.

Cameroun : près de 4 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire

Un plan d’aide a été présenté le 13 avril 2022 à Yaoundé par le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, selon le site d’information Voaafrique.

Cette année, 2,6 millions de personnes seront ciblées pour sauver des vies et réduire les souffrances.

 « Les régions où il y a le plus de besoin aujourd’hui c’est l’extrême-nord, du fait de la violence liée aux conflits; les régions du nord-ouest et du sud-ouest suite à la crise qui existe et l’impact qui peut y avoir sur toutes les régions environnantes; et puis tout l’Est du pays du fait de la présence des réfugiés centrafricains qui ont dû fuir leur pays », souligne Karin Perrin, cheffe de bureau de la coordination humanitaire au Cameroun.

Les personnes vulnérables sont, en majorité, les bénéficiaires de ce plan d’aide qui va coûter 317 millions de dollars.

En tout, 470.000 Camerounais sont hébergés à cause des conflits internes. Selon le coordonnateur résident des Nations unies au Cameroun, le Ghanéen Matthias Naab, 9 des 10 régions sont atteintes, mais à des degrés différents en 2022. « Les plans de réponse humanitaire au Cameroun sont sous-financés », assène-t-elle.

« En 2021, ce plan n’a reçu que 51 % des fonds attendus », déplore Naab. Il faut plus de financements cette année pour aider plus de 2,4 millions de personnes en phase de crise ou d’urgence d’insécurité alimentaire, explique-t-il.

Crise anglophone : les Camerounais réfugiés au Nigeria rejettent la promesse d’aide du gouvernement

L’Etat du Cameroun a prévu d’attribuer un milliard de Francs CFA pour soutenir les quelques 21 000 Camerounais qui ont fui vers le Nigeria du fait des violences en cours dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Ceux-ci disent ne rien vouloir recevoir du gouvernement.

Les Camerounais ont saisi la représentation du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr) au Nigeria pour leur signifier leur intention de refuser l’appui qu’envisage de leur fournir leur gouvernement.

Le 20 juin dernier, l’Etat du Cameroun a rendu public son plan d’assistance humanitaire d’urgence pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Celui-ci prévoit un montant d’un milliard de Francs Cfa, pour appuyer les réfugiés camerounais. Il vise particulièrement à répondre aux besoins les plus urgents de 74 994 déplacés internes en équipements de première nécessité, nutrition, abris, santé, éducation, eau-hygiène et assainissement, protection… Pour un montant global de 12 milliards de Francs cfa.

Ceux-ci tiennent les autorités camerounaises pour responsables de la situation dans laquelle ils vivent désormais.

Lire aussi: Plan d’assistance aux populations anglophones : Paul Biya cotise 20 millions de francs Cfa

Ils appellent le gouvernement à chercher à résoudre les causes profondes de la crise en cours dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest depuis la fin d’année 2016 ; en lieux et places de la nourriture qu’il se propose de leur fournir sans évaluation préalable des besoins. Non pas qu’ils n’en aient pas besoin. Dans une note décrivant les conditions de vie des réfugiés camerounais, le Hcr fait état d’une population qui « lutte pour survivre« . Ceux-ci faisant face à un accès difficile à l’eau potable, aux articles de secours et à une protection contre le froid, entre autres.

Dans une lettre datant du 29 juin, la communauté de réfugiés camerounais exige la fin des hostilités dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, la libération de tous les détenus anglophones, le retrait des troupes dans la zone anglophone, l’ouverture d’un dialogue, avant toute descente des émissaires du gouvernement camerounais dans les camps où sont réfugiés les Camerounais.

Article lié : Cameroun: les insuffisances du plan national d’assistance humanitaire pour les zones anglophones

Au Cameroun, des Mbororos fulani oubliés de l’aide humanitaire

Cette communauté n’est pas prise en compte dans les statistiques de réfugiés et demandeurs d’asile fournies par le  Hcr, ainsi que dans le plan de réponse humanitaire du pays pour l’année 2018.

L’arrivée des Mbororos fulani au Cameroun en juin 2017 fait suite à un conflit lié à la terre avec les membres de la communauté des agriculteurs Mambila dans l’Etat de Taraba au Nigeria. Leur nombre actuel sur le territoire national reste inconnu, tant l’encadrement de cette communauté a fait défaut.

Entre le 17 et le 23 juin 2017, une milice Mambila attaque une population d’éleveurs fulani. Plus de 200 Mbororo sont tués, 150 autres sont blessés à la machette. La milice pille et incendie plus de 180 domiciles. Des milliers de Mbororos fulani se déplacent pour fuir les violences. Plus de 6 000 d’entre eux trouvent refuge dans les régions du Nord-Ouest et de l’Adamaoua, revèle l’Ong Nes Cameroun, qui avait porté cette situation à la  connaissance de l’administration camerounaise. Une somme de 3 millions de francs CFA a été collectée par les ong Nes Cameroun et Mboscuda pour fournir une première aide alimentaire dans 4 des 16 villages où ces Mbororos ont trouvé refuge.  « Les écoles dans lesquelles ils vivent n’ont pas de toilettes et offrent de mauvaises conditions d’hygiène. Il serait nécessaire de creuser des toilettes dans ces écoles pour éviter la propagation de maladies. La plupart des réfugiés sont venus les seuls vêtements qu’ils portaient. Ils auront besoin de vêtements chauds, spécialement les enfants. L’hôpital d’Atta [région de l’Adamaoua, Ndlr] est à court de médicaments, il y a un besoin urgent de fournir des médicaments. Les victimes à Atta boivent de l’eau qui n’est pas traitée. Il y a un besoin d’infrastructures adéquates pour éviter la contamination », révèlent des rapports produits par ces deux structures à l’attention du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (Hcr) et des autorités.    

Oubliés de l’aide humanitaire

La communauté Mbororos Fulani n’est pas comptée dans les statistiques officiels des réfugiés et demandeurs d’asile présents sur le sol camerounais. Selon le Hcr, 1,3 millions de personnes y ont actuellement besoin d’une aide humanitaire. Ce sont notamment 331 000 réfugiés (327 000 centrafricains et plus de 90 000 Nigérians), 236 000 personnes déplacées internes, 59 000 retournés, 584 000 ressortissants des communautés hôtes. Les besoins financiers pour une aide adéquate sont chiffrés à 161 milliards de francs CFA.

Point de place donc pour les Mbororos Fulani. « Une mission d’évaluation a été conduite en juillet 2017 par le HCR dans l’Adamoua et le Nord-Ouest.  Cette mission avait déjà permis de constater un retour important, moins d’un mois après le conflit, car la population initiale avait été estimée à plus de 3600 par les autorités locales alors qu’elle avait été estimée à 1821 personnes lors de la mission, avec une tendance marquée au retour parmi les populations rencontrées.  Afin de ne pas fixer davantage une population qui semblait vouloir rentrer, elle n’a pas été enregistrée, mais les autorités locales ont apporté une assistance avec certaines ONG locales comme Mboscuda», indique –t-on au Hcr.

Vers l’élaboration d’une cartographie de l’aide humanitaire au Cameroun

Cette cartographie se fera à Yaoundé avec d’éventuelles missions à Batouri, Meiganga et Maroua, des localités qui accueillent des réfugiés et déplacés internes.

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) envisage l’élaboration d’une cartographie des parties prenantes dans la réponse au besoin humanitaire au Cameroun. L’institution a récemment lancé une offre pour le recrutement d’un cabinet capable de mener les opérations.

L’élaboration de cette cartographie permettra au HCR de planifier son programme pluriannuel et multi-partenaire. Lequel vise à développer une stratégie coordonnée à long terme dans le but d’améliorer les résultats pour toutes les personnes relevant de la compétence du HCR (réfugiés, déplacés internes, personnes à risque d’apatridie) ainsi que les communautés locales.

Le Cameroun enregistre à ce jour 89 000 réfugiés nigérians et 259 000 issus de la Centrafrique et plus de 100 000 déplacés internes. Ces derniers ont fui leurs régions d’origine pour se retrouver dans les localités de Batouri, Meiganga, Borghop, Gado et Maroua, Minawao…

A cela s’ajoute une population de 20 000 réfugiés urbains, de nationalités diverses, repartie principalement dans les villes de Douala et Yaoundé.

La cartographie des parties prenantes dans la réponse au besoin humanitaire au Cameroun devrait permettre d’identifier tous les acteurs des secteurs publics et privés nationaux et internationaux qui interviennent pour apporter une aide aux populations susmentionnées ; de faire une revue documentaire de leurs stratégies prioritaires, de leurs capacités réelles, de leurs niveaux d’influence dans l’atteinte des objectifs (en terme de capacité de plaidoyer), de leur niveau d’intérêt et de volonté à suivre la protection et les solutions prioritaires des parties prenantes.

La restitution de ladite cartographie devrait avoir lieu le 21 juillet prochain.

 

 

Au Cameroun, l’eau des puits rend des populations malades

Des habitants de Kousséri  souffrent de fièvre typhoïde ou de diarrhée, des problèmes liés entre autres à la consommation d’une eau de mauvaise qualité

Début mars, Adoum, un habitant de Kousséri, a contacté la rédaction des Observateurs de France 24 pour partager ses inquiétudes concernant la qualité de l’eau dans sa ville et dans les environs.

«L’immense majorité des habitants consomment l’eau des puits. Certains ont été creusés grâce à l’argent d’ONG turques, comme Kimse Yok Mu, dans le quartier Madagascar par exemple. Cette eau est gratuite, mais pas toujours potable, notamment car les puits ne sont pas toujours creusés assez profondément. Résultat : certains habitants tombent malades. Souvent, ils savent que leurs problèmes sont liés à l’eau, mais ils préfèrent consommer de l’eau non potable plutôt que de mourir de soif», a-t-il indiqué.

Plusieurs ONG étrangères – notamment turques – financent en effet la construction de puits à Kousséri. France 24 a pu échanger avec l’une d’entre elles, KIM International. Cette ONG belge émane de l’ONG turque Kimse Yok Mu, fermée en juillet dernier à la suite du coup d’État avorté en Turquie.

Les ONG étrangères donnent ainsi de l’argent à des entreprises locales – qui se chargent des travaux – ou à des ONG locales – qui creusent les puits elles-mêmes ou font appel à des entreprises pour cela. France 24 a également pu échanger avec deux de ces ONG locales, l’Association humanitaire pour l’assistance et le développement, qui affirme collaborer avec quatre ONG étrangères, et une antenne de l’ONG turque Cansuyu.

Adoum poursuit : «Les autorités locales ont conscience du problème, mais elles n’apportent aucune solution. Il est possible de souscrire un abonnement auprès de la Camerounaise des Eaux (ex-Société nationale des eaux du Cameroun, Ndlr), censée fournir de l’eau potable, mais son réseau n’alimente pas toute la ville, l’abonnement coûte cher, et l’eau a un goût salé…»

Interrogé par France 24, Ambroise Simon, le médecin-chef du district de Kousséri, confirme les problèmes liés à la qualité de l’eau :

Certains habitants ont la diarrhée, d’autres la fièvre typhoïde. (Cette infection est causée par des bactéries qui sont transmises lors de l’ingestion de nourriture ou d’eau contaminée par des selles. Elle peut provoquer une fièvre prolongée, des malaises, la diarrhée, etc., Ndlr.) Nous avons d’ailleurs constaté une augmentation des cas de fièvre typhoïde récemment.

Il y a différentes explications : certaines personnes boivent l’eau du fleuve, il y a des problèmes d’hygiène, par exemple lorsque les poubelles trainent autour des puits… De plus, la majorité des puits ont été construits de façon artisanale, sans respecter aucune norme : ce sont généralement des dispositifs assez simples, avec une pompe manuelle permettant de remonter l’eau. Et il est rare que l’on fasse des analyses pour déterminer si l’eau de ces puits est vraiment potable.

« Plus de 90 % des puits ne respectent pas nos recommandations »

Les normes de construction des puits concernent notamment la profondeur du forage et la distance minimale à respecter par rapport aux latrines les plus proches. Seul problème : aucune règle claire ne semble avoir été édictée à Kousséri. Contacté par France 24, un membre du personnel de la délégation de l’Eau et de l’Energie – un service de l’État collaborant avec la mairie – précise :

«Pour des raisons d’hygiène, nous estimons que les puits doivent être creusés à 60 mètres de profondeur au minimum et que les latrines les plus proches doivent être situées à plus de 60 mètres. Mais ici, plus de 90 % des puits ne respectent pas cela : certains sont construits à quelques mètres des latrines ou à une dizaine de mètres de profondeur, puisqu’on peut trouver de l’eau à cette profondeur à Kousséri.

«À titre personnel, j’utilise donc l’eau que l’on peut récupérer au robinet de l’hôpital, l’un des rares endroits où elle est vraiment potable. Sinon, l’autre solution est de purifier l’eau en la faisant bouillir, en utilisant de la javel ou du chlore. Nous essayons d’ailleurs de sensibiliser la population à ce sujet souligne ce dernier.

Tous les puits n’ont pas été construits par des ONG locales financées par des ONG étrangères : certains ont aussi été installés par des particuliers et la municipalité. Mais en ce qui concerne les ONG locales, le problème est qu’elles ne viennent jamais nous voir pour demander des autorisations ou des conseils… Et nous n’avons jamais le temps d’intervenir lors de la construction de ces puits, car ils sont parfois creusés en quelques heures seulement. Les ONG turques qui financent ces travaux viennent sur le terrain de temps en temps, mais sans vérifier dans les détails ce qui a été construit. »

Toutes les ONG contactées par France 24 ont assuré que leurs puits ne posaient aucun problème de santé publique, bien qu’elles ne semblent suivre aucune des « recommandations » de la Délégation de l’eau et de l’énergie. KIM International a d’ailleurs indiqué ne « jamais travailler avec les autorités locales pour les puits d’eau en général » et collaborer « uniquement avec Bati l’Afrique, une société tchadienne » construisant notamment des puits. De son côté, l’Association humanitaire pour l’assistance et le développement a assuré que la municipalité ne leur avait « jamais dit comment faire« .

 KIM International a indiqué qu’il fallait 3 000 euros pour ouvrir un puits, tandis que les deux organisations locales ont fait savoir qu’elles recevaient entre 1 220 et 1 370 euros de la part de leurs partenaires étrangers pour les construire. KIM International ajoute : « Nous savons que certaines ONG locales construisent des ‘puits’ à des prix dérisoires – entre 1 000 et 2 000 euros en moyenne – mais ceux-ci ne sondent qu’à 15 ou 20 mètres de profondeur, l’eau n’y est pas suffisamment filtrée, ce qui provoque des maladies. »