Le concubinage est un mariage mais sans acte légal. Nid d’amour au départ, l’issue de ce type d’union relation n’est pas toujours agréable.
Assise sur sa véranda, la main sur la joue, Aline nous raconte ce fameux jour où elle a été chassée de ce qu’elle avait considéré pendant huit ans comme le chez elle. « Je vivais avec mon conjoint Patrick. On s’aimait et on avait des projets de mariage. On se considérait même déjà comme marié, jusqu’au jour où il m’a dit que je ne suis plus à son niveau et qu’il avait besoin d’une femme plus instruite que moi ».
Entrée à l’Enam
Aline et Patrick se rencontrent alors que celle-ci est en classe de 3ème. Lui, est déjà étudiant à l’université. Au gré de leur intimité, Aline se retrouve enceinte deux ans après le début de la relation et sera contrainte d’abandonner ses études. Chassée de la maison familiale, Aline n’aura pour seule issue que la chambre d’étudiant de son copain. Ainsi début leur vie à deux, unis dans le concept trivialement appelé le « viens on reste ».
Pour pouvoir vivre en attendant de meilleurs jours, les jeunes futurs parents se lancent dans la vie active : petit commerce, cours de répétition, etc. Mais l’admission de Patrick à l’Ecole nationale d’administration et de la magistrature (Enam), va transformer le nid d’amour en un nid de vipère. « J’étais devenue invisible, je n’étais plus bonne que pour les tâches ménagères. Il ne me parlait plus de rien et je ne savais pas ce qu’il faisait de sa bourse. Finalement, un jour, il m’a demandée de quitter sa maison car il a trouvé une femme qui le mérite et qui est aussi instruite que lui. Mon rêve se brisait et j’ai été obligée de repartir chez mes parents ». Aline regagne alors le domicile familial, les regrets pleins la valise, et un ventilateur en guise de « prime de bonne séparation ». Même la fille issue de cette union lui sera ôtée des bras.
Aline n’est pas la seule à avoir subi les revers du concubinage. Myriam, après avoir passé 10 ans de vie commune avec son concubin, apprendra par leur fils de 9 ans que celui-ci a épousé une autre femme. « C’est ce jour-là que j’ai su qu’il y’a un Dieu », révèle-t-elle. Elle émet un soupir avant de continuer « mon fils et sa petite soeur ont fait une sortie avec leur père un samedi. Je n’ai rien remarqué d’inhabituel. Il m’a juste demandé de bien habiller les enfants car ils devaient aller se balader. Ce que j’ai fait sans arrière pensée. Il les a ramenés dans la soirée, les a déposés devant le portail et est reparti. Jusque-là je ne me suis rendu compte de rien. C’est mon fils qui, me racontant sa journée, me dira qu’ils étaient au mariage de papa. Je n’ai pas cru tout de suite. Mais, avec tous les détails qu’il décrivait, j’ai finalement compris que je venais d’être dupée. Ce jour j’ai eu envie de mettre fin à ma vie ».
Chassée comme une malpropre
Catherine, quant à elle, pleure la mort de son compagnon et son ignorance. En couple avec Bienvenu pendant dix ans, elle n’en ressortira qu’avec leurs deux enfants. Bienvenu, agent de l’Etat, n’a pas officialisé son union avec elle. Après sa mort, Catherine sera chassée de la maison avec ses deux enfants. Sa « belle-famille » lui interdira l’accès aux biens laissés par Bienvenu. « Dès que Bienvenu est décédé à l’hôpital, sa grande soeur est rentrée chez nous et a défoncé la porte de notre chambre. Elle a ramassé tout ce qui était important, argent, dossier, titre foncier sans compter tout ce qu’on avait comme bien matériel dans cette maison. Je n’ai eu droit à rien. Même sur le programme du deuil, mon nom n’a pas été mentionné. C’est comme si je n’avais jamais fait partie de sa vie. J’ai assisté au deuil de mon “mari” comme une étrangère », raconte Catherine.
Le concubinage ou union libre, semble conférer tous les droits à l’homme. Étant en concubinage, la femme se doit de remplir son rôle de femme mariée. Elle lave, repasse, fait la vaisselle, fait des enfants et s’en occupe, sans oublier son devoir conjugal. L’homme bénéficie de tous les privilèges d’un homme légalement marié. Sauf que les déboires, du “viens on reste”, les femmes ne sont pas les seules à les subir. Nous avons fait la rencontre de certains hommes qui nous révèle combien ils ont été dupés, escroqués dans le concubinage.