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11 février: Les jeunes sont-ils encore dans la fête ?

Le discours a changé et les jeunes ont d'autres ambitions même si la fête reste une occasion de parader Ils…

Le discours a changé et les jeunes ont d’autres ambitions même si la fête reste une occasion de parader

Ils sont presque unanimes sur un fait, la fête de la jeunesse ne représente plus rien à leurs yeux; Et le constat est d’autant plus désolant qu’il s’agit là des avis de jeunes étudiants et élèves. A la question de savoir s’ils se sentent vraiment dans leur fête, celle du 11 février, quatre jeunes sur cinq répondent par la négative. Le cinquième, loin d’être entièrement d’accord estime également que «si le système gouvernemental en place venait à être refait, les choses pourraient changer et les jeunes seraient plus impliqué dans la fête».

Les jeunes se sentent de moins en moins impliqués
Marie-Evelyne, jeune étudiante de 2ème année à l’université de Douala avoue ne plus se sentir dans «cette affaire», pour la simple raison que «c’est de plus en plus une fête de la jeunesse de nom, sur les papiers. On nous donne l’impression que nous sommes concernés, pourtant les véritables concernés se trouvent ailleurs». Ailleurs, c’est «dans les bureaux» réplique t- elle sur un ton d’énervement. Et Christian de lui emboiter le pas, «la fête de la jeunesse est devenue une fête uniquement pour les élèves du primaire et du secondaire, car on les contraint. Mais quand on avance, on se rend compte que le jeune n’y tire aucun avantage concret, si ce n’est qu’il se sèche au soleil pendant toute une journée.» Lorsque l’on veut prendre l’avis de Brice, il avance que «D’ailleurs à quoi sert-il de faire la fête quand les vieux et nos grands frères ne veulent pas entendre parler de jeunes autour d’eux, dans les entreprises. C’est déjà à un niveau où les jeunes se battent pour vieillir, puisqu’ils n’ont plus aucune assurance sur leur jeunesse et sur leurs chances d’avoir un boulot après l’école» Jeune animateur radio, Brice s’est vu obligé d’abandonner son matricule à l’université pour «préserver mon emploi dans cette radio». Et il ne s’arrête pas là «les jeunes se battent déjà entre eux pour savoir qui est le plus vieux, qui va commander. Ça ne fait aucun plaisir d’être jeune dans notre pays».

Aucun engouement de la part des jeunes
A quelques jours de la célébration de la fête de la jeunesse, l’on peut compter du bout des doigts les jeunes qui en parlent fièrement dans les rues. A moins de tomber sur un groupe de jeunes élèves de lycée, qui viennent justement de terminer la séance d’entrainement du défilé. Michael est élève en classe de cinquième, et selon lui, «la fête de la jeunesse est une bonne chose parce qu’on s’achète pleins de cadeaux au défilé ; les ballons et autres chose qu’il n’y a pas souvent à l’école». Plus loin, Carine D. élève en classe de Terminale déclare «ça me fait un jour férié et je profite pour lire mes cours. Ce qui m’intéresse à l’heure actuelle c’est mon baccalauréat». Un avis que partage Christelle, jeune étudiante qui vient de décrocher son Master en Droit et qui est à la recherche d’un job, «sans succès depuis plus d’un an» dit-elle avant de poursuivre, «pour nous qui ne faisons rien, la fête de la jeunesse ne nous concerne en rien. Nous ne sommes impliqués à aucun niveau et on ne peut pas nous en vouloir de rester à la maison. Il n’y a rien à faire, ou plutôt, les postes qu’il y a à pourvoir dans les entreprises, son occupés par les familles des patrons. Et on veut nous faire croire que la jeunesse camerounaise va bien? C’est faux».

A qui la faute?
Tous, ou presque vous donneront la même réponse, la faute revient aux politiques. Francis, 27 ans s’interroge : «a qui d’autre peut-on attribuer tout ce mal si ce n’est aux politiques ? Puisque ce sont eux, ces vieux, qui ont la charge de la jeunesse, qui instaurent des programmes du moyen âge pour des jeunes du XXIe siècle». Et quand on lui parle du Conseil National de la Jeunesse, il pousse un OUF et déclare «puisqu’on vient de le mettre en place, on attend de voir de quoi il est question et ce pourquoi il a été créé». Comme quoi, «quand il y a la vie, il y a espoir». La maxime chantée par un groupe de musiciens ivoiriens sonne désormais comme un chant de ralliement pour la jeunesse camerounaise, à la veille de sa fête. «Mon espoir est que les choses changent, mais mon rêve est de partir de ce pays. Même si on raconte que l’Europe n’est pas l’eldorado, c’est quant même mieux d’y être» conclut Francis, sans doute comme l’aurait fait plus d’un à sa place.

Image d’illustration
Journalducameroun.com)/n