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Actis vend ses parts en Ouganda; le RACE demande une enquête parlementaire au Cameroun

L’association des consommateurs demande une enquête sur les activités du fonds d’investissement qui a racheté AES Sonel, après une opération douteuse en Ouganda

Le Réseau Associatif camerounais des consommateurs de l’énergie (RACE) a transmis le 21 mai 2014 une lettre aux membres de l’Assemblée nationale et du Sénat camerounais pour alerter sur la situation critique que pourrait vivre le Cameroun en s’engageant davantage le fonds d’investissement britannique Actis. L’objet est assez évocateur : « Requête en vue de la constitution d’une commission d’enquête parlementaire sur les activités du fonds d’investissement privé britannique ACTIS. ».
D’où vient cette requête ? un article publié par l’agence de presse Reuters le 19 mai 2014, révèle la vente des parts que détenait Actis (60,8%) auprès de l’entreprise nationale Umeme Ltd pour 85,5 millions de dollars en se désengageant ainsi complétement des opérations de fourniture de l’électricité dans ce pays.
Il s’avère qu’au Cameroun, c’est Actis à qui le groupe américain AES Sonel (qui avait racheté la Sonel en 2001 à 35 milliards de F CFA), a cédé ses parts au Cameroun en novembre 2013 à 110 milliards de F CFA, « sans compter les dizaines de milliards de FCFA rapatriés chaque année aux Etats-Unis, à travers des montages comptables frauduleux », ajoute le RACE dans ses explications. Le gouvernement camerounais s’apprête à signer un certain nombre de documents avec Actis qui permettraientt désormais à ce fonds d’investissement britannique d’être reconnu exclusivement par le gouvernement et les bailleurs de fonds.

Documents qui ont été apprêtés après une visite en Ouganda par le ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee), Basile Atangana Kouna, pour évaluer les opérations de Actis dans ce pays. Dans son rapport transmis au secrétaire général des Services du Premier ministre le 28 février 2014, le Minee s’est voulu fort élogieux des performances du fonds. « La société Actis s’est très bien intégrée en Ouganda et a fait l’objet d’une très bonne appréciation par les autorités ougandaises. Le régulateur du secteur de l’électricité ainsi que les autres acteurs entretiennent une très bonne et franche collaboration avec la société Actis au travers de UMEME », peut-on lire dans cette lettre. Le Minee s’émeut également des projets d’investissement de ACTIS en Ouganda.

« Des informations alarmantes »
Le RACE dénonce cette vision du ministre camerounais après la vente récente des actions du fonds britannique d’Ouganda, après l’évaluation de Basile Atangana Kouna. L’association des consommateurs évoque des « informations plus alarmantes » recueillis auprès des consuméristes ougandais.
Voici ce que dit textuellement le RACE dans sa requête envoyée aux parlementaires : « il ressort de ces échanges [avec les associations de consommateurs ougandais, ndlr] que depuis 2005, le fonds ACTIS est effectivement concessionnaire d’une bonne partie du service public de l’électricité dans ce pays, à travers la société UMEME Ltd. Mais, comme au Cameroun avec AES Corporation et contrairement à ce qu’affirme le rapport du MINEE, le fonds ACTIS a été incapable d’améliorer le service de l’électricité en Ouganda depuis une décennie. Selon nos confrères, ce pays de plus de 34 millions d’habitants a l’un des taux de couverture électrique les plus faible du monde (à peine 12%) ; pire, seulement 5% des citadins ougandais ont accès à l’électricité et moins de 3% de ceux vivant dans les zones rurales. Comme au Cameroun, les délestages font partie du quotidien des usagers là-bas, pendant que les tarifs augmentent continuellement. Comme au Cameroun, les consommateurs ougandais sont confrontés à l’autisme et à la partialité de ERA (Electricity Regulatory Authority), qui est l’équivalent local de l’ARSEL. Enfin, à l’instar d’AES Corporation, les résultats comptables reluisants de cette entreprise contrastent nettement avec la qualité de ses prestations. En décembre dernier, l’incompétence de la société UMEME Ltd a conduit le Parlement ougandais à dénoncer et à demander la rupture de sa concession avec l’Etat d’Ouganda ».

Avec ces conclusions, le RACE dénonce le rapport produit par le MINEE, qui devrait être mis en opposition avec des informations « suffisamment crédibles » sur les activités et le mode de gestion du fonds britannique ACTIS dans le monde, particulièrement en Ouganda, mais aussi en Tanzanie et en Afrique du Sud, où cette entreprise mène des activités. Avec pour objectif d’éviter de retomber dans les travers de juillet 2001 où le gouvernement camerounais a revendu la Sonel nationale aux Américains d’AES qui ont récolté un jackpot à la cession à ACTIS (33 milliards de F CFA à l’achat, 110 milliards au moment de la revente en novembre 2013). Et dire que AES Sonel s’apprête à augmenter les tarifs d’électricité au Cameroun.

Lire la requête du RACE



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