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Acheter des préservatifs : un geste tabou pour des femmes au Cameroun

Par peur des préjugés, du poids des regards, elles évitent très souvent de se présenter dans les pharmacies et divers…

Par peur des préjugés, du poids des regards, elles évitent très souvent de se présenter dans les pharmacies et divers points de vente. 

Mélène Ondo, 24 ans, débat énergiquement avec ses collègues. Préservatif masculin en main, elle défend l’idée qu’il est important pour les femmes d’en avoir dans leurs portefeuilles. A la question de savoir si elle en achète elle-même, la jeune femme répond par la négative. Mais, affirme qu’elle n’hésiterait pas à le faire si le besoin se présentait. Pourtant, elle est sexuellement active depuis plus de trois ans, et dit toujours entretenir des rapports protégés avec son partenaire. Ce qui fait d’elle une consommatrice de préservatif masculin. Ses cinq collègues, des jeunes femmes, sont elles aussi dans cette position. Jamais, elles n’ont dû acheter de préservatifs.

Au milieu de ce débat, quatre jeunes hommes qui soutiennent être ceux qui, au sein de leur couple, ont la charge d’acheter les préservatifs. Pour quelles raisons ?  « Parce que c’est comme ça », répond trivialement Léon, la vingtaine lui aussi. Igor, autre jeune, affirme être obligé d’acheter des préservatifs parce que sa compagne a honte de le faire.

La honte. Le poids des regards. Le cliché faisant d’une femme qui achète un préservatif une cuisse légère, une débauchée, s’est érigé en vérité absolue au Cameroun. Assumer sa sexualité quand on est une femme est encore un tabou. Alors, on se contente de l’hypocrisie sociale à qui l’on donne le nom de pudeur. Le politiquement correct qui convient à tout le monde. Surtout aux plus radicaux sur les questions de sexualité féminine.

Olivier N. est formel : « Une femme qui achète des préservatifs est une infidèle ». Sa théorie a de quoi déconcerter. Mais, il se défend. Pour lui, étant donné que dans le couple, c’est à l’homme d’acheter des préservatifs, il est inconcevable que la femme en soit dans le besoin. Autre cliché radical qui agit sur la liberté dont la femme dispose pour prendre soin de sa santé sexuelle. Une pharmacienne basée à Yaoundé contactée par Journalducameroun.com a observé que très peu de femmes achètent des préservatifs.

C’est un peu dans l’esprit de lutter contre le poids de ces préjugés qu’une journée a été consacrée à la contraception. Tous les 26 septembre, les pays sensibilisent la jeunesse sur l’importance des contraceptifs. Le message est qu’il vaut mieux y recourir plutôt que d’endosser la responsabilité de grossesses indésirées ou de recourir à des avortements.

 

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