Par Edmond François Ngagoum
Les débats récents auront eu le mérite de convaincre les derniers indécis à rejoindre le club des observateurs qui tentent avec plus ou moins de brio de rapprocher les trois événements suivants : l’émergence de la Guinée, le coup d’Etat en Centrafrique et la déstabilisation prochaine du Cameroun. Les deux premiers événements étant déjà enclenché, il ne reste plus qu’à se questionner sur le troisième qui nous semble très déterminant tant les faits et leur agencement peuvent donner raisons aux observateurs pré-évoqués. Ils sont très nombreux les observateurs, spécialistes et hommes politiques qui pensent que le but des remous observés en RCA était en réalité de parvenir à créer une situation de forfaiture au Cameroun pour faire main basse sur le pays de Paul Biya, s’en servir pour parvenir à la Guinée de Obiang et ainsi satelliser le Golfe de Guinée. Les choses se seraient passé comme pour ce fameux printemps arabe ou la mauvaise humeur a enjambé les frontières avec une facilité digne des souhaits panafricanistes de Nkwame Krumah. Dans les médias et sur internet, des positions parfois exceptionnellement bien étoffés et cohérentes n’ont pas manqué d’attirer notre attention, et en citoyen soucieux nous avons voulu nous pencher sur cette question, le temps d’un article. En relations internationales, les remords, les états d’âme et autres sentiments sont bon pour les faibles, tous les moyens sont utilisables, tant qu’ils permettent de parvenir aux buts qu’on s’est fixé. C’est une lapalissade, inutile d’épiloguer là-dessus. Partant de ce principe, nous identifions les lauréats d’une situation d’instabilité au Cameroun dans deux catégories et sous deux ordres tous les deux consubstantiels. Ce sont à la fois des personnes morales (Etats, multinationales, ONG.) et des personnes Physiques, situés à la fois dans et en dehors de frontières camerounaises. Tenter de lire cette différentiation sur un prisme individualisant nous semble partir d’une erreur, car les choses s’épousent dans un jeu d’intérêt et de partage de rôle qui rend difficile toute tentative de réflexion sérieuse sur la question.
Si la précédente guerre froide avait un mobile idéologique et politique, le monde depuis les années 1990 s’est de nouveau englué dans une guerre froide dont les mobiles sont cette fois économiques et militaires. Les guerres en Irak, en Lybie, en Syrie, les conflits au Tchad, en Cote d’Ivoire, au Maghreb, en RCA ne sont que l’expression de cette course qui oppose les géants d’hier et les nouveaux pays émergeants, membres ou non des BRICS. Hier, course aux armements, aujourd’hui course aux intérêts. Hier alliés, aujourd’hui partenaires…la liste est longue. Pour tenter de masquer cette course vers des espaces vitaux, les seigneurs du monde se servent volontiers de la religion que l’on avance à tord et à travers pour sortir l’étendard humanitaire. Revenons au Cameroun voulez-vous ? Les anciens partenaires du Cameroun avec en tête la France ne voient pas forcément d’un bon il la sympathie non diffuse de Yaoundé pour les partenaires d’un nouveau genre. Avec les grands travaux lancé par le chef d’Etat, les anciens procédés de passation des marchés se font de moins en moins évidents, les France s’est risqué de peu de perdre un chantier aussi important que le second pont sur le Wouri !
Economiquement, les partenaires classique du Cameroun sont en très mauvaise posture devant la force de la Chine qui se pose en véritable vorace de l’énergie made in africa, avec ce Golfe de Guinée qui n’en finit pas de surprendre. C’est là le mobil économique, pétro-minier en des termes plus globaux. Par ailleurs les Emirats du Golfe Persique ne rechignent pas à l’idée de recruter plus d’adepte pour leur cause religieuse. C’est ainsi que les groupes comme Al Quaeda, Ank Sahadine et autres Boko Haram ne lésinent pas sur les moyens pour se faufiler entre les populations. Avec la population africaine qui croit de manière exponentielle, les capacités comme la jeunesse, la disponibilité et la mobilité sont les atouts que les Etats Islamiques peuvent exploiter pour enrichir leur paganisme. Là est l’argument religieux. En fin, les Etats qui espèrent conquérir un espace sécuritaire stratégique en zone centrale africaine auront la main mise sur les voies de navigation maritime de la corne de l’Afrique. De plus, un supplément de ressource énergétique serait un bonus plus que bienvenu. En conclusion, les Etats se repartissent les mobiles économique, religieux et sécuritaires. Ce sont les limitrophes immédiats comme le Tchad, les partenaires comme le Maroc, la France, les USA, le Qatar etc. Pour les individualités, c’est un peu plus simple car, ce sont des personnalités qui nourrissent une viscérale haine politique à l’endroit du président Biya. Envieux et jaloux de sa longévité au pouvoir, ils espèrent obtenir une revanche qu’ils n’ont pas pu s’offrir de manière décente. Ces personnalités se trouvent la fois à l’intérieur du RDPC et en dehors, au Cameroun et à l’extérieur, et tous les anciens barrons enfermés dans les prisons camerounaises ne serraient que très ravi d’un cafouillage qui donnerait cours à des desseins plus ou moins inavoué. C’est là le sens du silence quasi générale de la haute sphère politique camerounaise du choix de Paul Biya de se représenter aux élections de 2011, de son entêtement à créer absolument son Sénat et de se faire élire à une majorité plus qu’absolue à l’assemblé nationale. Le landerneau politique camerounais est rempli de lâche et de traître qui célèbrent de voix en maudissant de foi. C’est ce cocktail d’antipatriote et anti sportif politique qui attend de recevoir de l’extérieur ce qu’elle n’a pas pu s’offrir politiquement ou militairement depuis 31 ans de pouvoir du président Paul Biya.
Les leçons à tirer…
Le président Biya gagnerait à « offrir » au Cameroun des institutions propre à conduire la transitions à bon port, dixit Jean Bruno Tagne ce dimanche à Canal Presse. En prenant légèrement nos gardes sur cette terminologie de « transition », nous partageons entièrement cet avis qui me semble plus que sage car en 31 ans de pouvoir, Paul Biya pourrait difficilement surprendre les camerounais. Le ton que Yaoundé a donné depuis les crises en RCA semble être plus sage que prétentieuse et sur ce point, nos milliards se justifient. Pouvons nous avoir des reformes plus rapides et un peu plus « audacieuses » M. le Président? Les Etats n’ont pas de remords, inutile de revenir sur cette question. Mais les Hommes de chairs s’entendront demander des comptes, cela ne fait l’objet d’aucun doute. Les politiques camerounais de tout bord, doivent travailler dans cet esprit de préservation de la paix au Cameroun en se posant par exemple cette question : si notre beau pays est mis sans dessus dessous à cause des intérêts égoïstes et personnels, que dirons les générations à venir ?