Il faudra motiver la grande majorité des populations nigériane d’origine de participer et adhérer à la mise en uvre de la gouvernance locale
Alors que le ministre des relations extérieures du Cameroun offrait un toast à l’occasion du retour définitif de la localité de Bakassi sous l’administration exclusive de Yaoundé, il a tenu à rassurer les uns et les autres sur le sort des populations nigérianes qui y vivent. « En ce qui concerne les populations nigérianes qui vivent à Bakassi sont concernés, je dois solennellement au nom du président Paul Biya rassurer que ce pays a accueilli plus de quatre millions de Nigérians depuis des décennies et le Nigeria héberge plus d’un million de Camerounais depuis des décennies», a fait savoir Pierre Moukoko Mbonjo, ajoutant que «Nous n’avons aucun problème avec nos frères et s urs vivant à Bakassi. Ils vont continuer à y vivre et faire leurs affaires paisiblement et en toute sécurité dans ce pays qui est le leur ». En réponse le Haut-Commissaire du Nigéria au Cameroun et représentante permanente du président Goodluck Johnathan a abondé dans le même sens. «Nous sommes impatients au Nigéria d’élargir et de gagner les bénéfices de la paix, de saisir les opportunités de croissance de nos économies, développer nos pays et donner à nos peuples toutes les possibilités que cette paix peut apporter ». Dans le cadre d’un échange avec la presse le ministre Tchiroma en charge de la Communication n’a pas manqué de donner la position du gouvernement, qui a décidé de faire profil bas et de célébrer sa joie avec modestie. Il salué au passage la grande sagesse du président Paul Biya. Derrière ce jeu de mot diplomatique il y a pourtant la réalité de terrain. L’avis des différentes opinions publiques amène à la réflexion.
L’une d’elle est celle consigné dans un ouvrage par le journaliste camerounais Guy Roger Ebah. « Le retour de Bakassi au Cameroun signifie que désormais cette localité sera gérée au même titre que Yokadouma, Obala ou toute autre localité du Cameroun », a-t-il fait savoir. Une position vraie, mais qui ne vas pas sans poser un certain nombre de défis. Dans les différents commentaires qui sont fait sur l’évolution de la situation à Bakassi, peu d’interventions ou pas du tout portent sur le bilan de la période de transition et les défis qu’il y a à surmonter en terme d’adhésion des populations à l’offre de service. Ils sont plusieurs experts à penser que si l’autorité administrative peut se faire avec des décrets, le sentiment d’appartenance lui prend un peu plus de temps et doit faire l’objet de motivation. Un fait que relève Rodrigue Ntongue, en charge du desk politique dans le journal Le Messagers. « Il faut s’interroger sur les raison profondes de la crise de Bakassi, c’est l’abandon par les autorités camerounaise qui a facilité l’implantation des populations nigérianes et par la suite le sentiment d’appartenance et de propriété. Rien ne permet aujourd’hui de penser que cela va véritablement changer tel qu’on voit l’administration fonctionner », a-t-il fait remarquer. Dans la presqu’île de Bakassi, seulement 40 000 des près de 300 000 habitants sont véritablement Camerounaise. Si la loi et les règlements s’appliquent de manière stricte, ce seront près de 240 000 personnes qui seront en situation de nationalité étrangère. Au sein de l’administration on se veut plus stoïque. « Ce n’est pas une nouveauté, nous avons à Douala, Yaoundé et Bafoussam, des quartiers entièrement occupés par des nigérians et cela ne pose pas de problème », a commenté amusé un personnel du Minrex. Décembre 1993, l’actualité est marquée par l’annonce de l’occupation par l’armée Nigériane de cette localité camerounaise, février 1994 c’est le début officiel du différent. Le différend judiciaire durera des dizaines d’années, le sacrifice de nombreuses vies de part et d’autre. Selon plusieurs observateurs une gestion spéciale et minutieuse de Bakassi sera le meilleur hommage rendu aux différents sacrifices.