Catastrophe d’Eseka: les blessés les plus urgents traités

En plus des blessures physiques, des psychologues rendent visite aux centaines de blessés recus à l’hôpital Laquintinie. La structure veut les loger dans un même pavillon pour des soins adéquats

A Douala, les hôpitaux s’organisent pour la prise en charge de tous les blessés, près de 500, victimes du déraillement du train entre Yaoundé et Douala, à Eseka, ce vendredi 21 octobre 2016, et qui a fait 79 morts.
Quatre jours après l’accident, les blessures les plus urgentes ont déjà été traitées. Les blessés entendus ont tous dit avoir été très bien pris en charge à partir du moment où ils sont arrivés à Douala. Ce n’était pas le cas, évidemment, juste au moment de l’accident. Les hôpitaux et les secours locaux étaient totalement débordés. Mais depuis, ça va mieux.

En plus des blessures physiques, il faut prendre en compte le traumatisme. La plupart des blessés soulignent quand même qu’ils ont eu beaucoup de chance : ils préfèrent voir cet aspect des choses. Mais, tout de même, tous les matins, des psychologues passent rendre visite aux blessés, des blessés qui, à l’hôpital Laquintinie de Douala où ils sont une centaine, seront bientôt regroupés dans le même pavillon pour leur permettre d’échanger et pour mieux les soigner, pour mieux permettre aussi ce suivi psychologique.

Autre question qui préoccupe les blessés, c’est la question des frais. Les frais médicaux sont maintenant totalement pris en charge, comme l’avait promis le président et la compagnie Camrail. Les familles ont dû payer quelques examens, quelques médicaments durant les premiers jours, mais désormais plus personne n’avance d’argent et les frais sont totalement pris en charge.

Hôpital Laquintinie à Douala.
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Douala: le Dr Jean II Dissongo limogé de la direction de l’hôpital Laquintinie

Il a été remplacé mardi, 12 avril, par le Pr Louis Richard Njock, précédemment directeur de l’hôpital régional annexe d’Edea

L’hôpital de Laquintinie de Douala a un nouveau directeur. Le Pr Louis Richard Njock vient d’être nommé à ce poste par décret du Premier ministre, chef du Gouvernement, signé mardi, 12 avril 2016.

Précédemment directeur de l’hôpital régional annexe d’Edea, dans le Littoral, il remplace à ce poste le Dr Jean II Dissongo qui venait de passer quatre ans (avril 2012 – avril 2016) à la tête de cet établissement hospitalier public situé dans la capitale économique camerounaise.

L’affaire Koumateke en cause ?
Quelques semaines avant, alors que le Dr Dissongo était encore directeur de l’hôpital Laquintinie, l’opinion nationale apprenait le décès de Monique Koumateke en couches, avec des jumeaux, le ventre ouvert devant le pavillon de la maternité de l’hôpital Laquintinie de Douala. C’était samedi, 12 mars 2016. Suite au décès très médiatisé de cette dame qui a suscité l’émoi au sein des populations camerounaises, Laquintinie s’est aussitôt vu indexé.

Face aux accusations de non-prise en charge immédiate de la dame au moment de son arrivée à l’hôpital, le ministre de la Santé publique (Minsanté), André Mama Fouda, avait réagi au cours d’un point de presse, indiquant que Mme Koumateke était arrivée à Laquintinie déjà morte. Néanmoins, quatre personnes ont été placées en garde à vue et une enquête a été ouverte.

Le Pr Louis Richard Njock arrive donc à la tête de cette structure au moment où l’environnement hospitalier camerounais est secoué par des scandales et des maux qui ont conduit le Minsanté à prendre un certain nombre de mesures concernant la gestion des patients dans les formations sanitaires du Cameroun.

Pr Louis Richard Njock, désormais à la tête de l’hôpital Laquintinie à Douala.
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Affaire Koumateke: l’ordre des avocats conclut à la «non prise en charge» de la patiente

Le rapport de la Commission des droits de l’homme du Barreau a été rendu public lundi après audition de toutes les parties prenantes

La Commission des droits de l’homme du Barreau a confronté les versions qui s’opposent au sujet de la mort de Monique Koumateke et de ses jumeaux survenue le 12 mars dernier à l’hôpital Laquintinie de Douala. Dans son rapport rendu public lundi, 04 avril 2016, et remis au Bâtonnier de l’ordre des avocats, l’institution indique qu’elle n’est pas parvenue à établir si la défunte est arrivée vivante ou non à l’hôpital Laquintinie de Douala.

Bien que les sources médicales consultées par l’instance confirment que Monique Koumateke est arrivée à l’hôpital Laquintinie déjà décédée, l’ordre des avocats émet néanmoins un doute. L’organisation «ne peut s’empêcher de s’interroger sur la cohérence de telles assertions au regard de l’écart de plus de 4 heures (8h45-13h) ayant existé entre le passage dans les deux dernières formations hospitalières, (hôpital de district de Nylon et hôpital Laquintinie), en relation avec l’intérêt à balader un corps aussi longuement».

Toutefois, après avoir mené des investigations, par des auditions des différentes parties et la consultation des communiqués, l’instance en est arrivée à la conclusion que «sans aller jusqu’à imputer l’un quelconque des décès (mère et f tus) à qui que ce soit, la Commission des droits de l’homme du barreau est en mesure de dire que la prise en charge de la famille Koumateke est fortement sujette à caution. Comme pourrait le montrer le seul fait qu’on leur ait fermé les portes au nez et que l’hôpital soit resté totalement passif face à l’extraction des f tus, entreprise par la suite au sein même de son enceinte».

Dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique cette semaine, Rose Tacke, la s ur de la défunte qui a pratiqué une césarienne à ciel ouvert pour tenter de sauver les jumeaux, explique l’avoir fait suite à «l’indifférence» et au «cynisme» du personnel à leur arrivée à l’hôpital Laquintinie. «Nous n’avons eu droit qu’au mépris, à l’arrogance et à la condescendance du personnel soignant. Peut-être que si nous étions arrivés en 4×4, cela aurait été différent», a-t-elle confié dans les colonnes de Jeune Afrique.

S’agissant du décès des bébés que portait Dame Koumateke, le rapport de la commission corrobore la version de la famille de la victime qui estimait qu’il y avait encore espoir de sauver la vie des f tus. Conformément aux observations d’un morguier en service, mentionné par le rapport publié par le directeur de l’hôpital Laquintinie le 13 mars dernier, qui avait indiqué avoir vu des mouvements abdominaux, signe de vie des bébés. A ce titre, la commission a pensé que: «de l’admission de l’infortuné à l’hôpital jusqu’à l’incident il y a eu peu ou pas de prise en charge, dès lors et surtout que le préposé à la morgue ayant pronostiqué la survie du f tus, la famille était en droit de s’attendre, de la part de l’hôpital, à une attention aussi bien immédiate que diligente».

Pour éviter que de tels drames ne se reproduisent au Cameroun, la Commission des droits de l’homme du Barreau a exhorté le gouvernement à procéder à un diagnostic «sans complaisance» du système de santé publique, à la publication des manuels de procédures de prise en charge dans les formations hospitalières et à l’institution d’un mécanisme d’assurance maladie pour tous les citoyens, notamment les plus démunis.


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Que faire après le drame Koumateke? Les propositions du Crespol

Par Thierry Amougou, Fondateur et animateur du Crespol

La première façon d’améliorer la santé publique dans un pays est de mettre en place des politiques publiques qui améliorent les conditions générales de vie.Lorsqu’il y a un crash, le monde de l’aviation engrange toujours de la connaissance et fait reculer la frontière de son ignorance de façon à ne plus vivre les mêmes accidents. L’avion est devenu le moyen de transport le plus sûr au monde en grande partie parce qu’il est le produit d’une industrie qui dissèque et étudie de façon clinique les causes des crashs de façon à annuler drastiquement l’occurrence meurtrière de ce qu’on sait déjà. Qu’en est-il de l’industrie politique camerounaise au regard du cas Monique Koumateke «un crash» de son système de santé? Qu’allons-nous retenir comme mesures fortes du régime en place après la communication gouvernementale axée sur le déni de sa responsabilité? La mort tragique de Monique Koumateke va-t-elle inspirer des réformes capables de sauver les pauvres et les gueux des morts évitables ou n’aura-t-elle été ni plus ni moins qu’une de plus qui prendra sa place dans le lugubre grenier des faits divers de la vie camerounaise de tous les jours ? Le silence des cimetières, état du monde post-funérailles, est-il la seule réalité que méritent Monique Koumateke, ses enfants et les Camerounais traumatisés? Que peut faire le régime en place pour montrer qu’il a positivement appris de ce drame et veut mieux s’occuper de la vie des Camerounais et des Camerounaises? Le CRESPOL propose ci-dessous quelques idées.

Santé publique: sortir de l’infirmité morale et politique pour enfin assumer ses responsabilités
«Punir» semble, en paraphrasant Michel Foucault, la seule compétence que le pouvoir camerounais maîtrise à merveille non avant les évènements mais toujours après ceux-ci.

Les Camerounais ne font très souvent l’expérience de la réalité du pouvoir en place que lorsque celui-ci réprime férocement une manifestation comme en février 2008, condamne les manifestants de façon expéditive, ou interdit la tenue d’une conférence jugée à contre-courant de son ordre politique. Le Renouveau National n’a pas dérogé à cette règle dans le cas Monique Koumateke.

Après une note ministérielle plus encline à déresponsabiliser le système de santé et le pouvoir qu’à la prise de conscience des multiples carences sous-jacentes au drame Koumateke, le pouvoir de Yaoundé s’est montré au monde et s’est fait voir aux Camerounais par l’arrestation de l’auteur du geste moins criminel que désespéré de sortir les enfants du ventre de la défunte. Ne surveillant pas avant pour améliorer après, tout se passe comme si punir a posteriori est la seule solution qui, par miracle, arrangera une situation qui reste pourtant identique à elle-même. La preuve en est que l’emprisonnement des détourneurs de deniers publics ne freine pas les ardeurs de ceux qui veulent continuer à le faire. Il est peu certain que punir après coup arrive à changer quelque chose dans un pays où on pille désormais l’Etat de façon hautement rationnelle en prenant soin que le montant de son butin soit largement supérieur au prix à payer sous forme de quelques années en prison. En refusant de comprendre les causes profondes du mal pour mieux surveiller et être à même de punir avec un effet bénéfique pour la société, le Renouveau National reste dans une infirmité morale et politique dont une des manifestations est le déni des réalités sociales et de responsabilité politique. La défaite morale fonde la défaite politique. On ne peut combattre des valeurs morales régressives profondément installées depuis 33 ans avec des peines de prison mais uniquement avec d’autres valeurs morales progressives et antinomiques. Le pouvoir est-il allé dans ce sens après l’évènement symbolique Koumateke?

Pas à notre connaissance car il a choisi le saucissonnage des causes du drame, une méthode au service du déni des réalités sociales et de responsabilité politique. Contrairement à l’industrie de l’aviation où les causes d’un crash ne sont jamais saucissonnées mais regroupées dans un enchainement de faits et de décalages qui donnent la chaîne causale complète et détaillée de l’accident, ce qui a préoccupé le ministre camerounais de la santé et son pouvoir était de dire que le gouvernement n’est pas responsable car Madame Monique Koumateke était morte avant d’arriver à l’hôpital Laquintinie de Douala. Là où l’industrie de l’aviation étudie cliniquement les causes à la fois endogènes à l’avion et exogènes du crash pour apprendre de l’accident et améliorer la sécurité dans l’avenir, le gouvernement camerounais a choisi de se laver les mains en disant que ceux qui meurent en dehors des murs de l’hôpital public ne sont pas de sa responsabilité. Cela est archi faux car c’est effectivement pleinement de sa responsabilité si être au pouvoir veut encore dire quelque chose dans notre pays. En voici la preuve analytique.

Les caciques du Renouveau National, adeptes des bilans partisans de leur règne, ne manquent jamais de brandir des statistiques dont celles du nombre d’hôpitaux et des centres de santé construits depuis 1982. Ils le font en oubliant que cela traduit deux faits politiques majeurs. D’abord, la croyance en l’action politique comme moyen d’améliorer la vie des Camerounais. Ensuite, l’affirmation que les hôpitaux et centres de santé construits par Paul Biya l’ont effectivement fait depuis 1982. Autrement, ils reconnaissent eux-mêmes que la santé physique, morale, psychologique et mentale d’une population dépend de ses conditions de vie générale dont les régimes politiques dirigeants ont la charge car un pouvoir est aussi un organe et une ressource facilitatrice des conditions de vie des citoyens dont il a la charge.

Dès lors, ne pas avoir accès, à l’instar de Mme Monique Koumatekel, aux consultations prénatales par pauvreté matérielle ou par absence de campagnes assidues de sensibilisation, ne pas avoir à sa disposition un service d’urgence fiable en cas de complication quelconque, arriver à l’hôpital dans la malle arrière d’un taxi par manque d’argent ou de moyens de transport publics adéquats ou être victime d’un vote censitaire dans l’accès aux soins de santé, sont des aspects qui engagent totalement la responsabilité politique d’un régime au pouvoir.

Les morts largement évitables des Camerounais et des Camerounaises pour cause de pauvreté sociale généralisée et de multiples carences institutionnelles ne tombent pas du ciel. Elles sont les produits d’une nécropolitique estampillée Renouveau National tout simplement parce que c’est lui qui en a la charge. Les recherches scientifiques prouvent que les politiques publiques progressives mises en place par les pouvoirs dans la lutte contre la pauvreté, les inégalités et les carences institutionnelles améliorent la santé sociale d’une population et son espérance de vie. Il est ainsi démontré de façon robuste que les sociétés moins inégalitaires et moins pauvres connaissent moins de malades mentaux, moins d’obèses, moins de suicides, moins de femmes mortes en couche, moins de bébés morts à la naissance, moins d’enfants délinquants, moins de mortalité infantile, moins de violence et moins d’assassinats crapuleux.

Le drame Monique Koumateke est un symbole sociopolitique national. C’est-à-dire un cas exemplaire qui, non seulement nous interpelle tous personnellement sur la misère qui baigne encore de nombreux frange de la société camerounaise, mais aussi, va au-delà de nous en montrant les carences institutionnelles abyssales qui caractérisent encore notre système de santé. C’est un cas qui, en lui-même, est une comptabilité sociopolitique et institutionnelle critique devant laquelle le gouvernement doit accepter ses responsabilités en sortant d’une infirmité politique et morale dont le but est de dire qu’il n’est responsable de rien alors qu’il est au pouvoir. Quand on est au pouvoir on est responsable de tout. Le reconnaître est le début de la solution car on assume par la suite ses responsabilités en faisant des réformes idoines. On ne fait par contre rien tant qu’on nie sa responsabilité.

Il faut instituer une évaluation périodique et sanctionnée des institutions et infrastructures sanitaires
Une note ministérielle laconique, défensive et conservatrice des acquis du pouvoir ne change rien à l’état du système de santé camerounais. Mêmement pour l’arrestation de celle qu’on considère désormais comme bouc émissaire d’une dégénérescence institutionnelle de longue date. Aujourd’hui même, une femme dans les même conditions sociales et de santé que Madame Monique Koumateke sera face aux mêmes carences institutionnelles et mourra parce que rien n’a changé et rien n’est prévu.

Une des choses à faire, si le pays veut prendre ce drame comme un laboratoire de réformes politiques, est d’instituer un système national d’évaluation périodique et sanctionnée de nos institutions et infrastructures sanitaires. Sous contrainte des normes internationales qui existent dans ce domaine, il est tout à fait possible, disons tous les cinq ans, de vérifier si les institutions et infrastructures de santé camerounaises sont aux normes requises. Ces évaluations périodiques doivent être accompagnées de sanctions positives pour les institutions sanitaires en cas de bons ou très bons résultats d’évaluation et de sanctions négatives sous forme d’exigence de remise aux normes requises en cas de résultats médiocres ou très mauvais. Si on se fie à ce que dit le Ministre camerounais de la santé, Mme Monique Koumateke était arrivée à l’hôpital de district de Nylon vers 8h-50 minutes. Ces hôpitaux de district et tous les centres de santé privés qui pullulent dans les quartiers populaires sont-ils aux normes requises ? Sous quels critères les autorisations d’installation et d’exercice de la médecine sont-elles accordées aux officines privées ou humanitaires?

Ce sont-là d’autres aspects qui doivent faire l’objet de contrôle et d’évaluations rigoureuses et périodiques car plusieurs Camerounais pauvres meurent encore suite à des erreurs graves tantôt humaines, tantôt dues à une absence de matériel adéquat, tantôt parce qu’ils ont affaire à de pseudo médecins qui n’ont pour seule spécialisation que la blouse blanche qu’ils portent. Fidel Castro se soigne à Cuba pas seulement parce que le pays s’est coupé du monde pendant longtemps, mais surtout parce que le système de santé cubain est excellent. A contrario, l’élite camerounaise ne se soigne pas au Cameroun. Les hôpitaux camerounais ont pour elle une pure fonction de transit vers l’évacuation sanitaire en Occident. Par conséquent, ce sont les Camerounais et Camerounaises pauvres qui, faute d’alternatives, s’y dirigent à leurs risques et périls. Prendre la santé de la masse au sérieux exige donc que les institutions et les structures sanitaires en deçà des normes requises soient mises aux normes et que celles qui sont un danger public en termes de santé publique soient fermées jusqu’à ce qu’elles soient mises aux normes requises.

Il faut une évaluation périodique et sanctionnée du personnel, de leur direction et des conditions de travail
Des institutions et des infrastructures sanitaires aux normes en matière d’équipements sanitaires ne valent rien si le personnel qui utilise lesdits équipements n’est pas à niveau. Elles peuvent même être plus dangereuses aux patients dans la mesure où des équipements performants pour soigner le sont tout autant pour tuer si l’expertise nécessaire à leur usage n’existe pas ou est de mauvaise qualité. La preuve en est que des erreurs de ce type existent même dans les pays dits développés. Par conséquent, l’évaluation périodique et sanctionnée des institutions et infrastructures sanitaires doit être complétée par une évaluation périodique et sanctionnée du personnel sanitaire. Celle-ci implique plusieurs aspects dont des colloques internationaux d’experts de différents domaines de la médecine, un programme nationale de formation continue pour des mises et des remises à niveau du personnel médical face aux nouvelles évolutions dans le secteur médical, des exercices de simulation pour jauger et éprouver la célérité et l’efficacité des interventions, et des enquêtes en caméras cachés pour prendre la main dans le sac ceux qui exigent un paiement préalable comme condition d’accès à tout soin.

D’autres mesures peuvent aussi améliorer le rendement du personnel sanitaire camerounais. C’est le cas des recours réels et rapides prévus par l’Etat camerounais aux malades ou aux familles de malades qui se retrouvent dans une situation de refus de soins par manque d’argent. Une note du ministre ne suffit pas. Elle ne peut servir à quelque chose que si celui ou celle qui se trouve dans cette situation de barrière à l’entrée aux soins faute d’argent, a un recours concret et d’une action réparatrice rapide de son cas. Quel numéro peut composer un Camerounais en zone urbaine face à un cas de maladie grave ou à des complications subites de celle-ci? Ceux qui reçoivent l’appel de détresse ont-ils une ambulance en état de marche? Ont-ils le nécessaire pour les premiers soins cruciaux dans la préservation de la vie? S’ils ont une ambulance en bon état de marche a-t-elle du carburant en permanence? Ce sont des choses banales qui peuvent sauver des millions vies dans nos zones urbaines.

Dans l’amélioration de ces conditions de travail du personnel médical il y a aussi l’estimation optimale du nombre de Camerounais par médecin. Ce taux de couverture médical est crucial car avoir trop de Camerounais pour un médecin est une condition de travail impossible dont les effets négatifs rejaillissent sur les citoyens et les médecins eux-mêmes dans une sorte de cercle vicieux duquel la santé publique perd en qualité. Dans un pays qui parle des « grandes ambitions», une qui aurait socialement du sens serait de diminuer le nombre de Camerounais et de Camerounaises à la charge d’un seul médecin. Une façon de le faire, puisque notre pays est en croissance, peut être de faire venir au Cameroun plusieurs médecins camerounais et camerounaises des diasporas afin qu’ils viennent travailler au Cameroun. Il y aurait certainement des candidats à condition que l’Etat les attire via des mesures incitatives extrinsèques comme des facilités administratives et un effort salarial pour un travail aussi noble. Il y aura certainement plusieurs candidats car les motivations intrinsèques à savoir la satisfaction morale de soigner ses compatriotes existent aussi en dehors des motivations extrinsèques purement financières.

Quid de la médecine chinoise? Quid des cliniques privées? Ces médecine sont -elles évaluées au Cameroun? Si oui suivant quels critères et quelles sont les sanctions des évaluations? Tout ce qui concerne directement la santé publique comme les institutions chinoises, cliniques et publiques de cette médecine doivent être mises en examen par des évaluations périodiques et sanctionnées dont le but est d’abord d’avoir un état de lieux sanitaire nécessaire à la prise de décisions informées.

Il faut une évaluation périodique et sanctionnée des produits médicamenteux à la disposition des Camerounais
Une fois les infrastructures et le personnel évalués de façon périodique et sanctionnée, le tour n’est pas fait. Il faut aussi une évaluation périodique et sanctionnée des produits médicamenteux qui sont utilisés pour soigner les Camerounais et les Camerounaises. Les institutions et le personnels peuvent être au top mais tout cela devient nul et de nul effet si les produits médicamenteux ne sont pas fiables et s’avèrent être plus dangereux que les maladies dont souffrent les patients. Encore une fois, il ne faut pas perdre de vue une approche globale du problème de santé publique camerounais car si l’automédication se répand via des produits médicamenteux douteux vendus dans des échoppes de quartiers populaires, de façon ambulante ou même parfois dans nos pharmacies, c’est parce que la pauvreté et les inégalités s’approfondissent et excluent la masse démunie des produits médicamenteux de qualité. La première façon d’améliorer la santé publique dans un pays est de mettre en place des politiques publiques qui améliorent les conditions générales de vie. Si la pauvreté recule, la demande pour des produits médicamenteux douteux va disparaître car les Camerounais et les Camerounaises auront le choix, grâce à un meilleur pouvoir d’achat, entre des produits médicamenteux d’origine douteuse et ceux dont la traçabilité est claire et la qualité scientifiquement établie. Arriver à bouter hors du Cameroun les trafics des médicaments douteux et dangereux doit donc se faire sur deux volets au moins : la répression de ceux qui se livrent à ce commerce dangereux et surtout l’amélioration des conditions de vie générales des populations afin de faire disparaître la demande et de tuer ainsi l’offre.

Notre pays a beaucoup régressé à ce niveau. Il me souvient, ayant fait mes études primaires dans village du Sud du Cameroun que des équipes médicales faisaient le tour des écoles primaires dans les années 1980 pour vacciner et consulter. Il me souvient aussi, étant fils d’un camerounais médecin, que celui-ci avait dans son agenda de travail ce qu’il appelait affectueusement la tournée médicale rurale. Celle-ci consistait à mener l’hôpital vers les paysanneries camerounaises et les villageois qui, suivant un calendrier bien communiqué et arrêté à l’avance, recevaient ainsi gratuitement consultations, soins et médicaments. Il me souvient aussi qu’il suffisait qu’on présente une ordonnance prescrite pas un médecin pour que le pharmacien de l’hôpital nous donne gratuitement tous les produits prescrits. Il me souvient enfin que dans la ville d’Ebolowa – où je suis allé au collège par la suite – il existait de multiples bornes fontaines publiques qui distribuaient gratuitement l’eau potable aux Camerounais en évitant ainsi une grande part des maladies liées à la consommation d’une eau non potable. Il faut reconnaître, étant donné que ces souvenirs sont des réalités tangibles et vérifiables dans années 1980, que notre pays est moins bien organisé aujourd’hui sur le plan de la santé publique qu’il ne l’était à cette époque-là. Pouvons-nous essayer de retrouver ce niveau-là en ce moment ? Au moment où on ne parle que d’émergence économique, il est peut-être urgent que l’Etat camerounais se rappelle que l’accès continu de tous les Camerounais à l’eau potable est déjà la première mesure de santé publique à rendre effective avant la construction des marchés performants.

Assurer la formation continue des accoucheuses traditionnelles et d’autres auxiliaires de santé publique
Ce ne sont pas seulement les zones urbaines qui doivent bénéficier d’un plan global de reformatage du système camerounais de santé publique. Les zones rurales très souvent mal loties en institutions et infrastructures sanitaires de qualité doivent aussi faire partie de la réflexion globale. Les conditions de vie et la santé de la population urbaine d’un pays a des effets sur les conditions de vie et la santé de sa population rurale et vice versa. Autrement dit, des externalités réciproques existent et peuvent être positives ou négatives entre les populations urbaines et rurales. Cependant, comme déjà signalé, ce sont les conditions de vie qui comptent en premier : une population rurale pauvre et en mauvaise santé générale devient, si on prend l’exemple des dons de sang, une source de dangers potentiels si ces dons de sang ne font pas l’objet d’un contrôle rigoureux. Le sont-ils au Cameroun ? Suivant quel protocole ? Une population urbaine alcoolique, droguées et malade peut aussi être un danger dans le même domaine pour la population totale du pays. Aucune élite camerounaise, d’après quelques camarades de lycée aujourd’hui médecins, n’accepte une transfusion sanguine dans un hôpital camerounais ! Pourquoi ? Sans vous faire un dessin, le risque doit être très grand de le faire. Les pauvres peuvent-il l’éviter ? Nous savons tous que non.

En dehors des conditions d’accès aux centres de santé à améliorer en zones rurales, il est également fondamental d’assurer la formation continue des accoucheuses traditionnelles dont l’importance n’est plus à démontrer dans nos contrées où des millions de Camerounaises donnent la vie sans visites prénatales grâce à elles. Nul n’ignore que nos villages regorgent d’accoucheuses traditionnelles de talent aux qualités exceptionnelles acquises par l’expérience et la pratique. Il serait très porteur pour la santé publique camerounaise en zone rurale que ces accoucheuses traditionnelles bénéficient aussi des formations continues afin qu’elles puissent ajouter d’autres connaissances modernes à leur expertise traditionnelle acquise sur le tas. Ces accoucheuses traditionnelle, tant que notre pays reste à un faible niveau de développement, sont des femmes ressources irremplaçables dont le capital humain est à renforcer par une politique publique intelligente.

Il en est de même des guérisseurs traditionnels qui, en dehors des cas de pur charlatanisme, ont une connaissance exceptionnelle de la pharmacopée traditionnelle camerounaise. La forêt et la nature camerounaises en général regorgent de produits médicamenteux d’une redoutable efficacité dont ils maîtrisent la connaissance. Mettre en place des équipes scientifiques qui travaillent avec les guérisseurs traditionnels dans l’établissement d’une banque de données nationale d’arbres, d’herbes, de racines, de fruits, de potions et des éléments chimiques qui en assurent l’efficacité est à entreprendre pour construire une autonomie médicamenteuse relative du pays à long terme. Des pays comme le Bénin font travailler ensemble guérisseurs traditionnels et médecins modernes depuis longtemps pour améliorer la couverture vaccinale. Le système de santé béninois, conscient de la crédibilité de la parole des guérisseurs traditionnels au sein de la population rurale souvent peu éduquée, utilise cette crédibilité pour les campagnes nationales de vaccination. Autrement dit, ce sont les guérisseurs traditionnels y ont aussi désormais la charge de demander aux populations qui les consultent d’aller se faire vacciner en assurant ainsi le service après vente des campagnes publiques de vaccination.

Pour ne pas conclure
Le Cameroun, nous le dit-on, est en plein chantier pour l’émergence économique en 2035. A quelque chose malheur est bon car le drame Koumatekel nous remet les pieds sur terre. Il nous rappelle à quel niveau est encore notre pays en termes de développement social, de développement humain et de conditions générales de sécurité humaine. Nous sommes encore au bas de l’échelle. Dans ces conditions, la première émergence à chercher est celle des conditions de vies générales améliorées, première condition à remplir pour construire la santé collective d’une population par diminution des externalités négatives de la pauvreté sur la santé publiques, les institutions et les infrastructures sanitaires. Le CRESPOL a proposé ici quelques idées. Elles ne consistent nullement à dire que des erreurs et des morts évitables n’existeront plus jamais au Cameroun si elles sont mises en application mais, le risque zéro n’existant pas dans une uvre humaine, que les erreurs, les carences et les morts évitables seront drastiquement réduites si nous les mettons en place. L’erreur fatale à ne pas commettre pour le Cameroun est d’oublier de construire une émergence économique sous contrainte des objectifs de développement social et humain du pays. Autrement dit, faire le contraire revient à vider l’émergence économique de sa dimension sociale et donc à s’écarter des objectifs de développement humain.

Cela dit, les chantiers ouverts ici et là, la coopération au développement, l’Etat, la société civile et les multinationales en coopération avec l’Etat camerounais doivent avoir au centre de leurs plans au Cameroun une meilleure vie des populations. C’est au régime en place de placer la santé publique au centre de son programme d’émergence via un plan global d’action, c’est à lui de prendre ses responsabilités.

Paix à l’âme de Mme Monique Koumateke. Le CRESPOL espère que sa mort servira à quelque chose de positif pour l’avenir.


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Cameroun: ce que révèle la mort tragique d’une mère et de ses jumeaux dans un hôpital

Par Yann Gwet, Entrepreneur et essayiste camerounais

Dimanche 13 mars, une vidéo d’une rare violence a circulé sur les réseaux sociaux camerounais. Elle montrait une femme enceinte, couchée sur le parvis d’un hôpital, et dont le ventre était ouvert au scalpel par une autre femme, manifestement désespérée, qui en extirpait deux f tus.

L’onde de choc s’est rapidement propagée dans tout le pays. Très vite, les premières rumeurs ont circulé, qui toutes mettaient en cause le personnel médical de l’hôpital, accusé tour à tour de négligence, d’inhumanité, de cupidité. Des proches de la défunte ont expliqué à la télévision camerounaise avoir agi pour sauver les deux enfants qui bougeaient encore dans le ventre de leur mère face à un personnel médical inactif.

Une marche pacifique s’est tenue dans l’après-midi à Douala pour réclamer la vérité sur cette «affaire». Elle a été réprimée par la police.

Raisons coutumières
Le lendemain, répondant à la pression populaire, le ministre de la santé a donné sa version des faits dans un communiqué officiel: la famille de Monique Koumaté, 31 ans, enceinte de jumeaux, aurait eu la mauvaise idée de transporter, qui plus est dans la malle arrière d’un taxi, un cadavre à l’hôpital Laquintinie de Douala. Sur place, le personnel médical aurait donc constaté le décès de la patiente et procédé aux démarches d’usage. Mais la nièce de la défunte aurait tout de même entrepris d’ouvrir le ventre de sa tante, pour des raisons coutumières: il est interdit d’enterrer une femme enceinte avec son f tus.

La version du ministre est plausible. Après tout, les coutumes sont en effet tenaces dans nos pays, et elles conduisent quelquefois à des comportements irrationnels. Sauf que M. André Fouda, ministre de la santé, ne peut être audible, car il y a belle lurette que les pouvoirs publics ont perdu toute légitimité au Cameroun. Pour la majorité de la population, un ministre camerounais, ça ment et ça vole, c’est tout. Et donc ce «scandale» révèle d’abord le profond discrédit qui frappe la classe politique camerounaise.

Ensuite, la réaction ministérielle a une nouvelle fois illustré l’abîme qui sépare une élite corrompue d’un peuple désabusé. Dans cette affaire, les faits ont une importance relative. Ils n’expliquent pas la réaction populaire. La vidéo montre un acte effroyable. Si les faits étaient à l’origine de l’émotion suscitée par ce film, alors une partie de l’opinion aurait condamné l’auteur de cet acte. Or la colère de la population avait une cible unique : le corps médical.

Inhumanité, violence et malheur
Ce qui s’est passé est simple : les Camerounais se sont insurgés contre une réalité, celle du système de santé de leur pays, et non contre un fait particulier. Autrement dit, ce qui importe dans cette histoire, et qui permet d’expliquer la réaction populaire, est que la scène à l’origine du scandale s’est produite au sein d’un hôpital.

Or, en se contentant de dire sa vérité, le ministre Fouda affichait son incompréhension de la psychologie populaire et du même coup son mépris de la réalité camerounaise, creusant davantage le fossé entre un peuple aux abois et un régime arrogant. Il est à noter à cet égard que le président camerounais, absent du pays, n’est rentré que lundi après-midi au Cameroun.

Quelle est donc cette réalité que le responsable politique cachait sous le tapis des « faits » ? En 2016, des hommes et des femmes meurent tous les jours dans les hôpitaux camerounais parce qu’ils doivent acheter sans en avoir les moyens leur propre seringue ou leur propre flacon d’alcool. En 2016, des hommes et des femmes meurent tous les jours dans les hôpitaux camerounais parce que la fourniture du courant électrique a été interrompue et que les groupes électrogènes, lorsqu’il y en a, ce qui est rare, manquent de carburant. En 2016, des enfants fiévreux sont rejetés des hôpitaux camerounais parce que leurs parents n’ont pas les moyens d’acheter un thermomètre. En 2016, des bébés sont volés à leur mère dans les hôpitaux camerounais sans qu’aucune enquête sérieuse ne soit diligentée. En 2016, les hôpitaux camerounais sont, en somme, des lieux d’inhumanité, de violence et de malheur.

En état de mort clinique
La vidéo de Monique Koumaté a cristallisé la colère de tout un peuple contre un régime dont la mauvaise gestion détruit massivement des vies humaines tous les jours. Le délabrement du système de santé du Cameroun a été le véhicule de ce cri du c ur. Mais c’est tout le pays qui est en état de mort clinique depuis plus de vingt ans, pris en otage par une majorité de politiques et de fonctionnaires irresponsables.

Les réactions se sont multipliées depuis dimanche, elles se poursuivront. Elles ne provoqueront aucun changement immédiat, mais sont néanmoins importantes pour deux raisons.

La première est qu’elles témoignent de ce que le peuple camerounais est encore capable de s’indigner, et donc qu’il n’est pas mort. La deuxième raison est qu’à l’heure où, dans le pays, les voix du statu quo multiplient les appels à la candidature du chef de l’Etat à l’élection présidentielle de 2018, un front populaire semble se lever, qui exprime une volonté ferme de changement. Et si, en réalité, le scandale Koumaté marquait le coup d’envoi de la campagne présidentielle? Son thème, le seul possible et le seul souhaitable: la reconstruction totale de l’Etat camerounais.

Yann Gwet
Twitter.com / Yann Gwet)/n

Affaire Koumateke: Roger Milla dément avoir lancé un appel à la mobilisation

L’ancien footballeur camerounais accuse des individus d’avoir usurpé son identité sur Facebook et certains médias publiant sur Internet

Roger Milla est vexé. Dans un communiqué de presse publié aujourd’hui et signé le 14 mars, l’ancien footballeur camerounais s’indigne de certains appels lancés en son nom, en faveur d’une «mobilisation autour de l’hôpital Laquintinie de Douala». L’établissement hospitalier est la cible de nombreuses critiques, qualifiés de non fondées par le ministre de la Santé, après l’éventrement d’une femme enceinte (Monique Koumateke) samedi en plein air par une de ses proches pour en sortir des f tus.

«Moi Albert Roger Milla, viens de découvrir qu’il y a des personnes non habilitées qui sont titulaires des comptes Facebook, des sites web, et autres médias Internet au nom de Roger Milla ou Albert Roger Milla, se font passer pour moi», dénonce l’ambassadeur itinérant.

Le «vieux Lion indomptable» assure ainsi «n’être titulaire d’aucun compte Facebook, Twitter, Whatsapp, ou site Internet» en son nom en dehors de ceux «à l’usage exclusif» de sa Fondation (C ur d’Afrique – Fondation Roger Milla).

Plus vieux buteur des Coupes du Monde de la FIFA (avec un but inscrit à 42 ans), Roger Milla indique «avoir porté plainte contre X lundi 14 mars 2016 auprès des instances judiciaires du Cameroun».

Copie d’écran d’un compte Facebook attribué à Roger Milla. Réalisée le 15 mars 2016
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Mort de Monique Koumate: «le corps avait déjà été convoyé à la morgue», assure le Dr. Essaga

Selon le directeur de l’hôpital de district de Nylon, la parturiente filmée à l’hôpital Laquintinie samedi avait d’abord été conduite dans sa structure, morte

Le Dr. Clément Njié Essaga, directeur de l’hôpital de district de Nylon, vient conforter la thèse défendue par le ministre de la Santé publique, sur la polémique née samedi, après la diffusion d’images d’une femme enceinte et éventrée par une de ses proches à l’hôpital Laquintinie pour en faire sortir les f tus. Pour le directeur de l’hôpital de district de Nylon, qui a réagi sur la radio publique nationale ce lundi au journal de la mi-journée, la patiente a d’abord été conduite dans la structure qu’il dirige samedi, 12 mars, aux alentours de 08h00, décédée, avant d’être transportée à l’hôpital Laquintinie.

«La défunte est passée dans notre formation hospitalière. Et c’est de la morgue de l’hôpital de district de Nylon qu’elle est partie pour l’hôpital Laquintinie. Tout s’est passé à partir de 08h45 (samedi 12 mars 2016, ndlr). Le médecin de garde a fait le constat de décès que le corps avait été déjà convoyé à la morgue. Mais la famille, probablement, avait des doutes ou des suspicions et a trouvé qu’elle pouvait aller à Laquintinie», a déclaré le Dr. Clément Njié Essaga. Une version qui pourrait dédouaner les responsables de l’hôpital Laquintinie dont le Minsanté a assuré mordicus qu’ils n’avaient rien à voir dans le décès de dame Monique Koumate.

Le directeur de l’hôpital de district de Nylon dédouane les responsables de l’hôpital Laquintinie de Douala
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Décès de Monique Koumate: les explications du ministre de la Santé

André Mama Fouda a donné un point de presse dimanche, 13 mars, sur l’ouverture du corps d’une femme enceinte à l’hôpital Laquintinie de Douala. L’intégralité de son propos

« Dame Monique Koumaté, âgée d’une trentaine d’années, avait déjà eu trois enfants, elle avait une quatrième grossesse. Elle s’est présentée dans un centre médical le 11 mars. Sa grossesse était déjà d’un peu plus de cinq mois. Elle n’a pas suivi les premières consultations. Dans ce centre de santé, un certain nombre de bilans lui ont été demandés. Elle a reçu le traitement préventif intermittent et tout semblait normal sauf qu’on n’a pas décelé que c’était une grossesse gémellaire, c’est-à-dire qu’elle avait des jumeaux puisqu’elle n’avait pas fait d’échographie. Elle décède le 11 mars. Pour l’instant, nous ne pouvons pas dire si elle est décédée à domicile, si elle est décédée chez quelqu’un d’autre ; mais en tout cas, nous avons ses traces dans un hôpital public vers 08h.

En effet, à 08h00 du matin hier (samedi 12 mars 2016, ndlr), sa famille arrive avec elle, elle est malheureusement dans la malle arrière d’un taxi. Ils arrivent à l’hôpital de district de Nylon. La famille sait très bien qu’elle est déjà décédée et la famille demande au personnel médical de Nylon si on peut ouvrir pour pouvoir enlever les f tus parce que dans les traditions de cette famille-là, une maman ne doit pas partir avec des f tus dans le ventre. Bien entendu, le personnel médical de l’hôpital de district de Nylon leur a fait comprendre que cet acte n’était pas usuel et qu’il valait mieux référer à un hôpital de niveau supérieur. Ils ont donc continué avec dame Koumate dans le même taxi et ils sont arrivés vers 10h00 à l’hôpital Laquintinie.

Aux urgences, où ils se sont présentés, ils n’ont pas descendu la dame. Un Monsieur est descendu et a dit : «nous avons une femme enceinte qui est dans un état compliqué». La personne qui les a reçus, une étudiante de 7ème année, leur a dit : «allez vite à la maternité». La maternité est à proximité de la morgue. Ils sont arrivés, ils se sont d’abord trompés, ils sont allés à la morgue. La morgue leur a dit : «voilà la maternité qui est à côté». Ils sont arrivés, la sage-femme est sortie avec le major de la maternité. C’est là qu’elle a vu qu’on a ouvert la malle arrière et il y avait une femme couchée, la tête à moitié enveloppée d’un linge. Ils ont immédiatement constaté que les pupilles étaient déjà à mydriase aréactive. Ils ont constaté qu’il n’y avait plus de pouls carotidien, ni de bruit du c ur maternel et f taux. Ils ont dit à la famille : «vous nous avez amené quelqu’un qui est déjà décédé, il faudrait aller à la morgue».

Ils sont donc partis à la morgue, encore en taxi, à côté et là on a le jeu trouble du morguier qui, peut être, en voulant sortir le corps, dit : «ça semble bouger.» Mais vous savez bien que le f tus est dans un liquide. Comment peut-il imaginer que plus de 4h après le décès, un f tus puisse encore être vivant ? Parce que c’est la mère qui fait vivre le f tus. Dès le moment où la maman est décédée, un f tus ne peut plus vivre. Et le morguier dit : «sauvons le f tus.» Ils retraversent avec le taximan pour aller à la maternité. De nouveau, les sages-femmes disent : «mais non, notre rôle c’est d’accoucher, ce n’est pas une personne qui est déjà décédée.» Entretemps, la gynécologue de garde est en pleine opération de césarienne, donc ne peut pas sortir. Les sages-femmes leur disent: «comme vous demandez maintenant de sortir les f tus, il vaudrait donc mieux aller aux urgences. Là le médecin verra, peut être avec le reste de l’hôpital, ce qu’il y a lieu de faire.»

C’est là qu’on ne sait pas ce qui a traversé la tête d’une dame qui accompagnait ce couple. Au départ, elle s’était présentée comme une belle-s ur mais non ; il apparaissait qu’il n’y avait aucun lien de parenté. Mais cette dame était avec le couple depuis la matinée. Et c’est cette dame donc qui, avec un instrument tranchant, on parle de lame de bistouri, a décidé d’ouvrir le ventre. Cette famille a immédiatement fait un cordon, parce qu’entretemps la sage-femme et le major ont commencé à appeler la guérite de l’hôpital où il y a un poste de police et des vigiles. Au moment où la police de l’hôpital arrivent, cette dame avait déjà ouvert le ventre et sorti les f tus pour les poser sur la poitrine de cette maman.

Mesdames et messieurs, c’est un acte regrettable. Dand un premier temps, on a dit hier qu’on a demandé une caution. Il n’y avait pas un problème de caution. On a parlé qu’il y avait un problème de négligence médicale, il n’y avait pas de négligence médicale, il y a seulement un acte horrible à la fin. Parce que morte, la femme qui a ouvert le ventre n’a pas le droit de disséquer quelqu’un. Elle n’avait pas cette qualité, et dans tous les cas, dans la dignité humaine, ça ne se fait pas. Pour l’instant, les services de gendarmerie et de police ont mis en garde à vue la sage-femme, le major, le morguier et bien entendu la sage-femme qui a commis cet acte horrible que vous avez tous suivi. Je voulais donc rassurer les uns et les autres que le gouvernement suit de très près ce dossier, le gouvernement est choqué par cet acte, le gouvernement est très gêné et surtout perturbé quand il s’agit de la perte d’une femme qui est en train de donner vie à un enfant. Mais le gouvernement souhaite que, maintenant que vous tous vous connaissez la réalité, qu’on attende la fin du process mais que les images qui circulent ne perturbent pas ceux qui les reçoivent parce que ce sont des images qui ne sont pas du tout bonnes.»

André Mama Fouda, le ministre de la Santé publique du Cameroun
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Affaire Monique Koumate: manifestation annoncée le 19 mars à Bruxelles

Par le Mouvement de février 2008

Affaire Monique Koumate: une grande manifestation annoncée le samedi 19 mars prochain à Bruxelles

Camerounais, amis du Cameroun, mères, filles, jeunes ,les associations socioculturelles la société civile, les partis politique, les amis de la diaspora africaine ,les organisations des droits des enfants et de la femme, les leaders d’opinions… le Mouvement de Février 2008 au Cameroun tient à vous informer que la conférence de clôture de la 8ième semaine des martyrs, initialement prévue à Bruxelles le 19 mars prochain a été annulée pour des raisons que nous savons tous avec le triste spectacle qui a eu lieu dans la journée du 12 mars devant la maternité de l’hôpital Laquintinie à Douala au Cameroun.

Un drame est survenu ce 12 mars à l’Hôpital Laquintinie à Douala. Madame Koumate Monique âgée de 31 ans a perdu la vie en voulant en donner. Les deux enfants qu’elle portait n’ont pas survécu après une intervention de sa nièce devant l’hôpital faute de personnel adéquat. Ce drame est la parfaite illustration du mépris que ceux qui nous gouvernent ont pour la vie des Camerounais .

Chers compatriotes, personne n’est dupe. Il y a des jours comme ça où l’imposture s’écroule. La décrépitude des structures sanitaires , la corruption, les manquements professionnels du corps médical tuent les vies humaines. C’est tout le système hospitalier entretenu par nos dirigeants actuels qui a longtemps tué en silence qui est mis à nu. Et personne ne doit nous distraire !

De ce fait, vous êtes tous invités à la Grande manifestation que le Mouvement de Février 2008 au Cameroun avec la collaboration de plusieurs autres associations socioculturelles camerounaises et Belges le Samedi 19 mars 2016 à 15h devant les locaux abritant les services de l’ambassade du Cameroun sis au numéro 131, Avenue Brugmann à 1190 Bruxelles pour dénoncer la situation désastreuse des urgences et de la prise en charge médicale au Cameroun

Il est temps de dire non à cela. Non à l’injustice, non à la paupérisation et à l’abandon de l’Etat camerounais des ses fonctions régaliennes

Venez tous le samedi 19 mars 2016 munis d’une bougie pour dire: Plus Jamais ça

Où: Au 131,Avenue Brugmann à 1190 Bruxelles (Ambassade du Cameroun)

Heures: de 15 à 17 heures

NB: La manifestation sera bel et bien silencieuse, non violente et pacifique


Mouvement de février 2008)/n

Décès de Monique Koumate et de ses deux enfants: trop c’est trop!

Par Kah Walla, Présidente du Cameroon People’s Party (CPP)

Ce dimanche 13 mars 2016, un jour après le décès tragique des compatriotes Monique Koumate et ses enfants, nous nous sommes associés à l’ensemble des Camerounais / es indignés par ce décès pour dire: Stop! Trop c’est trop! Ca suffit!

Nous ne pouvons pas continuer ainsi.

Nous devons tout mettre en uvre pour nous débarrasser d’un système de gouvernance qui est disqualifié pour apporter des solutions aux problèmes fondamentaux des Camerounais/es.

Nous avons une pensée pieuse pour MONIQUE KOUMATE, ses ENFANTS et ses proches. Nous sommes révoltés car ce qui lui est arrivé est insupportable, inadmissible et révoltant. Hier c’était elle. Si nous ne voulons pas que demain ce soit nous ou l’un de nos proches, nous devons agir !

Le CPP félicite les citoyens et les citoyennes qui ont exprimé clairement et pacifiquement leur indignation.

Nous devons transformer cette indignation, cette colère en une action soutenue et constructive pour obtenir que cesse, dans ce pays, ce scandale permanent d’un système qui nous réprime, nous asphyxie et nous tue tous les jours.

Nous devons dire activement STOP! CA SUFFIT! TROP C’EST TROP! TOURNONS LA PAGE!

Kah Walla
Facebook.com/kah.walla)/n

Cameroun: y a des moments de la vie où on a honte de son pays!

Par Cédric Christian Ngnaoussi Elongue, Enseignant / Blogueur

Le monde devient immonde

Comment concevoir qu’en plein 21ème siècle des femmes puissent encore mourir dans des hôpitaux publics en présence de médecins tout simplement parce qu’elles ne possèdent pas les fonds pour assurer leur soin ? Imaginez le désespoir de cette s ur qui voit sa s ur agoniser sous ses yeux? Imaginez la peur et la terreur qui l’habite lorsqu’elle découvre la vie qui s’échappe silencieusement de sa s ur venu donné la vie? C’est cette terreur qui l’a dynamité, l’a métamorphosé et l’hypnotisa au point qu’elle se mit à opérer sa tante à l’aide d’une lame? Imaginez la douleur de Monique déjà inconsciente de se voir déchirer par une lame de la main tremblante de sa nièce? Imaginez la douleur lancinante qui frappa cette nièce de voir sa tante et ces deux bébés innocents mourir sous ses yeux? Est-ce un crime d’être pauvre? Choisis-t-on de naître dans une famille pauvre ou dans une famille nantie? L’humanisme a t’il décampé de nos sociétés pour céder la place au matérialisme? L’intérêt devrait-il supplanter l’être ? Où sont passés les valeurs de solidarité et de partage reconnues aux cultures africaines? La société camerounaise et le monde en général se pervertis?

J’ai mal de savoir que l’argent ait autant pris le dessus sur nos valeurs éthiques et morales. La vie est une valeur suprême et sa préservation n’a pas de prix. Que les médecins qui ont refusé de prendre soin de cette femme enceinte en détresse aient honte! Qu’ils soient même destitués de leur corps de métier car la déontologie médicale ne le permet pas. Ils ont trahi le serment d’Hippocrate pour devenir des HYPOCRITES!

C’est bien vrai qu’ils tenteront de trouver des excuses et rejetteront tout sur l’Etat mais comme l’a déclaré André Brink pour le cas de la violence ségrégationniste des noirs sud-africains : la douleur n’a point de prix, ni d’excuse ni de justificatif. Aussi lourde que pourra être la peine qui pourra être attribué au corps médical de l’hôpital Laquintinie (si à jamais cela était fait), cela n’effacera point la peine de cette famille. Cela n’effacera point la haine de cette nièce vis à vis de l’Etat, vis à vis de la société, vis à vis des Hommes.

La mondialisation ne fait qu’accroître les disparités socio-économiques entre les individus. Pendant que ma s ur Monique Koumate meurt ainsi, certaines se permettent de gaspiller les deniers publics en payant des courses de taxi à 400$, en fréquentant des universités internationales dont les coûts proviennent des caisses nationales… Je ne peux point énumérer ici les dérives économiques réalisés par les concussionnaires camerounais qui sont en partie indirectement responsable de cette tragédie. Mais étant donné que le poisson ne pourrit qu’en passant par la tête, nous ne pouvons que nous retourner vers le Chef de l’Etat afin de lui demander des comptes.

Que sont devenus les programmes de gratuité pour l’accouchement qui ont pendant longtemps été vantés sur nos médias? Existe-t-il des mesures d’accompagnement, d’évaluation et de suivi des différentes politiques sanitaires lancées par le gouvernement ? Que des lois puissent être instituées pour punir très sévèrement les médecins qui manqueraient à leur éthique professionnelle. En Allemagne par exemple, on retrouve des pancartes régulièrement mises à jour qui recensent le nombre de morts attribué à un médecin. Ces pancartes sont fixées à l’entrée du Bureau de chaque médecin afin de les conscientiser et amener le citoyen à se diriger vers un médecin en connaissance de cause.

Vivement qu’un programme d’assurance maladie national puisse être mis sur pied. Le Régime d’Assurance Maladie Universel (RAMU) qui permettra de mutualiser les efforts pour venir en aide aux personnes nécessiteuses puisse être rapidement mis en place. La médecine est un secteur clé pour le progrès de notre pays vers l' »émergence ». Quatre des objectifs du Millénaire pour le Développement y sont consacrés. L’on devrait être très sélectif et méticuleux dans le choix de nos médecins car ils ont entre leur main, la santé et partant une part du bien être de toute la Nation. Des critères d’évaluation éthique doivent être rigoureusement mis en place et surtout suivi.
À l’instant où j’écris ce billet, je ressens une profonde douleur qui se mue en révolte muette au fond de mon c ur et pour une fois Alors vivement que de pareilles tragédies ne se reproduisent plus !


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Le ministère de la santé «publique» impose la mort aux Camerounais pauvres

Par Man Bene

Il n’existe plus de sens logique au Cameroun. Depuis de nombreuses années, la norme est inversée. Pour preuve, l’unique ambition sérieuse, pour le régime actuel, c’est de rester au pouvoir. Pour ce faire, il faut organiser des marches de soutien à un système séculaire, demander l’anticipation des élections présidentielles ou appeler à la candidature d’un homme-dieu à ce qui sera, une fois encore, un simulacre de vote. En l’état actuel du décentrement de la question sociale dans le profilage de la politique de gestion collective des droits des citoyens, il n’est donc pas surprenant de constater que le peuple, dans son quotidien, ne soit pas pris en compte.

En effet, ce 12 mars 2016, l’hôpital Laquintinie de Douala, au-delà des habitudes de scènes et événements rocambolesques ayant cours dans cette institution sanitaire, une femme y perd la vie avec ses jumeaux dans le ventre. Cela se passe devant l’indifférence et le cynisme du personnel travaillant aux urgences ce jour-là. Pour comprendre la gravité rare de ce qui s’est passé, il faudrait peut-être redonner aux mots leur importance et par là toute la mesure de leur signification.

D’ailleurs, les mots ont-ils encore du sens au Cameroun ?
Un pays qui a sacrifié les concepts de «rigueur» et de «moralisation» sur l’autel du profit et du nombrilisme, sait-il encore que l’hôpital est un lieu où on fait tout pour sauver des vies ? Sait-on encore au Cameroun que le mot hôpital vient du latin «hospitalis» qui signifie à l’origine un «établissement où l’on reçoit gratuitement des pauvres, des infirmes, des enfants, des malades.» Le Robert précise même que l’hôpital est «un établissement où l’on recevait les gens sans ressources, pour les entretenir, les soigner». Cette acception du mot justifie, par la suite et à juste titre, qu’on parle d’ «hospitalité» ou d’ «hospitalisation» car il y a bien, dans ces deux mots, les idées successives de refuge, réception, logement, accueil qui sont ici mises en valeur.

L’hôpital accueille ainsi des personnes (malades) dont la santé nécessite une prise en charge plus ou moins rapide. Entre autres services dans un hôpital, il y a, naturellement, celui des urgences. Au Cameroun où les mots ne veulent plus rien dire, sait-on encore que «urgence» vient aussi du latin «urgens», dont le verbe « urgere » signifie «pousser», «presser»? Selon la situation du malade, le placement aux urgences impose au personnel médical la diligence car tout retard hypothèque le pronostic vital du patient et l’entraîne à la mort.

Malheureusement, c’est ce qui est arrivé à Douala samedi dernier. Personne n’a compris que la jeune femme enceinte qui arrivait à l’hôpital pour y accoucher était bien dans un lieu où on se soucie a priori de la vie. Et que ce lieu qu’elle avait choisi avait un service d’urgences où la prise en main du patient s’accommode mal des questions pécuniaires à devoir régler en premier. Personne n’a compris que la vie de cette femme était rattachée à la survie des jumeaux qui devaient naître si tout se passait comme dans une République normale.

N’en déplaise à certains, dans cette République justement, rien ne se passe (plus) normalement. La grande indifférence du personnel hospitalier (devant cette dame apparemment démunie et incapable de payer les frais exigés absurdement par les agents de l’hôpital) a suffi pour organiser la scène d’un crime administratif. On ne reviendra pas sur les supplications qui n’ont fait démordre personne ; sur les images accablantes qui circulent sur Internet pour dire avec gravité le seuil de l’ignominie qu’on a atteint dans la mentalité camerounaise. On se passera de commentaires sur l’initiative finalement désespérée de cette femme (improvisée dans le rôle de chirurgienne locale) pour tenter de sauver au moins les enfants. On ne rappellera pas assez que tout cela a cours dans l’enceinte d’un établissement supposé être public et où exercent des professionnels supposés avoir la conscience du service élémentaire à rendre.

On ne peut, par conséquent, comprendre un tel degré d’inhumanité dans les pratiques entretenues par cette administration hospitalière meurtrière. Que pour une fois, le pouvoir central prenne les décisions qui s’imposent pour tenir en laisse les responsables d’une telle scène macabre. Que la vie redevienne le souci absolu et que l’hôpital demeure un sanctuaire rassurant pour les malades. Tels sont les grands chantiers à retravailler.


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Cameroun: indignation générale après la mort d’une femme en couches à l’hôpital Laquintinie

Les images de Monique Koumaté, éventrée par l’une de ses proches samedi, et médiatisées sur les réseaux sociaux, ont provoqué une vague d’indignation et fait réagir les autorités

Indifférence, négligence, manque d’humanisme, abandon des médecins, démission collective du corps médical, etc. les jugements ont fusé tout le week-end sur les réseaux sociaux, au cours des débats télévisés du dimanche, et au sein des partis politiques d’opposition; après le décès médiatisé samedi d’une femme morte en couches, avec des jumeaux, à l’hôpital Laquintinie de Douala, un établissement hospitalier public dans la capitale économique du Cameroun. Ce qui choque dans ces images, c’est l’acte porté par une proche de Monique Koumate, en ouvrant le ventre de la défunte devant le pavillon de la maternité de l’hôpital, pour en retirer deux f tus.

Les défenseurs de cette dame estiment que le geste aurait été porté par désespoir pour tenter de sauver ce qui était encore en vie (les f tus) au moment de l’arrivée de désormais feu Monique Koumate (31 ans) à l’hôpital Laquintinie. Cette version des faits met l’accent sur une non-prise en charge immédiate de la dame au moment de son arrivée à l’hôpital, car étant incapable de payer la caution qui aurait été demandée.

Version et contre-version
Dans un point de presse accordé hier, dimanche 13 mars, par le ministre de la Santé publique (Minsanté), André Mama Fouda, et largement relayé sur la radio et la télévision publique, la thèse de la négligence a été rejetée. Le Minsanté a indiqué pour sa part que Mme Monique est arrivée à l’hôpital Laquintinie déjà morte. «La personne était décedée et la famille a imaginé que le f tus bougeait. On ne pouvait pas non plus l’admettre en maternité où des femmes étaient en travail. La maternité n’était pas le lieu indiqué pour cette femme, donc, nous ne pouvons pas dire qu’il y a eu une négligence particulière», a-t-il défendu ce lundi dans la presse publique.

Néanmoins, quatre personnes ont été placées en garde à vue dans cette affaire dont le ministre assure qu’une enquête a été ouverte. « Dès que cet événement est arrivé, la police qui était sur les lieux, le procureur de la République a auditionné les principales personnes concernées. C’est ainsi que, pour l’instant, la sage-femme et le major de la maternité sont en garde à vue, pour bien cerner ce qui s’est passé. Le morguier qui a peut être facilité l’accès à la lame est aussi interpellé ainsi que la dame qui a pratiqué cet acte ignoble. Personne n’a le droit d’ouvrir le corps d’une personne même décédée », a précisé le Minsanté.

La police a dispersé un rassemblement effectué devant l’hôpital Laquintinie le week-end en soutien aux proches de Monique Koumate, à la dame qui a pratiqué l’opération à ciel ouvert; et pour demander justice sur cette affaire.

Le corps de Monique Koumate a été enlevé à L’hôpital laquintinie samedi, 12 mars 2016
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Appel à la réforme des urgences
Le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, a indiqué, sur la radio publique nationale, que la publication des photos de cette patiente sur les réseaux sociaux ne devait pas servir à des acteurs pour fomenter du « trouble » dans la région du Littoral. Il a demandé dans ce sens aux populations de «garder le calme» en attendant l’issue de l’enquête.

Une pétition a été lancée en ligne, sur le site Change.org, pour exiger la réforme des urgences au Cameroun.

Le problème de la prise en charge dans les hôpitaux publics est néanmoins pris au sérieux au sein du gouvernement. Le 24 février 2016, le ministre de la Santé publique a adressé une lettre-circulaire aux directeurs généraux et directeurs des formations sanitaires de 1er, 2ème et 3ème catégorie, leur demandant de prendre en charge, dans l’urgence et de manière prioritaire, « les urgences médicales ou chirurgicales» ; «le paiement des soins et autres actes étant exigible 24 heures plus tard», rappelle le Minsanté dans ce document consulté par Journalducameroun.com

Des images du rassemblement organisé le week-end devant l’hôpital Laquintinie à Douala
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Le virus Ebola ne passera pas par l’aéroport international de Douala

Les autorités sanitaires y effectuent des contrôles réguliers des personnes en provenance des pays touchés

Depuis la décision prise par le gouvernement camerounais la semaine dernière de restreindre les déplacements en direction ou en provenance des pays touchés par la fièvre hémorragique Ebola, les contrôles aux aéroports deviennent de plus en plus réguliers. C’est le cas à l’aéroport international de Douala, où des parlementaires guinéens ont été refoulés dimanche.

Le même jour, par ailleurs, 29 passagers – 24 Camerounais et cinq étrangers résidant au Cameroun – venant du Togo ont été placés sous «surveillance», rapporte le quotidien privé Le Jour dans son édition de ce mardi 19 août 2014. Parmi ces passagers dont aucun ne présentait des symptômes de la maladie, se trouvaient deux personnes venant du Nigéria, deux de la Guinée Conakry et deux autres du Mali. Les deux premiers pays cités enregistrent des décès dus au virus Ebola. «Nous avons établi une fiche individuelle de chacun des 29 passagers où nous avons leurs coordonnées et leurs numéros téléphoniques aussi bien au Cameroun que dans leur pays de résidence.Nous avons communiqué avec eux pour qu’ils comprennent l’importance de les suivre à domicile», explique le coordonnateur du Centre régional pour la prévention et la lutte contre les épidémies (Cerple), dans les colonnes du quotidien Le Jour. La surveillance de cas suspects est essentielle puisque la période d’incubation de la maladie (temps écoulé entre l’infection par le virus et l’apparition des premiers symptômes) varie de 2 à 21 jours

Le Dr. Victor Kame, qui coordonne le Cerple, assure qu’en cas de détection éventuelle d’un passager souffrant de la fièvre hémorragique Ebola à l’aéroport de Douala, des mesures prises par les services sanitaires permettront de conduire immédiatement le patient dans un centre de prise en charge dédié à l’hôpital Laquintinie. Cette prise en charge ne concerne que les passagers de nationalité camerounaise, précise-t-il: «Si ces passagers ne sont pas de nationalité camerounaise, nous ne sommes pas obligés de les recevoir». Une délégation de parlementaires guinéens en a déjà fait les frais.

Des contrôles sont assurées à l’aéroport international de Douala pour éviter de propager le virus Ebola au Cameroun
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