Que fait « l’Américain » Ndedi Eyango au RDPC?

Par Abdelaziz Mounde

Américain à la Socam. Camerounais au RDPC. You must calculate…Dans un de ses tubes célèbres, Patou, le chanteur à succès, dit Prince des Montagnes, parlait du remue-ménage qu’entraînent la corruption, le désordre, l’incurie et aussi nos hypocrisies nationales. Comme dans une de ses chansons, Mweringa, ode aux danses du Moungo, où au piemont des Monts Nlonako et Manengouba, on oscille frénétiquement au son des tambours, il tournoie entre mille contradictions.

Songez ! Il y’a quelques temps encore, la polémique enflait sur le tir de barrages que lui ont opposé alors tous ses adversaires, de l’ancienne ministre de la Culture à ses collègues artistes, au sujet de sa candidature au poste de président du Conseil d’administration de la Société camerounaise de l’art musical, dont le rôle est la collecte et la redistribution des droits des artistes.

Du fait de la possession de la nationalité américaine, l’auteur de You must Calculate, a dès lors été contraint à un bras de fer juridique, aussi éreintant qu’interminable, après avoir été confronté aux dispositions-couperet d’un article des statuts de ladite société, excluant des non-camerounais au poste convoité.

On le sait, les dispositions de la loi de 1968, portant Code de nationalité, sont claires sauf exceptions légales sur ce point. Au terme de l’article 31, alinéa 1,  » perd la nationalité camerounaise : a) Le Camerounais majeur qui acquiert ou conserve volontairement une nationalité étrangère. En l’espèce, depuis qu’il a choisi de devenir le compatriote de Donald Trump et de Barack Obama, l’artiste reconnu, par ailleurs chef traditionnel dans le Moungo, s’est donc affranchi des droits inhérents à la possession de la nationalité du pays de Nelle Eyoum.

Ce qu’il avait tôt fait de contester en s’appuyant sur une tolérance administrative, pratique presque admise en haut lieu, qui exempte des personnalités, hommes publics et sportifs des rigueurs de cette loi, dont l’esprit d’alors était entre autres, la chasse aux nationalistes de l’Upc, en exil à travers le monde, par le pouvoir Ahidjo. A la vérité, qu’il s’agisse de l’ambassadeur itinérant Roger Milla, franco-camerounais, de ministres et directeurs généraux, Ndedi Eyango disposait d’arguments plutôt solides pour mettre à nu une pratique totalement incohérente, dont le président Paul Biya avait promis en juillet 2009, dans un discours à la diaspora à Paris, de mettre à l’étude pour une nécessaire clarification.

C’est cette clarification que demandait Dieudonné Ngomou, un ancien responsable de sous-section RDPC en France, dans les colonnes du quotidien Le Jour, peu avant les dernières opérations de renouvellement des organes de base de ce parti. En effet, selon l’article 6 de ses textes de base,  » pour être membre du Parti, il faut : être camerounais de l’un ou de l’autre sexe « . Ce qui de manière claire et stricte, exclut Ndedi Eyango, récemment élu conseiller de la section RDPC-USA et des centaines d’autres, ayant pris des nationalités diverses.

Assurément, comme dans bien d’autres domaines, l’éthique et le respect de la loi ou encore la république exemplaire sont de mielleux slogans, qui n’engagent telles les promesses en politique, que ceux au Cameroun, qui veulent y croire.

Pas à une contradiction près, on peut donc être exclu de la présidence de la Socam à cause de sa nationalité étrangère et appartenir au Bureau d’une section RDPC, dont les statuts sont cristallins sur la qualité de membre et l’exigence de la nationalité camerounaise. Change Cameroon ! Pour le marteler comme Ndedi Eyango dans un de ses récents albums.

Ndedi Eyango.
Droits réservés)/n

Cameroun: Les orphélins de la République

Par Abega Minkala, Expert en gestion des marques

Dans notre contexte local, il n’est de statut moins enviable que celui de l’orphelin. Celui qui, tout jeune a perdu ses parents protecteurs est souvent soumis aux brimades, injustices, frustrations, bastonnades, aux privations de nourriture, à une éducation au rabais et aux corvées de toutes sortes. L’orphelin peut subir des séances de bastonnade publique, sans que personne ne le défende et sans que les «gens bien» du village n’y trouvent à redire. Ceux qui ont la chance d’avoir des parents mais qui sont d’une façon ou d’une autre abandonnés ou privés des soins élémentaires qu’attendent les enfants de leurs parents s’écrient souvent par dépit: «on me traite comme un orphelin». Ce sentiment peut sortir du cadre micro familial et se déporter à des niveaux plus élevés de la société. Ceux qui arrivent dans les milieux sociaux où ils n’ont pas de soutien éprouvent souvent la même frustration que celle qui habite les orphelins. Personne ne les voit, personne ne les écoute, personne ne leur donne ce à quoi ils ont droit, personne ne les défend quand ils sont pris à partie, à tort ou à raison.

Les sociétés modernes, depuis la révolution Française, se sont constituées en Républiques, avec un Etat qui, afin qu’il n’y ait plus d’orphelins, s’est constitué PARENT de tous les citoyens. Ceux-ci, du simple fait de leur appartenance à la République, sont devenus égaux, en droits, en devoirs, égaux devant les rigueurs de la loi, égaux devant les avantages que peut procurer la gestion collective de la chose publique. C’est parce que l’Etat est devenu notre parent à nous tous que les plus pauvres d’entre nous avons pu bénéficier des conditions minimales nous permettant de nous éduquer, de nous soigner et de nous épanouir. C’est cet Etat qui nous protège au jour le jour quand plus fort que nous veut nous faire subir la loi du plus fort. C’est toujours cet Etat qui nous sert de recours quand nous sentons que nos intérêts vitaux ou fondamentaux sont menacés. Nous sommes les enfants de la République et aucun d’entre nous, s’il en respecte les règles ne doit se sentir menacé, ne doit se sentir orphelin.

Il y a un peu plus d’un an, j’ai écrit une tribune au sujet de Prince NDEDI EYANGO, parce qu’il avait reçu un traitement d’orphelin dans notre République. Il lui a été reproché d’avoir un passeport étranger et de vouloir diriger la société de droits d’auteurs de la musique au Cameroun, son pays de naissance. Le reproche fait au Prince des Montagnes tenait la route au vu de la loi, mais relevait du traitement qu’on administre à un orphelin au vu de la pratique de notre pays qui regorge, à tous les niveaux, de personnes ayant commis le même péché mais bénéficiant de la mansuétude ou même de la complicité de l’Etat. Notre équipe nationale de football, si on avait appliqué en son sein la jurisprudence EYANGO, aurait sûrement à se séparer de quelques uns de ses joueurs phares. Prince, tu es un orphelin de la République.

Le premier titre qui m’est venu en tête au moment où j’ai engagé cette réflexion était «La République des orphelins». En relisant mentalement mon futur texte, le titre m’a semblé abusif et peut-être même excessif, parlant du Cameroun, mon pays, res publica, ma chose publique, ma République.

Dans notre contexte local, il n’est de statut moins enviable que celui de l’orphelin. Celui qui, tout jeune a perdu ses parents protecteurs est souvent soumis aux brimades, injustices, frustrations, bastonnades, aux privations de nourriture, à une éducation au rabais et aux corvées de toutes sortes. L’orphelin peut subir des séances de bastonnade publique, sans que personne ne le défende et sans que les « gens bien » du village n’y trouvent à redire. Ceux qui ont la chance d’avoir des parents mais qui sont d’une façon ou d’une autre abandonnés ou privés des soins élémentaires qu’attendent les enfants de leurs parents s’écrient souvent par dépit : « on me traite comme un orphelin ».Ce sentiment peut sortir du cadre micro familial et se déporter à des niveaux plus élevés de la société. Ceux qui arrivent dans les milieux sociaux où ils n’ont pas de soutien éprouvent souvent la même frustration que celle qui habite les orphelins. Personne ne les voit, personne ne les écoute, personne ne leur donne ce à quoi ils ont droit, personne ne les défend quand ils sont pris à partie, à tort ou à raison.

Les sociétés modernes, depuis la révolution Française, se sont constituées en Républiques, avec un Etat qui, afin qu’il n’y ait plus d’orphelins, s’est constitué PARENT de tous les citoyens. Ceux-ci, du simple fait de leur appartenance à la République, sont devenus égaux, en droits, en devoirs, égaux devant les rigueurs de la loi, égaux devant les avantages que peut procurer la gestion collective de la chose publique. C’est parce que l’Etat est devenu notre parent à nous tous que les plus pauvres d’entre nous avons pu bénéficier des conditions minimales nous permettant de nous éduquer, de nous soigner et de nous épanouir. C’est cet Etat qui nous protège au jour le jour quand plus fort que nous veut nous faire subir la loi du plus fort. C’est toujours cet Etat qui nous sert de recours quand nous sentons que nos intérêts vitaux ou fondamentaux sont menacés. Nous sommes les enfants de la République et aucun d’entre nous, s’il en respecte les règles ne doit se sentir menacé, ne doit se sentir orphelin.

Il y a un peu plus d’un an, j’ai écrit une tribune au sujet de Prince NDEDI EYANGO, parce qu’il avait reçu un traitement d’orphelin dans notre République. Il lui a été reproché d’avoir un passeport étranger et de vouloir diriger la société de droits d’auteurs de la musique au Cameroun, son pays de naissance. Le reproche fait au Prince des Montagnes tenait la route au vu de la loi, mais relevait du traitement qu’on administre à un orphelin au vu de la pratique de notre pays qui regorge, à tous les niveaux, de personnes ayant commis le même péché mais bénéficiant de la mansuétude ou même de la complicité de l’Etat. Notre équipe nationale de football, si on avait appliqué en son sein la jurisprudence EYANGO, aurait sûrement à se séparer de quelques uns de ses joueurs phares. Prince, tu es un orphelin de la République

Un an après EYANGO, je découvre un deuxième orphelin : TOMBI à ROKO SIDIKI. Voici un citoyen comme les autres. Son premier péché est d’être Secrétaire Général de la FECAFOOT. Le deuxième péché est qu’il est issu de ces couches de la République qui n’ont été anoblies ni par la résonance des hautes sphères de la fonction publique, ni par les froissements des billets de banques des milieux des affaires, ni par la gloire éphémère des lumières des stades. TOMBI est tout simplement issu des milieux modestes, ceux d’où nous sommes en réalité tous partis, avant, au bénéfice des privilèges de la République, de la fortune d’affaires plus ou moins douteuses ou d’éphémères exploits sportifs, de nous retrouver propulsés dans les castes de ceux qui aujourd’hui ont pour parent principal la République et ne veulent partager les attentions de ce parent qu’avec leurs « frères utérins », pas avec les frères consanguins, encore moins avec les cousins plus ou moins éloignés que constituent les citoyens Lambda.

TOMBI, il t’est reproché, comme il a été reproché à EYANGO, de prétendre, toi l’orphelin, t’asseoir dans le fauteuil de PRESIDENT de la FECAFOOT. Toi l’enfant de qui ? La République te connait-elle ? Tu dis qu’elle te connait ? Que tu es son enfant ? Comme les autres enfants ? Je n’en suis pas sûr.

Tu es actuellement Secrétaire Général de la FECAFOOT, tu devrais être la cheville ouvrière de la présence des Lions Indomptables à Malabo, mais tu es à Tsinga. Qu’as-tu fait pour ne pas pouvoir sortir du pays, pour ne pas pouvoir accomplir ta tâche ? Tu ne le sais pas ? Je vais te le dire : Tu t’es déclaré candidat à la Présidence de la FECAFOOT. Et tes adversaires ont écrit contre toi une lettre de dénonciation adressée à l’Etat. Et comme l’Etat n’est pas ton père à toi (eh oui, tu es orphelin), l’Etat t’a traité comme on traite les orphelins, ceux là sur qui on peut taper sans craindre que le parent ne s’interpose.

Connaissant la FECAFOOT aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur, j’affirme haut et fort qu’elle ne s’est jamais aussi bien portée que depuis que TOMBI à ROKO en est le Secrétaire Général. La FECAFOOT en réalité « n’existait pas » avant l’an 1998. A qui souvient-il que le siège de la fédération se trouvait logé dans les sous sols du stade Ahmadou Ahidjo, sans eau, sans électricité, avec un personnel accusant plus de trois années d’arriérés de salaires ? Nous l’avons oublié, nous ne le devons pas. Avant 1998, la FECAFOOT avait déjà eu à gérer les retombées des Coupes du Monde 1982, 1990 et 1994, avec comme bilan, le tableau que j’ai brièvement décrit plus haut. Depuis 1998, les équipes respectives qui se sont succédé aux commandes de la fédération ont contribué à bâtir une maison solide, organisée, disposant de fonds propres et d’un important patrimoine immobilier.

La nuée de prétendants qui survole depuis trois ans le siège de Tsinga, toutes griffes dehors, versant dans la désinformation, l’amalgame, la violence verbale et même parfois physique, l’intimidation, les trafics d’influence de toutes sortes, cette nuée témoigne de la beauté de la fiancée, que tous les prétendants veulent conquérir au prix de toutes les compromissions. Les dirigeants actuels, orphelins, accusés de tous les maux en général et d’aucun mal en particulier ont été lâchés par tous, même par le seul parent que doivent avoir les orphelins à savoir, la République. En quatre année de bataille et de désinformation, je n’ai jusqu’à présent entendu aucun grief crédible sur la gestion administrative et financière de la Fédération. Les griefs sur la mauvaise gestion des Lions Indomptables ne peuvent pas être dirigés vers une fédération qui a été écartée de la gestion de ladite équipe par le décret du 30 Octobre 1972 et remise en situation de gestion seulement par le décret du 26 septembre 2014, 42 ans plus tard.

L’Etat, la République, notre père et notre mère à nous tous citoyens, doit s’assurer que les plus faibles d’entre nous, ceux qui sont les plus vulnérables, soient protégés et ne subissent pas au quotidien des humiliations injustifiées, des frustrations et des brimades et la vindicte de populations mal informées ou désinformées.

Si la République veut redevenir notre parent à nous tous, elle doit s’appliquer à ce que tous ses enfants soient égaux au devant d’elle.
Si la République est le parent de tous ses enfants, elle doit, en se basant sur la « jurisprudence » Prince EYANGO – disqualifié de la gestion de la chose plus ou moins publique parce qu’il détient un passeport Américain -, elle doit disais-je, interdire à Joseph Antoine BELL, détenteur d’un passeport Français, de se présenter à l’élection du président de la FECAFOOT, afin qu’EYANGO ne se sente pas orphelin.

Si la République est le parent de tous ses enfants, elle doit veiller à ce que les textes qui la régissent s’appliquent de manière équitable à tous ces enfants. Les textes adoptés par la FECAFOOT fixent les conditions pour être candidat à l’élection du Président. Ceux des fils de la République qui remplissent les conditions sont candidats. Ceux qui ne peuvent pas les remplir ne le sont pas ou ne devraient pas l’être.

Si la République est le parent de tous ses enfants, elle doit éviter de faire en sorte que les décisions de certains de ses organes -comme celle de faire reporter l’élection à la FECAFOOT pour des motifs pour le moins surprenants quand ils sont évoqués par un Etat fort et structuré comme le Cameroun- soient perçues comme des moyens d’empêcher les « citoyens ordinaires » d’accéder à des postes qui sont réservés à des « citoyens spéciaux ». Le report négocié auprès de la FIFA apparait, au vu des derniers développements en date, comme un délai négocié pour neutraliser le candidat orphelin, qui a eu l’outrecuidance de remplir les conditions lui permettant de se faire élire par les délégués à l’Assemblée Générale de FECAFOOT.

Le Cameroun est une vraie République. Celle là qui m’a attribué une bourse d’études, moi l’enfant du pauvre menuisier. Celle là qui sait se réveiller pour protéger tous ceux qui sont ses enfants. Celle là qui, je l’espère, ne fera pas de TOMBI à ROKO SIDIKI un second Prince EYANGO ou même pire.


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