Lettre d’un citoyen canadien prêt à prendre la nationalité camerounaise

Par François Nantel

Lettre d’un futur ex-citoyen canadien

Très honorable premier ministre Justin Trudeau,
Honorable John McCallum, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté,
Honorable Pablo Rodriguez, député d’Honoré-Mercier

Messieurs,
Quelque part en 2013, je suis tombé amoureux d’une merveilleuse femme d’origine camerounaise, ici à Montréal, mais dont le statut n’était pas encore officialisé, pour mon plus grand malheur, car c’était sans compter sur les tracasseries administratives et tous les montants impliqués.

En juin 2014, nous nous sommes mariés, devant parents et amis, pour le meilleur et pour le pire – malheureusement pour moi le pire était à venir.

Et le pire est venu non par cette merveilleuse femme, mais par nos chers fonctionnaires du service de l’immigration, des services frontaliers, ou bien de la cour fédérale du Canada.

Elle a été déportée en août 2014, laissant derrière elle et avec moi son fils, Canadien de trois ans, ne sachant pas vers quoi elle se tournait.

Nous en sommes bientôt à deux ans de séparation, même si deux fois en 2015, j’ai été la rejoindre pour quelques semaines, là-bas à Yaoundé, au Cameroun, afin que toute cette attente soit supportable.

Mais présentement, je n’ai jamais eu autant honte d’être Canadien.

Nous avons répondu à toutes les demandes, tous les résultats se sont avérés positifs, tous les montants, qui s’élèvent à des milliers de dollars, ont été réglés.

Et pourtant nous sommes toujours en attente d’une décision.

J’en suis à me demander si, le Canada ou ses fonctionnaires étant à ce point inhumains, incompétents et sans c ur, je ne serais pas mieux de déménager moi-même au Cameroun et de demander la citoyenneté camerounaise afin de nous réunir, mon épouse, notre fils (même si je ne suis pas son père biologique) et moi-même, voyant que le Canada se fout de séparer une famille et de faire souffrir ses citoyens. Au moins, là-bas, je n’aurais pas à me demander à quoi m’attendre de mon pays.

François Nantel, Futur ex-citoyen canadien


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