Lions indomptables du Cameroun : tout savoir sur l’affaire Sacha Boey

Le cœur du Franco-camerounais de Galatasaray balance encore entre les Bleus et les Lions. Un espoir subsiste.

Sacha Boey, 22 ans, est face à un énorme dilemme : choisir entre la France et le Cameroun pour donner une orientation internationale définitive à sa carrière. Choisir un pays au détriment de l’autre n’a jamais été facile pour les joueurs binationaux. Malheureusement pour certains, le faire revient à choisir entre son père et sa mère, entre ses origines et une terre d’adoption qui les a portés, éduqués et formés. Choisir une équipe A c’est parfois fermer une porte de façon définitive à une autre sélection.

Plusieurs fois convoqué chez les Lions, Sacha Boey n’a jamais répondu présent. Dans une interview accordée à Transfermarkt, le latéral droit formé à Rennes a exprimé son souhait de rejoindre l’équipe de France de Didier Deschamps. «L’Equipe de France, c’est le Graal, pour n’importe quel joueur. Mais je reste concentré sur mon club. Parce que si je me focalise sur les Bleus, ça risque de me freiner à un moment donné. Je vais être frustré si ça ne vient pas. Donc je préfère que tout se passe bien avec mon club. Et si je suis appelé un jour, même avec les Espoirs, ce sera une bonne surprise».

« Le Cameroun, c’est aussi mon pays »

Un message limpide qui tranche un peu avec ses déclarations à L’Equipe quelques jours plus tôt suite à sa rencontre avec le manager-sélectionneur Rigobert Song. “J’ai mangé avec le sélectionneur (Rigobert Song), ça s’est bien passé. Je suis binational. Il faut savoir que c’est dur de faire un choix, j’ai l’avenir devant moi. Le Cameroun, c’est aussi mon pays, mais je n’y suis jamais allé. Il faudrait que je le découvre d’abord un peu, ressentir une attache. On verra. En tout cas, je vais tout faire pour être bon à mon poste pour pouvoir postuler à ce qui se fait de mieux.», déclarait Sacha Boey.

Toutefois, la complexité du dossier de changement de nationalité sportive de Sacha Boey vient du fait qu’il est né d’un père naturel camerounais qu’il n’a quasiment pas connu. Or pour sa naturalisation, il faudrait constituer son dossier à envoyer à la Fifa, avec les papiers camerounais de son géniteur. Un mince espoir subsiste. Lors de la rencontre avec Rigobert Song, Sacha Boey lui a donné les contacts téléphoniques de sa mère française, d’origine belge. Cette dernière serait encore en contact avec son ex-compagnon.

Si Sacha Boey, qui a joué avec les U20 en France, a le droit de rêver d’une vie en Bleu, il lui sera cependant difficile d’être convoqué en équipe fanion tant qu’il joue en Super Lig turc. Un championnat moins coté en indice UEFA que la Ligue 1 française, par exemple. Il doit analyser cette situation en fonction de son âge, de sa marge de progression et des possibilités de recevoir une chance vis-à-vis de la concurrence. Les horizons semblent bouchés pour lui chers les Bleus, pour l’instant. A son poste, Benjamin Pavard et Jules Kounde ont pris une longueur d’avance.

Pourtant chez les Lions indomptables, au vu de son potentiel, un boulevard lui est ouvert : Fai Collins est sous le déclin. Le Cameroun étant un pays compétitif, Sacha Boey doit saisir cette opportunité pour profiter de la vitrine d’exposition que l’offrent les Lions indomptables. Samuel Eto’o tout en jouant pour le Cameroun a pu remporter trois fois la Ligue des Champions. Les internationaux camerounais, Eric Maxim Choupo-Moting (Bayern Munich), Zambo Anguissa (Naples), André Onana (Inter Milan), Eliot Djengoué (Chelsea) n’évoluent-ils pas dans les grands clubs européens ?

Le changement par les urnes est-il encore possible au Cameroun?

A la demande messianique ou d’apocalypse, il faut donc répondre par un profond travail de réforme intellectuelle, artistique et culturelle. Pour défier de manière durable les pouvoirs violents et corrompus, et pour se donner les moyens de reconstruire ce qu’ils ont démoli, une lutte sur le long terme et au-delà des élections est nécessaire. L’investissement du champ de la culture et du travail intellectuel est une manière de construire cette durée.

Beaucoup n’y ont, de toutes les façons, jamais cru. Ayant flirté avec l’idée d’un changement par la voie électorale dans les années 1990 au lendemain du passage au multipartisme, d’autres sont, depuis lors, passés à autre chose. Echaudés, ils ne pensent plus que la politique peut changer la vie, encore moins le monde.

Plus grave encore, certains ont pris les armes et ne jurent plus que par l’« action directe ». Pour qui veut remodeler les choses en profondeur dans les conditions qui sont les nôtres, les urnes ne servent strictement à rien, estiment-ils. Apres trente-cinq ans de tyrannie et maintes pétitions restées sans réponses, la solution se trouverait désormais au bout du fusil.  Se prévalant d’un autre héritage colonial, ils ne veulent plus faire partie de cette anti-communauté par excellence qu’aura été, depuis 1961, l’Etat « francophone » du Cameroun. Désormais, ils exigent non plus le retour au système fédéral qui prévalut au lendemain de la décolonisation, mais la séparation immédiate, une petite république bien à eux.

Pour les irrédentistes anglophones, la guerre de sécession (ou faut-il dire d’indépendance) a donc bel et bien commencé. Au même moment, dans le Septentrion, une formation armée de tendance nihiliste et sans projet politique tente, à coup d’opérations-suicide, de précipiter le Millenium. Peu importe que ce soit celui des innocents ou de ses ennemis réels ou fictifs. Depuis plusieurs années, Boko Haram répand le sang. Sans discrimination.

Petit à petit, un marché régional de la violence prend donc forme et se structure telle une métastase. Compose de petits foyers ardents plus ou moins autonomes, la chaîne se dissémine sur un mode discontinu et segmentaire sur toute la façade occidentale du pays, du Mont Cameroun et de l’océan Atlantique jusqu’aux Monts Mandara et aux rives du Lac Tchad.

Comme partout ailleurs ou des tragédies similaires ont eu lieu, les mêmes ingrédients produisent ici les mêmes effets : assassinats de policiers, de gendarmes et autres hommes en uniforme, enlèvements et séquestration des autorités civiles sur fond de convulsion répressive. L’escalade se poursuivant, le cortège des meurtres, des incendies, des tueries et petits massacres à la petite semaine s’est mis en branle, et avec lui l’interminable chapelet des atrocités, viols, torture et sévices corporels, vendettas et atteintes à la propriété.

On connait la suite. Pourchassées et dépossédées du peu qu’elles avaient, des populations civiles prennent la fuite. Des villages entiers sont rasés. Et puisque la violence doit être financée, des trafics de toutes sortes se font jour dans ces zones frontalières d’ores et déjà propices à la contrebande. Tout conflit de ce genre appelant en retour son économie criminelle, comment s’étonner que cette guerre inutile et à huis-clos n’échappe point à la règle.

Convulsions et cacophonie

Le Cameroun est donc rentré dans un tunnel, aspire dans une trajectoire économique, sociale et militaire régressive et écartelée par des convulsions multiples et hétérogènes. Pour le moment, tout se passe comme si toute capacité d’enrayer cette évolution s’était envolée, et comme si désormais, le destin commandait que le calice fut bu jusqu’à la lie. Ce sentiment d’inexorabilité est d’autant plus partage qu’aucun diagnostic convaincant sur l’état réel du pays n’a encore été établi, alors que triomphe le gouvernement par la paralysie, et qu’a presque tous les échelons de la société, la lucidité, dirait-on, ne cesse de s’évaporer.

Dans la cacophonie ambiante, un débat s’est néanmoins noue.

Grosso modo, il oppose ceux pour qui seul un changement de régime et de la forme-Etat pourrait éviter la descente dans un paroxysme sanglant, et ceux qui, au nom d’une prétendue indivisibilité de la république, soutiennent mordicus la fiction d’un ordre constitutionnel pourtant en voie de dégénérescence, et par conséquent plus enclin que jamais à recourir à une violence indiscriminée et expéditive.

Pour la classe des propriétaires et accapareurs qui, depuis la décolonisation, n’a eu cesse de se servir de la puissance publique pour engranger des gains privés, gouverner c’est redistribuer à qui mieux mieux les opportunités de déprédation et de détournement des richesses nationales.

C’est voler, piller et jouir, sans se soucier de pourvoir au renouvellement de ce que l’on détruit ou consomme.

Dans ces conditions, la peur de tout perdre soudainement et de subir la vengeance de ceux que l’on a tant humilié et précarisé est grande. Se sentant menacé, le bloc au pouvoir a donc choisi l’escalade. Mais à elle seule et quelle que soit son intensité et ses cibles, la violence répressive permet-elle véritablement de s’attaquer aux causes profondes de la discorde ?

Pour l’heure, le risque d’enlisement et d’instabilité structurelle est donc réel.

D’une part, l’emballement dans les pratiques de déprédation et de détournement aidant, aucune ligne ne sépare désormais les logiques d’autodestruction et celles d’auto-préservation.

Au sommet, un tyran rattrape par l’âge s’efforce de tirer les ficelles à coups d’apparitions, de disparitions et de réapparitions. En trente-cinq ans, il est parvenu à instituer un modèle de pouvoir inédit, qui tire sa force et sa souterraine énergie de son caractère spectral, de sa propension à ne surtout rien faire, le gouvernement par l’inertie et la paralysie.

Pour compliquer les choses, ce système à tous égards sclérose et parasitaire, ronge de l’intérieur et sans perspective, jouit paradoxalement d’un soutien relatif de la part de ceux et celles qu’il néglige, qu’il traite par l’indifférence, ou qu’il a littéralement abandonne.

Ce soutien que n’expliquent point les seules allégeances tribales est à la fois actif et passif, direct et indirect. Il est marqué au coin par un mélange de crainte et de stupéfaction, de lâcheté et de gourmandise, l’espoir sans cesse reporté d’être bientôt convie par décret a la table du festin. Il est nourri par le biais de multiples réseaux et circuits trans-ethniques de complicité. Il est d’autant plus inattendu que beaucoup n’auront, en retour de leur soutien, bénéficie de presque rien. Pis, tant que cela dure, leur condition ne changera guère pour le mieux. Rien à faire cependant. Pour rien au monde, ils n’échangeront leur Satan contre Lucifer.

Le modèle d’un cycle historique de déprédation qui débouche sur l’auto-phagie et l’auto-dévoration n’est pas spécifique au Cameroun. Beaucoup de Camerounais font appel au langage de la possession diabolique et de la lutte contre le démon pour en rendre compte. Ce modèle est culturellement renforcé par la prégnance d’habitus qui réservent au temps et à lui seul le statut de justicier suprême. Tout, croit-on, a une fin et le temps est le meilleur adjudicateur de toutes les contradictions. Le cycle politique et le cycle biologique de l’autocrate ne formant plus qu’une seule et même trame, beaucoup ne vivent plus que dans le temps de l’attente – l’attente de la mort du tyran, seule à même d’ouvrir la porte au changement.

Attendre la mort du tyran est par conséquent devenu non seulement une disposition mentale, mais aussi la principale activité symbolique de nombreux Camerounais. Ils sont à l’affut des traces de sa détérioration physique, et chaque signe visible de ce processus est interprété comme une anticipation de son imminent trépas. Tous ne lui souhaitent cependant pas une mort naturelle, encore moins heureuse. Beaucoup ne rêvent-ils pas de transformer sa dépouille en cadavre expiatoire pendu au gibet, puis décapité, éviscéré et écartelé. Supplice et exécration à la mesure de la souffrance qu’il aura, de son vivant, infligé à ses sujets ?

Le moment culturel est donc caractérisé par une forte demande messianique, voire, chez nombre d’illuminés, apocalyptique. Mais il s’agit d’un messianisme négatif qui mêle allègrement rêves de délivrance et de carnage, désir d’assassinat et rituels d’exécration. Dans certaines variantes du lumpen-radicalisme ambiant, millénarisme et populisme ne font pas seulement bon ménage. En réalité, on ne jure plus que par l’invocation de morts qui putréfient les corps des ennemis et des traîtres, sur fond de spontanéisme et de nihilisme, d’esbroufe et de fanfaronnades.

Quel changement ?

Au-delà de cet aperçu sur les transformations de l’imaginaire en situation de tyrannie, les grandes questions demeurent.

De quel changement veut-on ? Quelles sont les forces sociales qui pourraient en être les moteurs et comment en organiser la convergence ?

Répondre à ces questions exige de déconstruire deux mythes.

Dans les conditions actuelles, entretenir le rêve du grand soir, ou l’espoir d’un soulèvement populaire qui emporterait avec lui toute la fange relève de l’illusion. D’autre part, il n’y aura pas de Messie. Par contre, de nombreux faux-prophètes, démagogues et fanfarons prétendront décharger le peuple du fardeau qu’est l’invention du futur.

Le défi historique est de savoir comment modifier le rapport de force politique dans la société, forger une autre volonté collective et la mettre en mouvement au service d’un projet émancipateur. Avant même que ne soit posée la question du leadership souhaitable, il s’agit de savoir sur la base de quel arsenal intellectuel et symbolique cette lutte s’effectuera, avec quelles ressources financières et matérielles et quels soutiens régionaux et internationaux.

Si, dans le long passage de l’autodestruction à la construction, il n’y a guère de place pour les thaumaturges et si, pour le moment, la perspective d’un soulèvement populaire ou d’une lutte armée d’envergure nationale est à écarter, quelle place pourrait-on, par contre, réserver aux élections ?

La politique des élections

Force est de reconnaitre qu’elles ne constituent guère la panacée. Du reste, historiquement, le Cameroun n’a jamais connu des élections libres.

C’était déjà le cas vers la fin de la période coloniale, lorsque le suffrage universel fut élargi aux indigènes. Afin de contrer l’influence grandissante du mouvement nationaliste, l’administration entreprit de créer une multitude de petits partis satellites acquis par définition à sa cause. C’est ainsi qu’avec l’appui des chefferies dites traditionnelles, une tradition de caporalisation et de socialisation à la servitude volontaire prit corps.

La naissance de la corruption électorale date des années d’après-guerre. Colonialisme et démocratie étant incompatibles, tout fut chaque fois mis en œuvre pour fausser le verdict – brimades, harcèlement et intimidation, violence physique, mise au ban, répression administrative, dispersion des assemblées, bourrage des urnes et brutalisation des esprits et intronisation des laquais.  C’est ainsi que petit à petit, le principe du gouvernement représentatif fut vidé de tout contenu.

Le régime du parti unique ne fit qu’accentuer cette tendance. Une insidieuse confusion fut établie entre l’élection et le plébiscite. Les scrutins se soldaient par des scores invraisemblables. En l’absence de libertés publiques, les élections n’avaient guère pour fonction de permettre à la volonté générale de s’exprimer. Elles faisaient plutôt partie des mécanismes de confiscation du pouvoir. Les choses n’ont guère changé depuis l’avènement du multipartisme. En droite ligne des traditions électorales coloniales, le suffrage universel est devenu l’un des multiples moyens par lesquels la tyrannie se perpétue.

Au Cameroun, les techniques utilisées à cet effet sont nombreuses. Elles vont de l’interprétation abusive des textes a la falsification des émargements sur les listes électorales, l’utilisation de la violence et de l’intimidation pour supprimer la voix des électeurs dans les fiefs de l’opposition, le détachement des préfets, sous-préfets et commissaires de police et l’affectation de personnels de l’Etat et de fonctionnaires zélés dans les opérations électorales.

La loi électorale elle-même est à l’image du système qui l’a conçu. Elle prévoit un scrutin uninominal majoritaire à un tour, ce qui veut dire que le pouvoir peut être dévolu à quelqu’un qui, arithmétiquement, n’a recueilli qu’une minorité de voix. Tout candidat indépendant doit être présenté par au moins 300 personnalités originaires de toutes les régions du pays, à raison de 30 par région. Une caution de 30 millions de francs CFA est exigée, sans qu’il soit précise si elle est remboursable ou non.

L’on comprend que dans ces conditions, l’alternance au pouvoir soit quasiment impossible. Les groupes dominants qui, depuis la fin de la colonisation, ont su détourner à leur profit la puissance publique à des fins d’accumulation privée exercent un contrôle absolu sur les finances publiques, le crédit, la règlementation, et surtout les principales rentes, qu’elles soient minières, forestières ou agricoles. Ils disposent également de la force armée, de la police, de la gendarmerie et autres unités spécialisées qu’ils peuvent transformer, en cas de nécessité, en véritables milices privées.

Entretemps, ballotée entre les capitulations opportunistes des uns et les penchants ethniques des autres, l’opposition légale (puisque désormais il en existe une autre qui ne l’est pas) est divisée et fragmentée, pour toutes sortes de raisons, les unes plus futiles que les autres.

Trois conditions nécessaires pour le changement

Partout ou un changement par les urnes a eu lieu, l’expérience africaine récente montre qu’il a fallu que soient réunies au moins trois conditions.

Premièrement, il a fallu que l’opposition s’unisse derrière un candidat unique, sur la base d’une plateforme minimum dont l’un des buts majeurs était, une fois la victoire acquise, la réforme fondamentale du système politique lui-même, la fin du pouvoir personnel et l’approfondissement de la démocratie.

Dans le cas du Cameroun, une telle réforme concerne la forme même de l’Etat et la ré-articulation de l’idée du bien commun. Le passage d’un Etat caporaliste et prédateur à un Etat de droit et des communautés, sous une forme fédérale élargie, est désormais une des conditions de la stabilité du pays.

Le raccourcissement et la limitation des mandats présidentiels en est une autre, de même que la réforme de la justice, la garantie de son indépendance, l’élargissement des pouvoirs du Parlement et d’autres institutions indépendantes telles que la cour des comptes ou le conseil constitutionnel. Le passage à l’Etat de droit exige par ailleurs la mise en place d’une charte des droits et des libertés, la protection et la défense des droits des femmes et des minorités et la promotion du plurilinguisme et du multiculturalisme.

La rupture avec le modèle camerounais de la déprédation exige enfin une réforme radicale des lois régissant l’allocation des marchés publics et la gestion des finances de l’Etat ainsi qu’un renforcement drastique des pouvoirs conférés aux agences de lutte contre la corruption, les détournements et la criminalité en général.

L’autre condition pour un changement par la voie électorale est le ralliement à la coalition des forces de l’opposition des fractions dissidentes au sein du bloc au pouvoir. Ce ralliement n’est pas seulement essentiel dans le processus de constitution d’un bloc contre-hégémonique. Il est aussi nécessaire parce que la rupture n’est jamais totale. Pour réussir, toute recomposition politique mêle toujours plus d’éléments du passé qu’il n’y parait.

Pour l’heure, aucune de ces deux premières conditions ne prévaut au Cameroun. La neutralité des institutions chargées de la conduite des élections est discutable, chapeautées qu’elles sont, en droit, par le Ministère charge de l’administration territoriale. On peut difficilement compter sur des observateurs internationaux dont la pusillanimité est établie depuis longtemps. Ou sur l’impartialité des juridictions locales en cas de contestation des résultats.

Rien ne garantit que les candidats de l’opposition pourront faire campagne sans entrave, ou que leurs réunions publiques ne seront pas indûment interdites ou dispersées, que leurs scrutateurs seront admis dans les bureaux de vote, que ceux-ci feront l’objet de surveillance par l’ensemble des parties prenantes, et que ces derniers pourront participer au contrôle local des résultats ou assurer leur intégrité et leur acheminement jusque vers les centres où se déroulera le décompte final.

Pour le reste, tout changement en profondeur requiert la constitution d’un véritable mouvement social.

Celui-ci ne se ramène pas à des épisodes protestataires tels que les émeutes, les jacqueries, les éruptions spontanées ou les poussées de fièvre inorganisées et sans lendemain que les pouvoirs africains savent si bien réprimer.

Tout mouvement social digne de ce nom renvoie par contre a une mobilisation élargie, sous l’égide d’une coalition multi-ethnique, multi-classe, multiconfessionnelle, multilingue et transversale, réunie autour d’un objectif partagé par une très grande partie des couches de la société, soutenue par les médias, les organisations professionnelles, les syndicats, les églises et autres corporations et entités confessionnelles. Il s’agit d’un mouvement contre-hégémonique capable d’imprimer une durée, une structure et un horizon à la lutte. Au sein d’un tel mouvement s’expérimentent des façons alternatives de construire le sens commun, ou encore de comprendre, contester et combattre le bloc hégémonique au pouvoir.

Dans le cas du Cameroun, les obstacles à la formation d’un tel mouvement sont d’autant plus significatifs que les années de tyrannie auront façonné des sujets qui ne se reconnaissent pas comme membres d’une entité plus vaste que leur parentèle. Ils ne sont guère soudés aux autres par la conscience de leur condition commune ou encore par des épreuves partagées. Par ailleurs, la tyrannie aura réussi à faire admettre aux groupes sociaux dominés que l’exercice de la coercition (et non la quête du consentement) et la déprédation constituent des formes légitimes, voire honorables, de tout exercice du pouvoir.

Finalement, mettre en mouvement une volonté collective au service d’un projet émancipateur exige de prendre au sérieux le champ culturel. C’est à partir de ce front que s’élaborent en effet de nouvelles visions du monde.

A la demande messianique ou d’apocalypse, il faut donc répondre par un profond travail de réforme intellectuelle, artistique et culturelle. Pour défier de manière durable les pouvoirs violents et corrompus, et pour se donner les moyens de reconstruire ce qu’ils ont démoli, une lutte sur le long terme et au-delà des élections est nécessaire. L’investissement du champ de la culture et du travail intellectuel est une manière de construire cette durée.

Qu’est-ce qui se fait prioritaire dans le Cameroun actuel ?

Aux obstacles qui jonchent le chemin de nos vies, nous procédons si souvent à une liquidation rationnelle dictée par la priorité. Donner une réponse constructive, décisive et juste à la question susmentionnée exige un tour du côté de ce pays, pour mieux saisir où il se trouve et vers où il s’achemine.

Nous nous rendons compte, en parcourant ce pays, qu’une crise de confiance profonde et un divorce inquiétant existent entre ses dirigeants pleins de mépris et le peuple. Il appert que le tissu social ici et là est fait de fibres abjectes de corruption, d’injustices, de discriminations et violations des droits humains.

Il nous saute à l’ œil en parcourant ce pays que le volcan assez actif de la haine et des divisons entretenu par certaines élites tonne au fond des cœurs, et parfois laisse échapper quelques vapeurs. Aussi, les courroux et violences gagnent graduellement le pays du fait de sa gestion maffieuse.

Les sacrifices exigés au peuple, qui croupit déjà dans la pauvreté, et obtenus par les dirigeants-valets et jouisseurs au pouvoir ont été au fil des ans détournés par ces derniers dénués de patriotisme, de courage et de vision.

Nous voyons que des actes irresponsables et de trahisons depuis la pseudo-indépendance sont perpétrés contre le progrès du peuple et son bien-être par les dirigeants. Il s’avère que les institutions politico-économiques et le système éducatif sont obsolètes et que les dirigeants veulent les garder coûte que vaille.

Il est aussi clair que ce pouvoir rend le vrai changement politique tant exigé par le peuple impossible à travers les urnes, de même qu’il brille dans la signature et le maintien des accords désavantageux au pays, l’amour du FCFA, le recours inutile au FMI et à la BM, le bradage des terres et compagnies nationales.

A la question : Qu’est-ce qui se fait prioritaire dans le Cameroun actuel ? L’on peut aussi se demander quel est l’obstacle majeur au progrès et à l’unité nationale au Cameroun. Cet obstacle, c’est le pouvoir RDPC. C’est l’Etat RDPC.

Honnêtement, très honnêtement, remplacer ce pouvoir RDPC par un autre pouvoir de braves, de patriotes et souverainistes visionnaires est la priorité au Cameroun. Tout œil clairvoyant va voir que c’est ce pouvoir en place qui crée la zizanie, brise des initiatives louables et bloque les aspirations souverainistes du peuple.

Comment donc y arriver ? Cette tâche prioritaire de substitution de l’Etat voyou au Cameroun par un nouveau pouvoir fait de patriotes et visionnaires déterminés ne revient ni à quelques individus ni à quelques régions du pays. C’est l’affaire de tous les Camerounais pour le Cameroun.

La soif de ce vrai changement politique tant couru devra se renforcer dans les cœurs et sur les visages des Camerounais des dix régions du pays et de l’étranger, sous la conduite des figures politiques, spirituelles et économiques patriotes convaincues et prêtes aux grands sacrifices.

Dans cette quête de changement politique, le peuple camerounais et lui seul détient l’arme de la victoire. Comme partout ailleurs où les peuples ont triomphé de la dictature ou des forces néocoloniales, il y a un capital essentiel : Le capital humain. Et le peuple l’est. Il faut seulement arriver à le mobiliser.

 

 

Naissance du média du changement au Cameroun

Par Abdelaziz Mounde

Dès le 29 janvier, grâce à l’ingénierie de talents camerounais de l’intérieur et de la diaspora, la Web Tv consacrée à l’alternance au Cameroun sera mise en ligne.

Elle complétera le portail en ligne dont le lancement est prévu à la même date.

Cet outil permettra de mobiliser, donner de la visibilité, valoriser et rassembler autour des objectifs communs visant à favoriser des conditions efficaces de changement et d’alternance au Cameroun.

Il inclura :
– Les actions positives de l’opposition visant ce but ;
– Les analyses sur la situation et les blocages actuels ;
– Les démarches engagées dans ce sens ;
– La critique des logiques égoïstes ;
– La mise en exergue des dynamiques positives à l’exemple du mot d’ordre « Nous Sommes Fatigués », lancé par le journaliste Boris Bertolt, les actions de Dynamique citoyenne autour du slogan « On tourne la page » et d’autres idées et mobilisations ;
– La promotion de l’idée des Assises de l’Opposition et de l’Alternance et des Primaires ;
– Le financement des campagnes ;
– Le renouvellement de la classe politique ;
– La dynamique des idées pour des réformes structurelles et utiles.

L’heure est à l’action !


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Kah Walla, le visage féminin de la politique au Cameroun

À 46 ans, elle s’apprête à connaître sa première expérience dans la course à la magistrature suprême

Candidate à la présidentielle 2011, elle invite les camerounais à prendre leur destin en main, car il est l’heure du changement. À 46 ans, elle s’apprête à connaître sa première expérience dans la course à la magistrature suprême au Cameroun. Teint noir, 1m62, habillement claqué généralement sur le modèle chemise et pantalon, Edith Kahbang Walla est de plus en plus présentée comme le visage féminin de la politique au Cameroun, quelques années seulement après le début de sa carrière sur ce front à forte connotation masculine. Ses dreadlocks surdimensionnés et bien enroulés dans un foulard qui rappelle le look de la chanteuse Erika Badu, Kah Walla affirme chaque jour un peu plus, son africanité, bien loin de l’image de la femme occidentale à laquelle l’on se serait attendue, parce que côtoyant depuis plusieurs années, de nombreuses cultures. Mais Kah est naturelle et entend le rester.

De la zoologie à la politique
Tout le monde est d’accord. Que ce dans la rue, à bord de sa voiture, ou à son bureau, un grand sourire ne quitte presque jamais les lèvres de Kah Walla. Joviale et accueillante, elle n’hésite pas à serrer les mains ou à répondre à quelques interrogations fussent-elles à la limite dérangeantes. Née en 1965 au Nigeria, Edith Kahbang Walla comme tout enfant, poursuit son processus de socialisation à l’école. Après ses études secondaires sanctionnées par divers diplômes, elle entre à l’université. Dans cette phase d’éducation consacrée à l’enseignement supérieur, en lieu et place des études de droit et sciences politiques, elle opte plutôt pour la zoologie. A la Howard University aux Etats-Unis d’Amérique. C’est là que Kah Walla obtient une licence en zoologie, puis suivra un master en business administration, MBA. Preuve que désormais, l’entreprenariat sera son cheval de bataille pour la vie.

Quelques années plus tard, elle crée un cabinet baptisé «Stratégies», au sein duquel elle accorde une grande place à la formation des acteurs économiques du secteur formel et surtout informel. Dans la foulée, son énergie débordante doublée à ses interventions jugées intéressantes voire édifiantes, lui ouvrent rapidement les portes des médias camerounais. Les promoteurs des évènements socioculturels la sollicite aussi, pour participer à des forums d’échanges et autres conférences – débats. Très vite, Kah Walla, devient une personnalité qui suscite de l’attention. Ses convictions politiques la dirigent sans surprise vers l’opposition, en occurrence vers le Social Democratic Front, du leader Ni John Ni Fru Ndi. Parti qu’elle décide de quitter, à la suite d’une divergence d’opinion, relative à l’inscription ou non des électeurs sur les listes électorales. Dès lors, elle se forge elle-même un cadre où elle pourra mieux exprimer son idéologie politique. D’où la mise sur pied, de l’association Cameroun Ô Bosso, au sein de laquelle elle regroupe plusieurs de ses camardes, en occurrence des jeunes. Des jeunes qui n’hésitent à l’accompagner dans son combat, comme on l’a constaté il y a quelques mois, lors de la commémoration des martyrs de février 2008, par plusieurs partis politiques d’opposition. Kah et ses camardes étaient descendues dans les rues de Douala, subissant les foudres de la police locale.

Edith Kahbang Walla
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Il est l’heure
À 46 ans, Kah Walla s’apprête à connaître sa toute première expérience dans la course à la magistrature suprême au Cameroun. Candidate du Cameroon Peoples Party, CPP, à la présidentielle du 09 octobre, elle a perdu le sommeil depuis plusieurs mois. Son dynamisme s’est accentué sur le terrain surtout après la rétention de sa candidature, parmi la vingtaine jugée recevable, par la structure chargée d’organiser les élections, Elecam. Cette militante soutient mordicus que le temps du changement est enfin là. «Il est l’heure», c’est d’ailleurs le slogan qu’elle a choisi pour sa campagne électorale, afin de mieux véhiculer ses idées de changements dans tous les secteurs d’activité. Si Kah Walla fait son entrée en politique depuis seulement 2007, elle traîne derrière elle, une longue et riche carrière en management, marketing et leadership que lui confèrent ses études effectuées en occident. Depuis plus de 20 ans, cette experte a formé de nombreux acteurs politiques et économiques nationaux et internationaux. Ce qui lui permet aujourd’hui d’affirmer sans risque de se tromper, qu’elle connaît mieux les réalités du quotidien des Camerounais. Un quotidien marqué par un taux élevé de la pauvreté, de mortalité maternelle et néonatale, d’accès limité aux soins de santé, en passant par le taux de chômage de plus en plus galopant. Selon Kah, l’heure est donc venue pour chaque Camerounais, de prendre son destin en main et de bousculer cette triste réalité. Au c ur des solutions qu’elle propose, figure en grande place la restructuration du secteur informel, au vu de sa contribution importante dans le développement de l’économie nationale.


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Kah Walla, ô bosso.
Elue conseillère municipale dans l’arrondissement de Douala 1er, Edith Kah Walla forte de sa popularité sans cesse croissante, annonce en 2010, sa candidature à l’élection présidentielle 2011, sous la bannière du CPP, soit quelques mois après avoir lancé «Cameroun ô bosso», mouvement qui invite la population camerounaise à aller de l’avant. En prélude au prochain scrutin présidentiel, Kah Walla a pris le contre-pied de son ex parti politique, en exhortant les citoyens en âge de voter, d’aller s’inscrire massivement sur les listes électorales. Occasion non seulement de veiller à ce que ses membres soient inscrits, mais aussi dénicher des potentiels scrutateurs lors de l’élection. Afin de convaincre les millions d’électeurs qu’elle est la candidate idéale, Kah Walla à d’ores et déjà publier son programme, véritable invite à l’amélioration des conditions de vie de la population camerounaise. Ceci concerne aussi bien la situation des femmes, des jeunes, des personnes du 3ème âge, que les hommes de toutes les couches de la société. La candidate préconise par exemple, que les jeunes soient inclus au sein de tous postes de décision de la société. Dans un contexte marqué par une gérontocratie omniprésente, Kah estime qu’il est temps d’y apporter la fraîcheur de la jeunesse, afin de valoriser cette catégorie. Celle-ci devrait s’appuyer sur l’expérience accumulée au fil des ans, par les personnes âgées, «qui représentent une ressource incontournable», selon la candidate. Elle affirme qu’il faut insérer les handicapés, «qui constituent environ 10% de la population camerounaise des citoyens à part entière». L’opposante regrette que les dispositions actuelles, ne tiennent pas compte de cette tranche de la population, que ce soit dans les écoles, les hôpitaux, où aucune mesure n’est adaptée aux conditions de celle-ci. Dans un pays où la débauche, l’alcoolisme, bref l’indécence prime notamment dans les grandes villes, elle prône la création d’une brigade des m urs ainsi que le retour de la morale, pour lutter contre ces différents fléaux qui minent la société. Célibataire et sans enfant, Edith Kah Walla, espère bien être la candidate qui va succéder le 9 octobre prochain, au Président sortant Paul Biya, candidat à sa propre succession.

La militante lors des manifestations de février à Douala
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La poste africaine fait son bilan

La 29ème session du conseil d’administration de l’UPAP s’est ouverte ce lundi 2 août 2010 à Yaoundé

Améliorer la qualité du service
Après le Caire en Egypte en 2006, c’est au tour de la capitale camerounaise d’accueillir la 29ème session du conseil d’administration de l’Union panafricaine des postes (UPAP). Ouverte par le ministre camerounais des postes et télécommunications Jean-Pierre Biyiti bi Essam, la session a réuni une vingtaine des pays africains membres du conseil d’administration parmi les 43 que compte l’UPAP. Le directeur général du bureau international de l’Union postale universelle (UPU) Edouard Dayan, a axé le premier point de son propos sur la qualité du service. Les différents participants ont exploré les efforts fournis et fait le diagnostic des problèmes qui minent la poste en Afrique. Pour Edouard Dayan, La qualité de service constitue un enjeu majeur pour toutes les postes et en particulier les postes africaines. Seule une qualité de service constante permet d’acquérir et de conserver la confiance des clients, et donc de développer les marchés. Et le moins que l’on puisse dire est que la poste camerounaise depuis quelques années traverse une véritable crise de confiance.

Les nouveaux défis des services postaux publics
Cependant, le bilan dressé indique que vingt-huit pays contre vingt en 2006 participent aujourd’hui au contrôle continu de la qualité de service organisé par le bureau international. Par ailleurs, les postes souhaitent désormais identifier clairement les maillons faibles de la chaîne de transmission de leurs courriers. Ainsi, deux pays membres de l’UPAP participent déjà au projet Global monitoring system (GMS) lancé en 2009 par l’UPU. Une technologie qui n’était auparavant accessible qu’aux postes des pays industrialisés en raison de son prix. Neuf nouveaux pays seront connectés dans les prochaines semaines à ce nouveau système qui devrait être utilisé aussi bien pour le courrier international que national. En ce qui concerne les colis, le trafic domestique a augmenté de 16% entre 2007 et 2008. 91% des opérateurs désignés africains utilisent désormais les codes à barre pour assurer le suivi des colis sortants contre 35% en 2006. Sur la maîtrise du processus logistique, les projets de transport du courrier par voie terrestre mis en uvre en Afrique de l’Ouest et en Afrique Australe sont à féliciter. Des méthodes qui selon la secrétaire générale de l’UPAP,Rodah Masaviru, doivent être intensifiées et répliquées dans le reste du continent notamment en Afrique Centrale.

Les travaux ont permis à Hesham El Ghorab président délégué du conseil d’administration de souligner la vision de l’Upap, à savoir, former un réseau des postes en Afrique faisant partie du réseau mondial des postes, qui offre des services modernes et de qualité aux clients. Pour Edouard Dayan, la Cameroon postal services (Campost) à tout intérêt à travailler dans le cadre de l’UPAP puisqu’elle bénéficiera de l’expérience et des meilleures pratiques des meilleures postes du continent pour améliorer la qualité de son service. Cette session va aussi lancer de nouveaux programmes d’innovations technologiques et des formations par e-Learning sur tout le continent. Les travaux se sont achevés par des résolutions fermes. Résolutions que les participants camerounais devraient mettre en uvre pour redonner le goût des services postaux aux Camerounais.


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