Le football camerounais n’est pas à sa première crise causée par la Fifa. Et à chaque fois, le gouvernement camerounais a reculé face l’instance faitière du football mondial
La dernière grande crise qui a secoué le football camerounais remonte au 6 avril 2004. Pour avoir porté un maillot une pièce «Uniqit» non conforme aux yeux de la Fifa pendant la Can en Tunisie, le Cameroun s’était vu retirer six points avant l’entame du Mondial allemand. L’Etat du Cameroun déploiera à cet effet tout son arsenal diplomatique pour faire reculer la Fifa. René Sadi alors ministre Chargé de mission à la présidence de la République avait fait prévaloir tout son talent de diplomate. Pour défendre toujours les intérêts du Cameroun, Albert Roger Milla et surtout Kofi Annan, à l’époque secrétaire général des Nations Unis avaient plaidé plusieurs fois auprès de Sepp Blatter. Une triste histoire qui allait connaitre un dénouement heureux le 21 mai 2004 – La déduction de six points au Cameroun en éliminatoires du Mondial 2006 avait été annulée par la Fifa à l’occasion de son Congrès du Centenaire à Paris. Cette amnistie exceptionnelle, accordée avec l’approbation unanime des 201 associations membres de la Fifa présentes et ayant le droit de vote, ne modifiait pas l’amende de CHF 200 000 (environ 100 millions de F Cfa) imposée à la Fecafoot par la Commission de discipline de la Fifa le 16 avril 2004 et confirmée par la Commission de Recours le 12 mai 2004.
La volte-face la plus spectaculaire date de 1998. Joseph Owona, alors ministre des Sports avait fait emprisonner Vincent Onana, président élu de la Fécafoot, pour une affaire de trafic de billets de la Coupe du monde 1998. Informée par les lieutenants de Vincent Onana, la Fifa avait sommé le ministre de ne pas interférer dans les affaires d’une de ses associations membres. Dans la foulée, la Fifa et la Caf avaient proposé un plan de sortie de crise. La résistance du ministre Owona avait duré près de six mois. Finalement, la Fifa prononcera en janvier 1999 une suspension du Cameroun de ses activités pour une durée indéterminée. Pris de panique, Peter Mafany Musonge, le Premier ministre d’alors, va désavouer son ministre des Sports en écrivant à la Fifa pour lui faire savoir que son plan d’action, visant à doter la Fédération d’un nouveau bureau directeur élu, serait scrupuleusement appliqué. Cette volte-face du gouvernement camerounais va amener l’instance du football mondial à annuler sa sanction. Ainsi, dans ce cheminement, une cellule exécutive provisoire de 12 membres dont huit désignés par la Fifa et quatre issus de la société civile et désignés par le gouvernement camerounais sera mise en place, avec pour président Iya Mohammed. Cette cellule provisoire va organiser les élections qui aboutiront à la reconduction de l’ex-Dg de la Sodecoton au poste de président de la Fecafoot.
Bien avant 1998, la Fifa et le Cameroun s’étaient déjà opposés quatre ans plus tôt, précisément à la veille de la phase finale de la Coupe du monde 1994 aux Etats-Unis. Maha Daher, fraîchement élu président de la Fédération camerounaise de football dans des conditions très controversées, voit le ministre des Sports remettre en cause le processus qui a conduit à son élection. En réaction, la Fifa y voyait une ingérence du politique. Elle donne une semaine au gouvernement camerounais pour se retirer, tout en brandissant une menace de suspension susceptible de coûter aux Lions Indomptables, leur qualification aux Mondial 94. Sans attendre la date butoir fixée par la Fifa, le Premier ministre d’alors, Simon Achidi Achu, s’empresse d’envoyer une lettre au président de la Fifa via la Fécafoot pour lui signifier la reconnaissance du nouveau bureau directeur de la Fecafoot conduit par Maha Daher. La Fifa prendra acte et retirera sa menace. Cette année, l’Etat du Cameroun, même en réagissant tardivement, a, de nouveau, choisi la voie de la négociation.
