Cameroun : le SECA invite les enseignants grévistes à observer une trêve

Le Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (SECA) réagit au discours de fin d’année du président de la République Paul Biya qui rappelle certains enseignants à l’ordre.

Dans un communiqué du syndicat en date du 1er janvier 2024, « les enseignants sont invités à faire la semaine généreuse du mois de janvier allant du 02 au 05 janvier 2024 ». Cela implique la reprise effective et normale des enseignements et autres activités pédagogiques. Le SECA, après avoir rappelé les six revendications des seigneurs de la craie, dit avoir suivi avec attention le discours du chef de l’Etat du 31 décembre 2023.

Dans ce message adressé à la Nation, le président de la République refuse d’admettre « que l’éducation de nos enfants continue d’être prise en otage par une frange d’enseignants, dont les motivations réelles semblent s’écarter des objectifs affichés ». Ceci alors que le gouvernement a débloqué plus de 72 milliards en 2023 et s’apprête à débloquer 102 milliards complémentaires pour apurer la dette des enseignants. Le chef de l’Etat dit être « soucieux » d’améliorer les conditions de travail des enseignants, mais aussi « intransigeant » quant au respect du droit à l’éducation de la jeunesse.

Paul Biya annonce des mesures pour éviter « une éducation au rabais », tout comme il maintient le « dialogue avec les syndicats des enseignants reconnus ». A cet effet, le syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique, comprend à travers ce message présidentiel que « le statut spécial des enseignants et les autres revendications doivent être pris en compte au cours de ce dialogue ». L’on note ainsi l’instance du syndicat à propos de la signature et l’application du statut spécial des enseignants.

Cameroun-grève des enseignants : Paul Biya frappe du poing sur la table

Le chef de l’Etat lors de son message de fin d’année 2023 à la Nation, met en garde « une frange d’enseignants » qui prend « en otage l’éducation de nos enfants ».

Un nouveau rebondissement dans la grève des enseignants au Cameroun. Le président de la République exprime son désaccord face à la poursuite du débrayage dans les des établissements scolaires publics du secondaire. Cette action, « craie morte » ou « école morte » est menée par des enseignants membres des mouvements OTS, OTA en s’appuyant sur un mot d’ordre émis par le Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (SECA). Malgré le temps qui passe, ils ne décolèrent pas.

« Pourtant, des efforts méritoires ont, de l’avis même des concernés, été consentis par le Gouvernement à cet égard. En dehors des nombreuses mesures de divers ordres qui ont été prises par les administrations concernées, plus de 72 milliards de francs CFA ont été débloqués en 2023 pour prendre en charge les dépenses y afférentes. Une provision complémentaire de 102 milliards de francs CFA a également été constituée dans le budget de l’Etat, au titre de l’exercice 2024, afin d’apurer les dépenses résiduelles. Il sera dès lors difficilement admissible que l’éducation de nos enfants continue d’être prise en otage par une frange d’enseignants, dont les motivations réelles semblent s’écarter des objectifs affichés. », précise le chef de l’Etat.

Ainsi, le président de la république manifeste son désaccord et met en garde ceux des enseignants qui vont persister dans cette activité. « Je voudrais être clair à cet égard. Autant je suis soucieux de voir les enseignants bénéficier des conditions appropriées pour l’exercice de leur noble métier, autant je suis intransigeant pour le respect du droit à l’éducation de notre jeunesse. Des mesures fermes vont à cet égard être prises pour veiller à ce que nos enfants ne se retrouvent pas victimes d’une éducation au rabais », prévient S.E. Paul Biya qui ne suspend pas néanmoins le dialogue avec des syndicats des enseignants reconnus. Avec ce ton présidentiel, s’achemine-t-on vers la fin de la grève qui a débuté en février 2022 ?

Cameroun : les enseignants maintiennent la grève malgré le paiement annoncé de 96 milliards

Bien que le ministre des Finances ait donné des assurances de payer 96 milliards jusqu’en 2024, les enseignants entendent poursuivre le débrayage.

Le gouvernement du Cameroun vient de décider de payer un montant de 96 milliards de FCFA aux enseignants grévistes. Le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a donné des assurances devant la Représentation nationale de verser cette somme avant la fin de l’année 2024. Une projection qui entre en droite ligne de la mise en œuvre des directives présidentielles de mars 2022 en réponse aux revendications des enseignants.

Cependant, la nouvelle n’est pas de nature à donner satisfaction aux professionnels de la craie. Les membres des mouvements OTS, OTA et du Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (SECA) pensent que ce montant ne règle qu’une partie des revendications.

Dans une communication reconduisant la grève pour ce 27 novembre, ils soutiennent que « payer une dette qu’on a maladroitement accumulée ne constitue ni une faveur ni une action révolutionnaire. Annoncer son paiement et laisser croire que les enseignants exagèrent avec les revendications dont de nouvelles apparaissent au fil du temps n’est pas très fin ».

Ils rappellent les revendications auxquelles ils tiennent. « Notre statut spécial signé et appliqué pour avoir un profil de carrière, une revalorisation salariale et d’autres primes spécifiques ; l’automatisation des actes de carrière ainsi que les effets financiers comme dans les autres corps de l’Etat (…) ; notre argent que le gouvernement a accumulé comme dette ». Les enseignants disent attendre que ces points soient résolus pour que le calme revienne dans les établissements scolaires.

Pour apporter des réponses à leurs revendications, le gouvernement a organisé plusieurs réunions de concertation jusqu’aux Services du Premier ministère. Le 22 novembre dernier, une délégation des syndicats et mouvements d’enseignants a été reçu au secrétariat général de la présidence de la République. Au sortir de cette rencontre, le conseiller technique a demandé aux enseignants de produire un statut spécial consensuel.

 

Cameroun : la grève des enseignants s’annonce dans le supérieur

Le principal syndicat des enseignants de l’Enseignement supérieur décide de lancer un mouvement de débrayage pour faire entendre la colère des universitaires.

Ce lundi 16 octobre 2023 est la date de lancement de la grève dans les 11 universités d’Etat que compte le Cameroun. Le syndicat national des enseignants du supérieur en a fait l’annonce depuis quelques jours à travers un communiqué. Dans ce document signé du secrétaire général du bureau exécutif de cet organismes, le Pr. Wogaing Fotso, le syndicat exige le paiement de la troisième tranche de la prime de modernisation à tous les enseignants pour le compte de l’année 2023, au plus tard le 15 octobre 2023.

Dans le même document, le bureau exécutif national du même syndicat exprime deux autres revendications. Ce sont « la transparence dans la tenue des états de la dette académique » dans chaque institution universitaire ainsi que « la publication d’un calendrier de paiement à court terme ».

Ces revendications énoncées près de deux semaines après la rentrée académique, sont similaires à celles des enseignants du primaire et du secondaire. Ces derniers, à travers les mouvements « On trop Supporté » et « On a trop Attendu », secouent le système éducatif national depuis février 2023 par une succession de grèves en cours. Ils revendiquent les meilleures conditions de vie et de travail, ainsi que des arriérés de traitement que l’Etat a commencé à payer, mais tarde à compléter.

Cependant, dans les faits ce lundi, le mouvement de grève qui vise l’enseignement supérieur se fait à peine ressentir dans les universités de Yaoundé 1 et de Yaoundé 2. Des étudiants présents dans des amphithéâtres disent recevoir des enseignements de la part de leurs enseignants. La cessation d’activités d’enseignement à laquelle le syndicat appelle tous les enseignants semble encore piétiner sur le terrain.

Cameroun-grève des enseignants : le gouvernement fait le point de ses actions

Sept ministres ont tenu un point de presse à l’auditorium du ministère de la Communication le jeudi 28 septembre 2023.

Depuis le 04 septembre 2023, jour de rentrée scolaire pour le compte de l’année scolaire 2023-2024, des enseignants ont repris la grève engagée le 21 février 2022 et suspendue plusieurs fois. Reconduit chaque début de semaine, le débrayage se poursuit malgré le dialogue parfois difficile entre les syndicats, le mouvements informel et le ministre du Travail et de la Sécurité sociale Grégoire Owona.

Interpellé avec insistance par les grévistes sur la non mise en œuvre des directives présidentielles du 09 mars 2022, le gouvernement a fait une sortie groupée le 28 septembre pour livrer à l’opinion les actions déjà accomplies dans ce sens.

En effet, le ministre de l’Education de base assure que depuis 2020, au moins 81 308 dossiers du personnel enseignant ont été traités dans son département ministériel. Dans cette dynamique, « en 2020 nous avons traité 6 804 dossiers. En 2021, nous avons traité un total de 13 878 dossiers. En 2022, nous avons traité 27 624 dossiers. En 2023, nous avons traité 33 000 dossiers », déclare le Pr. Laurent Serge Etoundi Ngoa qui insiste en disant qu’il n’y a pas de dossier qui traine dans son ministère.

Aux enseignements secondaires, le ministre Pauline Nalova Lyonga tient un propos allant dans le même sens. De 2020 à 2023, au moins 90 000 dossiers du personnel enseignant relevant de son ministère ont été traités. Certains sont encore en cours de traitement. Ce qui participe de la dynamique du gouvernement à mettre en œuvre des actions visant à répondre aux revendications des enseignants.

Une réponse que le gouvernement donne de manière progressive et qui aboutira d’ici peu à l’organisation d’un grand forum sur l’éducation au Cameroun, a annoncé le ministre d’Etat ministre de l’Enseignement supérieur. Le Pr. Jacques Fame Ndongo a informé que les démarches ont été engagées au titre des préparatifs de cette rencontre dont la date sera bientôt connue.

Quant au ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, il assure qu’au cours de l’année 2022, son ministère a reçu 3 812 dossiers des enseignants sortis des écoles normales. 3 177 décrets d’intégration ont été signés. 3 702 matricules ont été générés. Pour le cas des instituteurs contractuels, 11 515 arrêtés d’intégration ont été signés.

Certains de ces actes ont entraîné des opérations de trésorerie que le ministre des Finances a présentées. Selon Louis Paul Motaze, au ministère de l’Education de base par exemple, 13, 585 instituteurs contractuels ont été intégrés en 2022. Son ministère a mis à jour 40 734 avancements d’échelons, de classes pour 22, 107 personnels en janvier 2023. « Sur l’indemnité de logement a été aligné à 3 013 personnels du Minedub en avril 2023 en même temps que la prise en charge de plus de 1 322 nouveaux instituteurs contractuels, des rappels d’un montant de 6 milliards 100 millions ont été entièrement payés entre juillet et octobre 2020 ».

Le ministre des Finances assure de l’intégration de 13 585 instituteurs depuis août 2023. Selon lui, des rappels de 16 milliards 700 millions sont en payement depuis novembre 2022 et à date il ne reste plus que 4,3 milliards à payer sur les 16 milliards. Depuis les instructions du chef de l’Etat, 5 405 nouvelles prises en charge ont été faites au Minedub.

Au total, pour le Minfi, en réponse aux revendications des enseignants, l’Etat a engagé 54 milliards 500 millions de FCFA en faveur de 165 539 rappels d’intégration, allocations familiales, reclassements et avancements.

Cameroun-Littoral : un dialogue inclusif annoncé pour stopper la grève des enseignants

Le délégué régional des Enseignements secondaires pour le Littoral envisage de remobiliser les enseignants qui observent le mot d’ordre de grève depuis la rentrée scolaire.

Les opérations de débrayage observées dans des établissements scolaires depuis le 04 septembre dernier suscitent la réaction des autorités éducatives dans la région du Littoral. Dans une correspondance adressée aux chefs d’établissements de son ressort, le délégué régional des enseignements secondaires dit être informé de l’application du mot d’ordre de grève dans certaines structures d’enseignement secondaire.

De ce fait, le représentant du ministre des Enseignements secondaires dans le Littoral demande à ces responsables le point des mesures prises pour ralentir ou stopper la grève. Les responsables d’établissements sous couvert des délégués départementaux des Enseignements secondaires de la région sont appelés à produire des statistiques de l’état des lieux de la situation depuis le 20 septembre 2023. « Un dialogue inclusif devra être engagé avec les principaux acteurs et des arguments persuasif devront être évoqués pour remobiliser les enseignants à l’encadrement des élèves », annonce le délégué.

Suite à la publication de cette correspondance, les adeptes des mouvements « OTS » et « OTA » manifestent leur prudence et leur recul. Selon eux, le délégué régional a refusé de mentionner dans sa correspondance le Syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (SECA) qui a émis le mot d’ordre de grève que les deux mouvements appliquent. Ils pensent que le « dialogue inclusif » annoncé ne pourrait porter des fruits sans tenir compte de la présence de ce syndicat.

Cameroun : des enseignants grévistes face à la pression administrative

Le gouverneur de la région de l’Ouest, Awa Fonka Augustine, saisit par message porté ses collaborateurs territoriaux, les préfets de la Menoua et du Nde, à l’effet de prendre des mesures qui s’imposent.

Selon le message de l’autorité administrative à compétence régionale, le mouvement « On a trop supporté » (OTS) est en activité dans certains établissements situés dans ces deux départements de la région de l’Ouest Cameroun. Ses adeptes appliquent le mot d’ordre de grève instituant « l’école morte » au sein des établissements scolaires du secondaire à compter du lundi 04 septembre 2023 jour de rentrée scolaire. Huit établissements d’enseignement secondaire général et technique sont concernés d’après les renseignements, dont sept dans la Menoua et un dans le Nde.

Dans le souci d’éviter la paralysie de l’année scolaire, le gouverneur de la région de l’Ouest interpelle les préfets des deux départements concernés. A la lecture du message urgent, leur action devrait donc consister à prendre des dispositions pour mettre un terme à ladite grève. Un message qui sonne comme la commande d’un rappel à l’ordre des enseignants qui observent le mot d’ordre de grève dans la région de l’Ouest et une mise en garde contre ceux qui le font dans d’autres régions.

Face aux pressions diverses

Dans la région du Centre, « sur instruction » qualifiée de « fallacieuses » par le préfet du département du Nyong-et-Mfoumou, le commandant spécial d’arrondissement d’Ayos a convoqué 18 enseignants le 06 septembre pour « absentéisme ». Le sujet devenant viral sur les réseaux sociaux, le préfet a adressé une correspondance au délégué départemental des enseignements secondaires pour désapprouver le commissaire de police qui aurait « délibérément tronqué les termes de ma lettre circulaire (…) ».

L’autorité a invité le délégué à demander aux enseignants de « ne pas obtempérer à ces convocations inopportunes et indigestes ». Il a plutôt convoqué les acteurs de la communauté éducative du département à une réunion d’évaluation de la rentrée scolaire ce 12 septembre 2022.

De leur côté, les responsables d’établissements sont en opposition avec les enseignants qui manifestent leur colère. Ils exigent la présence effective aux heures de travail, le début effectif des cours aux enseignants sous peine de sanctions disciplinaires. Certains ne tardent pas à servir des demandes d’explication à leurs collaborateurs.

Réaction de OTS et de SECA

Cependant, dans le camp en face, le message porté du gouverneur de la région de l’Ouest apparaît comme la preuve que la grève des enseignants dans la région de l’Ouest « commence à porter des fruits ». Dans un message de soutien adressé à ces professionnels de la craie, le mouvement OTS voit en cette interpellation du gouverneur, la mise en œuvre de « moyens d’intimidation pour essayer de briser les collègues ». Même face à cette sortie, le mouvement réitère que « les intimidations ne doivent pas nous émouvoir au point de faire perdre de vue nos objectifs (…) ça passe ou ça casse », peut-on lire dans ce document en date du 11 septembre 2023.

Dans un communiqué datant du même jour, le Syndicat des enseignants pour l’Afrique (SECA) « adresse ses chaleureuses félicitations » aux enseignants du Cameroun qui bravent les obstacles pour observer la grève. Pour cette organisation, « le mutisme du gouvernement est synonyme d’aveux de culpabilité ». Par ailleurs, « les chefs d’établissements qui donnent des demandes d’explication aux grévistes n’ont qu’une idée : protéger leur strapontin et beaucoup d’entre eux traînent des casseroles », soutient le syndicat qui crie à « une double trahison ».  Tout compte fait, la grève lancée en février 2022 et relancé le 04 septembre dernier, tente de se poursuivre malgré ces pressions administratives.

Cameroun-colère des enseignants : OTS énonce deux conditions de sortie de grève

Le mouvement On a trop supporté dans ses versions anglaise et française annonce la reprise de la grève dans une semaine.

Aux dires des membres du mouvement, la rentrée scolaire du lundi 04 septembre 2023 serait aussi la rentrée de la grève des enseignants du secondaire. Lancé depuis février 2022, le débrayage a presque paralysé le système éducatif au cours du mois qui suivait. La réponse du président de la République du 09 mars et les mesures prises par le gouvernement pour la rendre effective ont conduit à la suspension du mot d’ordre de grève.

Mais, selon les membres du mouvement, le gouvernement n’a pas respecté les « hautes instructions du président de la République », ses propres « promesses », et « manque de volonté de résoudre définitivement cette crise qui paralyse le corps enseignants », rappellent-ils à leurs collègues.

Pour autant, le mouvement décide de reprendre les opérations de grève. Le but est selon les membres, la « restitution » de leurs « droits bafoués et le retour à une éducation de qualité au Cameroun ». Cette phase de la grève qu’ils annonce sera « illimitée » et « ne pourrait être suspendue ou levée que si le gouvernement résout les deux points » de leurs revendications.

Ces deux points sont « la signature du statut spécial des enseignants » et « le paiement de toute la dette due aux enseignants pour toutes les promotions, toutes rubriques confondues », peut-on lire dans une correspondance du mouvement adressée à tous les enseignants du Cameroun.

Cameroun-Rentrée scolaire 2023-2024 : des enseignants du secondaire menacent

Le mouvements OTS, OTA et le Syndicats des enseignants du Cameroun pour l’Afrique (SECA) envisagent d’intensifier leurs revendications à la rentrée scolaire.

Les grands rendez-vous marquants la vie du système éducatif camerounais enregistrent depuis février 2022 l’écho de détresse de certains enseignants. Parfois, ce sont plutôt des actions de débrayage qui dictent la loi au sein des établissements scolaires. Les mouvements « On a trop supporté », « On a trop attendu » et le SECA, après avoir presque paralysé le système éducatif au cours de l’année scolaire 2021-2022, ont observé un temps d’accalmie.

La raison est, disent-ils, qu’ils ont donné au gouvernement de la République, le temps de mettre en œuvre les directives présidentielles du 09 mars 2022. Celles-ci prescrivent de donner une réponse efficace aux revendications des enseignants. Mais, plus d’un an après, les seigneurs de la craie constatent, toujours selon eux, que les membres du gouvernement concernés « ont battu en brèche » ces instruction du chef de l’Etat.

Pour autant, à mesure que la rentrée scolaire du 04 septembre pour le compte de l’année scolaire 2023-2024 approche, ils affutent leurs élans pour observer un mouvement de grève. Dans les coulisses, l’on apprend qu’ils ont de nouveau fait parvenir leurs nouvelles doléances au plus haut sommet de l’Etat.

Celles-ci se basent sur les limites à la mise en œuvre des instructions présidentielles observées dans la réponse gouvernementale. Ces revendications portent sur le traitement des dossiers d’intégration des enseignants, sur la carrière des enseignants, la prise en charge financière du paiement des éléments de salaires, la réforme du système éducatif camerounais, etc. Selon eux, des mesures annoncées par des ministères impliqués dans la mise en œuvre des instructions du président Paul Biya n’ont pas tenu leurs engagements. Et ce malgré les annonces et explications faites au public via les médias.

Cependant, le mouvement de grève tel que vécu entre février et mars 2022 a pris un coup de froid lorsque le gouvernement a commencé à mettre en œuvre les instructions présidentielles. La réponse aux revendications financières se fait de manière échelonnée. La revendications concernant les problèmes d’intégration et de plan de carrière se traitent de manière progressive, selon les membres du gouvernement qui rassurent.

Tout compte fait, les menaces de grève des enseignants sont devenues régulières, revenant au début de l’année scolaire, comme à l’approche de la rentrée 2022-2023 ; lors de la reprise des cours après les congés ou encore à l’approche des examens officiels. Toutefois, la plupart du temps, elles restent des menaces, des mots d’ordre de grève non suivis.

Cameroun : la coalition des mouvements des enseignants relance la grève

Les mouvements OTS, OTA et SECA entrent en grève illimitée ce lundi 3 octobre 2022 sur l’ensemble du territoire. Ils entendent aussi boycotter les festivités de la journée mondiale des enseignants du 5 octobre 2022.

 

Après un moment d’accalmie observé depuis avril 2022, les enseignants du secondaire reprennent le débrayage. Ils relancent un vaste mouvement de grève ce lundi, à deux jours de la célébration de la journée mondiale des enseignants. Leurs revendications restent les mêmes que celles exprimées en février 2022, lorsqu’ils lancent le premier mot d’ordre de grève. Ces exigences sont de deux ordres selon les grévistes.

Il s’agit d’une part les revendications financières. Elles sont relatives à la dette due aux enseignants par le gouvernement. Cette dette résulte  de l’accumulation des salaires impayés aux enseignants dans le cadre  de l’application des modes de paiement de 2/3 ou 1/3 du salaire. Il est appliqué aux nouveaux enseignants sortis des écoles normales avant le début du paiement total de leurs salaires. A côté de ceux-là, d’autres enseignants disent ne pas recevoir de salaire du tout à la sortie de l’école normale. Puis ils attendent jusqu’à parfois 10 ans  en vain.

D’autre part, les enseignants revendiquent les meilleures conditions  de travail et la prise en compte de manière rapide de l’évolution dans leur carrière. Sur ce point, les seigneurs de la craie demandent entre autres la mise en œuvre du statut particulier des enseignants, la suppression du système de paiement partiel des salaires, l’automatisation des avancements et autres actes de carrières.

Ces revendications figurent parmi les sept préalables que les grévistes ont fixés en avril 2022. C’était dans le cadre de la reprise des cours pour  le compte du 3è trimestre. En août, veille de la rentrée scolaire, ils ont annoncé une grève illimitée dès le premier jour de  classe le 5 septembre 2022. Suite à cette annonce, le gouvernement a rappelé les solutions qui sont mises en œuvre de manière progressive. Les ministres ont appelé au sens de la responsabilité.

Cameroun-Grève des enseignants : le gouvernement appelle au sens de la responsabilité

Le porte-parole du gouvernement, le ministre René Emmanuel Sadi a fait cet appel le 30 août 2022. C’était au cours d’une communication relative à la rentrée scolaire 2022.

Les enseignants sont insatisfaits de la réponse du gouvernement à leurs revendications. Ils annoncent la reprise de la grève. Le gouvernement anticipe le vent des perturbations.

Après les manifestations des  enseignants ayant paralysé le secteur éducatif au cours de l’année 2021-2022, le gouvernement appelle « au sens de responsabilité, de citoyenneté et de patriotisme » face aux nouvelles menaces. Paroles du ministre de la Communication.

René Emmanuel Sadi décrie « le chantage, la surenchère de mauvais aloi que certains veulent attiser à travers de nouvelles revendications à la fois intempestives et inopportunes », à la veille de rentrée scolaire. Allusion est sans doute faite aux collectifs  OTS-OTA qui menacent de renouer avec le débrayage dès le 5 septembre prochain.

Pourtant, selon le porte-parole, le gouvernement sous l’impulsion du chef de l’Etat Paul Biya, donne satisfaction aux revendications des grévistes. C’est le cas de la prise en charge de tous les enseignants du secondaire encore sous le principe  du 2/3, l’attribution de l’indemnité de logement à tout le personnel du ministère des Enseignements  secondaires qui n’en bénéficiait pas pour un coût total de 1,5 milliard de FCFA depuis mars 2022.

C’est aussi le cas de l’apurement depuis le mois de mai 2022, de 3,5 milliards de FCFA chaque mois, de la dette due au titre de rappels, évaluée à 54,5 milliards de FCFA. A date et à ce titre, 14 milliards de FCFA ont déjà été payés, en plus des mesures administratives qui portent des fruits, a déclaré René Emmanuel Sadi. Le ministre précise par ailleurs qu’au  niveau de l’Education de base, d’autres mesures ont été mises en œuvre.

Il s’agit entre  autres du paiement des indemnités de logement à 3 093 personnels et la prise en charge financière de 1 322 instituteurs contractuels. Ainsi que le début du paiement des rappels y afférents, pour un montant de 3,5 milliards de FCFA sur une dette évaluée à 6,1 milliards de FCFA.

A cela s’ajoute le paiement des effets financiers liés à l’intégration pour 13 585 instituteurs contractuels disposant d’actes d’intégration, pour une incidence financière mensuelle de 387 millions de FCFA.

Ainsi, bien que ces actions ainsi que leur satisfaction ne soient pas complètes, le gouvernement donne l’assurance de poursuivre sur cette lancée. Il s’engage à conduire jusqu’au bout, la mise en œuvre des mesures individuelles. Ces appels et assurances pourront peut-être rassuré les enseignants et la communauté éducative.

 

Cameroun : les enseignants se préparent à boycotter la rentrée scolaire

Les membres des collectifs OTS-OTA lancent un nouveau préavis qui prévoit la reprise du débrayage dès le 5 septembre prochain.

Les enseignants ne sont pas satisfaits de la mise en œuvre des prescriptions du chef de l’Etat dans le cadre de la réponse à leurs revendications exposées en février 2022. Après la suspension de la grève suite à un début de mise en œuvre de ces directives, ils décident de reprendre les opérations « craie morte/ Ecole morte ». Le mode opératoire prévoit le boycott de la rentrée du 5 septembre 2022, puis celui de l’assemblée générale du premier trimestre de l’année scolaire 2022-2023 et enfin la réactivation de l’opération « école morte ».

Les membres des collectifs « On a trop supporté (Ots) » et « On a trop attendu (Ota) » ont écrit un mémorandum au Premier  ministre chef du gouvernement  Joseph Dion Ngute. Il réitère leurs revendications. Le document énumère 28 points d’insatisfaction qui constituent leurs exigences. Ce qui est nouveau c’est la revendication portant sur la reprise en solde des enseignants suspendus de salaire pour abandon de poste. Ces derniers ont été sanctionnés dans le cadre de l’opération de comptage physique du personnel de l’Etat.

Cette nouveauté s’ajoutée aux anciennes exigences. Il s’agit entre autres du paiement de tous les rappels, de la suppression totale du système de 2/3 et 1/3, l’automatisation du système financier, la signature du statut spécial de l’enseignant, le paiement de toutes les prestations familiales, etc.

L’on se souvient que depuis mars 2022, le gouvernement a élaboré un chronogramme d’apurement de la dette salariale. Ce dernier prévoit la prise en charge de manière échelonnée durant l’exercice budgétaire en cours. Cette raison compte parmi celles qui ont poussé le chef de l’Etat à revoir à la hausse le budget de l’exercice 2022 dans l’ordonnance du 2 juin dernier. Ainsi le gouvernement parle de surenchère lorsque les seigneurs de la craie, parlent d’insatisfaction.

Cameroun : voici des acteurs qui tuent l’école

Aucun individu ou organisation, fut-elle étatique, n’est doté d’un pouvoir de déclarer la mort de l’école au Cameroun. Or, les exactions des sécessionnistes, l’inertie du gouvernement, les excès des enseignants ou la violence des élèves y participent.

 

 

Les effets de la radicalisation des revendications corporatistes dans les régions dites anglophones en 2016, devraient nous servir de leçon. Près de 6000 établissements scolaires fermés, 600 000 enfants non scolarisés (selon Unicef en 2019), au moins 12 élèves tués depuis 2020, des dizaines d’enseignants mutilés, battus ; des enlèvements successifs avec ou sans demande de rançon.

L’opinion condamne avec la dernière énergie ces exactions ainsi que la position radicale des séparatistes. Ces derniers tentent à tous les prix de faire respecter leur ordre manifestement illégal. L’Etat à travers son gouvernement a déployé les moyens pour que pareil projet ne puisse pas prospérer.

Assassinat des élèves dans la crise anglophone
Obsèques des élèves assassinés à Kumba

Jusque-là dans l’imagerie populaire, l’on sait que les sécessionnistes sont les seules personnes qui s’érigent contre l’école au Cameroun. Que non ! La grève des enseignants en cours au pays depuis le 21 février 2022, et des scènes d’horreur vécus dans certains établissements scolaires révèlent le contraire. Bien d’autres acteurs contribuent à tuer l’école en silence.

La part de l’Etat et du gouvernement

En premier, l’Etat, son gouvernement et son administration. Ils s’illustrent ces dernières années par l’inertie, l’incompétence, et la mauvaise foi quant au traitement des problèmes légitimes posés par des enseignants. Les problèmes du système éducatif camerounais émanent de l’incapacité du système régnant à anticiper sur les problèmes généraux de la cité.

Depuis avant 2016, les seigneurs de la craie formulent des revendications en vue d’obtenir de meilleures conditions de travail et de traitement. Cependant, fidèle à sa logique du dilatoire, le gouvernement n’a pas daigné régler tous ces problèmes. Les premières directives données par le chef de l’Etat n’ont pas été toutes exécutées.

Malgré leur insatisfaction, les enseignants avaient levé le mot d’ordre de grève pour se remettre au travail. Du coup, une partie du problème étouffé continuait de ronger la plaie de l’intérieur. Tôt ou tard, cet état de putréfaction allait refaire surface et rependre une odeur nauséeuse.

La clameur « On a trop supporté » est ainsi venue rappeler le gouvernement à l’ordre en le mettant face à ses responsabilités.  Le lancement de l’opération « Craie morte », la tendance récente à sa transformation en opération « Ecole morte » sonnent comme un réveil, puis une volonté de radicalisation des revendications.

Cet état de choses bien qu’insupportable au regard des effets négatifs sur le système éducatif, n’est que la conséquence des lenteurs du système gouvernant. Dans la gestion de cette crise, le manque criard de solidarité gouvernementale s’est manifesté.

L’exagération de certains enseignants

Les enseignants relancent le mouvement de grève
Collectif OTS en mouvement au Cameroun

Du coup, les enseignants profitent de ce gouffre pour se positionner en second. Contrairement aux professeurs indignés en 2016, ceux d’OTS refusent de capituler malgré la division du mouvement en deux factions, OTS et OTS républicain. L’objectif est d’inciter le gouvernement à donner une suite favorable à toutes leurs revendications.

Pourtant, en fin mars dernier, le ministère des Finances a commencé à exécuter les directives présidentielles en payant la dette relative au non logement (5289 personnels) et aux compléments salariales (20449 personnels). Le montant total à verser au cours de l’exercice 2022 est 17 milliards 600 millions, dont un milliard 759 millions par mois depuis fin mars 2022.

Des mesures sont prises aussi au niveau administratif, pour régulariser leur situation. Les bénéficiaires en reconnaissant ces mesures conjoncturelles, revendiquent la mise en œuvre des mesures structurelles, notamment l’automatisation des avancements et des primes de sujétion.

Seulement, en proclamant la mort de l’école, les enseignants ont tendance à aller trop loin. Et surtout à s’écarter davantage de la voie légale. Certains manifestants ne le savaient peut-être pas. OTS et OTA sont des mouvements illégaux. Ils profitent de la tolérance administrative en raison des revendications reconnues légitimes. Mais la détection des infiltrés proches des partis politiques trahit une certaine instrumentalisation.

Or, s’il existe le métier d’enseignant, c’est parce que l’école existe. Si l’école meurt, l’enseignant cesse d’exister. En projetant mettre un terme à l’école, les enseignants programment ainsi leur propre mort.

La délinquance des élèves

Un élève poignarde son principal à Nkolbisson
Un élève poignarde son principal

En dernières position, les élèves. Certains élèves se sont transformés en assassins au sein des lycées et collèges. Depuis 2020, au moins un enseignant et un élève ont été tués par des camarades. D’autres ont survécu aux coups de poignard. Les élèves récalcitrants multiplient les actes de violence et de défiance signe de rejet de l’école. A cela s’ajoute la crise des mœurs avec la pornographie, le proxénétisme, la consommation des stupéfiants auxquels se livrent certains élèves.

Tout compte fait, l’éducation est un droit fondamental. Nul n’a le droit de la supprimer dans la société camerounaise. Sécessionnistes, gouvernement, enseignants et élèves, il faut se ressaisir.

Cameroun-revendications des enseignants : le gouvernement exclut OTS et OTA du dialogue

Le ministre du Travail et de Sécurité sociale invite les responsables des syndicats à une réunion mardi 17 mai 2022. Grégoire Owona invite les mouvements illégaux à régulariser leur situation.

 

 

Les piliers de l’opération « Craie morte » transformée en opération « Ecole morte » risquent d’être désormais persona non grata à la table des négociations. Les mouvements « On a trop supporté (Ots)» et « On a trop attendu (Ota) » n’ont pas été convoqués à la réunion qu’organise le 17 mai prochain, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale.

A en croire le ministre de l’Administration territoriale (Minat) Paul Atanga Nji, Ots et Ota sont illégitimes. Dans son communiqué du 06 mai 2022, le Minat constate « avec regret que des esprits  malveillants (…) se réclament tantôt des mouvements « Ots », tantôt « Ota », dénués de toute légitimité ».

Ainsi, seuls les responsables des organisations syndicales du secteur de l’Education assistés de deux de leurs collaborateurs ont été invités à poursuivre le dialogue social. « Les responsables des mouvements non formels et acteurs du système éducatif en particulier désireux d’apporter leurs contributions sont invités à se conformer à la réglementation en vigueur », exige le ministre Grégoire Owona.

La négociation engagée entre le gouvernement et les enseignants s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des instructions du président de la République Paul Biya. Le but est de résoudre les problèmes posés par les enseignants. La réunion du 17 mai qui aura lieu au cabinet du ministre en charge du Travail. Elle a pour objet « faire le point actualisé des avancées enregistrées et échanger sur les prochaines étapes ».

Cameroun-grève des enseignants : le gouvernement veut démanteler les mouvements OTS et OTA

Le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji instruit ses collaborateurs de procéder à l’interpellation des meneurs des mouvements illégaux.

Les appels incessants à la poursuite de la grève des mouvements « On a trop supporté (OTS) » et « On a trop attendu (OTA) ont réveillé la colère du ministre de l’Administration territoriale (Minat). Dans une correspondance en date du 06 mai 2022, Paul Atanga Nji demande aux gouverneurs de régions d’identifier et d’interpeller les « pseudo-représentants et adhérents des mouvements OTS-OTA ». Selon le membre du gouvernement, plusieurs raisons justifient cette opération.

D’abord, « il apparaît que les mouvements OTS-OTA disposent  d’une centaine de représentants. Ce qui confirme le caractère illégal couplé au fait que le gouvernement se retrouve confronté chaque fois à de nouveaux interlocuteurs avec de revendications additionnelles », peut-on lire dans la correspondance.

Ensuite, « certains enseignants qui se réclament des mouvements « OTS » « OTA » ont été surpris en pleine réunion avec des responsables des partis politiques et d’Ong. L’objet des échanges n’avait aucun rapport avec les doléances des enseignants, mais plutôt des  projets politiques à caractère insurrectionnel », révèle le Minat.

Enfin, rappelle Paul Atanga Nji, le gouvernement s’active à répondre aux préoccupations soulevées par les enseignants. « Force est de constater que les mesures prescrites par le chef de l’Etat sont déjà perceptibles pour de nombreux enseignants à travers les mois de mars et d’avril ».

A la lecture de cette correspondance, les membres des mouvements visés ont produit une réplique en date du 09 mai 2022. Dans cet autre communiqué qui circule à travers les réseaux sociaux, OTA, OTS et les alliés « prennent acte de la lettre du 06 mai 2022 du ministre de l’Administration territoriale ». Tout en le remerciant d’avoir interpellé les infiltrés de leurs mouvements, précise qu’aucun de leurs membres n’a été interpellé.

Ils précisent par ailleurs que « les représentants d’OTS ne sont pas des maquisards ni des personnes cachées. Nos revendications sont légales et légitimes (…) Les mesures prises par le gouvernement sont insuffisantes ». Selon le communiqué, l’interpellation des représentants de ces différents mouvements « serait une énième atteinte aux droits des enseignants et au droit de grève, et cela conduira à aucune activité scolaire, pédagogique », annoncent-ils.

Au regard de cette réaction, les mouvements dénoncés n’entendent pas reculer devant ce qu’ils appellent « l’intimidation du gouvernement ». S’appuyant sur la légitimité de leurs  revendications, ils comptent aller jusqu’au bout.

Cameroun-grève des enseignants : le maire de Beka acculé de signer l’acte de décès de Hamidou

Les collègues du regretté enseignant d’EPS décédé en pleine grève du mouvement OTS demandent au maire de la localité de Beka de signer en urgence son acte de décès.

La solidarité du corps enseignant à l’endroit de leur collègue Hamidou ne s’éteint surtout pas après sa mort. Une douzaine de ses collègues vient de saisir le maire de la commune de Beka, située dans le département du Faro, région du Nord. Les soldats de la craie, compagnons de celui qui a servi pendant 10 ans sans salaire ni matricule, requièrent la signature urgente de son acte de décès. Car, « nous avons reçu l’information selon laquelle vous refuseriez ou vous abstiendrez de signer l’acte de décès de notre collègue décédé le 08 mars 2022 », expliquent-ils dans une correspondance adressée à l’autorité municipale.

La colère monte chez les seigneurs de la craie, si bien qu’ils ont pris la décision de prolonger l’arrêt de cours pour obliger l’officier d’état civil à faire son travail. « A cet effet, nous, enseignants du lycée de Beka, au-delà du mouvement « On a trop supporté (OTS)», continuerons de nous abstenir de toute activité pédagogique jusqu’à signature de cet acte de décès urgemment attendue par les ministères de tutelle », notamment le ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative, le ministère des Finances, le ministère des Enseignements secondaires.

Selon ces enseignants, l’acte en question reste « bloqué » dans les services du maire, presque deux mois après le décès de Hamidou. Pourtant, cette pièce constitue « un élément central pour que le dossier de notre collègue aboutisse », font-ils remarquer. Il s’agit du dossier permettant à ses ayant-droit de pouvoir jouir du fruit de son labeur.

Feu Hamidou était enseignant d’éducation physique et sportive au lycée de Beka. Sans aucune prise en charge par  l’Etat du Cameroun, il a servi ce dernier pendant 10 ans. Sa mort est survenue dans la précarité et en pleine opération « Craie morte », lancé par le mouvement OTS dont il était l’un des piliers. C’est seulement après son décès que le gouvernement a délivré son acte d’intégration. Aujourd’hui, même si son dossier aboutit, son travail ne pourrait bénéficier qu’à famille.

Cameroun : pourquoi les enseignants reprennent-ils la grève ce 25 avril 2022 ?

Les mouvements OTS, OTA et les syndicats des enseignants durcissent les modalités de grève. Ils transforment l’opération « Craie morte » en « Ecole morte » pour obliger  le gouvernement à aller au-delà de ce qu’il s’est engagé à faire.

Insatisfaits de la lenteur d’exécution par le gouvernement des directives du président de la République en leur faveur, les enseignants relancent la grève. Les membres du collectif « On a trop supporté » (OTS) renforcent les modalités du débrayage et visent à paralyser le système éducatif jusqu’à la satisfaction de leurs revendications. Cette nouvelle formule de la grève prend effet à compter de ce lundi 25 avril 2022, jour de rentrée scolaire pour le compte du troisième trimestre de l’année scolaire 2021-2022, jusqu’au 29 avril, disent-ils.

En effet, la menace provient au moins de quatre mouvements réunis. Il s’agit du Collectif des enseignants vacataires du Cameroun (Cevcam), « On a trop attendu (OTA), « On a trop supporté (OTS), le syndicat des enseignants du Cameroun pour l’Afrique. Dans un communiqué conjoint, ils annoncent la reprise la grève après une trêve de deux semaines. Celle-ci avait pour but de « rattraper le temps perdu et de permettre au gouvernement de payer la totalité de la dette due aux enseignants (…), rappellent-ils.

Ils disent passer à l’exécution de la note du 02 avril 2022 qui fixait sept exigences préalables au ministre des Enseignements secondaires pour  une reprise effective des cours ce 25 avril 2022. Selon les grévistes, ces conditions ne sont toujours pas remplies.

Dans ce même document, la raison de la reprise apparaît. « La grève reprend en raison de la désinvolture et de la mauvaise foi du gouvernement qui n’a même pas daigné respecter sa promesse sur la résolution d’un seul des problèmes posés, et sur son mépris des différentes autres réclamations qui sont pourtant à la fois légitimes et légales », expliquent les signataires du document. Sont ainsi visés en dehors de l’arrêt des cours, le déroulement des épreuves sportives, des épreuves écrites et des épreuves pratiques des examens officiels 2022.

Pourtant, en fin mars dernier, le gouvernement a annoncé avoir commencé à résoudre les problèmes administratifs et financiers posés par les enseignants. Le ministère des Finances a donné des assurances sur l’effectivité des premiers  versements dans les comptes de certains enseignants.

Cet argent était destiné à régler  la dette due au  « non-paiement des indemnités de non-logement aux 5 289 personnels du ministère des Enseignements secondaires, ainsi que celle liée à l’intégration partielle des 20449 personnels de ce même département  ministériel pris en charge aux 2/3, pour un montant total de 17 milliards 600 millions de francs CFA, soit un milliard 759 millions de francs CFA par  mois », tel qu’annoncé par le ministre de la Communication le 10 mars 2022.

Cameroun : le mouvement OTS menace de relancer la grève le 25 avril 2022

Après la suspension de la grève, les enseignants du mouvement « On a trop supporté » (Ots) fixe sept exigences à satisfaire avant le début du 3è trimestre, le 25 mars prochain.

Les seigneurs de la craie ont accepté de suspendre la grève de façon provisoire, mais leur colère, à la lecture de leurs communications, n’est pas encore apaisée. Le 1er avril 2022, les ministres des Enseignements secondaires (Minesec) et de l’Education de base ont signé un arrêté conjoint prolongeant le 2è trimestre au niveau secondaire. Le but étant de rattraper le temps perdu en intensifiant les cours. Faisant suite à la publication de cet acte administratif, les membres du mouvement OTS recentrent le débat.

« La suspension provisoire de la grève a été  faite non pas pour achever les programmes d’enseignement et intensifier les cours de rattrapage, mais pour que les négociations franches entre le gouvernement camerounais et les enseignants du secondaires puissent s’amplifier et se poursuivre », lance OTS dans un communiqué en date du 02 avril 2022.

Dans le même document, les enseignants appellent le ministre des Enseignements secondaires Pauline Nalova Lyonga à donner une suite favorable à leurs revendications relevant de sa compétence. Pour cela, ils donnent jusqu’au 24 mars 2022, veille de la rentrée du 3è trimestre. « Mais si au soir du 24 avril, nous constatons que nos préalables n’ont pas été  pris en compte, sachez, Mme la Minesec que vous porterez sur vous la radicalisation irréversible des enseignants dans son entièreté », menace OTS.

OTS énonce une série de sept préalables à remplir

Il s’agit  de la mise en œuvre du statut particulier des enseignants, le paiement de la dette due aux enseignants et estimée à 181 milliards de francs CFA, la suppression du système de paiement partiel du salaire des enseignants connu sous le nom de 1/3 et 2/3, l’automatisation des avancements et autres actes de carrières.

Font aussi partie de ces exigences, la reprise en solde des enseignants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest dont le salaire a été suspendu depuis plusieurs mois ; la nomination des animateurs pédagogiques et le paiement de leurs primes ; la prise en compte, le calcul et la programmation du paiement de la prime d’encadrement psychopédagogique des conseillers d’orientation.

En rappel, pour répondre aux revendications des enseignants en colère depuis plus d’un mois, le président de la République Paul Biya et le gouvernement ont pris des mesures. La mise en œuvre de certaines a conduit le ministère des Finances à commencer à verser à la dette due à certains enseignants le 25 mars 2022, d’où la suspension de la grève.

Inertie : le Cameroun va de grève en grève

Depuis le 14 février, une série de mouvements de revendication se lève dans plusieurs secteurs d’activités du pays, mettant le gouvernement au travail en situation d’urgence.

Depuis un mois, une succession de mouvements de revendications divers maintient le Cameroun en ébullition. Tout est parti d’un mot d’ordre de grève servi au gouvernement par le syndicat national des instituteurs et maîtres des parents. Ce dernier fixe le début de la grève le 15 février 2022.

Dans le chapelet de revendications, les enseignants de l’éducation de base avancent le blocage des avancements, l’absence de paiement des rappels, des primes de logement, des primes de sujétions, des allocations familiales, etc. Face à une exécution timide de ce préavis de grève, le gouvernement engage le dialogue qui tarde à produire les résultats. Ce n’est que le 14 mars dernier que le mouvement « Trop c’est trop » (TCT) entre action sur le terrain.

De « Trop c’est trop » à « On a trop supporté »

Cependant, leurs homologues des enseignements secondaires n’y sont pas allés du dos de la cuillère. Plus téméraires que les instituteurs, les enseignants du secondaire ont lancé leur mouvement de grève le 21 février 2022.

A travers les syndicats et le mouvement « On a trop Supporté » (OTS), ils sont vite passés à l’action, bien que le gouvernement ait tenté de désamorcer la grève samedi 19 février 2022.  D’abord timide, le débrayage est parvenu à l’arrêt des cours. Malgré les intimidations des autorités administratives et des forces de maintien de l’ordre, le mouvement « Craie morte » prospère dans les établissements scolaire publics. Un seul slogan se fait entendre : « argent en poche, craie en main ».

Les professionnels ont déposé la craie pour revendiqué leur dû. Il s’agit entre autre du paiement des arriérés dus aux enseignants mobilisés pour la correction du baccalauréat et du probatoire sessions 2020 et 2021, les retards d’avancements, la non prise en compte des primes de non logement, le non-paiement des allocations familiales, des indemnités de sujétions entre autres.

Intervention urgente du chef de l’Etat

Les autorités gouvernementales pointées du doigt à chaque fois, sont au four et au moulin pour apaiser la colère et éteindre le feu. Plusieurs rencontres sont organisées à la primature entre les syndicats des enseignants, les mouvements de grévistes, les ministres concernés et le comité dirigé par le Secrétaire général des services du Premier ministre.

Le 07 mars 2022, le président de la République donne l’instruction au ministre des Finances de débloquer 2,7 milliards au titre des arriérés liés à la correction des examens. Le 09 mars, le chef de l’Etat édicte une série de mesures administratives et financières avec à la clé au moins 45,6 milliards à verser aux enseignant en 2022. Le 21 mars 2022, Paul Biya donne cinq directives au gouvernement pour répondre aux revendications des instituteurs.

OTS Santé en action manquée  

OTS SANTE

Cependant, tandis que le gouvernement se démêlent pour satisfaire les enseignants qui le maintiennent dos au mur, la colère monte dans d’autres corps de métiers. Les professionnels de  la santé mécontents menacent d’entrer en grève le 16 mars 2022. Réunis autour du mouvement « OTS Santé », ils revendiquent la régularisation de leurs conditions de travail.

Une concertation avec le ministre en charge de la Santé va désamorcer la grève le 16 mars. Suite à cette rencontre, Malachie Manaouda dans un communiqué invite les personnels de santé ayant ou non de matricule, qui ne touchent pas de salaire, à déposer leurs dossiers dans les délégations régionales de la Santé publique.

Les stadiers de la Can en colère à Douala  

Par ailleurs, pendant que les négociations sont en cours au ministère de la Santé publique, les stadiers de la Coupe d’Afrique des nations 2021 ayant travaillé au stade de Japoma engagent un mouvement d’humeur. Le 16 mars 2022, ils prennent d’assaut les locaux abritant les services du gouverneur du Littoral à Douala Bonanjo. Ils revendiquent leur rémunération au Comité d’organisation de la compétition au Cameroun (Cocan). Ils sont dispersés à coup de gaz lacrymogène par les forces de maintien de l’ordre.

Les transporteurs et les universitaires s’échauffent

Les enseignants du supérieur débutent la grève le 02 juin 2022
Des enseignants du supérieur au Cameroun

Comme si cela ne suffisait pas, d’autres manifestations sont projetées. Les enseignants du supérieur menacent de démarrer leur grève le 02 juin 2022. Ils revendiquent le paiement de la première tranche de la prime de modernisation de la recherche pour l’année 2022, et l’apurement de la « dette colossale » due par le ministère de l’Enseignement supérieur aux universités d’Etat.

Mais avant le 02 juin, les transporteurs ont fixé la date de leur grève au 28 mars 2022. Après une tentative de conciliation manquée le 23 mars avec le ministre des Transports, les syndicats ont décidé de passer à l’action. Ils revendiquent entre autres des meilleurs salaires, le retrait des transporteurs clandestins, l’entretien des routes, le retrait des tracasseries routières, l’augmentation du prix du transport par taxi à 300 FCFA le jour et à 350 FCFA la nuit… Après une concertation entre le gouvernement et les syndicats des transporteurs, la grève prévue pour le 28 mars a été suspendue pour un délai de 14 jours, le temps que les issues soient trouvées.

Dans le même temps, la population dans son ensemble se plaint de la vie chère. Les prix des produits de grande consommation ont connu une augmentation depuis le début de l’année 2022. Le plus remarquable est celui du pain qui grimpe de 25 FCFA. Ainsi, à cette allure, l’on risquerait de s’habituer aux mouvements d’humeur, même si le gouvernement, craignant d’aggraver la crise par la répression, dénonce une tentative d’instrumentalisation des grévistes par des politiques tapis dans l’ombre.

Cameroun : Paul Biya répond aux revendications des enseignants du primaire

Le chef de l’Etat donne des directives au gouvernement pour résoudre les problèmes des enseignants de l’Education de base qui manifestent depuis le 14 février 2022.

Les revendications formulées par des enseignants relevant de l’éducation de base depuis le mois de février 2022 provoquent l’intervention de la présidence de la République. Dans une correspondance en date du 21 mars adressée au secrétaire général des services du Premier ministre Séraphin Magloire Fouda, le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, décline les instructions du chef de l’Etat.

Il s’agit au total de cinq mesures relatives aux indemnités de non logement, des effets financiers consécutifs à l’intégration ainsi qu’aux avancements.  A travers cette correspondance, le président de la République demande au gouvernement de procéder :

au paiement dès le mois d’avril 2022, de l’indemnité de non logement aux enseignants du ministère de l’Education de base (Minedub) qui n’en sont pas encore bénéficiaires ;

à l’apurement, à partir du mois de juillet 2022, des rappels relatifs au paiement de l’indemnité de non logement ;

au paiement dès le mois d’août 2022, des effets financiers consécutifs à l’intégration dans le cadre des instituteurs de l’enseignement général, de ceux des instituteurs contractuels disposant déjà d’arrêtés d’intégration ;

à l’évaluation et l’apurement, au courant de l’année 2023, des rappels induits par l’intégration des instituteurs contractuels dans le cadre des instituteurs de l’enseignement général ;

à la mise à jour, dès le mois de janvier 2023 et sur la base des actes d’avancement déjà signés, de la carrière de l’ensemble des personnels du Minedub, ainsi que l’évaluation et l’apurement des rappels induits.

Par ailleurs, le chef de l’Etat Paul Biya instruit le ministre des Finances Louis Paul Motaze, de procéder au réajustement du cadrage budgétaire de l’exercice en cours afin de faire face à l’augmentation des dépenses des personnels de l’Etat.

Les mesures étant définies, il reste la mise en œuvre par les membres du gouvernement concernés. Dès lors, comme leurs homologues des enseignements secondaires, les enseignants de l’éducation de base en colère attendent la réalité de l’application des instructions. Pendant ce temps, les enseignements connaissent encore des perturbations liées au mouvement de grève.

Cameroun : la grève des enseignants s’achemine au niveau supérieur

Le Syndicat des enseignants du supérieur (Synes) a brandi un préavis au ministre d’Etat ministre de l’Enseignement supérieur, fixant le début de la grève au 02 juin 2022.

Le vent de grève parti de l’Education de base le 14 février secoue les Enseignements secondaires depuis le 21 février 2022. Alors que le gouvernement se mobilise pour calmer ses ardeurs, la tempête souffle en direction de l’Enseignement supérieur.

Après les premières menaces de faire irruption dans le mouvement en soutien aux enseignants du secondaire les 28 février et 07 mars 2022, les enseignants du supérieur fixent le début de la grève dans les campus universitaires dès le 02 juin 2022.

Cette décision découle d’une réunion entre le secrétaire général du Synes et les coordonnateurs Synes des universités d’Etat, tenue le 17 mars  2022. La rencontre faisait suite selon le communiqué du syndicat, à l’ignorance par le gouvernement, des problèmes des enseignants du supérieur dans le processus de dialogue social visant à répondre aux revendications des enseignants du secondaire et de l’Education de base.

Ainsi, le syndicat « exige du ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur, de faire payer à échéance, la première tranche de la prime de modernisation de la recherche pour l’année 2022 ; lui demande de communiquer, avant la fin du mois de mai 2022, un échéancier raisonnable d’apurement de toute la dette académique des universités d’Etat ; invite les enseignants du supérieur à suspendre toutes les activités académiques à compter du 02 juin 2022 (…) »

Dans son communiqué du 28 février 2022, le Synes rappelle au gouvernement les privations de droits faites aux enseignants du supérieur « depuis belle lurette ». Il s’agit entre autres des « heures complémentaires, encadrement des mémoires et thèses, jurys de soutenances, vacations, etc. ». Le mouvement syndical y propose aussi « la tenue effective du Forum national de l’éducation afin d’examiner les problèmes qui minent le système éducatif camerounais ».

Ainsi, à la lecture du préavis de grève, le gouvernement dispose de deux mois une semaine pour traiter les revendications des enseignants du supérieur. Mais, l’on se demande si ce préavis ne constitue pas un moyen de chantage de la part des enseignants du supérieur qui profitent de la forte mobilisation de leurs homologues du secondaire pour se lancer dans cette aventure.

Dieudonné Essomba : « Le problème posé aujourd’hui est que l’Economie du Cameroun n’est plus saine »

Dieudonné Essomba commet un 3è article pour proposer les solutions à la grève des enseignants.

GREVE DES ENSEIGNANTS : LA SOLUTION (Article 3)
Ce 3ème article clôture mon intervention sur la grève des enseignants.
1. DES DEFIS DU PROBLEME DES ENSEIGNANTS
Certains Camerounais se méprennent sur le sens précis de ma pensée qu’il importe de bien préciser : en aucun cas je n’ai demandé aux enseignants de ne pas réclamer leurs droits, bien au contraire !
J’explique tout simplement que notre modèle institutionnel place la priorité sur la sécurité du groupe dirigeant, la stabilité de l’Etat unitaire et la pérennité du régime. Cela n’enlève absolument rien au rôle et à l’importance stratégique de l’Education que personne, y compris l’Etat, ne conteste. Quand la situation économique est bonne, l’Etat va satisfaire tout le monde.
Mais dans un environnement rationné ou les ressources sont rares, les réclamations des enseignants, fondées ou non, font d’eux des concurrents directs des secteurs de souveraineté sur les ressources de l’Etat. Et dans cette concurrence, ils passent au second plan, car l’Etat ne renoncera jamais à ses missions régaliennes pour s’occuper d’eux. On ne peut donc résoudre leur problème que si l’Economie du pays est saine.
Le problème posé aujourd’hui est que l’Economie du Cameroun n’est plus saine. Le pays, très mal géré depuis l’Atteinte du Point d’Achèvement en 2006, s’est embarqué sur la dangereuse piste des Grands Projets dont le succès réclamait plus de sérieux et plus de professionnalisme, mais qui ont été dévoyés par des imposteurs de métier, générant une dette extérieure insoutenable de 7.000 Milliards qu’il est temps de rembourser.
Et nous devons rembourser, que cela nous plaise eu non, car les autres pays ne sont pas nos esclaves pour nous donner leur argent sans payer.
Et la situation s’est aggravée avec la maladroite gestion du problème anglophone qui nous a accouchés d’une terrible Sécession qui saigne les finances publiques à blanc.
Le Trésor Public est vide et le FMI a pris le contrôle de notre budget. Notre Gouvernement doit lui obéir en frétillant la queue comme un toutou, et ses « hautes instructions » ne sont que de pures bravades sans incidence significative sur l’orientation de nos dépenses.
Dans ces conditions, le combat mené par les enseignants pour rentrer dans leurs droits légitimes vient un peu tard et on peut regretter qu’ils aient trop attendu, au lieu d’agir au moment où le Gouvernement disposait encore des marges de manœuvre.
Au stade où nous en sommes, le Cameroun n’a pas les moyens ni d’apurer leurs arriérés, ni de répondre à leur fameux « Statut de l’Enseignant ».
Ils n’ont aucun moyen d’améliorer significativement leur situation dans le Cameroun actuel, et leur mouvement ne peut avoir que deux issues :
– L’ETOUFFEMENT PROVISOIRE DU MOUVEMENT : ici, le Gouvernement va tenter d’amadouer les enseignants à travers des promesses mielleuses et impossibles à tenir, mais assorties d’un début de réalisation pour faire illusion, le temps que la situation se calme.
Et si ces techniques douces ne fonctionnent pas, le Gouvernement essaiera d’amplifier les fractures internes de la corporation pour diviser le mouvement, et fera appel à des mesures de contrainte telles que la répression des grévistes, la suspension des salaires, les affectations disciplinaires, la brutalité policière ou les emprisonnements.
Mais même si le Gouvernement arrive à mater le mouvement par ces méthodes, ce ne sera qu’un répit, puisqu’il ressurgira dans 2 ou 3 ans, sous une forme plus violente et plus radicale.
-UNE REVOLUTION : le Gouvernement peut échouer dans ses tentatives de séduction et de menace. Dans ce cas, les enseignants refusent les promesses et affrontent ses intimidations, soutenus par d’autres corporations, voire par toute la population excédée de la mauvaise gouvernance dont tout le monde se plait.
Ce scénario conduit à l’effondrement du régime, conformément aux terreurs des partisans du régime qu’on voit maintenant aux abois, mais aussi aux espérances secrètes de ses nombreux ennemis déclarés ou cachés qui voit dans cette grève une opportunité d’insurrection.
Mais même victorieuse, une telle insurrection ne résoudrait pas le problème des enseignants, car le nouveau pouvoir sera confronté exactement aux mêmes préoccupations de protection des dirigeaient et de la stabilité de l’Etat. Avec, exactement les mêmes résultats : l’éducation toujours au second plan…
Comme on le voit, il n’y a aucune solution du problème des enseignants dans l’organisation institutionnelle actuelle du Cameroun.
2. DU PRINCIPAL ENJEU DU SYSTEME EDUCATIF
Le principal enjeu recherché dans l’Education est un système éducatif performant, marqué notamment par :
1. un accès généralisé de tous les élèves à des infrastructures de qualité sur tout le territoire
2. des ratios enseignants/élèves situés dans les limites des normes universelles
3. un enseignement de qualité, orienté vers l’utilité pratique et le développement national
4. un personnel qualifié en nombre suffisant et bien rémunéré
5. un secteur éducatif équilibré, n’accumulant pas des dettes.
Il est évident qu’aucun de ces aspects n’est respecté au Cameroun. Certaines écoles ne sont réduites qu’à quelques huttes, exposant écoliers et maîtres à toutes les intempéries. Dans les villes, on trouve des salles de classe bondés de 180 élèves, certains assis à terre, ce qui n’empêche pas un chômage massif des enseignants formés, notamment les instituteurs.
Sur le plan budgétaire, le secteur éducatif accumule d’importants déséquilibres structurels non seulement par rapport aux subventions promises aux partenaires privés, mais aussi par rapport aux rémunérations de ses propres agents.
Face à cela, le principal défi est, non seulement de rattraper les retards accumulés sur le plan de l’investissement, des effectifs des enseignants et de leurs rémunérations, mais aussi de faire front à une population scolaire dont les effectifs augmentent chaque année de 500.000 jeunes enfants !
D’où la question suivante : est-il possible de mettre un système respectant ces contraintes au Cameroun ? La réponse est fournie par une analyse synoptique des systèmes éducatifs envisageables avec le potentiel effectif du Cameroun.
3. DE NOTRE MODELE EDUCATIF
Notre système éducatif, conçu dans un cadre unitaire, est excessivement coûteux et inefficient à plusieurs ponts de vue :
3.1. SUR LE PLAN BUDGETAIRE
UNE STRUCTURE INSTITUTIONNELLE COUTEUSE : le secteur éducatif au Cameroun est géré par 4 Ministres, sans compter les Secrétaires d’Etat et les Secrétaires généraux.
Or, l’entretien d’un Ministre est excessivement élevé : leur logement associé aux commodités gratuites telles que le téléphone, l’électricité ou l’eau, les véhicules avec les budgets d’entretien et de carburant, le personnel à solde global rattaché à leur personne (chauffeurs, cuisiniers, boys, etc.), la mobilisation des FDS (police gendarmerie) pour leur propre sécurité et celle de leur concession, l’hôtel particulier, tout cela coûte terriblement cher aux Finances Publiques.
Lorsqu’à cela, on ajoute les caisses d’avance, certaines obligations politiques qu’ils doivent assumer dans leurs partis politiques respectifs, le coût moyen d’entretien d’un Ministre au Cameroun est d’un milliard de FCA.
A cela, il faut ajouter son cabinet qui comprend 3 ou 4 Conseillers Techniques et un grand nombre d’Inspecteurs dont l’utilité fonctionnelle est rarement évidente, mais qui, en tant que hauts cadres, pèsent très lourdement sur les Finances Publiques, puisqu’ils bénéficient à leur tout des lignes budgétaires, de véhicules et de logements gratuits.
Enfin, viennent les Directeurs qui gèrent chacun un secteur et qui, regroupés tous à Yaoundé, prétendent encadrer l’ensemble du Cameroun, ce qui entraîne un fonctionnement nécessairement dispendieux en termes de collecte d’information, de prise de décision et de missions sur le terrain.
A contrario, un Cameroun Fédéral aurait :
– un seul Ministre de l’Education Nationale, entouré d’une Administration allégée et essentiellement formée de hauts cadres spécialisés dans des missions d’encadrement des Etats Régionaux
-des Ministres régionaux coûtant beaucoup moins cher (5 fois moins cher qu’un Ministre central), avec des Directeurs Régionaux chargés de l’administration opérationnelle de l’Education et pesant beaucoup moins sur les Finances Publiques.
Une évaluation circonstanciée montre que le gain net, pour la même efficacité, serait de 21 Milliards de FCFA en faveur de l’Etat fédéral.
SUR LES INVESTISSEMENTS, la structure unitaire du Cameroun pèse lourdement sur la qualité de l’investissement public. Tout d’abord, la mercuriale nationale des prix qui fixe les prix à respecter est établie à maxima, puisqu’elle doit intégrer tous les cas d’espèce du Cameroun. Ainsi, on va fixer le coût d’une salle de classe à 10 Millions de FCFA, qu’on soit à Douala ou à Touboro, ce qui requiert absolument que le prix soit fixé sur la base du leu le plus cher.
Ensuite, il existe des surcoûts liés aux procédures du marché qui sont lourdes et dispendieuses (commissions des marchés, commissions de réception, appels d’offres, etc.). A quo s’ajoutent des coûts informels tels que la longueur des procédures pour le paiement des prestataires multiplient les charges, entretiennent les réseaux de corruption et de népotisme.
Naguère, feu Cardinal TOUMI avait rappelé que lorsque la mercuriale fixait le cout d‘une salle de classe à 8 Millions au NOSO, le coût réel du même bâtiment réalisé par la Procure de l’Eglise catholique n’était que de 3 Millions.
En outre, le choix des investissements est fortement tributaire des biais politiques qui perturbent les lieux de création optimale des établissements scolaires et l’affectation des ressources financières et humaines.
Enfin, l’entretien de ces investissements reste extrêmement défectueux et dispendieux. La confection d’un toit détruit par une tornade va requérir une interminable procédure particulièrement coûteuse en termes de mobilisation de ressources humaines et financières, où il faut des enquêtes, des descentes sur le terrain du Gouverneur, un compte-rendu à envoyer au Ministre à Yaoundé, la budgétisation de la dépense, l’appel d’offre, les commissions d’évaluation, les commission de validation, etc.
Du pur n’importe quoi !
Un modèle Fédéral, où la décision d’investissement est prise par un Gouvernement Local a des procédures considérablement plus allégées, avec plus de rapidité dans la prise de décision et plus de rigueur dans le choix de l‘investissement.
Une évaluation circonstanciée montre que le gain net, pour la même efficacité, serait de 30 Milliards de FCFA pour l’Etat fédéral.
3.2. SUR LE PLAN MICROECONOMIQUE
Sur le plan du personnel, le choix d’une organisation unitaire entraine des coûts et des pertes d’opportunités au système productif :
-le suivi des dossiers oblige les enseignants à se déplacer en permanence à Yaoundé, ce qui se traduit naturellement par des pertes de temps et d’argent, pertes qui, même supportées par le personnel, n’en constitue pas moins une perte pour l’Economie nationale.
-la délocalisation coûte également cher : les multiples affectations d’une Région à l’autre entraînent des coûts terrifiants en termes de frais de relève pour l’Etat central, de paiement de congé, etc. Pour l’agent public lui-même, ces affectations dans les lieux éloignés de leur localité d’origine ou de leur résidence principale sont très déstabilisantes et se traduisent concrètement par des surcoûts en termes de délocalisation des familles, des voyages au village pour des événements comme les deuils ou les réunions, etc.
-une importante perte d’opportunité : un enseignant proche de sa localité d’origine ou de son lieu de résidence principale peut mener, parallèlement à l’enseignement, des activités supplémentaires comme l’agriculture ou l’élevage, ce qui améliore son revenu et celui de la Nation. Mais cela requiert une grande stabilité, ce qui n’est pas possible dans une gestion unitaire de l’éducation où on peut l’affecter partout à tout moment.
Dans un Etat fédéral où le personnel régional est essentiellement recruté dans la population locale, de tels problèmes sont considérablement allégés.
3.3. SUR LE PLAN DES RESSOURCES
Un Etat unitaire est trop moderne et trop procédurier par rapport au système productif, et la fiscalité du secteur informel lui échappe complètement. Ses mécanismes de fonctionnement ne permettent pas d’optimiser la collecte fiscale. A cet effet, il faut se rappeler que les ressources budgétaires proviennent pour moitié des recettes fiscales, pour un quart des recettes douanières et pour l’autre quart des recettes pétrolières.
Les recettes fiscales sont, pour 85%, prélevées sur les multinationales, plus faciles et moins coûteuses à taxer. En effet, il suffit pour l’Etat d’imposer un droit d’assises de 50 FCFA sur une bière pour qu’il se retrouve instantanément avec 10 milliards de FCFA ! A contrario, il ne peut pas obtenir le même résultat s’il procède en aval, en fiscalisant les bars.
Cela lui réclamerait une lourde armada de collecteurs d’impôts qui devraient se faire accompagner d’importantes escouades de gendarmes, ce qui ne dispenserait pas ces équipes de conflits avec les commerçants, des bagarres de rues et d’interminables procès à répétition.
Trop lourd du point de vue des couts de collecte et très contreproductif du point de vue politique. A contrario, les Régions et les Communes sont plus armées à collecter de telles ressources. Ainsi, de par son mode de fonctionnement, l’Etat Central n’est pas capable de fiscaliser le secteur informel que sa loi ne reconnait pas.
Par contre, les mairies prélèvent les impôts sur toute activité, par exemple, les tickets quotidiens payés par les Baïsellam dans les marches populaires.
Autrement dit, les Etats Régionaux et les Communes disposent d’un potentiel de fiscalisation du secteur informel qui échappe totalement à un Etat unitaire. Et ce potentiel peut être évalué à 300 Milliards de FCFA.
Outre les recettes fiscales, l’Etat Régional et la Commune peuvent élargir leurs ressources à travers :
-la mobilisation de leur Diaspora, plus sensible à leurs sollicitations plutôt qu’à celle d’un Etat unitaire perçu comme un gouffre à sous et un centre de corruption et de détournement
-le droit de développer des activités de production et d’en tirer d’importants dividendes, contrairement à l’Etat unitaire interdit de telles activités par le FMI.
3/.4. SUR LE PLAN DE L’EFFICACITE
La segmentation de l’Etat introduit des éléments d’incitation qui améliorent mécaniquement son efficacité et qui n’existent pas dans l’Etat unitaire :
-LA RESPONSABILITE : chaque Etat régional se retrouve responsable de son propre système éducatif. Si ses salles de classe sont en nattes, ce n’est plus le fait d’un Gouvernement central qui ne les aime pas, mais des incompétences de ses propres natifs et résidents
-LA SPECIALISATION : la segmentation de l’Etat confère à chaque Etat Régional une institution dédiée à son développement. Les Ministres régionaux assument leurs résultats et sont politiquement punis s’ils échouent. Contrairement aux Délégués Régionaux qui n’assument rien et vadrouillent dans toute la République pour étoffer leur carrière.
-L’EMULATION : Le système fédéral donne aux populations de chaque Etat Régional un référentiel de comparaison de la qualité des dirigeants qu’elles ont élus. Par exemple, si les enseignants de l’Adamaoua grèvent alors que ceux du Littoral ne grèvent pas, on voit bien que le problème est la gouvernance du Ministre Régional de l’Education de l’Adamaoua.
Cela poussera donc le Gouvernement de l’Adamaoua à aligner son comportement aux meilleurs Etats Régionaux.
Si on fait le bilan total des avantages d’un Cameroun fédéral dans tous ces compartiments, on se retrouve avec un gain net de plus de 1000 Milliards de ressources additionnelles, ce qui est largement suffisant pour améliorer considérablement la situation des infrastructures éducatives, le traitement des enseignants, le renforcement des effectifs avec un recrutement massif, sans compter d’autres avantages macroéconomiques et microéconomiques.
4. QUE FAUT-IL FARE ?
En définitive, l’Etat unitaire, trop coûteux dans son fonctionnement, trop limité dans ses ressources, n’est pas capable d’adresser les problèmes de l’Education au Cameroun. Les enseignants ne gagneront rien s’ils ne réagissent pas fermement, cela reste vrai, mais ils ne gagneront rien non plus s’ils bloquent leurs réclamations dans un Etat unitaire.
Seule, une organisation de type fédéral ouvre d’importantes perspectives pour résoudre ces problèmes, en termes de ressources additionnelles (plus de 1.000 Milliards), en termes de fluidité dans le fonctionnement des institutions, en termes d’ordre de priorité.
D’où l’impérieuse nécessité de CONTRAINDRE le régime de Yaoundé à aller à un modèle fédéral et de rejeter sa « décentralisation administrative », où l’Etat restera le seul maître des décisions et des ressources qu’il affectera à sa discrétion. Comment pourrait-il s’empêcher de privilégier ses propres préoccupations, en réservant les miettes aux Régions, reproduisant en fait son administration unitaire centralisée derrière une pseudo-décentralisation ?
Eu égard à ce qui précède, la solution au problème des enseignants et d’autres problèmes connexes passent par les mesures suivantes :
1. L’érection des Régions en Etats Régionaux, pour bien montrer leur souveraineté dans les matières qui leur sont dévolues, et donner à leurs agents la même dignité que ceux de l’Etat central
2. Les Etats Régionaux perçoivent une fraction fixe du budget central (50%), et la répartition se fait instantanément : à l’encaissement d’une somme, le compte de chaque Etat est crédité au prorata de sa dotation. Il n’y a donc aucun débat sur l’opportunité de tel ou tel transfert.
3. Les Etats Régionaux ont la plus large latitude pour renforcer leurs ressources, à partir des impôts locaux, des dividendes, de la mobilisation de leur Diaspora et de la coopération décentralisée.
4. Tous les Enseignants actuellement en activité et émargeant au budget de l’Etat sont des Fonctionnaires centraux. Il ne peut exister 2 statuts différents pour une même mission dans une administration et tous les contractuels doivent être titularisés.
5. Les Enseignants centraux peuvent être utilisés pour les missions de l’Etat central ou affectés au titre d’assistants technique aux divers Etats Régionaux. Le statut d’assistant technique disparaitra progressivement avec leur mise en retraite.
6. L’Etat Central est interdit de recruter au primaire et au secondaire, pendant une période de 25 ans, cette mission revenant désormais aux Etats Régionaux et aux Communes. A l’issue de cette période, l’Etat central peut recruter pour ses propres besoins administratifs et uniquement sur concours lancé auprès des enseignants régionaux ou communaux, sans équilibre régional.
7. Tous les instituteurs titulaires d’un CAPIEMP exerçant dans l’enseignement au titre de maitre de parents, de bénévoles ou à tout autre titre précaire deviennent des Fonctionnaires communaux.
8. Tous les étudiants en formation d’enseignants bénéficient d’une bourse. Cette bourse est payée par un prélèvement sur des agents en activité, dans le cadre de la solidarité intergénérationnelle propre aux retraites par répartition. A cet effet, les prélèvements réalisés sur les Enseignants financent non seulement la pension de leurs aînés en retraite, mais aussi la bourse de leurs cadets. Cette bourse représente 25% du premier salaire de la corporation.
Chaque corporation finance la bourse de ses étudiants par Etat.
9. Les établissements privés de formation des enseignants sont une délégation de service public. Ils reçoivent les étudiants envoyés par les Etats Régionaux ou les Communes et les forment dans les mêmes conditions que le public. La scolarité est payée par la Commune, les Etats Régionaux ou les utilisateurs.
10. La dette que l’Etat doit aux enseignants, mais aussi à tous les autres corps de métier sera assainie, à travers un calendrier qui ne doit pas dépasser 2 ans. A l’issue de cette période, l’Etat central est tenu de mettre fin à l’accumulation de la dette sociale dont le poids sera considérablement allégé par le transfert des secteurs sociaux aux Etats Régionaux
11. Le Statut des Enseignants est abrogé, et remplacé par les Directives Nationales de l’Education qui définissent le cadre de référence de l’enseignement que chaque Etat Régional ajuste à sa situation. En particulier, ces directives établissent des plages de salaire pour chaque corps de métier.
Sans ces mesures, les problèmes ne feront que s’accumuler au Cameroun, sans le moindre espoir de les résoudre.
Dans les prochains articles, je vais revenir point par point sur ces réformes, tout en répondant aux nombreuses questions.

Cameroun : deux factions du mouvement OTS défendent des positions divergentes

Les mouvements « On a trop souffert » (OTS), faction républicaine et ordinaire ont affiché cette divergence de vue dans le cadre du dialogue social avec le ministre Grégoire Owona ce mardi 15 mars 2022.

L’environnement éducatif camerounais est en crise depuis plus de trois semaines. Les enseignants du secondaire sont  en grève pour manifester leur colère et pousser les autorités gouvernementales à répondre à leurs revendications. Le 09 mars 2022, le chef de l’Etat a donné des directives à son gouvernement pour résoudre les problèmes des enseignants. Depuis lors, le Collectif OTS divisé en deux factions, défend deux positions différentes.

OTS ordinaire entend militer pour le maintien de l’opération craie morte. L’enjeu est d’amener le gouvernement à payer toutes les dettes de l’Etat envers les enseignants. Le mouvement avance qu’une fois que les mesures édictées sont mises en œuvre, il procédera à la levée du mot d’ordre de grève.

C’est cette position que ses représentants ont soutenu ce mardi au cours de la rencontre avec le ministre du Travail et de la Sécurité sociale. « Nous voulons que des mesures soient prises par exemple, à la fin de ce mois déjà, que la totalité des salaires soit payée et l’autonomisation des avancements de groupe. Dès lors que l’Etat peut résorber nos problèmes, je peux vous assurer qu’on va reprendre d’abord les cours », a confié un représentant OTS à Royal FM.

Cependant, « OTS républicain » milite pour la reprise des enseignements et l’accompagnement du gouvernement dans la mise en œuvre des directives présidentielles.

« Nous militons pour l’apaisement et pour un retour à l’école. Nous sommes dans la logique d’éviter une année blanche à toute la communauté éducative nationale. Nous accompagnons l’Etat dans les diligences qu’il est en train de mettre en place. Nous observons déjà en ce moment une levée progressive du mot d’ordre de grève depuis hier lundi 14 mars. Parce que le chef de l’Etat a commencé à répondre à nos doléances », déclare un représentant de la faction républicaine

Cette position épouse celle du gouvernement qui appelle à la reprise des cours au sein des établissements scolaires en attendant la mise en œuvre des mesures édictées.

Selon le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, il n’y a rien à craindre. Le président de la République «  a donné son accord sur pratiquement toutes les doléances des enseignants et en a fixé un planning urgent de mise en œuvre. Ce sont des décisions qui doivent être mises en œuvre dans leur entièreté », a déclaré Grégoire Owona au micro de la station radio Crtv.

Dans cette perspective, les départements ministériels disent avoir pris des dispositions pour aussi bien au niveau procédural que financières. Au matin du 25 mars 2022, les comptes bancaires des enseignants concernés commenceront à recevoir les premiers paiements, a rassuré un responsable du ministère des Finances. Ainsi, avec ces différentes démarches, les enseignants sont appelés à reprendre les cours.

Cameroun : 48,3 milliards de Fcfa pour calmer les enseignants grévistes

En plus des 2,7 milliards débloqués le 07 mars derniers, le gouvernement annonce le paiement de 45,6 milliards de francs CFA aux enseignants en colère d’ici la fin de l’exercice budgétaire 2022.

45 milliards 600 millions de francs CFA, c’est le montant de l’enveloppe que le gouvernement se propose de verser aux enseignants en grève au Cameroun depuis le 21 février 2022, pour répondre à leurs revendications. C’est la principale explication des directives présidentielles. Elle ressort de la conférence de presse tenue jeudi 10 mars 2022 par cinq membres du gouvernement, tel que prescrit le 08 mars par le président Paul Biya.

En effet, les détails proviennent du ministre de la Communication (Mincom). Dans son intervention et au regard des directives présidentielles, René Emmanuel Sadi a décliné les détails des engagements du gouvernement en faveur des enseignants. Ces derniers concernent  les indemnités de non-logement, de l’intégration partielle des enseignants ainsi que des rappels.

Pour ce  qui est du non logement et l’intégration partielle, « le gouvernement a décidé dès le mois de mars 2022, et ce, jusqu’à la fin de cet exercice budgétaire,  d’apurer le règlement de la dette due au non-paiement des indemnités de non-logement, aux 5289 personnels du ministère des Enseignements secondaires, ainsi que celle liée à l’intégration partielle des 20449 personnels de ce même département  ministériel pris en charge aux 2/3, pour un montant total de 17 milliards 600 millions de francs CFA, soit un milliard 759 millions de francs CFA par  mois », informe le Mincom.

Quant aux rappels induits dans l’application des deux mesures précédentes, le gouvernement propose un paiement en deux tranches. « Au courant de l’année en cours et dès le mois de mai, 28 milliards de francs CFA. Le reliquat, soit environ 31 milliards 900 millions sera payée au courant de l’année 2023 », précise le porte-parole du gouvernement.

Malgré le contexte jugé difficile par le gouvernement, le ministre des Finances (Minfi) a donné l’assurance de pouvoir honorer ces engagements. « On peut trouver l’argent de deux façons, soit parce qu’on accroit les recettes soit parce qu’on diminue les dépenses, soit on fait les deux. Et c’est ce que nous allons faire. Je suis déjà un peu à l’aise parce que la semaine dernière, nous avons levé sur le marché national, un certain nombre de ressources qui vont nous aider à faire face à ces dépenses », explique Louis Paul Motaze.

Pour ce  qui est des procédures d’intégration, le ministre de la Fonction publique annonce la réduction du temps mis par les dossiers des enseignants. « S’agissant de la première  directive, elle ambitionne de réduire de manière drastique, les délais de traitement des dossiers. Ces délais passeraient ainsi de 30 mois actuellement à trois mois », explique Joseph Le.

Cependant, les enseignants membres du collectif « On a trop supporté » Ots corrigent la copie du gouvernement. Certains donnent la mention « insuffisant » et prescrivent des efforts au niveau de la pratique. D’autres estiment que des allocations familiales, primes de sujétion ne figurant pas dans les mesures gouvernementales, il s’agit d’une « grosse arnaque qui est encore préparée ». Par conséquent, ils décident de poursuivre l’opération « Craie morte ».

De ce fait, l’on se demande pourquoi le gouvernement camerounais demeure fidèle à sa politique de réaction plutôt que d’épouser la logique d’anticipation des crises.

Cameroun : les mesures du gouvernement pour stopper la grève des enseignants

Le président de la République Paul Biya vient d’instruire son gouvernement de mettre en œuvre de manière  urgente, certaines mesures financières et administratives.

Trois semaines après le début de la grève des enseignants et un jour après le décès de Hamadou, l’un des piliers du mouvement « On a trop supporté » OTS, les signes d’une fin de crise s’annoncent. Le président de la République trace le sillon de la réconciliation en approuvant la mise en œuvre des mesures gouvernementales proposées en vue de mettre un terme à la grève.

Après le déblocage de 2,7 milliards au titre de paiement des arriérés dus aux enseignants mobilisés pour la correction du probatoire et du baccalauréat des sessions 2020 et 2021, le chef de l’Etat donne quitus pour la mise en œuvre des mesures supplémentaires.

Ces dispositions sont contenues dans une correspondance du ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh, adressée au secrétaire général des services du Premier ministre. Elles sont d’ordre administratif et financier.

Au plan administratif, les prescriptions s’adressent au ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra) Joseph Le. A ce membre du gouvernement, le chef de l’Etat donne instruction :

de systématiser la constitution des dossiers d’intégration des enseignants avant la fin de leur formation par les intéressés et les institutions auxquelles ils sont affiliés ;

de veiller, en relation avec les universités d’Etat compétentes, au dépôt systématique dans les délégations régionales ou dans les services centraux du Minfopra, le cas échéant, des dossiers d’intégration des lauréats des Ecoles normales supérieures et Ecoles normales supérieures d’enseignement technique ;

de traiter en urgence les dossiers d’intégration déjà recensés au Minfopra et de faire le point exhaustif sur les dossiers d’intégration en instance au ministère des Enseignements secondaires (Minesec) et  au ministère de l’Education de base (Minedub) ;

de mettre en œuvre toutes les mesures concourant à la dématérialisation et à la simplification des procédures de traitement des dossiers d’intégration dans la fonction publique.

Au plan financier, les instructions vont à l’endroit du ministre des Finances (Minfi). A Louis Paul Motaze, le président de la République instruit :

de procéder au paiement à partir du mois de mars 2022, (i) du complément salarial mensuel à verser aux enseignants (titulaires ou non de décret d’intégration) qui ne perçoivent actuellement que les 2/3 de leur salaire et (ii) de l’indemnité de non logement due aux enseignants qui n’en perçoivent pas ;

d’apurer, à compter du mois de mai 2022 et de manière progressive, en tenant compte de l’antériorité des promotions, les rappels relatifs à l’indemnité de non logement et aux compléments salariales dus aux enseignants ;

de procéder au paiement échelonné, à compter du mois de juin 2022, des rappels relatifs aux avancements et reclassements des enseignants.

A ces mesures, le chef de l’Etat ajoute la poursuite du dialogue social engagé avec les syndicats d’enseignants.

Ces mesures seront présentées ce jeudi 10 mars 2022 à la  communauté éducative et à l’opinion nationale. Ce sera au cours d’une conférence de presse que tiendra le ministre de la Communication porte-parole du gouvernement René Emmanuel Sadi. Y prendront au part, les ministres des Finances, des Enseignements secondaires, de l’Education de base et de la Fonction publique et de la Réforme administrative.

Cameroun : les députés Cabral Libii et Jean-Michel Nintcheu soutiennent l’opération « craie morte »

Les deux élus du peuple à l’Assemblée nationale expriment leur solidarité à l’endroit des membres du collectif « On a trop supporté », en grève depuis des semaines. Ils exigent du gouvernement des actions concrètes pour résoudre la crise.

 

L’expression de la colère et de l’indignation des enseignants ne laisse pas indifférents certains membres du Parlement qui jouissent de la liberté d’expression et d’une conscience humaine. Et  les conditions dans lesquelles la mort de l’enseignant Hamidou est survenue le 08 mars 2022 ont davantage mis à nu la gravité de la précarité et du mépris vis-à-vis des enseignants.

Maitre d’Education physique et sportive, Hamidou a fait sa formation au Cenajes de Garoua de 2009 à 2011. L’enseignant d’EPS au lycée de Beka depuis le 05 mars 2012 a tiré sa révérence après 10 ans de service dans la souffrance, sans salaire ni intégration. Il s’en va 12 jours après la signature sous pression de son acte d’intégration, au moment où ses collègues membre du Mouvement OTS revendiquent avec ardeur la restauration de leur dignité ôtée par le gouvernement.

« Pour l’âme de Hamidou, ne vous arrêtez surtout pas »

L’émotion est grande, la contrition « rare » et la tristesse « profonde », tel que l’exprime Cabral Libii Li Ngue Ngue, député de la nation. « A la vérité, je suis plutôt atterré. Il y a des moments où en toute franchise, on ne sait quoi faire. Je dis paix en son âme. M. Hamidou, où que tu sois, que ton âme repose en paix », réagit l’honorable, dans un direct sur son compte Facebook.

A l’occasion de cette sortie, le président du Parti Camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) se demande comment on en est arrivé à 10 ans sans salaire dans un pays où certaines personnes touchent frauduleusement des centaines de salaires par mois. D’autres décaissent le salaire que Hamidou attendait multiplié par mille.

C’est pourquoi, « Je voudrais vous dire à vous les enseignants, ne vous arrêtez pas. Je vous félicite. Et pour l’âme de Hamidou, ne vous arrêtez surtout pas. Peut-être par vous, le salut de cette nation peut venir.  Nous sommes à vos côtés, nous vous accompagneront ». Et d’ajouter « chers parents soutenez ceux qui forment nos enfants. Je félicite les élèves qui, par leur candeur, ont su apporter leur soutien aux enseignants», loue le député de la 10è législature. Il réitère son soutien adressé aux enseignants dans un communiqué en date du 23 février 2022 quelques jours après le début de la grève.

« Le régime de Yaoundé veut jouer à la roublardise »

Comme lui, son homologue Jean Michel Nintcheu a exprimé son soutien bien avant la mort de Hamidou. Dans une sortie, le député de la nation affirmait sans ambages « je suis solidaire des revendications des enseignants qui ont lancé le mouvement OTS. Il faut être criminel pour ne pas compatir à leurs souffrances (…) Yaoundé gagnerait à satisfaire leurs revendications ».

Et tandis que « le régime de Yaoundé fidèle à son habitude, veut jouer à la roublardise », dit-il, le parlementaire issu du Social democratic front (Sdf) propose des solutions.

« J’estime que pour résoudre ce problème, en plus d’accélérer les procédures administratives, et de sanctionner tous les responsables de cette inertie, il suffit de pourchasser les gaspillages et de supprimer les dépenses inutiles et improductives contenues dans la loi de finances 2022 », indique Jean Michel Nintcheu.  Le député (8è, 9è, 10è législature) cible la ligne 65  avec la suppression des dépenses intitulées « des autres personnels » et le cisaillement d’autres dépenses liées au fonctionnement.

Face à la pression grandissante des enseignants  joints par les élèves de certains établissements à Douala dans le Littoral, au Sud et au Nord, le gouvernement s’est mis à signer certains actes dans la précipitation, dont l’acte d’intégration de Hamidou. S’en est suivi l’instruction d’un décaissement urgent de 2,7 milliards de francs CFA pour éponger la dette de l’Office du baccalauréat du Cameroun (Obc) au titre des examens probatoire et baccalauréat session 2020 et 2021.

Cependant, avec la mort d’un membre, le collectif OTS déclare poursuivre son mouvement avec plus de détermination jusqu’au paiement du dernier centime.

Cameroun : déblocage en urgence de 2,7 milliards FCFA au profit des enseignants en colère

Le président de la République Paul Biya a instruit le gouvernement de procéder en urgence au déblocage de cette enveloppe. L’argent servira au paiement des arriérés dus aux enseignants par l’Office du Baccalauréat du Cameroun.

La colère des enseignants et la détresse des élèves qui en découle sont parvenues au plus haut sommet de l’Etat et ne laissent pas le premier Camerounais indifférent. Le 07 mars 2022, le président de la République a donné instruction au gouvernement de débloquer 2,7 milliards de francs CFA. C’est pour commencer à répondre de manière concrète aux revendications des enseignants en grève au Cameroun depuis deux semaines.  Les cris de détresse qui s’élèvent persistent en s’amplifiant, si bien que les barrières commencent à tomber.

En effet, « le ministre des Finances a été instruit par courrier séparé de ce jour, de procéder en urgence à la levée du blocage de précaution budgétaire au profit du Minesec (ministère des Enseignements secondaires, Ndlr) et du Minedub (ministère de l’Education de base, Ndlr), afin de régler certaines revendications formulées par les enseignants du secondaire », a adressé le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr) Ferdinand Ngoh Ngoh au secrétaire général des services du Premier ministre.

Les 2,7 milliards de francs CFA sont ainsi destinés au « paiement des arriérés dus aux enseignants mobilisés pour la correction des examens officiels organisés par l’Office du baccalauréat du Cameroun au titre des sessions de juin 2020 et 2021 », explique le Sgpr.

Cette opération est l’une des premières mesures concrètes de décrispation dans le secteur éducatif en crise depuis le 14 février 2022. Cet acte ainsi que les arrêtés d’intégration et d’avancement qui sont signés en série depuis quelques jours, sont sans doute des réponses que le collectif des enseignants « On a trop supporté » attend pour procéder à l’arrêt de la grève, laquelle paralyse l’éducation et pousse désormais les élèves de certains lycées à marcher en signe de protestation.

Cameroun-Assemblée nationale : les dossiers brûlants qui attendent les députés le 11 mars 2022

Le président de l’Assemblée nationale Cavaye Yeguie Djibril a convoqué la première session ordinaire de l’année pour le 11 mars 2022 à 11h. Cette session s’ouvre au moment où des sujets préoccupants mettent en péril la paix de la nation.

Hausse des prix des denrées alimentaires sur le marché, coupures intempestives d’électricité et d’eau, crise au sein du système éducatif, multiplication des attaques terroristes dans les régions anglophones, voilà quelques dossiers brulants qui attendent l’intervention des députés et sénateurs au cours de la première session ordinaire de cette année civile en cours.

 Dès le 11 mars 2022, date fixée par l’honorable Cavaye Yeguie Djibril, les représentants de la nation camerounaise, les députés, seront face à leurs missions : voter les lois et surtout contrôler l’action du gouvernement. Sur ce dernier volet, les sujets à aborder sont d’emblée connus.

D’abord, le système éducatif est en crise depuis le 14 février 2022. Les enseignants du primaire et du secondaire sont aux abois. Ils manifestent leur colère à travers les mouvements de grève successifs. Les collectifs des enseignants et les syndicats ont décidé d’observer l’arrêt des cours.

Leur opération vise à contraindre le gouvernement à apporter des solutions concrètes à leurs revendications.  Des réclamations qui portent sur la précarité des conditions de travail, la non prise en solde des avancements, le non-paiement des frais des derniers examens relevant de l’office du Baccalauréat, etc. En l’absence d’un traitement efficace du gouvernement, la crise se poursuit au grand dam des élèves et des parents. Cette situation qui touche l’étendue du territoire national devrait être une priorité du Parlement.

Ensuite, la crise sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et le Sud-Ouest cause davantage les morts. Le 02 mars 2022 dans le Sud-Ouest, les sécessionnistes ont assassiné sept personnes à l’aide d’un engin explosif, dont le sous-préfet d’Ekondo Titi Timothée Aboloa et le maire Nanji Kenneth. Ce drame vient s’ajouter aux précédents, augmentant le degré de terreur et d’insécurité dans les régions anglophones. Cette crise, qui a déjà duré 6 ans environ causant des milliers de morts de déplacés et de réfugiés, interpelle encore en urgence les Parlementaires camerounais qui s’y sont penchés à plusieurs reprises.

Par ailleurs, depuis le début de l’année, du fait de la flambée des prix du pétrole à l’international et des effets du Covid-19, les prix des produits de grande consommation ont augmenté. Du poulet au pain en passant par le riz, la farine de blé, l’huile et bien d’autres, de nombreuses denrées sont hors de portée.

Ajouté à cela, les coupures répétées d’eau et d’électricité mettent à mal la vie des citoyens et des entreprises accentuant ainsi le mal-être du peuple.

Chaque Camerounais se donne désormais des moyens pour faire face à la vie chère au vu et au su du gouvernement et des instances de régulation qui semblent être essoufflés.

Au regard de ces multiples préoccupations, la session de mars ne saurait être une simple assise destinée à accomplir des formalités d’une élection du bureau dont l’issue est déjà connue d’avance. Elle ne devrait pas non plus être une simple instance de validation des projets de lois émanant de l’Exécutif.

Pour l’institution clé qui est le Parlement, cette session est une autre occasion donnée aux représentants du peuple de provoquer des solutions idoines de la part du gouvernement.

Cameroun : le gouvernement s’engage à résoudre les problèmes des enseignants en grève

Les représentants du collectif « On a trop souffert » (OTS) ont accepté d’inviter ses membres à arrêter l’opération « Craie morte ».

C’est à la suite d’une concertation tenue mardi 1er mars 2022 entre le gouvernement, les collectifs des enseignants et les organisations syndicales.  La grève entamée par les enseignants du secondaire il y a quelques jours, s’achemine vers la fin. Dans un communiqué signé du gouvernement, des collectifs des enseignants et des organisations syndicales, l’Exécutif invite le collectif OTS à suspendre le mot d’ordre de grève.

Il appelle « les membres de la communauté éducative à poursuivre normalement leurs activités pédagogiques sur toute l’étendue du territoire national ».  Ces appels et invitations résultent d’un arrangement entre les différentes parties mardi  1er mars, dans les services du Premier ministre. L’objet de la rencontre était d’examiner les préoccupations soulevées par les collectifs des enseignants du secondaire.

La concertation a réuni autour de la table « le ministre des Enseignements secondaires, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, le secrétaire général adjoint des services du Premier ministre, leurs proches collaborateurs. Les représentants des collectifs des enseignants et les syndicats des enseignants y prenaient aussi part », indique le communiqué.

Au terme des échanges, le gouvernement s’engage à poursuivre les travaux avec les autres parties à l’effet de trouver des solutions aux problèmes posés par les enseignants.

Dans la pratique, il s’agit « du règlement des complémentes de salaire,  du paiement des arriérés dus aux enseignants mobilisés dans le cadre de la correction des examens officiels organisés par l’office du baccalauréat du Cameroun au titre des sessions de juin 2020 et 2021, de la régularisation des avancements, de la prise en compte des primes de non logement, du paiement des allocations familiales, du règlement des indemnités de sujétions », explique le communiqué.

Les revendications portant sur la carrière des enseignants et leur statut feront l’objet de concertation ultérieure. Ayant pris acte de cet « agenda » arrêté « d’accord partie », les syndicats et collectifs des enseignants sont invités à œuvrer pour le retour  à la normale sur l’ensemble du territoire national.

Cameroun : les enseignants des Universités d’État en grève

Ce lundi, il y a des campus morts au Cameroun. Dans certaines Universités, les enseignants sont absents des amphithéâtres. La cessation d’activités s’achève jusqu’au 30 janvier. Soit une semaine.

De l’avis de nombreux enseignants d’Université, il s’agit de l’expression d’un ras le bol. Les grévistes attendent toujours le paiement de la prime spéciale pour la modernisation de la recherche. Un appui spécial décidé en 2009 par le président de la République Paul Biya.

Les enseignants demandent précisément le paiement de la 4è tranche annuelle de cette prime. Soit au total 2, 6 milliards de FCFA. Mais de manière générale, ils  dénoncent une « dégradation générale des conditions de travail (recherche et enseignement) » car les prestations dues dans les huit universités d’État sont également non payées.

Pour le Syndicat national des enseignants du supérieur (SYNES) qui a appelé ses membres à cesser les cours, le ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup) doit prendre ses responsabilités. Au Minesup, l’on explique que ces retards sont dus aux « arbitrages de souveraineté » que doit faire le ministère des Finances qui débloque les primes querellées. Mais le début du paiement par billetage a été annoncé pour compter du 22 janvier 2021 et pour 28 janvier prochain pour le paiement par virement bancaire.

Le paiement de la prime spéciale de la modernisation et de recherche universitaire pour le compte de l’année 2020 est aussi l’une des attentes des maîtres des amphithéâtres en grève. Il est à noter que par trimestre, un enseignant assistant a droit à 385 000 FCFA alors qu’un chargé de cours s’en sort avec 680 000 FCFA, un maître de conférences quant à lui, plus de 860 000 FCFA et un professeur, 1 000 000 FCFA concernant la prime supra-mentionnée.

Pourtant, dans un communiqué rendu public par le Pr Jacques Fame Ndongo, le 19 janvier 2021, il indiquait que les paiements par billetage se feraient à partir du 22 janvier tandis que ceux par virement seraient disponibles par à partir du 28 janvier 2021.