La Banque européenne d’investissement tarde à verser sa quote-part promise à l’Etat du Cameroun
238 milliards pour ce projet
L’institution bancaire européenne doit cotiser 19,7 milliards Fcfa dans le cadre de ce projet. C’est la seule institution qui ne s’est pas exécutée jusqu’ici et les raisons restent secrètes. Mais, ce 31 juillet 2012, lors de la cérémonie de paraphe des documents avec deux autres bailleurs de fonds extérieurs impliqués dans le financement de ce barrage de retenue, le ministre de l’Economie, de l’aménagement et de la planification du territoire (Minepat) a révélé que ce financement « est déjà un acquis ». « Dans les tous prochains jours la convention de financement avec la BEI sera signée», parie Emmanuel Nganou Djoumessi. Ce 31 juilllet 2012, la première convention, d’un montant de 66 milliards Fcfa, a été signé entre Emmanuel Nganou Djoumessi et Gregor Binkert, directeur des Opérations de la Banque mondiale au Cameroun, agissant au nom de l’Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale (BM). L’ambassadeur de la France au Cameroun, Bruno Gain, et le directeur de l’Agence française de développement (AFD), Gilles Chausse, ont paraphé la seconde convention d’un montant de 39,3 milliards avec le Minepat. Ces deux conventions portent à quatre, le nombre de bailleurs de fonds ayant déjà versé leur quote-part dans le cadre de ce projet. Il s’agit de la Banque africaine de développement (BAD), qui a donné 33 milliards, la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), 20 milliards, la BM et l’AFD. La quote-part de la BEI reste toujours attendue. Le 6e bailleur de fonds de ce projet, d’un coût définitif de 238 milliards, est l’Etat du Cameroun qui a donné 59,6 milliards grâce à son premier emprunt obligataire.
Droits d’eau
Selon Electricity Development Corporation (EDC), le maître d’ouvrage, le remboursement de tous ces prêts sera assuré par les droits d’eau payés par les utilisateurs des différents barrages qui vont en bénéficier. L’entreprise China International Water and Electric Corporation qui réalise l’ouvrage doit le livrer en 2014. Le projet du barrage de Lom Pangar consiste en la construction d’un réservoir de retenue d’eau de 6 milliards de mètres cubes sur une superficie de 540 km2 et de 45 mètres de haut. D’après EDC, ce barrage réservoir permettra de compléter la régularisation du fleuve Sanaga pour l’optimisation de la production des centrales existantes et ainsi créer des conditions favorisant l’aménagement de nouveaux sites à l’aval, à des conditions économiques intéressantes. «La retenue de Lom Pangar augmentera le débit régularisé de la Sanaga à plus de 1000 m3/s à l’amont de Song Loulou de façon à saturer son débit d’équipement et d’augmenter la production d’Edéa en période d’étiage, soit 160 mégawatts produits par les deux ouvrages. À ce titre, le projet de barrage réservoir constitue la pièce maîtresse de la stratégie du gouvernement pour assurer à moyen et long terme l’approvisionnement en électricité du pays au moindre coût», explique Théodore Nsangou. Concrètement, ce barrage permettra de stocker l’eau pendant la saison des pluies et de la relâcher pendant la saison sèche, augmentant ainsi la capacité hydroélectrique du fleuve Sanaga d’environ 40 % sur l’année. Le bénéfice sera immédiat pour les camerounais. Car, apprend-on, la production d’électricité des deux centrales existantes augmentera de 160 mégawatts (Mw), ce qui améliorera la fiabilité et réduira le coût de l’électricité, et jusqu’à cinq millions de personnes en bénéficieront. Une usine de pied de 30 Mw y sera également construite pour approvisionner la région de l’Est jusqu’ici alimentée par les centrales thermiques. L’énergie produite sera transportée par une ligne haute tension de 90 Kilovolts longue de 120 km entre le site du barrage et Bertoua.
Développement de nouvelles usines hydroélectriques
D’après le Minepat, 105 localités et 10000 ménages dans la région de l’Est seront électrifiées grâce à ce barrage. A moyen terme, Lom Pangar contribuera au développement de nouvelles usines hydroélectriques sur le bassin du fleuve Sanaga. « Le déficit énergétique de l’Afrique compromet la croissance de ce continent et y aggrave la pauvreté. C’est surtout vrai au Cameroun, où de nombreuses communautés n’ont pas accès à l’énergie alors même que ce pays dispose du troisième plus important potentiel hydroélectrique d’Afrique subsaharienne », a déclaré Obiageli K. Ezekwesili, Vice-présidente de la Banque mondiale pour la région Afrique. « Avec le projet de Lom Pangar, c’est une étape majeure qui est franchie au Cameroun: il s’agit d’étendre l’accès à l’électricité pour les particuliers et les entreprises, d’abaisser les coûts, d’attirer de nouveaux investisseurs et d’améliorer en toutes saisons la fiabilité de la fourniture électrique dans le pays. Ce projet apporte la preuve que l’hydroélectricité est une énergie propre, abondante, renouvelable et d’un coût abordable, et qu’elle peut jouer un rôle de premier plan dans la résolution de la crise énergétique en Afrique », a-t-elle dit. « Le projet de Lom Pangar répond aux besoins immédiats des camerounais et de l’économie nationale, a expliqué le directeur des opérations de la Banque mondiale au Cameroun. « Il symbolise la détermination du Cameroun à devenir une puissance économique, sachant que l’accès durable à l’énergie est l’une des conditions essentielles pour une croissance tirée par le secteur privé et pour l’amélioration du niveau de vie de la population. Ce projet incitera des industriels à investir dans l’hydroélectricité. Ils pourront vendre une partie de cette production, ce qui permettra de développer le réseau public et améliorera la fourniture d’électricité pour tous les Camerounais », a ajouté Gregor Binkert.
