Le dirigeant libyen pense que c’est en vue de protéger le continent et de faire face aux forces étrangères comme l’Otan et la Chine
Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, invité mardi 14 décembre au Festival mondial des arts nègres à Dakar au Sénégal (ou FESMAN), a appelé à créer une seule armée africaine et un seul gouvernement africain, tandis que le président sénégalais Abdoulaye Wade réclamait l’instauration des Etats-Unis d’Afrique. Nous sommes en train de vivre un nouvel assujettissement, a lancé le dirigeant libyen, présentant l’Afrique comme une proie que tous les loups de par le monde veulent dévorer en pillant ses ressources minières et halieutiques. A bas l’impérialisme! L’Afrique doit s’unir, pour qu’on ne redevienne pas des serfs ou des esclaves. Il faut mettre en place un gouvernement d’union pour le continent africain, que l’Afrique ait une seule armée (…) qui se composerait d’un million de soldats, a-t-il insisté. Même l’armée d’Afrique du Sud ne vaut rien devant l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique nord) ou les Etats-Unis d’Amérique. La Libye n’est même pas capable de protéger ses eaux territoriales seule, a lancé le numéro un libyen. Il a ensuite présenté les dirigeants africains qui ne veulent pas mettre en place une seule armée comme des agents de l’impérialisme, des myopes ou bien des traîtres parce qu’ils ne pensent pas l’avenir de l’Afrique. Mouammar Kadhafi, âgé de 68 ans, est le plus ancien dirigeant africain puisqu’il dirige la Libye depuis 41 ans.
Abdoulaye Wade, 84 ans, au pouvoir au Sénégal depuis 2000 et candidat à la présidentielle de 2012, a félicité Mouammar Kadhafi pour ses paroles. Abdoulaye Wade avait lui-même déclaré le même mardi 13 décembre: Nous demandons, ici et maintenant, d’instaurer les Etats-Unis d’Afrique, seule solution pour libérer nos peuples et (…) faire de l’Afrique un grand ensemble culturel, économique, politique et social qui sera respecté. Invitant ses pairs à accepter des étapes intermédiaires pour l’unité fondamentale du continent. S’exprimant à l’occasion d’une réception au palais de la République, en marge de la 3è édition du Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN), en présence de la présidente Ellen Johnson Sirleaf du Liberia et du guide libyen Mouammar Kadhafi, Abdoulaye Wade prend ce dernier à témoin pour mettre en place en 2011 les Etats-Unis d’Afrique. Nous voulons construire l’Afrique par l’Afrique et aujourd’hui cela est possible parce nous avons les cadres, a lancé le chef de l’état, optimiste avec le retour de ces cerveaux qui croient maintenant à l’avenir du continent pour la reconquête de sa dignité.
Tous deux s’exprimaient devant plusieurs centaines d’enfants et de jeunes massés sur les escaliers conduisant à la grande statue de la Renaissance africaine, monument en bronze construit par des nord-coréens et inauguré en avril pour le 50e anniversaire de l’indépendance du Sénégal. Trois autres présidents africains, la libérienne Ellen Johnson Sirleaf, le bissau-guinéen Malam Bacai Sanha et le cap-verdien Pedro Pires, assistaient à cette cérémonie mais ne sont pas exprimés. Plusieurs autres personnalités politiques venues d’Afrique, des Etats-Unis, du Brésil (invité d’honneur), etc. ont également assisté à la cérémonie d’ouverture rehaussée par la prestation de nombreux artistes de renommée internationale comme Youssou N’dour, Ismaïla Lo, Baba Maal, Angélique Kidjo et d’autres groupes étrangers. Le chef de la révolution libyenne plaide depuis deux ans pour un gouvernement d’unité africaine, étant à ses yeux, le seul moyen pour l’Afrique de réaliser son développement sans l’ingérence occidentale. Ses idées ont été appuyées par certains pays africains qui le considèrent comme un fervent défenseur des intérêts du monde en développement, a fortiori que son pays exportateur de pétrole fournit des millions de dollars en terme d’aide à l’Afrique. En revanche, certains leaders africains mettent en doute ses suggestions et disent ne pas être prêts à céder leur souveraineté à la faveur d’un rassemblement africain peu de décennies après qu’ils l’aient reconquis en chassant les anciens colonisateurs.