Organisateur de 2 galas en janvier dernier, il revient sur cette expérience et donne sa vision de la culture au Cameroun
Qui est Armand Nlend?
Armand NLEND c’est un camerounais basé à paris qui a eu une formation pluridisciplinaire et dirige plusieurs entreprises depuis une décennie. Je suis davantage connu comme celui qui a conduit pour la première fois les artistes camerounais dans la plus prestigieuse salle de France, le Zénith de Paris ou encore comme celui qui a organisé le plus grand concert noir dans le Rhône à l’Espace Double Mixte à Lyon. Je suis également spécialisé dans l’ingénierie financière et la promotion des projets de développement, mais c’est une partie de moi très peu connue et un peu en berne depuis que je suis parti de la Côte d’Ivoire. Parallèlement j’ai créé de nombreux emplois dans le secteur du gardiennage où des centaines de compatriotes entre autres ont eu à exercer.
Vous avez récemment fait parler de vous au Cameroun, en organisant un double concert intitulé Gala de l’Unité et de la Paix. Un mot sur ces évènements
Nous à MANEC (Man Entertainment and Communication), on s’est dit que la musique ou l’art doivent être des vecteurs de sensibilisation. On adoucit les m urs c’est vrai, mais parallèlement, il est aussi de notre devoir d’éduquer les masses. Les africains doivent s’unir pour représenter une force face aux autres communautés. C’est visible en Europe comme partout ailleurs, nous avons du mal à peser dans les décisions les plus importantes, encore moins dans le processus économique parce que nous sommes dispersés. Nous ne formons pas un bloc et ce dans tous les domaines. Et sans la paix il y’a pas de développement. Personne n’investit dans un pays en guerre! Alors pour ces raisons qui sont loin d’être exhaustives, nous avons décidé d’organiser ce grand mouvement au Cameroun qui reste encore pour le moment un pôle de stabilité. C’était donc pour sensibiliser la nation, le continent et le monde entier sur la nécessité de préserver la paix et l’unité dans nos vies via la musique, qui comme vous le savez n’a pas de frontières.
Quel est le bilan que vous faites de ces deux évènements?
Il est assez mitigé. Nous avons réussi malgré d’énormes obstacles à tenir deux manifestations d’envergure sans aucun sponsor, ni soutien extérieur en dehors du coproducteur de l’événement Maître Jean Daniel OWONA NDIGUI et la MANEC (Man Entertainment and Communication). Mais nous ne pouvons nous satisfaire de ce fait parce qu’il y’a eu beaucoup d’amateurisme et de rattrapage et ce n’est pas souvent notre manière de procéder. Mais bon, il faut s’accommoder aux réalités du Cameroun et je pense que nous avons mieux appréhendé le terrain.
C’était quoi les objectifs qui étaient les vôtres en organisant ces deux concerts à Yaoundé et Douala?
Le but était de rassembler diaspora et continentaux autour d’un collectif et de donner une autre image de la diaspora que celle qu’on nous colle habituellement. Musicalement parlant ça c’est fait, mais il n’y a pas eu la mobilisation attendue. Une fois de plus on s’est buté aux petits « égo » et à l’indifférence des gens et c’est dommage. Beaucoup de conflits arrivent en Afrique parce que personne ne veut écouter, personne ne veut partager, personne ne veut rassembler. Quand on entend qu’Armand NLEND a fait quelque chose pour le Cameroun, on déploie toute une énergie pour détruire et combattre mes actions, sans chercher à percevoir l’intérêt général de ma démarche. Vous savez l’énergie et l’argent investis dans la promotion de l’image du Cameroun et de l’Afrique m’auraient permis d’avoir une vie assez aisée avec ma famille. Quand on sabote mes projets en pensant me détruire, ce n’est pas moi qui perds, mais le monde de la musique et de l’art camerounais. Avez-vous seulement idée du nombre de congolais, français, ivoiriens, nigérians, ghanéens etc.qui rêvent de faire des grandes salles comme le zénith de Paris ? Désormais nous allons aussi leur donner leur chance.
On aura remarqué la présence des artiste comme Papa Wemba aux cotés de chanteurs camerounais
Notre initiative vise à créer un black empowerment. La musique n’a pas de frontières et les Noirs devraient apprendre à s’unir et réaliser de grandes choses. Papa WEMBA est une icône de la musique africaine qui est originaire d’un pays qui a été en conflit, tout comme SOUM BILL est originaire de la Côte d’Ivoire qui est en proie à une grave crise comme nous le savons tous. L’idée était de sensibiliser les camerounais et les africains sur les idéaux d’unité et de paix et d’en faire la démonstration avec un plateau international.
Pour parler de vous, quelles sont vos activités au quotidien en France, Vous vous occupez uniquement de promotion culturelle?
Je suis un chef d’entreprise et je ne fais pas que la promotion culturelle. Je travaille sur la mise en place d’un fonds d’investissement de la Diaspora avec des compatriotes comme Roger SEMENGUE et sur d’autres projets de développement comme le logement social avec les pays comme le Mali ou le Burkina-Faso. Je suis consultant international dans la finance et les projets de développement, et expert-comptable dans mes heures perdues.
Comment devenez-vous promoteur d’évènements musicaux?
Disons que je l’ai toujours été dans l’âme parce que j’aime la musique, j’aime le monde du Show-Biz. Au départ, je voulais donner un coup de main à un ami. Puis j’y ai pris goût parce que j’avais compris que le chantier était immense donc je n’aurais pas à m’ennuyer. Ce n’est pas un métier facile, surtout avec les camerounais. Le monde de la musique est très ingrat et compliqué. Mais bon il faut s’accrocher et surtout être assez solide mentalement et financièrement, car la ruine n’est pas éloignée quand on évolue dans ce milieu.
Est ce qu’on peut s’attendre à voir d’autres initiatives comme le gala de la paix et de l’unité se perpétuer et se multiplier pour une plus grande promotion des artistes camerounais?
C’est à voir ! Aujourd’hui la priorité de MANEC qui est avant tout une entreprise française ayant ses charges, est de survivre. Nous ne ferons pas long feu si nous continuons à nous dépouiller pour le Cameroun. Les compatriotes à Paris n’ont pas manqué de me confier qu’ils préféraient leur bouis bouis à toutes ces salles de prestige. Ils aiment être au quartier et serrés comme des sardines, dès lors il faut se résoudre à la réalité.
Qu’est ce qui selon vous empêche un décollage véritable des évènements musicaux au Cameroun?
L’absence totale d’une politique culturelle. Je pense que c’est un énorme gâchis. J’ai un ami européen qui aime la musique camerounaise mais il ne sait même pas où acheter un disque camerounais. D’ailleurs il me confiait qu’il ne comprenait pas pourquoi le Cameroun est si mal vendu ? En France par exemple en dehors des vrais mélomanes, on ne connaît que Manu DIBANGO. Parallèlement les maliens, les congolais, les ivoiriens etc.se vendent bien. La diversité du Cameroun est une vraie richesse qui devrait engendrer d’énormes devises. L’ambassade du Cameroun à Paris l’a compris et elle commence à faire beaucoup d’efforts pour améliorer les choses et valoriser la culture camerounaise.
Avez-vous reçu l’aide des autorités camerounaise pour vos différentes initiatives ?
Quand nous avons organisé le cinquantenaire à Lyon, d’aucuns ont dit que c’est le RDPC qui m’avais donné de l’argent. Je défie quiconque de me démontrer que j’ai reçu un seul Euro du Cameroun ? Aucun organisme, ni aucune autorité camerounaise ne m’a jamais donné un seul sou. C’est impensable ailleurs quand on sait ce que je fais pour relever la culture camerounaise ! Personne ne veut soutenir la culture au Cameroun et les quelques personnes qui s’y investissent sont combattues. Quand il y’en a un qui veut faire quelque chose, c’est pour sa propre gloire et démontrer qu’il a réussi. Les gens passent leur temps à se mettre les bâtons dans les roues et avec ça aucune nation n’avance. D’ailleurs je ne sais même pas si un Ministère de la Culture existe au Cameroun ! Par devoir j’écris, j’informe ce ministère, mais ils n’ont même pas la politesse de répondre.
Quels sont vos projets à moyen et long terme, est ce qu’on vous verra encore au cameroun avec un nouveau programme?
Avec notre partenaire MEGANET, nous allons axer les investissements sur les musiques urbaines et congolaises. Nous allons faire Papa WEMBA, Ophélie WINTER et Nathalie MAKOMA au Zénith, à l’Olympia et à Bercy, Session d’assaut et d’autres groupes de RAP célèbres, de la musique nigériane qui monte également, mais pas de zénith camerounais, ni de grands événements camerounais pour l’instant. Si nous avons le soutien nécessaire au niveau du Cameroun, il n’est pas exclu que nous y reprogrammions des événements. Localement nos collaborateurs font les démarches nécessaires, lesquelles si elles aboutissent permettront d’organiser d’autres méga concerts.