Une volonté semble-t-il du président Paul Biya du Cameroun, mais qui n’apporte aucune réponse à toutes les questions qui ont entouré cette affaire
Une libération surprise
Selon une information rapportée par l’Agence France presse mais non encore confirmée de source gouvernementale, deux des journalistes arrêtés au mois de mars 2010 dernier et enfermés à la prison centrale de Nkondengui à Yaoundé la capitale camerounaise, auraient été libérés ce mercredi 24 novembre 2010 dans la soirée, sur un ordre de la présidence camerounaise. Les deux journalistes Robert Mintya et Serges Sabouang, avaient eux aussi été enfermés dans le cadre de l’affaire dite Bibi Ngota du nom d’un autre journaliste interpellé en cette circonstance, et dont le décès avait causé du tort à l’image du Cameroun sur la scène internationale. Inculpés de « faux et usage de faux », les trois journalistes avaient été accusés d’avoir imité la signature du Secrétaire général à la présidence, Laurent Esso. C’est en détention que germain Ngota Ngota, dit Bibi Ngota était décédé. Une nouvelle information judiciaire avait ensuite visé une « co-action de contrefaçon des signatures et timbres, des marques et imprimés »contre Mintya et Sabouang les seuls protagonistes survivants de l’affaire. Si on n’avait plus entendu parler de Serges Sabouang, Robert Myntia lui continuait d’alimenter les colonnes des médias en raison de son état de santé. Le gouvernement s’assurait à chaque fois que cela se sache. Il avait été accusé de négligence face à la maladie qui avait entrainé le décès de Bibi Ngota. Entre les mois d’août et septembre dernier, Robert Mintya avait par ailleurs séjourné à l’hôpital central de Yaoundé avant d’être transféré à l’hôpital Jamot, en raison disait-on de sources proches de ces centres hospitalières, des problèmes psychiatriques. Il en était sorti le 13 novembre pour retourner à l’infirmerie de la prison centrale de Yaoundé, et devait encore passer un autre séjour, cette fois au centre hospitalier universitaire toujours de Yaoundé.
De nombreuses questions encore en suspens
Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) a aussitôt approuvé la libération des deux journalistes. « Bien qu’elle intervienne seulement aujourd’hui (mercredi), après une très longue période de détention sans jugement, le SNJC la salue fortement quelqu’en soit le mobile réel et/ou conjoncturel », a fait savoir l’organisation dans un communiqué de presse. Les circonstances exactes et les motivations de cette libération restent cependant très floues. Intervenant à chaque fois sur le dossier, le ministre Issa Tchiroma de la communication faisait savoir que les journalistes concernés par cette affaire n’étaient pas détenus en raison de l’exercice de leur fonction de journaliste, mais du fait des actes criminels qu’ils avaient posés. Une enquête judiciaire sur le décès de Bibi Ngota a été ouverte le 23 avril. Plusieurs pays de la communauté internationale avaient demandé qu’une enquête soit effectuée de manière globale, transparente et sans délai. Il reste difficile de savoir si la libération est le fait d’un non lieu, auquel cas Bibi Ngota serait mort innocent. D’un autre côté on ne peut évoquer la grâce présidentielle qui intervient pour des condamnations déjà effectives. Or le droit criminel camerounais n’autorise pas de négociation ou de retrait de plainte, surtout en matière de crime. Logiquement la libération des deux journalistes ne devrait qu’être provisoire, puisque l’affaire est encore pendante devant la justice. Pour les deux journalistes c’est déjà une grande joie d’être libres.
