Le gouverneur Louis Abaga Nchama a présenté son bilan au cours d’une conférence de presse à Yaoundé, siège de la banque
Un bilan mi figue-mi raisin
Louis Abaga Nchama, gouverneur de la BEAC, a donné ce jeudi, une conférence de presse sur la situation de la banque au terme de sa première année passée à la tête de l’institution. Il a fait savoir que la sérénité était revenue au sein de la banque, et que le contrôle était de retour, un contrôle qui sera désormais permanent et régulier. Parlant du contrôle, on apprend que désormais, toutes les directions de la banque seront soumises à des contrôles annuels par un département spécialement crée pour cet objectif. Un code de déontologie et un code des marchés ont été adoptés. En collaboration avec le Fonds monétaire international, de nombreuses réformes devraient être finalisées. Pour les objectifs à moyen terme (2011-2012), cinq orientations ont été ciblées. Cette année connaitra l’engagement d’un projet de schéma directeur informatique, afin de mettre en place un système d’information mieux adapté. Une autre mesure est celle de la baisse du budget de fonctionnement. L’objectif poursuivi étant de rétablir les équilibres budgétaires. De même, dans le cadre de son appui aux investissements, la priorité sera donnée à la qualité. Le gouverneur de la BEAC est revenu sur d’autres détails dans le cadre d’une interview accordée à certains médias présents. Sur le dossier des malversations financières qui avaient alimenté la polémique l’année dernière, le gouverneur fait savoir que des procédures judicaires en vue de la répression des coupables sont en cours aussi bien dans certains pays de la communauté des états de l’Afrique centrale (CEMAC) qu’en France. Sur un autre volet, on apprendra que désormais, le gouverneur de la banque n’a plus la latitude d’engager les fonds de la BEAC aussi facilement que par le passé, ce qui permettra d’éviter un nouveau scandale des placements hasardeux. Dans son propos le gouverneur de la banque centrale ne s’est pas attardé sur des dysfonctionnements comme le trop perçu par l’Etat équato-guinéen de 7 milliards de Francs CFA. Il ne s’est pas aussi prononcé sur le dernier scandale rapporté par le site Wikileaks selon lequel il y aurait eu un détournement de plusieurs milliards de FCFA de la BEAC par des dirigeants gabonais qui auraient utilisé les fonds détournés pour leur enrichissement personnel et, suivant les instructions d’Omar Bongo, l’ancien président de ce pays qui avait la présidence exclusive de la banque centrale, ont remis une partie de l’argent pour le financement des partis de tout bord en France.
Comprendre la BEAC
La Banque des États de l’Afrique Centrale ou BEAC, institution officielle de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), est un établissement public multinational groupant les 6 États de la CEMAC. Elle a pour missions d’émettre la monnaie et en garantir la stabilité, de définir et de conduire la politique monétaire applicable dans les pays membres de l’Union, de conduire les opérations de change, de détenir et gérer les réserves de change des pays membres et de promouvoir le bon fonctionnement du système des paiements dans l’Union. Au siège central, l’institut d’émission fonctionne avec neuf directions centrales, cinq Départements et une cellule d’études. Les départements et la cellule d’études sont directement rattachés au secrétariat général. C’est aussi l’institut d’émission monétaire du franc CFA BEAC, qui a cours légal dans les pays membres de la CEMAC. Grâce à un accord monétaire avec la France, le franc CFA BEAC était convertible avec le franc français, jusqu’en fin 1999, par un taux fixe (révisable) garanti par le dépôt par la BEAC d’un fond de réserve à la Banque de France, constitué par les apports des banques centrales nationales (BCN) de chaque pays membre de la CEMAC. En fin 1999, l’euro ayant remplacé le franc français, l’accord monétaire avec la France a été maintenu (après accord de la BCE), mais redéfini par un taux fixe avec l’euro encore garanti (sous certaines conditions) par la Banque de France, en échange du maintien du fond de réserve. Cependant, la BEAC reste libre de composer des fonds de réserve supplémentaires (en métal ou en devises) avec d’autres banques centrales afin de faciliter le commerce international et disposer de réserves de change supplémentaires dans d’autres devises que l’euro ou de mettre fin à la convertibilité du franc CFA BEAC avec l’euro si nécessaire.
