Politique › Institutionnel

Boko Haram: un chef coutumier perd six membres de sa famille dans des attaques

Les populations de Fotokol sont toujours sous le choc après les attentats survenus samedi, ayant fait dix morts

Les populations de Fotokol sont toujours sous le choc dimanche après les attentats survenus la veille dans cette localité de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, proche de la frontière nigériane, tuant quatre enfants et deux autres membres de la famille d’un chef coutumier. Sur un total de dix morts, les quatre autres sont les auteurs des attaques.

« Hier (samedi 21 novembre 2015, ndlr), on a eu quatre kamikazes, qui étaient des femmes. Trois de ces femmes, poursuivies par les membres du comité de vigilance, ont fui vers la frontière. La quatrième s’est rendue au village Nigué et est allée directement à la maison du blama (chef coutumier) », a témoigné dans un entretien téléphonique dimanche, Ousseini Abounassi, vice-président du comité de vigilance.

C’était le matin aux environs de 9H (8H GMT), alors que les habitants de Fotokol, malgré deux attentats meurtriers ayant causé respectivement une quinzaine de morts le 13 juillet et au moins cinq tués le 9 novembre, semblaient vivre une journée ordinaire.

En tentant d’échapper à ce groupe d’autodéfense mis sur pied dans cette ville comme ailleurs dans l’Extrême-Nord en appui à la guerre que les forces de défense et de sécurité camerounaises mènent à Boko Haram, l’une des kamikazes en fuite vers la frontière nigériane a glissé, une chute accompagnée de l’explosion de la ceinture d’explosifs en sa possession, d’après Abounassi.

Cette détonation a fait réagir l’armée camerounaise qui déploie dans cette zone un important dispositif de surveillance et de protection du territoire. Sous l’effet des tirs d’armes, les deux autres kamikazes ont aussi sauté avec leurs charges respectives, se faisant tuer sur le coup, informe en outre le jeune camerounais.

La quatrième femme rendue au domicile de Malloum Kachalla, le « blama » ou chef coutumier de Nigué, village situé à l’entrée de Fotokol, a quant à elle réussi à activer sa bombe, causant la mort de cinq personnes et huit blessés.

Selon Ousseini Abounassi, les victimes de cette attaque suicide sont trois enfants du chef âgés respectivement de 5, 7 et 9 ans, puis une cousine et un neveu de l’autorité traditionnelle qui habitaient dans la maison.

Au moment des faits, apprend-on, environ une douzaine de personnes se trouvaient dans la concession, à l’exception du « blama », sorti peu avant pour se rendre au marché, a-t-il expliqué en foufouldé, la langue locale traduite en français par le vice-président du comité de vigilance de Fotokol, présent à ses côtés.

Le dignitaire traditionnel, qui a dit être « sous le choc » face à cet « épisode extrêmement douloureux », a perdu un quatrième enfant parmi les huit blessés transportés d’urgence au centre de santé communautaire de la ville.

Comme le veut la tradition musulmane, religion pratiquée par Malloum Kachalla, les six corps ont été enterrés aussitôt après, avec le concours du comité de vigilance, un regroupement de 48 personnes, et l’appui des autorités administratives ainsi que des forces de défense et de sécurité.

Parmi les sept autres blessés de l’attaque, deux ont été déclarés hors de danger.

« Grâce à l’assistance du sous-préfet, je suis en train de transporter les cinq autres blessés à l’hôpital de Mada (localité voisine de Fotokol). Le centre de santé de Fotokol n’a pas les capacités nécessaires pour les soigner, car il n’est pas équipé », a confié dimanche en mi-journée Ousseini Abounassi.

La prise en charge médicale est offerte par les autorités administratives, de plus en plus sollicitées face aux attentats-suicides multipliés qui endeuillent depuis quatre mois la région de l’Extrême-Nord, des actes terroristes jamais revendiqués mais que les services de sécurité camerounais attribuent à la secte islamiste nigériane Boko Haram.

Depuis 2013, ce groupe terroriste affilié à l’organisation Etat islamique (EI) qui sévit au Moyen-Orient tente d’étendre son influence dans cette partie du territoire camerounais. Et depuis juillet, en plus des attaques à l’arme lourde, il fait parler de lui à travers des attentats kamikazes faisant intervenir pour la plupart des jeunes filles et des femmes.

A ce jour, plus d’une vingtaine de ces attentats sont enregistrés. Les autorités ont encouragé la mise en place de comités de vigilance communautaires, en appui des efforts des forces de défense et de sécurité, pour la sécurisation d’un territoire partageant avec le Nigeria une longue frontière terrestre connue pour être poreuse.


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