BDEAC, les dessous de l’Affaire Paul Gilles Nanda

Sa libération a été l'ultime épisode de la tourmente qui fait planer un air de Mafia au sein de la…

Sa libération a été l’ultime épisode de la tourmente qui fait planer un air de Mafia au sein de la bdeac

L’arrestation de l’ex cadre camerounais de la BDEAC le vendredi 18 septembre dernier avait été motivée par les accusations de dénonciations calomnieuses et diffamations. Selon ses avocats, il a purement et simplement été remis en liberté d’office, sans que ne soit mentionné un quelconque abandon des poursuites. Son immunité diplomatique l’aurait protégé. En droit, cela signifie que la personne poursuivie bénéficie des circonstances personnelles, mais les faits qui lui sont reprochés restent eux intacts. Bien que reconnu coupable de diffamation et dénonciations calomnieuses, Paul Gilles Nanda ne pouvait être sanctionné, parce que les faits qu’on lui reprochait se sont déroulés dans le cadre de ses fonctions au sein de la BDEAC.

Selon des sources proches de la banque, le camerounais serait victime d’une croisade menée par l’actuel directeur de l’institution et son entourage. Les personnes indexées sont celles qui émettent un avis actif sur les pertes réalisées suite à un placement effectué dans les comptes d’une banque autrichienne. Un fait est constant, à partir de 2000 la BDEAC a placé de l’argent dans des fonds Primeo, via la Bank Austria. « Nous avons dû faire sur un placement investi à notre insu par l’un de nos partenaires, dans un fonds Maddoff » affirme Anicet George Dologuele, dans une interview accordée à Jeune Afrique. Un investissement qui rapportait selon lui entre 6 % et 11 % par an. Les pertes subies ont été énormes. Officiellement, on parle de près de 11 milliards.

L’argument de la méconnaissance des placements dans les fonds PRIMEO ne convainc pas beaucoup d’analystes financiers. Selon eux, les montants mis en cause supposent que des personnes avec un pouvoir de décision étaient informées. Même si les placements avaient été effectués sans l’aval de la banque, la nature exceptionnelle de l’opération commandait une obligation de contrôle à laquelle les dirigeants de la BDEAC ont manqué. Le Fonds Primeo était une société offshore à responsabilité limitée enregistrée aux Iles Caïmans, habituée des investissements à risque. En outre, Les statuts et les règlements financiers de la BDEAC interdisent ce type de placement. A la suite de cette situation, il est demandé au responsable de la division juridique de l’époque de se saisir de l’affaire. Ce dernier, un camerounais, relève des manquements au dossier. Il est dessaisi du dossier, traduit au conseil de discipline et renvoyé.

Apparemment la situation n’aurait pas plus à Paul Gilles Nanda, camerounais lui aussi. Son poste lui permet de rédiger un document où sont mises au jour les fautes de gestion preuve à l’appui de l’actuel patron des lieux. Il sera d’abord suspendu au moi de juin passé. Dans l’entourage d’Anicet George Dologuele, on parle de complot camerounais pour destituer un homme dit-on qui a redressé la banque. De nombreux autre cadres qui ont approché ce dossier avec une démarche critique auraient subi les mêmes représailles. Selon nos sources, les dirigeants de la BDEAC ont chargé le cabinet Orrick Rambaud Martel de défendre leurs intérêts auprès de la Bank Austria pour récupérer leurs fonds. Le Directeur affirme l’affaire être en bonne voie. Peu d’informations filtrent cependant sur le stade auquel se trouve le dossier. Cette situation suscite de nombreuses interrogations. Au rang de celles qui reviennent, on se demande comment une banque destinée à financer le développement s’est retrouvée à faire des placements à l’étranger, surtout à un moment où les économies de la sous région ont tant besoin de financements.


www.bdeac.org)/n

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