Le ministre des Enseignements secondaires, conduit en prison 24h plutôt, a été remis en liberté le 1er avril 2014. Un événement inhabituel dans les affaires de détournement de deniers publics
Une douche froide. C’est le qualificatif qui sied à la situation que Louis Bapès Bapès a passé ces dernières heures. Auditionné dans la matinée du 31 avril 2014 par le juge d’instruction du Tribunal criminel spécial (TCS), il a été déféré manu militari à la prison centrale de Yaoundé à Kondengui le même jour, avant de se voir remis en liberté le 1er avril 2014 au soir. Si son arrestation avait eu lieu le 1er avril pour un dénouement le lendemain, on aurait cru à un mauvais poisson d’avril.
Il reste donc ministre des Enseignements secondaires, comme il l’a relevé béatement devant des journalistes lors de la folle journée de lundi: « J’attends toujours le décret du chef de l’Etat me relevant comme ministre des Enseignements secondaires. Je n’arrive pas toujours à comprendre ce qui se passe. On aurait pu sortir un décret spécial à cet effet ». Le juge d’instruction du Tribunal criminel spécial a annulé son mandat de détention provisoire pris la veille pour le transformer en « ordonnance de mise en liberté ». Ce jargon désigne l’acte de retrait mandat de détention provisoire. Accusé de détournements de deniers publics, Louis Bapès Bapès, qui a déjà passé 10 années à la tête du ministère des Enseignements secondaires, retrouve une liberté, en sursis. Le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, qui a donné un point de presse dans la soirée du 1er avril 2014 face à cette actualité particulière, a déclaré : « la procédure d’information judiciaire suivie contre lui suit son cours normal. »
Ce rebondissement dans ce qui semblait s’apparenter à l’affaire Bapès Bapès va certainement susciter de nombreuses interrogations. Très peu de personnalités publiques interpellées dans le cadre des détournements de deniers publics ont déjà à eu à bénéficier de ce genre de circonstances. Catherine Abena, l’ex-secrétaire d’Etat au ministère des Enseignements secondaires, avait dû faire une grève de la faim en 2010, pendant de nombreux jours, pour se voir obtenir le droit de comparaître en liberté un an plus tard. En terme d’agenda politique, Bapès Bapès a été remis en liberté au moment où Paul Biya se rendait à Bruxelles pour le 4è sommet Union-Européenne-Afrique qui s’ouvre le 2 avril 2014.