Afrique du Sud: La création d’un tribunal des médias au centre des débats entre le gouvernement et la presse

Les tensions commencent à baisser entre les acteurs politiques et les médias nationaux Les patrons de presse ont rencontré les…

Les tensions commencent à baisser entre les acteurs politiques et les médias nationaux

Les patrons de presse ont rencontré les 16 et 17 octobre 2010 des représentants du gouvernement, dont le vice-président Kgalema Mothlante, pour éclaircir le débat sur la création d’un tribunal des médias, projet initié par l’ANC, le parti au pouvoir. La presse a pu commencer la semaine en se félicitant de la rencontre entre le forum national des rédacteurs en chef et le gouvernement. Une rencontre qualifiée de franche, parfois rude mais salutaire. Cela faisait des mois que les relations entre les médias et le pouvoir étaient tendues, à cause principalement de ce projet de tribunal des médias pour juger les dérives supposées de la presse écrite. Une atteinte à la liberté d’expression pour les journalistes, mais aussi pour une grande partie des intellectuels du pays et pour des grandes associations internationales de défense des droits de l’homme. Le week-end du 16 au 17 octobre dernier, le vice-président sud-africain a su trouver des mots apaisants après des mois d’incompréhension. Kgalema Mothlante estime que la presse pourrait régler ses problèmes d’elle-même, et que dans ce cas, un tribunal ne serait pas nécessaire. En ce moment, la presse écrite passe en revue ses organes de régulation, ce pourrait être l’occasion pour elle de répondre à certaines des inquiétudes du gouvernement. Le tribunal des médias, qui n’est aujourd’hui encore qu’un projet de l’ANC, n’aurait alors pas besoin de voir le jour.

L’histoire remonte au 24 septembre 2O10. A l’occasion du Conseil national de l’ANC à Durban, la polémique sur le projet de création d’un tribunal des médias a ressurgi. L’ANC souhaitait cette création pour sanctionner les reportages jugés malhonnêtes, mais de nombreuses voix s’étaient élevées, dénonçant une atteinte à la liberté de la presse.
L’ANC a promis que son idée de tribunal des médias n’est destinée qu’à renforcer le système d’autorégulation qui existe aujourd’hui. Cela vient s’ajouter à un projet de loi en cours d’examen sur la protection de l’information. Et ce projet en question pourrait donner au gouvernement des pouvoirs très étendus pour classer des informations relevant de l’intérêt de la nation. Les journaux sud-africains ont alors mené des campagnes pendant des semaines contre ces projets destinés à museler la presse écrite selon eux. Nadine Gordimer prix Nobel de littérature et grande combattante anti-apartheid estime que c’est le mot censure qui se cache derrière les termes « tribunal des médias ». André Brink, autre grand auteur pense lui que l’héritage de Nelson Mandela est aujourd’hui menacé. A l’ANC en revanche, les délégués qui avaient participé au Conseil national de Durban, ne se demandaient pas s’il faut ou non mettre en place un tribunal des médias mais quand il sera mis en place puisque l’idée en avait déjà été évoquée en 2007. C’est ce qu’avait indiqué à la presse un responsable du parti et membre du gouvernement.
En attendant, la presse nationale sud africaine continue d’attirer les lecteurs dans ses publications en espérant certainement que le gouvernement tiendra à sa parole.

Journaux sud-africains
AFP)/n