Son état de santé n’a pas évolué depuis sa nouvelle hospitalisation samedi dernier dans un état grave
L’Afrique du Sud toute entière reste inquiète quand à l’état de santé de son ancien président et icône de la lutte contre l’apartheid, Nelson Mandela, selon le porte parole de la présidence de Mac Maharaj dans un bref communiqué. Madiba a été admis le samedi 8 juin 2013 pour être soigné dans un hôpital de Pretoria pour une infection pulmonaire. Le héros de la lutte anti-apartheid qui aura 95 ans le 18 juillet est en deux ans et demi, à sa quatrième hospitalisation pour un problème pulmonaire, sans compter une visite à l’hôpital pour des examens. Si officiellement, l’heure est toujours aux v ux de prompt rétablissement, les voix se font inhabituellement fortes cette fois pour dire que même les héros ont le droit de mourir un jour. C’est ainsi que le journal Sunday Times a titré « Il est temps de le laisser partir » au-dessus d’une photo d’archives d’un Mandela souriant et saluant de la main, comme pour un au revoir.
Un cursus scolaire de qualité
Nelson Mandela est né Rolihlahla Madida Mandela dans une famille royale de Thembu. Rolihlaha signifie en xhosa «celui qui crée des problèmes». Jusqu’à l’âge de 10 ans, Rolihlahla reste dans le giron familial et passe son enfance africaine entre traditions et culture anglaise jusqu’à sa scolarisation. Cette scolarisation lui donnera par ailleurs son prénom anglais et chrétien, Nelson, en hommage probablement à l’amiral Nelson. Son père meurt de tuberculose alors qu’il n’a que 9 ans et le régent Jongintaba devient alors son tuteur. Il fréquente désormais l’école missionnaire méthodiste située à côté du palais du régent. Lorsqu’il atteint ses 16 ans, il subit l’initiation suivant la coutume thembu. Il s’inscrit ensuite au Clarkebury Boarding Institute, où il obtient son Junior Certificate en deux ans au lieu des trois ans habituels. Désigné à 19 ans pour hériter de la fonction de conseiller de son père, Mandela poursuit ses études à l’école (toujours méthodiste) d’Healdtown à Fort Beaufort, fréquentée par la plupart des membres de la famille royale. Il y pratique la boxe et la course à pied.
Entrée en politique
Diplômé, il rejoint l’université de Fort Hare, la seule qui acceptait les Noirs pour y entamer des études en droit. Et en 1953, Nelson Mandela ouvre, avec un associé, le premier cabinet d’avocats noirs d’Afrique du Sud. En même temps il se lance dans la politique au sein de l’ANC où il lutte pour l’égalité des blancs et des noirs dans la société sud africaine. Cette lutte politique devient une lutte armée: violences, attentats et morts sèment la peur dans le pays. L’ANC connaît alors une nouvelle vigueur sous la direction d’Alfred Xuma. C’est la même année que Mandela se marie avec Evelyn Ntoko Mase. En 1945, Xuma introduit pour la première fois l’exigence du suffrage universel non racial « one man one vote » dans les revendications du mouvement, évolution majeure dans la mesure où la revendication communautaire du parti passe de la simple lutte contre les discriminations raciales à une lutte plus large pour le pouvoir politique. Il doit tenir compte de l’influence croissante de la toute jeune et radicale Ligue de jeunesse de l’ANC menée par Anton Lembede, Walter Sisulu et Oliver Tambo, à laquelle adhère Mandela, et qui incite aux actions de masse afin de lutter contre la domination politique de la minorité blanche et contre la ségrégation raciale, dont les dispositifs légaux sont alors en cours d’uniformisation sur l’ensemble des quatre provinces sud-africaines.
27 ans de prison pour la cause des Noirs
Clandestinité et arrestations sont le pain quotidien de Mandela jusqu’à l’ultime arrestation et le fameux procès de Rivonia. En juin 1964 lui et ses compagnons sont condamnés à la prison à vie au pénitencier de Robben Island. En septembre 1989 Frédérik De Klerk devient président de l’Afrique du Sud. Le 11 février 1990 il libère Nelson Mandela qui devient son interlocuteur pour la réconciliation nationale. L’image de cet homme de 75 ans au moral intact, marchant d’un pas lent mais sûr fait le tour du monde et signe à ce moment précis le début de l’agonie de l’apartheid. Pour Mandela la lutte reprend mais cette fois-ci autour d’une table. 27 ans de prison n’ont pas entamé l’ardeur ni la détermination du militant Mandela. Deux évènements importants surviennent dans l’histoire de l’Afrique du Sud : en juin 1991 l’abolition de l’apartheid, et en 1993, le prix Nobel de la paix est attribué à Nelson Mandela et Frédérik De Klerk. En 1994 Nelson Mandela devient président de la République sud-africaine: il forme un gouvernement d’union nationale, travaille à la rédaction d’une nouvelle Constitution et en juin de la même année, l’Afrique du Sud réintègre le Commonwealth et l’Onu. Les premières élections pluralistes et multiraciales ont lieu en 1994. L’ANC remporte une très large victoire. La même année, Nelson Mandela est investi Président de l’Afrique du Sud, poste qu’il occupe jusqu’en 1999 pour laisser la place à Thabo Mbéki. Dans son discours d’investiture, Mandela célèbre la fin de l’apartheid et le retour de l’Afrique du Sud dans la communauté internationale, appelant de ses v ux une nouvelle « nation arc-en-cielen paix avec elle-même et avec le monde ». Il évoque les défis de son mandat que sont la lutte contre la pauvreté et les discriminations, soulignant « qu’il n’y a pas de voie facile vers la liberté ». La date du 27 avril devient un jour férié en Afrique du Sud, le jour de la Liberté. Nelson Mandela crée en 1999 la Fondation qui porte son nom et se consacre à la lutte contre le SIDA après la mort de son fils en 2005. Quand Nelson Mandela quitte le pouvoir à la date symbolique des émeutes de Soweto, il laisse l’image d’un grand résistant et d’un grand chef d’État, notamment pour sa capacité à pardonner. Selon Bill Keller du New York Times, Mandela est le «dernier héros du XXe siècle».