Les camerounais n’ont pas encore pris la pleine mesure de l’importance de leurs femmes dans la stabilité de leur évolution
Aux origines du 08 Mars
Cela fait aujourd’hui un siècle, que la planète célèbre ses femmes, le 8 mars est d’ailleurs un jour férié dans certains pays. L’idée de la Journée mondiale de la femme a été lancée en août 1910 par la militante allemande du mouvement féminin socialiste international, Clara Zetkin, lors de la 2ème conférence internationale des femmes socialistes, à Copenhague. A l’époque, aucune date précise n’avait été fixée. Ce n’est que le 8 mars 1945 que la Journée de la femme est célébrée dans tous les pays socialistes. Cependant d’après certains historiens, cette manifestation avait à l’origine un but bien différent que celui d’aujourd’hui. Cette sorte de fête des mères devait « contrecarrer l’influence des groupes féministes sur les femmes du peuple ». Aujourd’hui, le combat des femmes a évolué et s’est adapté au nouveau contexte international, et aux nouvelles situations nationales. Les féministes des années 70 ont laissé la place à une nouvelle génération de femmes militantes. Au-delà de l’égalité des genres, les femmes dans de nombreuses sociétés, revendiquent aujourd’hui la liberté de sexualité, des droits politiques, économiques.
Une célébration parfois mal importée en Afrique
L’Afrique, continent fortement influencé par les modèles occidentaux a repris la plupart de ces nouveaux combats à son propre compte. Selon certains experts, il faut distinguer plusieurs niveaux de revendications. Dans l’extrême logique, des féministes proposent une égalité parfaite homme /femmes, et la rupture totale avec la majorité des traditions, qui à leurs yeux dévalorisent la femme et lui ôte toute sa dignité. Les femmes du niveau intermédiaire militent elles, pour une fusion des valeurs et pour des rapports hommes et femmes basés sur le respect mutuel de l’autre. Enfin dans un troisième niveau, il y a ces femmes rurales, les plus nombreuses, qui ne se posent aucune question sur l’évolution de leurs droits, et ne revendiquent que sur la base des petits problèmes survenus dans leur environnement d’épanouissement. Les femmes les plus lucides reconnaissent la difficulté du combat qui est le leur.
De nombreux efforts à fournir pour la femme camerounaise
Au Cameroun par exemple, de récentes estimations tirées des enquêtes sur les ménages rapportent que les femmes constituent pour une bonne majorité la force agricole du pays et produisent environ 80 % de toutes les denrées alimentaires. Le taux d’activité économique des femmes camerounaises est largement supérieur à celui des hommes. Et pour toutes ces femmes, il faut aussi s’occuper de l’éducation sociale des enfants et de l’entretien du ménage. Malgré ce rôle assez marqué dans la société, les femmes camerounaises continuent de souffrir du manque de reconnaissance légitime de ses efforts. Le taux de scolarisation des femmes au primaire reste remarquablement faible, malgré la mise en application des initiatives internationales comme les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui visent l’éducation primaire pour tous d’ici 2015. L’analphabétisme reste extrêmement important surtout dans le grand Nord et l’Est du Cameroun. Suite à un récent rapport, le gouvernement camerounais a reconnu que les progrès en termes de mortalité maternelle sont eux aussi bien inférieurs aux objectifs internationaux.
La pérennité de la violence psychologique
Mais de manière globale la fin des violences physiques ou morales faites aux femmes camerounaises reste le plus difficile des combats. Cette violence est désormais largement reconnue par tous les mouvements féministes au Cameroun, comme la manifestation des relations du pouvoir inégal entre les hommes et les femmes. Malgré l’absence de données fiables, il est admis que la violence à l’égard des femmes est omniprésente et par conséquent des milliers de femmes continuent de souffrir de ce fléau. Ces violences sont soit le fait des individus, soit de toute la société. L’Extrême nord continue d’exciser ses filles au nom de traditions dépassées, le sud continue de mener des guerres atroces contre la jeune veuve. Des violences les plus dures, la violence psychologique est la plus difficile. La très grande pauvreté évidente qui caractérise les femmes les place en général sous la domination d’un homme qui considère sa contribution normale aux charges du ménage comme une faveur. De toutes les femmes, celles qui souffrent le plus et en silence sont celles qui sont victimes soit de harcèlement, soit à l’inverse d’abandon sexuel. Selon une toute petite enquête menée par Journalducameroun, de nombreuses femmes pour plusieurs raisons (surcharge pondérale acquise, ménopause et parfois début de vieillesse), sont abandonnés par leurs maris qui cherchent des filles plus jeunes et plus «vivantes». Le gouvernement camerounais a fait de nombreux efforts et rappelle le rôle clé des femmes du monde à l’érection du 08 mars, pour inviter la femme camerounaise à prendre sa destinée en main.