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Affaire Bakassi: Le panel de discussion divisé au Nigéria

Le comité mis en place par le président Goodluck Jonathan est partagé entre ceux qui souhaitent une révision de la décision de la cour de justice internationale et ceux qui ne le souhaitent pas

A 24 heures de l’impossibilité définitive pour le Nigéria de faire appel de la décision de la Cour Internationale de Justice (CIJ) de 2002 par laquelle le Cameroun remportait la souveraineté sur la presqu’île de Bakassi, le comité de discussion mis en place par le président Goodluck Johnathan reste divisé sur l’opportunité d’une telle action. La réticence est menée par Mohammad Adoke, le ministre fédéral nigérian en charge de la justice. Selon une source proche du comité mis en place par le président Johnathan et dont les propos sont rapportés par les médias nigérians, Monsieur Adoke aurait réinterprété la consigne présidentielle. « La décision du président intervenue mercredi soir (03 octobre 2012 ndlr) était claire nous devions aller à la CIJ et déposer notre recours en révision. Le ministre de la justice est venu et a retourné la chose en disant qu’il était question de discuter sur la pertinence des nouvelles preuves à l’origine de notre démarche » fait savoir la source citée par le journal This Day. La source ajoute que non seulement ces discussions ont fait perdre un temps crucial au comité, mais encore le ministre de la justice à l’origine de la discussion et placé à la tête du comité ne s’est pas présenté à certaines réunions. « Nous sommes sous l’emprise d’un seul homme. Nous nous amusons avec le sort de nos frère de Bakassi et c’est vraiment triste », ajoute la source. De manière plus globale, une majorité des membres du panel de discussion sur cette question de la révision, ne semble pas d’accord avec la démarche. Des raisons financières seraient à l’origine des résistances. Pour certains membres de ce panel, aller de nouveau en justice serait une perte d’argent pour le contribuable. « Lorsque nous avons suivi l’affaire entre 2002 et 2008, cela nous a couté 300 millions de dollars et après il a fallu dépenser 2 milliards de Nairas pour recaser les populations de l’Etat du Cross River » explique une autre source rapportée par des médias nigérians.

Au final, ceux qui font pression pour une demande de révision sont accusés d’avoir des motivations financières. Rien que pour payer des consultants qui pourraient examiner le cas, ils ont présenté une facture de 17,8 millions de Dollars, ce que le gouvernement fédéral nigérian dit ne pouvoir se permettre de payer en l’état actuel de la situation économique. On apprend aussi que les défenseurs de la révision ont consulté des cabinets juridiques britanniques, qui ont décliné l’offre. A l’origine de la volonté de revoir le jugement, l’argumentaire selon lequel le traité Germano-britannique de 1913 sur lequel s’est appuyé la CIJ pour remettre Bakassi au Nigéria n’aurait jamais été signé et donc ne serait pas valide. D’un autre côté, il est reproché au Cameroun de ne pas respecter les accords de Green Tree de 2008 qui fixaient le cadre légal de la prise de possession effective de Bakassi. Le fond du problème semble finalement être parti d’un prétexte que reconnaissent même les autorités camerounaises, 5 ans après la prise de possession de Bakassi, les populations attendent toujours les promesses du transfert de souveraineté. A cela il faut ajouter les nombreuses tracasseries propres aux administrations camerounaises, et dont tout le monde se plaint tous les jours. Après avoir passé pour certains près de 50 ans sous un régime anglo saxon plus souple, ces populations ont du mal à s’adapter à la nouvelle donne, créant ainsi des failles de sécurité. Il semble donc évident que même si l’appel contre la décision de la CIJ n’est pas effectué, il y a dans cette nouvelle affaire un message que le gouvernement camerounais ne doit pas ignorer. Près de 300 000 personnes ne sont pas contentes de la manière dont elles sont administrées et vivent sur une île riche en pétrole et éloignée du territoire continental. Tous les ingrédients d’une instabilité future.



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