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Boko Haram: la réconciliation post-conflit, une question de première urgence

Selon de nombreux experts, la réinsertion sociale et l'assistance matérielle et morale des déplacés sont les défis à relever par…

Selon de nombreux experts, la réinsertion sociale et l’assistance matérielle et morale des déplacés sont les défis à relever par les pays du lac Tchad engagés dans la guerre contre le terrorisme

Alors qu’une grande offensive se poursuit contre Boko Haram, principalement dans le pourtour du Bassin du lac Tchad, des experts appellent les autorités des pays engagés dans la lutte contre le groupe terroriste nigérian, – notamment ceux du Cameroun – à se préparer, dès maintenant, à l’après-guerre.

Réfléchir d’ores et déjà à la démobilisation des milices qui s’annonce difficile, requiert, selon eux, un plan d’action sciemment élaboré.

Pour Kone Allah-Ridy, enseignant chercheur en gestion et prévention des conflits à l’Université de N’Djamena, les pays du bassin de lac Tchad (Niger, Nigeria, Tchad et Cameroun) engagés dans ce combat contre le terrorisme doivent à ce stade du combat, penser à l’après-guerre, en vue de pacifier la région.

« L’après Boko Haram dans la région du lac Tchad, sera aussi difficile à gérer que la lutte armée, parce que le désarmement des civils impliqués dans le conflit, de force ou de leur propre gré, et leur réinsertion sociale, nécessite aussi bien de gros moyens financiers qu’un vaste programme social », dit-il.

« Si ces pays ont du mal à mobiliser les ressources financières et logistiques nécessaires pour les opérations militaires, la gestion de l’après-guerre ne sera pas moins difficile », ajoute Kone Allah-Ridy. L’expert tchadien estime qu’il faut réfléchir à la réconciliation des frères ennemis et à leur démobilisation, à ce stade où les pays engagés dans le combat contre Boko Haram, semblent amorcer la phase décisive de la bataille.

« Plus de 2 millions de jeunes sahéliens sont impliqués soit directement, soit indirectement dans le conflit qui ronge le bassin du lac Tchad. Certains ont combattu aux côtés de Boko Haram, d’autres ont rallié les groupes d’autodéfense, sans compter les jeunes soldats réguliers mobilisés dans les contingents des pays, pour la bataille. Tous les ingrédients sont donc réunis pour rendre l’après Boko Haram, une période très délicate », détaille l’analyste.

Afin d’éviter une guerre civile et des conflits intercommunautaires, Kone Allah-Ridy prône l’application d’un vaste programme de réinsertion pour ces jeunes, initiés au port et à l’utilisation des armes. Concernant, plus spécifiquement, les jeunes issus des rangs de Boko Haram, ce programme concernera particulièrement ceux qui ne feront pas l’objet de peines d’emprisonnement, ou ceux qui ont été enrôlés de force, sans oublier les enfants soldats, ajoute l’analyste.

Abondant dans le même sens, le sociologue tchadien Mbété Félix fait observer que pour certaines régions du lac Tchad, la réconciliation post-conflit est une question de première urgence. « Il est difficile de demander à une personne qui porte des séquelles physiques ou morales ayant trait aux exactions de Boko Haram de pardonner facilement à un ex-combattant du groupe qui a déposé les armes, pour rentrer au village. D’ailleurs, en septembre dernier, quatre jeunes accusés de complicité avec le groupe armé nigérian ont été lapidés par des villageois de Bosso, au Niger », argumente-t-il.

Sur un autre plan, le sociologue affirme que des dizaines de milliers de personnes ont fui leurs villages pour se réfugier dans des pays voisins, dans des conditions précaires. D’où l’impératif d’une assistance matérielle et morale, une fois la guerre contre Boko Haram achevée. Des tâches qui demeurent hors de portée pour les pays du lac Tchad, affaiblis par les conflits intercommunautaires et la crise économique que traverse la région.

Lancée dans l’été 2015, la grande offensive de la Force multinationale mixte (FMM) pour la lutte contre Boko Haram inflige, depuis des mois, de sérieux revers au groupe terroriste. Cette coalition régionale est constituée de plus de 10 000 hommes, issus principalement du Tchad, du Nigéria, du Cameroun et du Niger.

Au nord et à l’ouest du lac, Nigériens et Tchadiens sont à la man uvre, tandis que Nigérians et Camerounais évoluent dans la zone sud.


AFP)/n

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