Les deux artistes sont souvent opposés par rapport à leur handicap, mais également «pour le génie» et «l’extraordinaire trajectoire»
Quel est le trait commun entre André Marie-Tala et Stevie Wonder? Apparemment aucun si l’on s’en tient à la distance géographique qui sépare les deux: Le premier est originaire du Cameroun, pays situé en Afrique centrale ; et le second du Michigan aux Etats Unis d’Amérique, Etats séparés entre eux par plus de 10.600 kilomètres.
La ressemblance est cependant très marquée à l’observation. Les deux sont des artistes qui chantent malgré leur cécité et qui ont réussi à s’imposer dans leur domaine comme tels. Tous deux sont par ailleurs nés en 1950, Stevie Wonder étant l’ainé (né le 13 mai 1950) de André Marie-Talla (né le 29 octobre). A cause de son handicap, qu’il a su braver, André Marie Tala est généralement volontiers comparé à Stevie Wonder «autant pour le génie que l’extraordinaire trajectoire», se vante-ton dans son entourage.
Né le 29 octobre 1950 à Bandjoun (Ouest-Cameroun), le jeune Tala perdra sa mère à l’âge de quatre ans et son père 12 ans plus tard. Epris de musique dès le jeune âge, fonde vers la vingtaine son premier groupe les « Rock Boys » avec lesquels il interprète ses premières compositions. Les «Rock Boys» deviennent les «Black Tigers» avec pour guitariste un jeune, Sam Fan Thomas. À vingt ans, la rencontre avec Manu Dibango va être déterminante. Le saxophoniste lui suggère de se tourner vers des maisons de disque françaises.
A Paris, il va ainsi sortir les titres Sikati, Potaksina et surtout le disque Namala ébolo, qui va recueillir plus de 100.000 ventes.
L’artiste va asseoir définitivement sa notoriété en 1973 avec l’album Hot Koki, succès international qui va lui valoir d’être plagié par James Brown, «le père de la soul», au sommet de son art sous le titre «The Hustle»]. En 1978, après quatre années «d’âpres combats juridiques», la justice lui donne raison et condamne James Brown à lui reverser la totalité de ses droits.
André-Marie Tala a également composé plusieurs musiques de films, à l’instar de la bande originale du film Pousse-pousse (1974) de Daniel Kamwa.
Sa discographie est riche d’au moins 17 albums, qui évoquent l’amour, le travail, l’espoir.
Sous son initiative, une école de musique a pu voir le jour à Douala, en 2012, avec l’aide du groupe Bocom petroleum.
Chevalier de l’Ordre de la Valeur du Cameroun, André Marie-Tala, qui vit depuis trente ans entre son pays et la France, compte bien partager son uvre musicale avec ses compatriotes le 17 mai 2015 à Paris, à l’Olympia, à l’occasion de la célébration de ses 45 ans de carrière. L’artiste présentera également son dernier album, «Trajectoire».
Articles liés:
On va danser du ben-skin à l’Olympia de Paris
André-Marie Tala: «Sam Fan Thomas a toujours été à mes côtés»