L’initiative qui est l’ uvre d’une entreprise détenue par des américains mais basée au Cameroun valorise la célèbre essence pour le solide marché international des guitares
Si on pose la question dans les rues du Cameroun de savoir quelle est la relation entre l’Ebène et une guitare, plusieurs personnes y verront un piège et dirons ne rien voir, les plus malins moins nombreux sûrement diront qu’elles sont toutes en bois. La dernière catégorie sera dans le vrai. Au niveau international, le marché de la guitare est solide, des gens en achètent tout le temps mais la question qu’on se pose rarement c’est celle de savoir d’où vient le bois qui permet d’obtenir un son particulier. Il est admis que l’ébène est le matériau privilégié dans la fabrication des guitares en général, et que l’ébène camerounais semble être parmi les meilleurs du monde C’est la conclusion à laquelle est arrivée le promoteur d’une entreprise discrète, située sur l’axe qui relie le centre de la capitale Yaoundé à son aéroport international dans la localité de Nsimalen. Inconnue même de ses voisins de localisation Crelicam est pourtant le premier fournisseur de composantes bois de Taylor Guitar, un des plus grands fabricants de cet instrument basé en Californie aux Etats-Unis d’Amérique, qui en joint-venture avec l’entreprise Madinter a racheté l’entreprise. Robert Taylor notre principal investisseurs considère d’abord son investissement au Cameroun comme une aventure et une manière d’apporter un plus à l’humanité en général, en leur donnant ce qu’il y a de meilleur, et au Cameroun en leur faisant participer à cette aventure que je peux dire exceptionnelle, nous a confié Anne Middleton, une des principales responsables de l’entreprise
Crelicam peut aujourd’hui revendiquer d’être une des premières entreprises étrangères à avoir mis en place une unité de première transformation de produits forestiers au Cameroun, mais aussi une des premières à avoir labélisé des produits issue d’une première transformation locale. L’aventure part pourtant d’une simple idée. Nous avions constaté que dans la recherche de l’ébène, certains arbres étaient abandonnés parce que ne répondant pas aux standard de l’ébène type. Nous nous sommes dits, plutôt que de laisser perdre cette ressource, nous pouvons la récupérer en accord avec les propriétaires bien sûr et la retravailler pour lui donner une nouvelle valeur. En Amont, nos partenaires en vendu l’idée selon laquelle la qualité d’ébène voulue pour une bonne guitare résidait dans autre chose que sa couleur, et qu’on pouvait avoir une guitare de qualité avec un ébène retravaillé, car elle conservait son potentiel de solidité et de maniabilité, explique madame Middleton. L’idée a mordu et aujourd’hui le groupe emploie plusieurs dizaines de personnes qui ont appris un métier et reçoivent globalement près de 360 millions de FCFA de salaire au cours de l’année. Sur le plan organisationnel, l’entreprise qui déménage aujourd’hui son usine de Bertoua vers Yaoundé pour des raisons stratégiques pratique le système de type famille propre aux anglo-saxons. Tout le monde se respecte et chacun sait ce qu’il doit faire et comment le faire, et comme une famille on se retrouve à midi pour partager le repas de la pause
Un des employés chef d’usine que nous avons rencontré reconnait que l’entreprise l’a transformé. Lorsque je suis arrivé, je ne connaissais rien en coupe et en menuiserie, mais j’ai rapidement appris. Chacun de nous ici savons ce que nous devons faire et nous avons des objectifs. Je le fais tellement depuis un certain temps que je sais déjà mieux m’organiser dans ce travail. J’ai aussi compris qu’être dans la menuiserie peut être une profession à part entière et j’en suis heureux, a-t-il fait savoir. Crelicam considère pourtant que ceci n’est que le début. L’entreprise veut aller plus loin en ramenant complètement au Cameroun la fabrication pas seulement du tronc mais de toutes les composantes. Cela donnera encore plus de valeur ajoutée et pour le Cameroun plus d’argent et donc plus d’emplois décents et de recette fiscales, commente Anne Middleton. Pourtant les débuts n’ont pas été faciles. Les responsables actuels de Crelicam disent avoir été découragés par des conseils qui leur rappelaient la stabilité précaire du pays et un environnement des affaires imprévisible et corrompu. Nous avons eu quelques difficultés au début je dois le reconnaitre, mais je suis fière de dire que nous ne corrompons personne et nous payons parfaitement nos taxes notre business plan avance normalement donc de notre point de vue c’est faisable, nous a confié un des responsables de l’entreprise. Crelicam fait néanmoins face à certains défis.
L’approvisionnement en ébène est complexe, dans la mesure où l’entreprise bénéficie d’un permis spécial d’une durée d’un an, qui ne permet pas une prévisibilité optimal à plus d’investissement. Elle est encore obligée de faire transporter la totalité des ébènes coupés en forêt par des porteurs, ce qui renchérit les coûts d’acquisition. Avec un permis spécial, vous ne pouvez pas comme dans le cadre des unités de foresteries aménagées (UFA) faire des routes, mais à contrario les détenteurs de permis UFA ne peuvent couper de l’ébène. Nous discutons avec le gouvernement pour voir si nous pouvons avoir le droit de coopérer avec els détenteur de permis UFA cela renforcerait notre activité, a fait savoir Anne Middleton. Dans un Cameroun qui rêve de voir ses matières premières désormais transformées localement, Crelicam fait figure de pionnier, et est prête à partager son expérience surtout aux investisseurs nationaux.