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Avec Hollande, la France s’imposera ou se fera désirer?

Par Serge Tchaha

La France a prononcé dimanche dernier un verdict clair : après 17 ans de droite, elle a penché majoritairement à gauche et a, de fait, désigné un autre François. Après Mittérrand, de 81 à 95, elle s’est choisi Hollande.

En raison de l’histoire, d’un nombre significatif d’Africains-Français, de la géographie, la relation entre la France et l’Afrique sera loin d’être négligeable à horizon prévisible. Il me semble pertinent à cette occasion de se pencher, de manière générale sur les relations économiques entre la France et l’Afrique.

Les Africains, à tort ou à raison, peuvent se féliciter de son arrivée au pouvoir, mais ils doivent rester vigilants car l’économie obéissant à la géographie et à l’histoire, il est à penser que FH pourrait accorder une certaine place et même une place certaine à l’Afrique dans son agenda. Vigilants, car comme tous les autres Présidents, il défendra l’intérêt de son pays. Mais peut-il le faire sans que les nôtres ne soient piétinés? On peut le penser. On doit l’exiger.

FH veut « initier la francophonie économique ». Selon des projections, le nombre de locuteurs francophones passera de 220 à 650 millions. Et 85% de ces francophones seront Africains. La France ne l’ignore pas! Dans un monde où il y aura davantage de commerce international, où la langue du profit, c’est la langue du pays, le fait de parler la même langue peut être un avantage, non suffisant, mais assurément considérable. Je pense en particulier aux secteurs des services ou aux industries culturelles.

L’Afrique n’a aucunement vocation à entretenir une relation exclusive avec l’Occident. Nous travaillons avec les BRIC et tous ceux avec qui nos intérêts peuvent concorder. La Francophonie économique n’a donc rien d’exclusif à mon sens.

Ceci écrit, il faut dire que concernant particulièrement la France, un changement de paradigme s’impose! Les Africains, pour poursuivre une relation durable avec elle, devront exiger du gagnant-gagnant. Il est venu le temps de créer une coopération qui engendre la coprospérité. Autrement, de cette Francophonie économique, je prédis la mort. Je ne la souhaiterai pas, les Africains ne la voudront pas!

Il nous semble aussi que l’image de ce pays doit être restaurée en Afrique. Parce que les décisions politiques, les actions militaires participent à la construction du nation branding, il est à penser que la France a actuellement en Afrique une image ambiguë. Il nous semble qu’elle n’est plus notre soleil, pour reprendre des mots d’Achille Mbembé.

La France peut encore durablement prospérer en Afrique mais elle devra réinventer pour cela sa philosophie d’action sur ces terres. Parce que plus qu’hier, les élites africaines, camerounaises, baignent dans des univers civilisationnels différents du sien, la capacité à dessiner les routes avec d’autres, d’inventer de nouveaux chemins est immense.

Regardez Achille Mbembé, grand intellectuel qui propage ses idées depuis l’Afrique du Sud; faites attention au multimillionnaire Severin Kezeu propriétaire d’une entreprise de TI aux Émirats-Arabes Unis; suivez Célestin Monga, économiste de renom qui conseille les décideurs de la Banque mondiale et nous raconte le monde avec les yeux d’un Bantou; surveillez l’intraitable Samuel Éto’o qui survole la planète foot et évolue dans un environnement russophone; Cherchez David Mola, entrepreneur dans le secteur de l’énergie et ne dites pas bonjour mais Guten tag.

Alors plus que jamais l’Afrique a le choix, un vaste choix; avec FH, la France voudra-t-elle s’imposer ou au contraire, souhaitera-t-elle que les Africains la désire?

Serge Tchaha
http://lh3.ggpht.com)/n


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