Réponse à la lettre ouverte de M. Elimbi Lobe sur Lydienne Eyoum

Par Joël Didier Engo, Président du CL2P

Une réponse à la lettre ouverte de M. Elimbi Lobe à Paul Biya, après la libération de Me Lydienne Yen Eyoum Loyse.

De grâce cessez de dire du n’importe quoi M. Elimbi Lobe au non d’une pseudo souveraineté qui fleure bon avec du populisme de bas étage, voire du procès de sale gueule anti-français systématique.

Informez-vous bien sur tous les prisonniers que vous citez et vous verrez que jamais les ONG, notamment la nôtre (le CL2P qui s’en est toujours ouvert, notamment auprès du président Hollande) n’ont établi la moindre différenciation selon que les personnalités reconnues prisonniers politiques étaient de nationalité française ou (uniquement) camerounaise.

Ce dont il est question ici, contrairement à l’idée de discrimination que certains d’entre-vous veulent répandre à des fins politiques au Cameroun, c’est la capacité d’un pays en l’occurrence le Cameroun, d’avoir une justice indépendante, bien à l’abri des injonctions du président de la république ou de certains de ses proches collaborateurs.

Et lorsque notre pays (à nous tou-te-s) se fait à de multiples reprises (Engo, Atangana, Edzoa, Lapiro, Kingué, Eyoum, Marafa, Mebara…) rappeler à l’ordre par les instances internationales (ONU, UA…) sur des cas flagrants et incontestables de détentions arbitraires, accuser la France d’ingérence comme vous le faîtes est simplement déplacé. Parce que c’est précisément le Cameroun qui s’est rendu ridicule en essayant encore et toujours de biaiser avec la légalité internationale.

Dois-je vous restituer les mots pour le moins surréalistes tenus par M. Issa Tchiroma sur les ondes de RFI vendredi dernier à propos de l’Avis pourtant contraignant rendu par le Groupe de Travail des Nations Unies sur la détention arbitraire du prisonnier politique Marafa Hamidou Yaya?! Je le cite:

« cet avis, cette opinion n’engage nullement le gouvernement, ne fait pas injonction, ne fait pas obligation au gouvernement camerounais de respecter les conclusions du groupe de travail de cet organe auxiliaire des Nations Unies ».

Lorsque le Cameroun par la bouche de son respectable ministre de la communication et porte parole du gouvernement se met ainsi de lui-même en porte-à-faux avec la légalité internationale, pourquoi voudriez-vous donc que la France laisse moisir ou mourir une de ses ressortissantes – dont le caractère arbitraire de la détention est établie et reconnue – dans une geôle de Yaoundé? Juste parce qu’elle voudrait ou devrait vous convenir; alors même que la première obligation d’un état respecté par ses partenaires est de se conformer au droit international, notamment à tous les traités dont il est signataire (ici le Pacte international relatif aux Droits Civils et Politiques de 1966).

C’est le petit rappel que la France a vraisemblablement fait au Cameroun dans le cas de Lydienne Yen Eyoum. Et je puis vous assurer que ce n’était pas la première fois. Titus Edzoa, Puisque Pierre Désiré Engo, Paul Eric Kingué et bientôt Marafa Hamidou Yaya lui doivent ou devront aussi en partie leurs libérations (intégrales ou conditionnelles). Car contrairement à une opinion assez répandue au Cameroun, la bienveillance française ne trie pas parmi les prisonniers d’opinion, du moins ceux qui sont reconnus par les instances internationales comme des victimes de détention arbitraire.

Je tiens à votre disposition la documentation du CL2P, si besoin est.

Je vous remercie

Joël Didier Engo, Président du CL2P
Droits reservés)/n

Le CL2P face à la morgue haineuse d’un autre illustre inconnu

Par Joël Didier Engo, Président du Comité de libération des prisonniers politiques du Cameroun (CL2P)

J’entame ma journée de mercredi 13 avril 2016 à nouveau sous un flot d’attaques personnelles, familiales, professionnelles, académiques …. d’un personnage que je ne connais point (Jean-Claude Mbede Fouda, ndlr), que je n’ai jamais rencontré, et qui en sait pour le moins rien ni sur ma trajectoire personnelle, ni sur mon parcours académique, ni sur ma probité morale, encore moins sur la distance et l’exigence d’indépendance qui prévaut entre le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P) dont je suis l’un des fondateurs et les personnalités que nous sommes souvent amenés après une lente et longue instruction à reconnaître la qualité de prisonnier d’opinion.

J’en ai été alerté par le journaliste Michel Mbiem Tong du journal en ligne « Hurinews.com », notre partenaire au Cameroun dont le CL2P finance l’abonnement annuel et avec lequel nous travaillons en étroite collaboration sur les investigations relatives aux accusations, instructions, et procès de la campagne de lutte dite contre la corruption.

Sur mon parcours personnel et académique, j’ai depuis plus de 17 ans souvent eu à l’étaler chaque fois que certains plaisantins ont délibérément voulu m’associer ou réduire au népotisme qui prévaut dans la république bananière du Cameroun, et je ne perdrai plus ma journée à essayer de convaincre ou me justifier (sur je ne sais quoi) face à la calomnie d’un de ces partisans du moindre effort issus du régime trentenaire en place au Cameroun.

Sur ma filiation, bien peu de ressortissants du Cameroun, de parents anciennement haut fonctionnaires et membre du sérail camerounais, pourraient témoigner de la distance et de l’autonomie que j’ai depuis mon adolescence su établir entre les activités, les convictions, et la proximité de mon père Pierre Désiré Engo (ancien ministre de l’économie et du plan sous Ahmadou Ahidjo, puis DG pendant 17 ans de la CNPS) avec le régime de Yaoundé.

Là aussi je laisse mon calomniateur face à ses turpitudes existentielles, et me contente de restituer cet autre droit dé réponse envoyé au Cameroun, alors que j’étais en poste à la Business School de l’Université du Queensland en Australie.

La technique du régime de Yaoundé est évidemment bien connue. Lorsqu’il n’a rien à vous reprocher ni sur votre parcours, ni sur vos références académiques, ni sur votre probité morale…il sème la discorde dans votre cercle familial, pensant y déceler une faille, cette source de déstabilisation et de rejet tribal qui ferait définitivement de vous un renégat de votre tribu, de votre famille, de votre région, de votre pays d’origine.

Non messieurs je vous mets au défi de faire le quart des actions que j’ai dû mener pendant 14 interminables années avec Fabienne Debarge pour arracher mon père Pierre Désiré Engo du bagne de Kodengui au prix de sacrifices inquantifiables et de risques permanents pour nos vies. Après, rien qu’après vous pourrez vous répandre à loisir sur mon opposition frontale à ce père dans les médias, lorsque j’ai estimé après l’avoir libéré de Prison sur intervention du Président français François Hollande, que son comportement dépassait les limites de la décence morale et je le maintiens.

Pour le reste le CL2P – que je préside – est une organisation légale, une association de droit français, financée par nos maigres économies, les dons privés, et l’aide parlementaire octroyée par la député de notre circonscription. Ce sont là des données officielles aisément consultables par tout investigateur autorisé et qui figurent dans notre déclaration fiscale.

Lire la publication ayant suscité cette réaction: Cameroun: les faux prophètes; en parlant de Joël Didier Engo

La prise de position d’Olivier Tchouaffe: Engo Joël Didier, diagnostic d’un syndrome de dérangement Camerounais

Joël Didier Engo
Droits réservés)/n

Cameroun: les faux prophètes; en parlant de Joël Didier Engo

Par Jean-Claude Mbede Fouda

Coquilles vides

Ma grande s ur Calixthe Beyala, probablement le meilleur écrivain francophone africain depuis 30 ans, mentionnait ceci dans une de ses nombreuses chroniques au sujets des Africains de France: « chacun d’eux est Pdg de quelque chose ». Ah oui. Pdg d’un machin pompeux et ronflant qui épate les nègres quand ils descendent sous les tropiques où l’on adore les gros titres. Avait elle tort? Allons y voir de prés.

Car dans la lutte pour la succession politique au Cameroun, plusieurs délinquants économiques ont entrepris de financer des tonneaux vides pour les aider à faire le bruit du mensonge (ce qui n’est pas nouveau). Mais pour donner encore plus de crédibilité à leur envie de paraître comme des victimes expiatoires d’un régime qu’ils avaient servi et dont ils sont d’indignes produits, ils se sont mis à financer n’importe quoi en Occident à condition que ces tonneaux puissent leur servir de caisse de résonance. Un Grand Camerounais, valeureux et intègre, mon père Augustin Frederick Kodock, disait que quand on est sur le point de se noyer, on peut s’accrocher même à un serpent.

Parmi ces MACHINS créés à la va-vite sur financement occulte de délinquants ayant affamé mon Peuple, il y a une satanerie appelée « comité pour la libération des prisonniers politiques » (j’écris volontaire ment ce truc en minuscule).

Si les vrais feymen du Cameroun avaient l’intelligence de leurs coups fourrés, en prenant le soin d’associer des Blancs que nos dirigeants aiment tant à leur forfait pour les rendre retentissants, les fondateurs du machin appelé clpp2 (pardonnez je tiens à me pas bien l’écrire pour ne pas participer à sa publicité mensongère) ont eu l’égoïsme voyou et arrogant d’y mettre leur face de nègre. Ce que beaucoup de Camerounais ne savent pas est que ce machin aussi pompeux que la vantardise de son fondateur, et aussi vide que son cerveau, avait été créé par un imposteur. Un fils à papa comme on en a connu au Cameroun. Et qui vivent en Occident sans rien faire et avec notre argent. Leur seuls job est d’organiser des soirées de machin truc pour exhiber des Champagnes. Pendant que nous travaillons honnêtement.

Son nom? Joel Didier Engo. Fils de Pierre Desire Engo, ancien tout puissant directeur général de la Cnps qui fut arrêté en 1999 en compagnie de l’ex ministre des Postes, Mouchipou Seidou (Paix à son âme) pour devenir les premiers condamnes de l’opération Epervier.

Utilisant les milliards que la Justice reprochait à son père d’avoir volé au détriment de nos pauvres grands parents retraités qui l’avaient maudit, le fils d’Engo lança une campagne aisément financée en Occident en désignant son père comme un prisonnier politique.

[ … ]

Si vous demandez à voir le siège du machin créé par Joel Didier Engo, il est dans sa poche. Si vous lui demandez qui sont ses collaborateurs vous ne verrez que sa tronche. Si vous lui demandez s’il a été au Cameroun pour mener quelque enquête sur la base des dossiers judiciaires il ne vous dira rien.

Comment peut on donc rester à Paris, grimper sur la Tour Eifel et décider que, en tant que beau gosse de Mengong près dEbolowa, tous les voleurs arrêtés sur décision de la Justice sont des prisonniers politiques?

Donc il suffit que demain je fasse enregistrer un machin en Europe avec un nom politiquement SEXY, mais aussi vide que pompeux pour que mes opinions de gombistes soient prises pour la vérité biblique?

Le drame est ailleurs. La presse financée par ces voleurs nous arrose chaque jours avec des choses du genre: « tel reconnu prisonnier politique par le clpp2 » . Sans blague. Pour la presse camerounaise, un machin gombotique créé à Paris par un fils du premier délinquant économique écroué de l’ère Biya est donc la référence Internationale brandie pour être lavé des crimes économiques?

L’opinion d’un fils de voleurs vaut donc plus que la Justice? Non après Paul Biya nous ferons le ménage. Pour nous Marafa est un voleur. Il doit purger sa peine. Le nouveau président du Cameroun sera une personne neuve. Avec une moralité irréprochable et un casier judiciaire vierge. Allons seulement.


Lire la réaction de Joël Didier Engo: Le CL2P face à la morgue haineuse d’un autre illustre inconnu.

La prise de position d’Olivier Tchouaffe: Engo Joël Didier, diagnostic d’un syndrome de dérangement Camerounais

Jean-Claude Mbede Fouda
facebook.com/jeanclaude.mbedeFouda)/n

Le CL2P annonce le lancement d’une campagne pour faire libérer Marafa

La campagne, baptisée « Libérez Marafa maintenant/Free Marafa Now », sera faite à Paris, dans la capitale française, sous forme de distribution de tracts

Après la « Journée de solidarité pour les libertés au Cameroun », événement organisé à Paris le samedi 16 avril dernier par le Comité de libération des prisonniers politiques du Cameroun (CL2P), l’association annonce le lancement à venir d’une campagne pour faire libérer l’ex-ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya. Ladite campagne, dénommée « « Libérez Marafa maintenant/Free Marafa Now »« , se fera sous forme de « distributions de tracts sur les principales places parisiennes sous la bannière du CL2P », indique t-elle.

Marafa Hamidou Yaya, ex-ministre de l’Administration territoriale et ancien secrétaire général de la présidence de la République, purge une peine de 25 ans d’emprisonnement depuis septembre 2012. La justice l’a reconnu coupable, avec l’ex administrateur-directeur général de la Camair, Yves-Michel Fotso, de co-action de détournement de la somme de 29 millions de dollars destinés à l’acquisition d’un aéronef neuf pour les voyages du chef de l’Etat. Il s’est pourvu en cassation à la Cour suprême.

Le CL2P est une association lancée en mai 2014 à Paris par René Dassié et Joël Didier Engo – fils de l’ex DG de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) Pierre Désiré Engo, lui même emprisonné pendant près de 15 ans pour des affaires présumées de détournement de deniers publics. Le CL2P a établi une liste de personnalités actuellement emprisonnées, personnalités que l’association considère comme des « prisonniers politiques » – dont Marafa Hamidou Yaya – parce qu’elles menaceraient le pouvoir du chef d’Etat actuel, Paul Biya.

A Paris, le 16 avril dernier, dans le cadre de la Journée de solidarité pour les libertés au Cameroun, le CL2P dit avoir tenu « un rassemblement Place du Châtelet de 11h00 à 12h30 sous une surveillance discrète de la police et des RG avec déploiement des banderoles, groupe d’animation, puis distribution des tracts avec sensibilisation des Parisiens sur les atteintes aux droits civils et politiques au Cameroun, et plus particulièrement sur les emprisonnements politiques sous le couvert de la légitime et nécessaire lutte contre la corruption. »

Le Comité indique également avoir organisé « un débat en format libre ouvert au public de 15h00 à 19h00 à l’espace l’Harmattan sis au numéro 24 de la rue des écoles, sur la problématique des libertés au Cameroun, avec les témoignages des proches des prisonniers politiques sur leurs situations carcérales et judiciaires respectives.


CL2P)/n

Cameroun: la figure de l’opposant, généalogie d’une déchéance des droits civiques

Par Olivier Tchouaffe, PhD. et Joël Didier Engo, Président du CL2P

Dans le cadre de la campagne internationale pour la libération immédiate du prisonnier d’opinion camerounais Marafa Hamidou Yaya, nous proposons une réflexion sur la figure de l’opposant au Cameroun: Opposant initialement maquisard pendant la période de lutte pour l’indépendance du Cameroun, Opposant putschiste, Fossoyeur de l’unité nationale, puis victime de l’Épervier.

L’Opposant comme Maquisard

Il est urgent de situer le contexte de la campagne « Libérer Marafa » dans la production et la représentation de la figure de l’opposant dans le système politique Camerounais et comment cette représentation a de façon historique été déterminée par les institutions de l’État et les prérogatives disproportionnées du Chef de l’État dans un régime décrit comme « présidentialiste à pouvoir renforcé. » Dans ces circonstances, il est nécessaire d’entreprendre une démarche qui, en premier lieu, sert à empêcher que cette campagne s’embourbe dans des querelles politiciennes et cyniques, à défaut d’être récupérée par des professionnel-le-s en art d’attaques personnelles, afin notamment d’orchestrer une grande campagne de diversion et distraire les Camerounais de poser de vraies questions comme la différence entre une personne et un personnage politique et en filigrane la nature de l’âme politique camerounaise.

Né a la fin des années 60, notre génération a grandi dans un contexte d’État d’urgence comme conséquence politique de la douloureuse bataille des indépendances qui a ravagé le pays au début des années 60.

La figure emblématique de l’opposant était celui du « maquisard ». Le maquisard était décrit comme un sauvage et un psychopathe sanguinaire qui règle ses problèmes politique dans des bains de sang. L’idée du maquisard était une construction néfaste produit par les sorciers de la Françafrique naissante du Général De Gaulle et ses sbires comme Jacques Foccart dans le but de pathologiser le débat politique au Cameroun et mettre en place une politique de la terre brûlée au napalm dans le but de discipliner et de contrôler le corps des Camerounais. C’est un processus que des intellectuels Camerounais comme Achille Mbembe ont appelé « niggerization » ou « tonton macoutization » des corps et de l’espace publique.

L’opposant dans ce contexte est devenu la figure à embastiller, torturer, annihiler, transformer en chose parmi d’autres choses dans un régime où la pensée et le parti unique sont devenus la norme. Le produit de cette discipline corporelle a accouché la figure de l’opposant comme une personne incapable d’assurer sa propre sécurité et incapable de transformer le monde dans lequel il vit. Dans cette optique, l’opposant n’est plus la figure d’une possible transformation, l’agent d’une alternance positive mais un préjugé, stéréotype, cliché à exploiter à des basses fins politiciennes, promu par une conception narcissique, libidinale et jouissive d’un pouvoir.

Contrairement à Hannah Arendt qui lie l’histoire des droits humains à la natalité et l’idée que nous sommes tous libres parce que la liberté naît avec le commencement. Ce qui commence est libre parce que non pollué par l’histoire et les constructions humaines, une approche Rousseauiste de la dignité humaine. Au Cameroun par contre, l’affiliation politique a toujours été un marqueur de citoyenneté et une prérogative institutionnelle du prince. Tout Camerounais peut donc être déchu de sa nationalité par le fait du prince, dont il a lui même reconnu dans une de ses rares interviews accordés à l’ancien présentateur du journal télévisé à la CRTV, Eric Chinje en 1984.

Cette déchéance de nationalité suit l’opposant jusque dans la mort. La figure de l’opposant a atteint un degré tel que même dans sa mort il n’a pas le droit à une sépulture digne de ce nom. Le Cameroun est un pays qui n’enterre pas ses soi-disant opposants. Ils sont tous dans des tombes anonymes à l’étranger, dans les forêts ou dans des fosses anonymes. Ironie de l’ironie, même le prédécesseur de M. Biya est jeté dans une fosse quelque part au Sénégal. À ce sujet il faut signaler que ce qui fait de nous des humains, c’est parce que nous enterrons nos morts. La caractéristique de l’humain c’est celui qui enterre ses morts. Que dire d’un régime qui n’a jamais enterré ses morts dits « opposants ».

L’Opposant comme Putschiste

À son arrivée au pouvoir en novembre 1982, le régime camerounais a été secoué par une litanie de coups d’État, dont celui du 6 avril 1984 demeure le plus célèbre. La figure de l’opposant est devenu celle du « nostalgique » prêt à s’emparer du pouvoir non par les urnes mais au bout du fusil. Et la légende affirme que Marafa Hamidou Yaya a été épargné in-extremis alors qu’il était conduit au peloton d’exécution après une justice sommaire. Il est certain que cette histoire sombre du Cameroun sera revisitée dans le futur parce que l’ombre autour de cette période reste à clarifier.

L’Opposant comme la cinquième colonne et fossoyeur de l’unité nationale

Après la chute du mur de Berlin et le vent de la démocratie qui a secoué le continent, tous ceux qui ont bravé les barricades au Cameroun étaient décrits comme une cinquième colonne et la radio nationale n’hésitait pas à affirmer que des drapeaux Nigerians flottaient au Cameroun et l’émergence d’une cabale « Anglo-Bami » au service du Nigeria. Le retour du bâton a été la constitution de « l’Essingan »(groupe dit d’auto-défense des ressortissants Beti – l’ethnie du Président Biya) pour préserver les privilèges des élites dites ressource du Sud Cameroun. Cette tension a atteint le point culminant quand le maire de Yaoundé a offert une machette au Président de la République pour combattre les « ennemis », et dont ce dernier ne s’est pas fait prier pour accepter. Quelques jours plus tard, le Président s’est présenté à Douala, décrit comme un bastion de l’opposition, et a déclaré « me voici donc à Douala, » une déclaration énigmatique comme l’homme lui-même.

L’Opposant comme victime de « l’Épervier »

La figure de l’Éperviable n’a pas grand chose en commun avec le sacrifice des nationalistes Camerounais des années 60, à part, une continuité de traiter toute forme d’opposition et d’alternance politique crédible comme un problème biopolitique, mais pas comme le fruit d’un débat d’idées et de programmes salutaires. La figure de l’éperviable participe d’une réflexion nécessaire sur les conditions de la figure de l’opposant au Cameroun. Aujourd’hui, soucieux de garder son image de marque, l’opposant est la figure de « l’éperviable ». Les prisons sont remplies de ces « éperviables » mais la question qu’il faut se poser c’est comment un régime peut produire autant d’éperviables sans jamais douter de l’ethique de celui qui les a tous nommés. « Where does the buck stops » comme disent les Américains? Le problème doit être, soit tous les Camerounais sont des bandits, soit il y a un problème structurel qui favorise la nomination d’êtres douteux qui pilulent dans nos administrations. Marafa est la personne indiquée pour répondre à ce problème et cette proposition sert à étendre le débat sur l’éthique au-delà d’une justice aux ordres, pour définir de nouveaux standards de droits humains au Cameroun. Le débat sur l’éthique et les droits humains est un débat démocratique qui ne peut être confisqué ou dicté par des institutions supposées être au service des Camerounais. La question des droits humains est liée aux questions de justice sociale.

Marafa est une personnalité indiquée pour contribuer à ce débat. Marafa Hamidou Yaya est un homme politique, ancien Ministre d’État chargé de l’administration territoriale et de la décentralisation, et ancien Secrétaire général de la Présidence de la République, sérieux prétendant à la Présidence du Cameroun, Marafa Hamidou Yaya a été condamné à 25 ans de prison ferme pour «complicité intellectuelle de détournement de deniers publics». Il est incarcéré depuis le 16 avril 2012 à la caserne militaire du Secrétariat d’État à la Défense (SED) de Yaoundé. Le Département d’État américain, l’Internationale Socialiste, et plusieurs organisations de défense des droits de l’homme l’ont reconnu comme un détenu d’opinion et appellent à sa mise en liberté immédiate.


lavoixdujuriste.com)/n

N’en déplaise à M.Tchiroma Bakary, Paul Eric Kingué doit recouvrer la liberté

Par Joël Didier Engo, CL2P

Selon M. Issa Tchiroma Bakary (photo), lors d’une interview accordée à la journaliste Marie-Pierre Olphand de Radio France International (Rfi) ce jour (dimanche 09 novembre 2014) l’avis formulé par le groupe de travail de l’Organisation des Nations Unies (Onu) sur la détention arbitraire est «un tissu d’accusations.diffamatoires et attentatoire à nos m urs et à la liberté de notre justice.nous avons mis à la disposition de ce groupe de travail tous les éléments qui permettent d’effectuer un jugement de valeur et incontestablement, si ce groupe là avait pris en compte les éléments mis à sa disposition, il va sans dire qu’il aurait honoré la position du Gouvernement qui coopère pleinement et respecté la justice camerounaise (…) nous sommes un État indépendant, nous n’obéissons pas aux injonction d’un groupe de travail fut-il celui des Nations Unies » a souligné le Ministre de la Communication, Porte-parole Gouvernement du Cameroun.

Il faudra bien s’y résoudre Monsieur le Ministre!

Paul Eric Kingué, Prisonnier politique au Cameroun
Le Cameroun devra en effet se conformer aux recommandations du comité des Droits de l’Homme des Nations Unies, et se résoudre à libérer de Paul Eric Kingue, à l’instar du regretté Lapiro de Mbanga, ou du français Thierry Michel Atangana.

En conformité aussi avec une certaine « Jurisprudence Engo »…?
Parce que Pierre Désiré Engo, ancien ministre de l’économie puis DG de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS), recouvre la liberté le 08 mai dernier à la suite du non-lieu consécutif à une grotesque machination d’un détournement supposé de 25 milliards de F CFA, qu’il aurait prétendument virés dans un imaginaire compte bancaire logé au crédit Lyonnais à Paris. Pourtant dès 1999, date de son arrestation arbitraire, ladite banque française avait formellement infirmé la version des autorités camerounaises à travers une commission rogatoire dépêchée par ces dernières en France.

Aussi si jurisprudence il y a, elle procéderait du fait que M. Engo aura été le premier prisonnier d’opinion camerounais à bénéficier dès 2009 des recommandations du conseil des droits de l’Homme des Nations Unies (http://fr.calameo.com/books/000002478eb609b9cffe5); recommandations pourtant restées lettre morte au Cameroun, jusqu’à ce que le Président François Hollande – que nous avons sollicité lors de l’audience accordée au comité de soutien à Thierry Michel Atangana le 28 mars de cette année – les présente à son homologue camerounais Paul Biya pendant le sommet Afrique-UE qui s’était tenu quelques jours après à Bruxelles.

La suite est désormais connue…
Nous n’hésiterons pas à faire appel aux mêmes instances bilatérales et multilatérales afin que les autorités camerounais respectent les recommandations de l’ONU; et libèrent Paul Eric Kingué dans les plus bref délais; moyennant réparation, comme il est stipulé par le Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire des Nations Unies.

Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques au Cameroun (CL2P)


DR)/n

« Les rats regagnent le navire »

Par Joël Didier Engo

Les rats regagneraient-ils le navire?
Il paraîtrait selon des informations puisées en bonne source, qu’une certaine « Solange Engo » fille supposée de Pierre Désiré Engo aurait été interviewée par les télévisions camerounaises Canal2 et Equinoxe TV et en a profité pour remercier en premier lieu « le président de la République M. Paul Biya »???

Je voudrai informer l’opinion publique qu’il ne s’agit pas de la fille de Pierre Désiré Engo, la dame en question s’appelle Nsom Nsom Ossele Angèle Solange…et se présentait effectivement comme la fille de l’infortuné jusqu’à son incarcération arbitraire en 1999…

En toute logique elle a donc refait son apparition officielle devant les cameras de télévision hier au moment de la libération conditionnelle de ce père oublié pendant 15 ans, afin de remercier le bienfaiteur Paul BIYA .

Les rats regagnent le navire!

Autre précision…d’importance!
15 ans après…j’avoue encore être surpris par la légèreté avec laquelle certains journalistes traitent ces sujets judiciaires ô combien sensibles au Cameroun, où il n’est pas rare de lire des accusations et des peines se rajouter au fil des articles de presse …sans le moindre lien avec la réalité des dossiers. (http://www.cameroon-info.net/stories/0,61269,@,cameroun-affaire-cnps-pierre-desire-engo-remis-en-liberte.html)

Alors en guise de précision dans le dossier Engo, il y a eu deux (02) condamnations: celle du chèque sans provision pour laquelle il a écopé de 06 mois d’emprisonnement ferme; puis celle relative à la complicité de détournement de deniers publics dans le cadre de l’affaire dite Henri Dippah pour laquelle Pierre Désiré Engo a écopé successivement de 10 ans d’emprisonnement ferme en instance, 15 ans en appel, 15 ans confirmés en 2006 par la Cour Suprême du Cameroun.

Les supposées affaires Dauvin Francis n’ont jamais prospéré au Cameroun, cet entrepreneur Belge effectivement arrêté puis détenu aux premières heures du dossier Engo en 1999… a été expulsé aussitôt du Cameroun, le supposé dossier des 25 milliards pour lequel il était interrogé ayant purement et simplement été classé pour inconsistance par la collégialité des juges camerounais.

Curieusement c’est la même accusation qui est revenue devant le Tribunal Criminel Spécial (TCS) en 2014, et à l’issue de laquelle Pierre Désiré Engo bénéficie depuis le 07 mai d’une libération conditionnelle.

Joël Didier Engo
Droits réservés)/n

La libération conditionnelle de Pierre Désiré Engo vue par son fils

Joël Didier Engo, qui a lancé en France le Comité de libération des prisonniers politiques pour soutenir son père et d’autres personnalités, dit prendre «acte» de la décision

Le Comité de libération des prisonniers politiques du Cameroun (CL2P), mouvement lancé en France le 03 mai dernier par René Dassié et Joël Didier Engo – le fils de Pierre Désiré Engo – a publié un communiqué hier en rapport avec la décision du Tribunal criminel spécial de permettre à l’ex-Dg de la CNPS de comparaitre libre. Pour le CL2P, « si cette décision permet à l’ancien ministre aujourd’hui âgé de 73 ans de respirer l’air d’une liberté qu’il n’aurait jamais dû perdre eu égard à la nature de son affaire, le comité s’étonne cependant que les juges se soient autorisés à l’assortir d’une interdiction formelle de quitter le territoire camerounais. » La décision de la justice, le 07 mai 2014, de lever le mandat de détention provisoire contre Pierre Désiré Engo, a été effectivement assortie d’une interdiction de sortie du territoire, le temps d’avoir des éléments plus précis sur la destination des 25 milliards de F CFA de la CNPS qui se seraient retrouvés dans son compte personnel au crédit lyonnais.

Pour le CL2P par ailleurs, Pierre Désiré Engo qui en est ainsi à sa deuxième affaire depuis septembre 1999 fait l’objet d’un « acharnement judiciaire contre un homme dont le seul crime est d’avoir été soupçonné de vouloir faire ombrage au chef d’État camerounais à travers une association mémorielle (consacrée à Martin Paul Samba, résistant camerounais fusillé par les Allemands le 8 août 2014, ndlr). Au bout de leur argumentaire, René Dassié et Joël Didier Engo qui clament l’innocence de l’ex-Dg de la Cnps, demandent l’intervention du chef de l’Etat camerounais. « La responsabilité directe de Paul Biya est engagée sur ce cas, eu égard à sa mission de garant constitutionnel de l’indépendance de la Justice », plaident-ils.

Des éléments semblent avoir été omis dans le communiqué du CL2P, notamment le fait que Pierre Désiré Engo reste encore en prison malgré la décision du TCS. Au moment de l’ouverture de l’affaire des 25 milliards de F CFA, il purgeait déjà une peine de 20 ans d’emprisonnement infligée en 2000 par la chambre criminelle du tribunal de grande instance du Mfoundi. Peine qui court encore. Me Alexis Bayebeck a reconnu hier au sortir de l’audience du TCS que seule l’application du décret du 18 février 2014 relatif à la grâce présidentielle pourrait permettre à Pierre Désiré Engo d’être en liberté.

Si cette liberté intervenait, le fils de l’ex-DG de la CNPS a affirmé sur son blog, qu’il continuera l’action du CL2P pour «toutes les victimes de l’arbitraire judiciaire et carcéral au Cameroun». On se rappelle qu’au lancement de ce comité, Pierre Désiré Engo était la première personnalité de la liste. Y figuraient également Marafa Hamidou Yaya, ex-Secrétaire général à la présidence de la République (25 ans de prison) ; Paul Eric Kingue, ancien maire de Njombé Penja (prison à vie); Dieudonné Enoh-Meyomesse, historien et homme politique (07 ans de prison); Urbain Olanguena Awono, ancien ministre de la Santé publique (20 ans de prison)

Lire le communiqué du CL2P par rapport à la liberté conditionnelle de Pierre Désiré Engo

Joël Didier Engo
cameroon-info.net)/n

« Notre définition du prisonnier politique camerounais »

Par René Dassié et Joël Didier Engo

Bonjour à toutes et à tous,

Merci d’avoir laissé de côté vos obligations habituelles, pour venir à cette conférence de lancement du Comité de libération des prisonniers politiques du Cameroun. Certains se demandent sans doute, pourquoi se préoccuper autant à Paris, de choses qui se passent à 6000 kilomètres de nous, dans un État indépendant, et dont nous n’avons souvent que de lointains échos. Nous avons abordé cette interrogation légitime dans l’article de présentation du comité dont plusieurs médias nous ont fait l’honneur de relayer.

Permettez-nous d’ajouter à l’argumentaire succinctement développé dans ce texte, cette maxime hautement édifiante, tirée de la Lettre de Martin Luther King: «Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier.» Permettez-nous aussi d’entrer dans le vif du sujet par cette autre pensée de Montesquieu, il n’y aura pas beaucoup de citations, rassurez-vous. Montesquieu disait donc dans son ouvrage intitulé Considérations sur les causes de la grandeur des Romains qu’«il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice.»

C’est une constance, un des traits caractéristiques de la dictature, c’est l’usage de l’appareil judiciaire comme le bras armé d’une politique répressive.
Là où la corruption et la brutalité des forces de sécurités échouent à étouffer les voix dissonantes, les juges aux ordres du prince embastillent sans état d’âme ceux que celui-ci désignerait comme ses adversaires réels ou supposés. Le Cameroun qui en dépit des apparences, les centaines de partis politiques enregistrés, les élections courues d’avance n’est pas une démocratie, n’échappe pas à cette pratique. Depuis l’indépendance de ce pays le 1er janvier 1960 , ses deux présidents successifs, du haut de leur trône de chef suprême de la magistrature n’ont eu de cesse d’instrumentaliser l’appareil judiciaire, pour régler leurs comptes politiques.

On ne reviendra pas sur les procès expéditifs, de type stalinien qui ont émaillé la période Ahidjo le premier Président du pays, avec leur cortège d’exécutions publiques et de longue incarcération dans des prisons mouroirs. Ce n’est pas le sujet du jour. La grande nouveauté du régime de Paul Biya au pouvoir depuis 32 ans, et qui nous préoccupe aujourd’hui, c’est que la grande majorité des prisonniers politiques sont d’anciens collaborateurs du président qui pendant longtemps l’ont aidé à asseoir et à renforcer son pouvoir.

Et l’on se demande légitimement pourquoi il enverrait en prison des personnes qui lui ont été aussi proche. Trois facteurs sont à considérer ici:

1- La paranoïa qui semble s’être emparée du chef de l’État camerounais depuis le coup d’État militaire qui a failli mettre fin précocement à sa présidente le 6 avri l 1984 , c’est-à-dire moins de (02) deux ans après sa prise de fonction. Cet épisode violent a eu entre autres effets, la mise en place au sein de l’appareil étatique d’un système de clientélisme et de délation, puis de clanisme exacerbé, qui confine à l’immobilisme. Un ancien ministre cité par le quotidien Camerounais Le Messager explique les effets pervers de cette stratégie : «Le président sait que des ministres vont lui servir les têtes de leurs collègues sur des plateaux en or, les accusant d’histoires vraies ou fausses. C’est comme cela qu’il réussit à être renseigné sur les uns et les autres». Il ajoute: «cette technique lui a permis de recevoir des rapports fondés ou pas sur certains de ses collaborateurs de qui des collèges ont dit des choses abominables dans l’intention de se maintenir à leur fonction. On a ainsi dit que de certains qu’ils sont tellement fortunés qu’ils peuvent financer une milice, d’autres qu’ils ambitionnent de prendre le pouvoir, d’autres encore qu’ils tissent des réseaux pour déstabiliser le pays avec le soutien déjà négocié des États européens».

2- L’absence d’alternance politique: en dépit du retour contraint au multipartisme dans les années 90 à la suite du discours de La Baule, le pouvoir suprême est détenu par la même personne depuis plus de trois décennies. Paul Biya a verrouillé le système électoral qu’il contrôle absolument. Paupérisée, l’opposition s’est complètement décrédibilisée en étalant ses divisions et en s’exposant à la manipulation et à la corruption du pouvoir.

Résultat: la grande crainte du prince va venir de son propre camp. Le Président redoute ces grands commis de l’État qui l’ont longtemps servi et qui pourraient légitimement aspirer à prendre sa place. On voit d’ailleurs que la vague des arrestations va s’accélérer après 2011. C’est l’année au cours de laquelle le Président va faire modifier la constitution pour faire sauter une disposition issue d’une précédente modification qui l’empêchait de se représenter au terme de deux nouveaux mandats. Quelques années avant cette modification qualifiée par certains de «coup d’État constitutionnel», des rumeurs avaient couru faisant état de la mise en place par certaines personnalités d’un groupe informel baptisé G11 pour génération 2011, dédié à la préparation de la succession de Paul Biya qui aurait dû quitter le pouvoir cette année-là, s’il avait respecté la loi.

Certaines personnalités arrêtées et condamnées pour détournement de deniers publics soutiennent aujourd’hui qu’elles doivent leur malheur au fait d’avoir vu leurs noms cités dans les rumeurs véhiculées sur ce groupe dont l’existence réelle n’a jamais été prouvée. Quoi qu’il en soit, on ne doit pas aller en prison simplement parce que quelques délateurs nous ont prêté des intentions présidentielles, comme c’est le cas pour les anciens ministres Marafa Hamidou Yaya, Urbain Olanguena Awono, Abah Abah Polycarpe et bien d’autres. Ceci est inadmissible .Ce n’est pas un crime que d’avoir servi son pays. C’est encore moins un crime que de vouloir le servir au plus haut niveau si on souhaite se soumettre au suffrage populaire.

On ne doit pas être condamné à des peines infâmantes parce qu’on est soupçonné d’avoir défendu les intérêts des travailleurs surexploités d’une bananeraie à capitaux français, ce qui pourrait gêner le prince qui croit tirer la légitimité de son pouvoir de l’ancienne puissance coloniale, comme c’est le cas de l’ancien maire Paul Eric Kinguè. Ceci est inadmissible. On ne doit pas rester indéfiniment en prison même après avoir entièrement purgé sa peine parce qu’on a un jour été soupçonné de vouloir faire ombrage au prince en créant une association pour défendre et perpétuer la mémoire d’un résistant à la colonisation comme c’est le cas de l’ancien ministre Pierre Désiré Engo. Ceci est inadmissible.

3- En troisième lieu, on vit une ambiance de fin de règne au Cameroun. Paul Biya est officiellement âgé de 81 ans et s’il s’est jusqu’ici débrouillé pour s’éterniser au pouvoir, on sait que la nature finit toujours par reprendre ses droits. C’est le destin inchangeable de tout être vivant, de connaître un jour la disparition. Dans l’entourage du Président, la question de sa succession va donc continuer à être posée, en dépit des dangers auxquels exposent ce type d’interrogation, eu égard à la nature non démocratique du pouvoir. Cela renforce bien sûr la pratique de la délation dont nous avons déjà fait état. L’ambition étant cette fois-ci d’éliminer le maximum de compétiteurs potentiels à la succession du chef, qui appartiendrait à un clan adverse.

Toutes ces affaires essentiellement politiques ont été rendues possibles par la faillite du système judiciaire camerounais. Dans une démocratie, la justice est une grande institution qui joue à la fois le rôle de contre-pouvoir et de régulation sociale. Instrumentalisée, la justice camerounaise a failli à cette mission essentielle. Elle est devenue un instrument de répression politique. Les règles de la procédure pénale universellement reconnues et incluses dans la loi camerounaise ont été régulièrement bafouées et sans états d’âme. On voit ainsi revenir dans de nombreux cas :

– La pratique de la disjonction de procédure par les juges d’instruction. Cela leur permet de saucissonner un dossier pour le renvoyer par petits bouts devant le tribunal. Résultat, le justiciable se trouve confronté à une multitude de procès programmés de manière à le maintenir indéfiniment en détention.
– La détention qui devient la règle et non ce qu’elle doit être, une exception, et se double d’un refus systématique de mise en liberté provisoire.
– Les délais de détention préventive et de jugement excessivement longs, la multiplication des renvois qui font durer les procès sur plusieurs années.
– Une théâtralisation à outrance des arrestations avec le déploiement de dizaines de policiers et devant les caméras de la télévision dans le seul but d’humilier les suspects.
– Une précipitation sans commune mesure avec une justice sereine. On a ainsi vu le ministre des Enseignements secondaires, Louis Bapes Bapes, toujours en fonction être arrêté le 31 mars à son bureau puis relâché le lendemain et reprendre son travail, sans aucune explication. On rappelle ici que Mme Catherine Abena qui était secrétaire d’Etat aux Enseignements secondaires dans le même ministère a connu la même trajectoire, sauf qu’elle n’y a pas survécu. Relaxée après une année de détention, elle est décédée, affaiblie et rendue malade par la longue grève de la faim qu’elle avait observée durant sa détention.
– L’institution d’une véritable présomption de culpabilité directement inspirée par le pouvoir exécutif. On a ainsi pu entendre le ministre camerounais de la justice, Amadou Ali dire dans la presse : «Je mets quiconque au défi de prouver que ceux qui sont arrêtés étaient innocents … Ceux qui disent qu’ils sont innocents ont bien caché ce qu’ils ont volé. » et son collègue de la Communication, Issa Tchiroma Bakary déclamer à son tour, lors d’une conférence de presse radio télévisée du 02 février 2010 : « Qu’est-ce qu’on reproche aujourd’hui à tous ceux qui sont en prison ? On leur reproche d’avoir massivement détourné les deniers publics. Qu’est-ce qu’ils veulent faire avec tout cet argent ? Peut-être aspirent-ils à gouverner. Dans un premier temps, je vous fais remarquer une chose : pour tous les militants du RDPC qui se trouveraient aujourd’hui en prison, ils savent que les statuts du RDPC stipulent que le candidat du parti à l’élection présidentielle reste le Président national. Donc tous ceux-là qui ont détourné dans la perspective de la compétition présidentielle savent qu’ils ne peuvent pas le faire au sein du RDPC ». Ces propos ne laissent pas de place au doute : les affaires sont bien politiques.

Ces considérations d’ordre général posées, nous en venons à notre définition du prisonnier politique camerounais d’aujourd’hui.
Nous considérons comme prisonnier politique, toute personne qui serait en prison pour des motifs autres que ceux du droit commun (communément avancés) qui pourraient avoir servi de façade légale au déclenchement de son affaire.
Pour cela, nous avons retenus quelques critères:
1- La personne soutenue a été reconnue par les organisations internationales de défense des droits de l’homme comme étant un prisonnier d’opinion
2- La personne défendue est maintenue en prison au-delà de la peine qui a été prononcée contre elle par la justice.
3- Le justiciable fait face à une multiplication de procédures, dans une sorte de procès à tiroirs dont le seul but est de le maintenir en détention sans motif valable. 4- La détention dans une prison spéciale, autre que celle de droit commun ;
5- À ces catégories, nous ajoutons toute personne non liée à la politique mais qui a été emprisonnée non pas pour ce qu’elle a fait, mais pour ce qu’elle est. Il s’agit ici en l’occurrence des homosexuels habituellement jetés en pâture aux masses affamées pour les empêcher de demander des comptes sur la mauvaise gestion du pays.

Le logo officiel du CL2P

Ces critères établis, nous avons entamé la confection d’une liste, dans laquelle on peut déjà trouver les personnes ci-après, mentionnées sur le site internet du comité:

1- Pierre Désiré Engo, 73 ans Ancien ministre de l’Economie et du Plan (sous Ahmadou Ahidjo et Paul BIYA), puis ancien Directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale du Cameroun. Emprisonné depuis 14 ans officiellement pour détournement de fonds, il a été reconnu prisonnier d’opinion par l’ONU en 2009. Il aurait dû être libéré en même temps que le français Michel Thierry Atangana. Car le décret de remise de peine signé par Paul Biya en février stipulait que toute personne condamnée pour détournement de deniers publics et ayant passé dix ans en prison serait libérée. Non seulement Monsieur Engo n’a pas été libéré, mais en plus s’est-il vu collé un nouveau procès sur la base de faits jugés fantaisistes par ses premiers juges il y a quinze (15) ans.

2- Marafa Hamidou Yaya ancien Secrétaire Genéral à Présidence de la République, puis Ministre d’État de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Arrêté mi-avril 2012, il a été condamné à 25 ans de prison ferme, officiellement pour « complicité intellectuelle » de détournement de fonds publics en lien avec l’achat d’un avion pour le Président du Cameroun. Il est considéré par le département d’État américain comme un prisonnier d’opinion.

[ 3- Paul Eric Kingue,] ancien maire de Njombé Penja, Littoral. Arrêté le 29 février 2008 à la suite des émeutes de la faim. Condamné à six ans de prison ferme, puis à vie sans même avoir été convoqué au tribunal alors qu’il se trouvait en prison. Il a été accusé de pillage en bande organisée en lien avec les émeutes de la faim de 2008 et de détournement. Mais son sait qu’il doit son malheur au fait d’avoir réclamé aux entreprises françaises qui exploitent des bananeraies dans sa commune de payer leurs arriérés de taxes. Il a été reconnu prisonnier d’opinion par l’Amnesty international dans son rapport 2013.

4- Dieudonné ENOH-MEYOMESSE historien et homme politique, arrêté en novembre 2011 il a été déclaré coupable de vol à main armée et condamné à sept (07) ans de prison à l’issue d’un procès inéquitable qui s’est déroulé devant le tribunal militaire de Yaoundé, selon le rapport 2013 d’Amnesty International qui lui reconnaît le statut de prisonnier politique.

5- Urbain Olanguena Awono ancien ministre de la santé, condamné à 20 ans de prison pour détournement de fonds de lutte contre le sida. Voici ce qu’ont écrit les bailleurs de fonds sur son cas: « Le Fonds Mondial est préoccupé par les arrestations depuis la fin du mois de mars 2008 de l’ancien Ministre de la Santé Publique de la République du Cameroun, Monsieur Urbain OLANGUENA AWONO, ainsi que des docteurs Maurice FEZEU, Raphaël OKALLA et Hubert WANG, respectivement Secrétaires Permanents du Comité National de lutte contre le Sida, du Programme de lutte contre le Paludisme et du Programme de lutte contre la Tuberculose. Le Fonds Mondial a constamment suivi le développement de ces affaires à travers à la fois sa représentation locale au Cameroun et les autorités camerounaises. A notre avis, l’axe des enquêtes menées par les autorités camerounaises n’engage pas le Fonds Mondial. En tout point de vue, tous les rapports financiers et la revue des programmes financés par notre institution montrent à suffisance qu’ils ont été gérés de façon satisfaisante à cette date. Le Fonds Mondial n’a aucune preuve montrant une mauvaise utilisation des crédits alloués au Cameroun. ». Texte signé du Prof. Michel KAZATCHKINE, à l’époque Directeur Exécutif du Fonds Mondial contre le sida

La liste est évidemment non limitative
[bLa mission de notre mouvement se décline en plusieurs catégories d’actions]
1- Étudier les cas et rassembler tous les éléments prouvant le caractère politique de la détention des concernés
2- Sensibiliser l’opinion publique internationale à travers des campagnes médiatiques et d’autres actions
3- Mobiliser toutes les forces, organisations, et institutions pouvant concourir efficacement à la libération de celles et ceux dont le caractère politique ou arbitraire de la détention aura préalablement été établi.
4- Mener et soutenir toute action auprès des juridictions internationales et des organisations inter-étatiques dans lesquelles siège le Cameroun.

Nous appelons à un sursaut de conscience et de de la part des juges, qui oubliant leur serment ont servi de bras armé à toutes ces condamnations téléguidées par le pouvoir exécutif, parfois par peur, parfois par opportunisme. Le sort du justiciable ne doit pas servir de variable d’ajustement de leur trajectoire professionnelle. Nous lançons un vibrant appel au chef de l’État camerounais Paul BIYA dont la responsabilité se trouve interpellée dans son rôle de garant du respect constitutionnel de l’indépendance de la justice. Nous prions le président François Hollande de ne pas rester silencieux sur cette situation qui à terme pourrait sérieusement menacer la paix sociale au Cameroun, et souhaitons qu’il fasse usage de ses liens privilégiés avec son homologue camerounais pour une résolution rapide de ces affaires. Nous invitons la communauté internationale et toutes les bonnes volontés à se mobiliser pour mettre fin aux emprisonnements politiques au Cameroun.

Nous vous remercions.


AFP)/n

Rebondissement dans l’affaire Désiré Engo

Le ministère public a requis, à l’audience du 24 avril 2014, la levée du mandat de détention provisoire contre l’ex-directeur général de la CNPS en attendant la clôture de l’information judiciaire

Pierre Désiré Engo, ex-directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) du Cameroun, est peut-être en train de voir le bout du tunnel des poursuites judiciaires qui pèsent contre lui depuis 1999. Hier, au Tribunel criminel spécial (Tcs), le ministère public a demandé la mise en liberté de l’ex DG en attendant le complément d’information qui a été demandé par le tribunal.

Le procureur de la République a jugé utile d’avoir davantage de précisions dans cette accusation qui concerne le détournement supposé de 25 milliards de FCFA appartenant à la Cnps. Pierre Désiré Engo est soupçonné d’avoir fait virer cette somme, logée à l’époque au Crédit Lyonnais en France, dans son compte personnel. Seulement, aucun ordre de virement n’a encore été établi en rapport avec ce chef d’accusation. Cette somme serait toujours logée dans les comptes.de la Cnps. « Le maintien de l’accusé pour le déroulement du complément d’information n’est pas nécessaire », a relevé le ministère public. L’audience a été renvoyée au 07 mai 2014 pour l’examen de cette demande de main levée de mandat de détention provisoire.

Cette perspective intervient au moment où le fils de l’ex-Dg de la Cnps, Joël Didier Engo, s’apprête à lancer Un comité dit de de libération des prisonniers politiques camerounais, événement prévu pour le 03 mai prochain en France. Pierre Désiré Engo a déjà passé plus de 14 ans en prison. Il n’a pas bénéficié de la grâce présidentielle du 18 février 2014, du fait qu’il n’avait pas encore été définitivement condamné à cette date.

L’ancien Dg de la Cnps est sous les verrous depuis le 03 septembre 1999. Il a été placé sous mandat de détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé à Kondengui en 2005. C’est par une ordonnance du 26 septembre 2012 que Pierre Désiré Engo a été transféré au Tribunal criminel spécial pour y être jugé.

Pierre Désiré Engo, bientôt la liberté?
Droits réservés)/n

« Pourquoi créer un Comité de libération des prisonniers politiques camerounais en France? »

Par René Dassié et Joël Didier Engo

En lançant ce mouvement, nous sommes uniquement mus par notre devoir de gratitude envers le Cameroun qui nous a vu naître ou grandir. Dans son Traité sur la dette de reconnaissance, le sage japonais du 13e siècle, Nichiren conseillait à quiconque de ne jamais oublier la dette de reconnaissance qu’il doit à ses parents, à ses maîtres, et à son pays.

Notre démarche est donc avant tout citoyenne. Nous qui vivons hors du Cameroun, souhaitons apporter notre contribution, si modeste soit-elle, à l’édification d’une société juste.

Protégés par les démocraties qui nous ont accueillis, nous ne pouvons donc rester silencieux face à la dérive de l’institution judiciaire camerounaise, qui prive de nombreux citoyens de leur liberté et les maintient longuement en détention, pour des motifs autres que ceux du droit commun généralement avancés, en piétinant allègrement les règles les plus élémentaires de la procédure pénale.

La libération récente de Michel Thierry Atangana et de l’ancien ministre Titus Edzoa après plus de dix-sept (17) ans de détention et deux condamnations pour les mêmes faits, est en effet venue jeter une lumière froide sur l’existence au Cameroun de nombreux prisonniers, qui doivent leur séjour en prison, non pas pour les faits qui leur sont officiellement reprochés, mais seulement parce que un jour ou l’autre, ils ont été soupçonnés de velléités politiques, ou de faire ombrage au prince par leur popularité réelle ou supposée, ou leur activisme débordant.

Le cas le plus illustratif de cette situation est celui de Pierre Désiré Engo, ancien ministre de l’économie et ancien Directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale. Après avoir passé 14 ans en prison, Pierre Désiré Engo remplissait toutes les conditions requises pour bénéficier de la remise de peine décrétée par Paul Biya le 18 février dernier, sachant par ailleurs qu’il avait déjà été reconnu prisonnier d’opinion par l’ONU dès 2009. Un Avis de la Commission des Droits de l’Homme avait alors demandé à l’État camerounais de le libérer sous 180 jours.

Lorsqu’on examine attentivement l’affaire Pierre Désiré Engo, on se rend compte qu’il doit son malheur- les procès à tiroirs qu’il affronte depuis 14 ans et qui se sont soldés par trois condamnations sur des bases hautement discutables – à la fondation qu’il avait créée, pour perpétuer la mémoire de Martin Paul Samba, un héros de la résistance à la colonisation allemande.

Un autre cas est celui de Marafa Hamidou Yaya, ancien ministre de l’Administration territorial et ancien Secrétaire général de la présidence camerounaise. Arrêté mi-avril 2012, il a été condamné à 25 ans de prison ferme, officiellement pour « complicité intellectuelle » de détournement de fonds publics en lien avec l’achat d’un avion pour le Président du Cameroun. «Pour cela, le juge s’est fondé uniquement sur ma relation amicale avec un des coaccusés au moment des faits», avait alors commenté le condamné. On sait aujourd’hui après confirmation de l’avocat du Cameroun dans ledit contentieux, Me Akeré Muna, que les autorités Camerounaises avaient entièrement recouvré les millions de dollars qui étaient censés avoir été détournés dans le cadre de l’achat de l’avion présidentiel, en plus d’un aéronef neuf, bien avant le début du procès kafkaïen qui a abouti à la condamnation de M. Marafa.

Les malheurs de Marafa semblent avoir commencé avec la publication de plusieurs milliers de documents confidentiels de la diplomatie américaine suite à une fuite relayée par l’association Wikileaks en novembre 2010. Un câble confidentiel de l’ambassade des États-Unis à Yaoundé dévoilé par Wikileaks le présentait en effet comme le potentiel successeur de Paul Biya. Des révélations qui ne pouvaient faire plaisir aux autres candidats généralement présentés comme des «fils adoptifs» du Président qui semblent être déjà dans une sourde mais fratricide bataille de succession, à fort repli tribal et villageois.

Messieurs Pierre Désiré Engo et Marafa Hamidou Yaya sont loin d’être les seuls prisonniers manifestement politiques au Cameroun, ni les seules victimes de l’arbitraire judiciaire et carcéral dans ce pays. Il y en a tant d’autres encore qui, pour des motifs d’incarcération les plus variés, les plus fallacieux, méritent aussi que nous leur accordions toute notre considération.

Aussi le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P) se chargera sans relâche: d’étudier les dossiers au cas par cas, de sensibiliser les opinions publiques (nationales et internationales), puis de mobiliser toutes les forces, organisations, et institutions internationales pouvant concourir efficacement à la libération de celles et ceux dont le caractère politique ou arbitraire de la détention aura préalablement été établi.

Pour le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P) du Cameroun
René DASSIÉ, Le Président, Journaliste
Joël Didier ENGO, Le Porte-Parole, Président de l’Association Nous Pas Bouger

Le logo officiel du CL2P