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Affaire Ngarbuh : pourquoi l’audience a été renvoyée au 21 janvier 2021

Sur quatre accusés, trois se sont présentés à la barre ce 17 décembre 2020. En l’absence des avocats des accusés, le…

Sur quatre accusés, trois se sont présentés à la barre ce 17 décembre 2020. En l’absence des avocats des accusés, le dossier a été renvoyé.

Le procès était attendu par les proches des victimes, les organisations de défense des droits de l’Homme, mais aussi une partie de l’opinion. Signe de l’importance de l’affaire et de la fébrilité des autorités, les médias étaient systématiquement refoulés à l’entrée du tribunal militaire de Yaoundé. « Les journalistes ne sont pas admis à couvrir ce procès. Jusqu’à ce qu’un contrordre soit donné, vous ne pouvez pas accéder à la salle d’audience », va répondre fermement le militaire préposé à l’identification des usagers au reporter de journalducameroun.

L’affaire des quatre accusés dans le massacre d’une quinzaine de civils à Ngarbuh (Nord-ouest) le 14 février 2020 a effectivement été appelée ce 17 décembre 2020. Etaient présents dans la salle d’audience, trois des quatre accusés, le ministère public ainsi que les avocats de la partie civile.

Le seul civil accusé,  Tita Nfor Maxwell, alias « Bullet », était absent à la barre. Par contre les soldats Baba Guida et Haranga Gilbert, et le gendarme Cyrille Sanding Sanding étaient présents à la barre. Mais sans avocat.

La loi exigeant un avocat pour un accusé passible de l’emprisonnement à vie, le dossier a été renvoyé pour présence des conseils des accusés et régularisation de la constitution des avocats de la partie civile ;  et communication de la liste des témoins des parties.

D’ores et déjà, les avocats des victimes dénoncent le fait que le procès se déroule à Yaoundé, et non pas à Bamenda, dans la région du Nord-ouest. Ce qui rend difficile la venue des témoins et des proches des victimes.

En rappel, le 14 février à Ngarbuh, une opération punitive de l’armée conduit à la mort de civil, des femmes, des femmes, des enfants et des hommes âgés pour l’essentiel. Face à l’indignation au sein de l’opinion, le gouvernement rejette ces faits, avançant le scénario selon lequel c’est au cours d’un accrochage avec des miliciens séparatistes dans une de leur base logistique que du carburant de contrebande s’est enflammé et a brulé des maisons et leurs habitants.

Mis sous pression, le régime de Yaoundé va finalement reconnaitre, dans un rapport du 21 avril, que l’armée avait commis une bavure qui a couté la vie à une quinzaine de civils, bien loin des 22 morts avancés par certaines organisations, dont l’Onu.

Des militaires seront mis en cause. Le seul officier épinglé, le capitaine Charles Eric Nyiangono Ze, commandant du 52eme Bataillon d’infanterie motorisée (BIM) sous les ordres duquel agissait ces hommes, a fait l’objet d’une procédure disciplinaire.

Une quinzaine de civils identifiés comme des Bororos d’un comité de défense ayant participé à l’attaque sont aujourd’hui introuvables selon les autorités.