Des révendications secessionistes ont été portées devant des instances internationales
Le SCNC débouté
Le jeudi 1er octobre dernier, une brève évocation sur l’importance de cette date pour l’évolution des institutions au Cameroun, a été faite dans le journal radiodiffusé, apportant une information nouvelle concernant les actions des sécessionnistes de la partie anglophone du Cameroun. Dans un communiqué rendu public par le ministre de la communication Issa Tchiroma, on apprend que la commission africaine des droits de l’homme et des peuples, lors de sa 45ème session tenue à Banjul au mois de Mai dernier, a statué sur les revendications des représentants du South Cameroon National Congress (SCNC) et du South Cameroon People Organisation (SCAPO) soumises à elle en 2003.
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Communiqué du ministre de la communication |
Une enquête internationale initiée par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme s’est déroulé sur la question anglophone au Cameroun. Selon le rapport de cette enquête rendu en septembre 2003, il apparaît clairement que l’histoire n’a pas été favorable à cette partie du Cameroun. Lors des plébiscites séparés sur la réunification, une partie du Cameroun britannique, le Northern Cameroon opte pour le rattachement à la fédération nigériane. Le Southern Cameroon se prononce lui le rattachement au Cameroun français. Les résultats étaient donc contrastés mais la République fédérale du Cameroun était née. Le rattachement de la partie méridionale des provinces anglophones à la République du Cameroun sera concrétisé par une Constitution fédérale adoptée le 1er septembre 1961. Les témoins de cette histoire affirment que la partie anglophone était sceptique, mais le président Ahidjo aurait fait montre de diplomatie. Le résultat en a été une constitution fondée sur un ensemble de quiproquos.
Le compromis difficile
Ce texte se caractérisait par un système très centralisé dans lequel la partie anglophone verra son autonomie se réduire progressivement. La présidence d’Ahmadou Ahidjo renforcera cette tendance, le pouvoir central se déployant progressivement par le biais, notamment, d’un régime autoritaire à parti unique. Le 20 mai 1972, par initiative présidentielle, un référendum est organisé au Cameroun. Une seule question était posée à la population camerounaise (anglophones et francophones) : Approuvez-vous, dans le but de consolider l’unité nationale et d’accélérer le développement économique, social et culturel de la nation, le projet de Constitution soumis au peuple camerounais par le président de la République fédérale du Cameroun et instituant une République, une et indivisible, sous la dénomination de République Unie du Cameroun ? Le « oui » l’emporte. Ce référendum abolissait le fédéralisme et donnait naissance à une nouvelle organisation institutionnelle. Une république centralisée et divisée en 10 provinces administratives, dont huit provinces de langue française et deux de langue anglaise aujourd’hui régions du Nord Ouest et du Sud Ouest).
Une marginalisation renforcée
En février 1984, Paul Biya, qui succède à Ahidjo à la présidence, parachève cette réforme institutionnelle. Il modifie la Constitution en supprimant l’adjectif « unie » derrière le mot « république ». L’ensemble de ce processus a donc conduit l’ancien «Southern Cameroon» à, pratiquement, se fondre dès 1972 dans un Etat unitaire centralisé. Cette dynamique institutionnelle a généré certaines frustrations. Au cours des dernières années, plusieurs habitants des deux régions anglophones, qui représentent un cinquième de la population, ont de plus en plus éprouvé le sentiment d’être complètement marginalisés dans la vie politique camerounaise. Celles-ci n’ont pas immédiatement trouvé de possibilité de s’exprimer mais elles ont favorisé l’émergence des idées sécessionnistes.
La partie Anglophone est celle qui recouvre la zone pétrolifère du sud ouest Cameroun, dont on dit qu’elle constitue une formidable réserve.