L’entreprise justifie cette hausse par l’augmentation du prix de certaines matières premières
Nouvelles hausses pour certains produits
Avec le début d’année, les prix de certaines boissons alcoolisées, produits de la Société Anonyme des Brasseries du Cameroun (SABC) ont fait l’objet d’une augmentation sensible des prix. Cette hausse, pratiquement la dixième en près de 15 ans a plongé les consommateurs dans la polémique. Malgré tout, la fréquentation des débits de boisson n’a vraiment pas baissé. Cette hausse comme les précédentes, intervient au lendemain de la période des fêtes. Aux Brasseries du Cameroun, on essaye d’expliquer. Il ne s’agit pas d’une augmentation, mais d’un aménagement des prix. Nous avons eu des séances de travail avec les responsables du ministère du Commerce à ce sujet. Quinze jours avant comme le stipule la loi. Tous ont été d’accord à ce sujet affirme le Directeur Général Adjoint de la SABC. De fait il semble qu’il y’ait un conflit entre les tenanciers des débits de boisson et la société productrice.
Un conflit entre la production et la distribution de masse
Aux brasseries du Cameroun, on affirme aussi qu’en fixant par exemple le prix de certains produits à 500 FCFA, on a voulu rendre officiels des prix qui étaient déjà pratiqués. Dans les débits de boissons, une autre augmentation s’est faite sur les nouveaux prix fixés par les brasseries. Un produit qui coute par exemple 500 CFA, est revendu au consommateur final à 550 FCFA. Les uns et les autres se rejettent mutuellement la responsabilité, le ministère du commerce est intervenu hier jeudi 07 janvier 2010. Il reprécise dans un communiqué l’obligation pour les propriétaires des débits de boisson de se conformer strictement aux prix en vigueur. Ces derniers se refusent d’être les Bouc émissaires d’une mauvaise gestion des prix. Nous avons trop de charge, à ce niveau-là on ne peut pas s’en sortir affirme un tenancier de bar du quartier Essos à Yaoundé.
Des raisons qui laissent les observateurs sceptiques
Sur les raisons de la hausse, les Brasseries du Cameroun avancent une explication. Il faut que l’opinion publique sache que bien que les droits d’assises aient baissé de moitié (25 à 12%), le prix des matières premières comme le sucre a flambé. Nous avons trouvé le juste milieu. Tout le monde trouve son compte car le détaillant s’en tire avec 20% des bénéfices sur la bière et 28% sur les boissons gazeuses déclare-t-on du côté de la direction générale. Une justification jugée spécieuse par certains experts en tarification. Il faut comprendre que c’est la valeur boursière du sucre qui a augmenté, sans grosse incidence sur son prix à l’achat. Et bien plus, les records de hausse n’ont pas été atteints et dans ces périodes de records, les boissons coûtaient moins chères affirme l’un d’eux sous anonymat. Alors que les brasseries indexent la hausse du prix du sucre, elles ont pourtant effectué des baisses sur les boissons gazeuses sucrées, qui pourtant prennent encore plus de sucre.
La structuration des prix fait défaut
Aux tenanciers de débits de boisson, on fait le reproche de la surenchère. Dans un secteur qui fait l’objet d’un contrôle très réduit et où prime, on a pris l’habitude de justifier n’importe quoi. Une des caractéristiques du budget 2010 est qu’il n’a connu qu’une hausse très infime des impositions. Il est vrai que certaines autres charges non fiscales sont supportées dans ce contexte. C’est le cas des droits audiovisuels, des charges communales de toute sorte. Mais les experts sont unanimes, une augmentation de 50 francs sur un produit de grande échelle est énorme. Sur les boissons comme sur beaucoup d’autre produits fabriqués au Cameroun, les éléments qui rentrent dans la constitution des prix et parfois les prix eux même sont inconnus des consommateurs. Une situation qui ouvre les possibilités à toutes les dérives. Au mois de décembre 2009, de nombreux médias ont eu droit à une visite guidée pour avoir un aperçu des « investissements » opérés par la SABC. A cette occasion le Directeur Général André Siaka, avait annoncé de nombreux investissements sociaux et une augmentation du budget de la communication. Une opération de charme qui semble avoir porté des fruits. Les médias locaux souvent acerbes sur ce genre de conflit d’intérêts sociaux ont fait profil bas à la suite de cette augmentation.